THE REPUBLIC OF CONGO
Enormous potential for Investors/D'énormes potentialités d'investissements

M. Tran VAN-THANH Interview avec:
M. Tran VAN-THANH
Directeur Général de la Banque COFIPA
Jeudi 04 avril 2002
 
Pourriez-vous nous présenter l'arrivée de la COFIPA à Brazzaville ainsi que la transition avec l'UCB?

La COFIPA est la première banque privatisée du Congo. Nous avons repris les immobilisations de l'ancienne UCB, certains actifs ainsi que certains passifs, mais pas tout. Ce n'est pas une continuation de l'UCB, c'est une nouvelle banque que nous avons construite sur les vestiges de l'UCB. Nous sommes actuellement dans notre deuxième année et nous sommes plutôt optimistes.

Comment cela s'est-il traduit en termes d'investissements ?

En ce qui concerne les infrastructures, l'investissement a été minime car l'UCB avait des locaux en parfait état. Au niveau de l'organisation du travail, la mise en place du système productif a été plus difficile. Le pays sort d'une longue période de socialisme, et nous devons passer par une période de formation pour permettre au personnel d'acquérir les compétences nécessaires, pour fournir le niveau de services que nous souhaitons offrir à nos clients. Nous sommes satisfaits des résultats et des progrès obtenus et cela nous permet d'envisager l'avenir de manière très sereine.

Combien d'agences gérez-vous ?

Nous sommes 170 pour une douzaine d'agence. Nous avons le réseau bancaire le plus étendu du pays : 4 agences à Brazzaville, 2 petites à l'aéroport, 2 à Pointe Noire, 3 en province. Nous venons d'en inaugurer une à Dolisie et nous pensons en ouvrir une autre dans le nord à Ouesso. Cela fera 13 agences en tout.

Quelle est aujourd'hui votre vision du secteur bancaire au Congo ?

Je pense qu'il y a beaucoup de potentiel puisque le secteur n'existait plus. Tout est à refaire. Il faut redonner confiance au public dans l'institution bancaire. Tout cela dépend de deux facteurs principaux, le premier étant la paix, et le deuxième la volonté des autorités de vraiment privatiser tout le secteur et de le soutenir en lui permettant un développement continu. Nous sommes en bonne voie, et si la paix est maintenue, l'économie va pouvoir se développer et le secteur bancaire aura les moyens de participer dans le développement et la croissance.

Comment décririez vous les relations entre les opérateurs du secteur financier et la Banque Centrale ?

Entre les banques, le ministère et la Banque Centrale, les relations sont bonnes parce que la volonté de développer le secteur bancaire est là. Mais en ce qui concerne les opérateurs économiques, la situation est un peu plus délicate car ils se plaignent de ne pas avoir encore tout le soutien, qui leur serait nécessaire pour réellement permettre la relance de l'économie.

Quelles sont d'après vous les réformes les plus urgentes à mettre en place ?

Il est difficile de définir l'urgence actuellement car tout est lié : le secteur productif, le pétrole, l'agriculture, le secteur forestier. Si tous ces pôles de développement parvenaient à se débloquer et à attirer les investisseurs, le secteur bancaire suivrait et pourrait fournir les moyens à l'économie, mais sinon, le secteur bancaire lui-même ne peut rien faire.

Quels sont les soutiens que vous pouvez offrir aux opérateurs privés actuellement ?

Notre champ d'action est très vaste. La première chose que nous faisons, et qui a surpris de nombreux visiteurs, est une charge sociale. Nous payons 1/3 des fonctionnaires chaque mois, à travers l'argent que le gouvernement nous envoie. C'est une de nos responsabilités en tant que banque congolaise. En plus de cela, nous travaillons avec les grandes entreprises basées à Pointe Noire en grande partie, avec les particuliers et avec la masse des fonctionnaires. Nous leur offrons des crédits, aux entreprises comme au particuliers, mais pour le moment, nous ne pouvons offrir que du court terme, maximum deux ans. Nous même, ne disposons pas des ressources à long terme pour développer l'économie du pays, donc nous ne pouvons pas encore fournir les crédits à longs termes à nos partenaires. Pour financer les investissements, il faut obtenir les moyens à longs termes à travers les organisations financières internationales. Cela devrait nous être accordé dans un futur proche.


