Pourriez-vous nous
présenter l'arrivée de la COFIPA à
Brazzaville ainsi que la transition avec l'UCB?
La COFIPA est la première banque privatisée
du Congo. Nous avons repris les immobilisations
de l'ancienne UCB, certains actifs ainsi que certains
passifs, mais pas tout. Ce n'est pas une continuation
de l'UCB, c'est une nouvelle banque que nous avons
construite sur les vestiges de l'UCB. Nous sommes
actuellement dans notre deuxième année
et nous sommes plutôt optimistes.
Comment cela s'est-il traduit en termes d'investissements
?
En ce qui concerne les infrastructures, l'investissement
a été minime car l'UCB avait des
locaux en parfait état. Au niveau de l'organisation
du travail, la mise en place du système
productif a été plus difficile.
Le pays sort d'une longue période de socialisme,
et nous devons passer par une période de
formation pour permettre au personnel d'acquérir
les compétences nécessaires, pour
fournir le niveau de services que nous souhaitons
offrir à nos clients. Nous sommes satisfaits
des résultats et des progrès obtenus
et cela nous permet d'envisager l'avenir de manière
très sereine.
Combien d'agences gérez-vous ?
Nous sommes 170 pour une douzaine d'agence. Nous
avons le réseau bancaire le plus étendu
du pays : 4 agences à Brazzaville, 2 petites
à l'aéroport, 2 à Pointe
Noire, 3 en province. Nous venons d'en inaugurer
une à Dolisie et nous pensons en ouvrir
une autre dans le nord à Ouesso. Cela fera
13 agences en tout.
Quelle est aujourd'hui votre vision du secteur
bancaire au Congo ?
Je pense qu'il y a beaucoup de potentiel puisque
le secteur n'existait plus. Tout est à
refaire. Il faut redonner confiance au public
dans l'institution bancaire. Tout cela dépend
de deux facteurs principaux, le premier étant
la paix, et le deuxième la volonté
des autorités de vraiment privatiser tout
le secteur et de le soutenir en lui permettant
un développement continu. Nous sommes en
bonne voie, et si la paix est maintenue, l'économie
va pouvoir se développer et le secteur
bancaire aura les moyens de participer dans le
développement et la croissance.
Comment décririez vous les relations
entre les opérateurs du secteur financier
et la Banque Centrale ?
Entre les banques, le ministère et la
Banque Centrale, les relations sont bonnes parce
que la volonté de développer le
secteur bancaire est là. Mais en ce qui
concerne les opérateurs économiques,
la situation est un peu plus délicate car
ils se plaignent de ne pas avoir encore tout le
soutien, qui leur serait nécessaire pour
réellement permettre la relance de l'économie.
Quelles sont d'après vous les réformes
les plus urgentes à mettre en place ?
Il est difficile de définir l'urgence
actuellement car tout est lié : le secteur
productif, le pétrole, l'agriculture, le
secteur forestier. Si tous ces pôles de
développement parvenaient à se débloquer
et à attirer les investisseurs, le secteur
bancaire suivrait et pourrait fournir les moyens
à l'économie, mais sinon, le secteur
bancaire lui-même ne peut rien faire.
Quels sont les soutiens que vous pouvez offrir
aux opérateurs privés actuellement
?
Notre champ d'action est très vaste. La
première chose que nous faisons, et qui
a surpris de nombreux visiteurs, est une charge
sociale. Nous payons 1/3 des fonctionnaires chaque
mois, à travers l'argent que le gouvernement
nous envoie. C'est une de nos responsabilités
en tant que banque congolaise. En plus de cela,
nous travaillons avec les grandes entreprises
basées à Pointe Noire en grande
partie, avec les particuliers et avec la masse
des fonctionnaires. Nous leur offrons des crédits,
aux entreprises comme au particuliers, mais pour
le moment, nous ne pouvons offrir que du court
terme, maximum deux ans. Nous même, ne disposons
pas des ressources à long terme pour développer
l'économie du pays, donc nous ne pouvons
pas encore fournir les crédits à
longs termes à nos partenaires. Pour financer
les investissements, il faut obtenir les moyens
à longs termes à travers les organisations
financières internationales. Cela devrait
nous être accordé dans un futur proche.