Vous êtes encore dans une phase d'observation ?

Tout à fait, donc pour le moment nous nous occupons bien du court terme, la machine est lancée et fonctionne. Nous offrons tout ce qu'une banque commerciale peut offrir à ses clients, tous les services financiers y compris les services Western Union.

Comment se répartit votre activité ?

Principalement les grandes entreprises, mais également de nombreuses P.M.E. Notre souhait est que ce tissu de P.M.E. puisse se développer, que les opérateurs économiques puissent trouver les moyens de monter leur entreprise, de mettre sur pieds leurs projets.

On parle beaucoup des micro-crédits en ce moment ?

Le micro-crédit concerne vraiment les particuliers, pas les P.M.E, et cela ne correspond pas à ce segment.

Où vous situez-vous aujourd'hui en termes de part de marché?

Notre objectif est de redevenir la première banque du pays très rapidement, du point de vue de la taille, mais également des services offerts. Nous souhaitons être une banque d'investissement, nous sommes déjà une banque commerciale. Par ailleurs, nous sommes en train de financer des projets et de devenir une banque d'affaires. Si nous pouvons atteindre nos objectifs dans ces différents secteurs, nous serons l'institution financière la plus complète du pays. Nous pouvons donc nourrir l'ambition d'être la première banque du pays en même temps.
Pourriez vous nous donner quelques chiffres caractéristiques depuis la reprise de l'activité ? Chiffre d'affaire, croissance…

En croissance, sans vous inonder de chiffres, nous sommes partis avec presque rien, surtout à l'échelle internationale. Nous avons démarré avec un bilan de 30 milliards de CFA et nous sommes presque à 50 milliards de CFA aujourd'hui. L'objectif est d'atteindre 70 à 100 milliards en fin d'année. Cela serait déjà pas mal pour une petite banque africaine.

Comment voyez-vous le développement de la concurrence par rapport au marché, et notamment le retour du Crédit Lyonnais ?

Je pense qu'il y a assez de place pour 3 banques : la Cofipa, le Crédit Lyonnais et le CAIC. Ensuite cela sera une question de distribution du gâteau et savoir qui en aura la plus grande partie. Le gâteau lui-même est assez limité pour le moment, car il se concentre sur le national. Cependant si nous pouvons parvenir à développer le financement de projets, que ce soit de privatisation ou de développement, avec des partenaires étrangers, alors le secteur bancaire pourra se développer et jouer pleinement son rôle dans l'économie.

Que pensez-vous des chances du Congo pour l'accession aux facilités accordées dans le cadre de l'initiative PPTE ?

Je pense que c'est nécessaire. Si on peut avoir un soutien du Fonds Monétaire et de la Banque Mondiale, cela donnera confiance à la communauté financière internationale et aux investisseurs.

Quels sont les atouts de la COFIPA pour servir de vecteur d'implantation aux investisseurs potentiels ?

Nous avons les compétences en finance internationale pour bien guider et accueillir les organisations intéressées. Notre équipe manageriale expatriée à une expérience internationale de haut niveau, et notre personnel a suivi la formation adaptée aux standards internationaux.

Quels ont été pour vous les points clés de la réussite de votre implantation au Congo ?

En fait, nous sommes encore dans la phase d'implantation. Je pense que notre réussite est due à l'innovation que nous avons apportée. La banque, avant, était perçue comme un organisme qui payait les salaires et donnait des crédits qui n'étaient jamais remboursés.

Où voyez-vous la COFIPA dans 3 ans ?

Comme la première banque du pays ! Une banque qui offrirait toute la gamme des services, qui participerait à la reconstruction économique, et qui lancerait réellement le secteur privé, en particulier les P.M.E. Comme vous le savez les grandes entreprises sont toutes étrangères. Il est notamment dommage que tout l'argent du pétrole s'expatrie et ne serve pas l'économie congolaise.

Quel serait votre message final à nos lecteurs ?

Aux USA on dit: " If you cannot go lower, you can only go up ! ". C'est le cas du Congo.
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