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Vous êtes encore
dans une phase d'observation ?
Tout à fait, donc pour le moment nous nous
occupons bien du court terme, la machine est lancée
et fonctionne. Nous offrons tout ce qu'une banque
commerciale peut offrir à ses clients, tous
les services financiers y compris les services Western
Union.
Comment se répartit votre activité
?
Principalement les grandes entreprises, mais également
de nombreuses P.M.E. Notre souhait est que ce tissu
de P.M.E. puisse se développer, que les opérateurs
économiques puissent trouver les moyens de
monter leur entreprise, de mettre sur pieds leurs
projets.
On parle beaucoup des micro-crédits en
ce moment ?
Le micro-crédit concerne vraiment les particuliers,
pas les P.M.E, et cela ne correspond pas à
ce segment.
Où vous situez-vous aujourd'hui en termes
de part de marché?
Notre objectif est de redevenir la première
banque du pays très rapidement, du point
de vue de la taille, mais également des services
offerts. Nous souhaitons être une banque d'investissement,
nous sommes déjà une banque commerciale.
Par ailleurs, nous sommes en train de financer des
projets et de devenir une banque d'affaires. Si
nous pouvons atteindre nos objectifs dans ces différents
secteurs, nous serons l'institution financière
la plus complète du pays. Nous pouvons donc
nourrir l'ambition d'être la première
banque du pays en même temps.
Pourriez vous nous donner quelques chiffres caractéristiques
depuis la reprise de l'activité ? Chiffre
d'affaire, croissance
En croissance, sans vous inonder de chiffres, nous
sommes partis avec presque rien, surtout à
l'échelle internationale. Nous avons démarré
avec un bilan de 30 milliards de CFA et nous sommes
presque à 50 milliards de CFA aujourd'hui.
L'objectif est d'atteindre 70 à 100 milliards
en fin d'année. Cela serait déjà
pas mal pour une petite banque africaine.
Comment voyez-vous le développement de
la concurrence par rapport au marché, et
notamment le retour du Crédit Lyonnais ?
Je pense qu'il y a assez de place pour 3 banques
: la Cofipa, le Crédit Lyonnais et le CAIC.
Ensuite cela sera une question de distribution du
gâteau et savoir qui en aura la plus grande
partie. Le gâteau lui-même est assez
limité pour le moment, car il se concentre
sur le national. Cependant si nous pouvons parvenir
à développer le financement de projets,
que ce soit de privatisation ou de développement,
avec des partenaires étrangers, alors le
secteur bancaire pourra se développer et
jouer pleinement son rôle dans l'économie.
Que pensez-vous des chances du Congo pour l'accession
aux facilités accordées dans le cadre
de l'initiative PPTE ?
Je pense que c'est nécessaire. Si on peut
avoir un soutien du Fonds Monétaire et de
la Banque Mondiale, cela donnera confiance à
la communauté financière internationale
et aux investisseurs.
Quels sont les atouts de la COFIPA pour servir
de vecteur d'implantation aux investisseurs potentiels
?
Nous avons les compétences en finance internationale
pour bien guider et accueillir les organisations
intéressées. Notre équipe manageriale
expatriée à une expérience
internationale de haut niveau, et notre personnel
a suivi la formation adaptée aux standards
internationaux.
Quels ont été pour vous les points
clés de la réussite de votre implantation
au Congo ?
En fait, nous sommes encore dans la phase d'implantation.
Je pense que notre réussite est due à
l'innovation que nous avons apportée. La
banque, avant, était perçue comme
un organisme qui payait les salaires et donnait
des crédits qui n'étaient jamais remboursés.
Où voyez-vous la COFIPA dans 3 ans ?
Comme la première banque du pays ! Une banque
qui offrirait toute la gamme des services, qui participerait
à la reconstruction économique, et
qui lancerait réellement le secteur privé,
en particulier les P.M.E. Comme vous le savez les
grandes entreprises sont toutes étrangères.
Il est notamment dommage que tout l'argent du pétrole
s'expatrie et ne serve pas l'économie congolaise.
Quel serait votre message final à nos
lecteurs ?
Aux USA on dit: " If you cannot go lower, you
can only go up ! ". C'est le cas du Congo. |