THE REPUBLIC OF GUINEA
L'Exception Africaine



M. JOHAN PAUWELS

INTERVIEW AVEC

M. JOHAN PAUWELS

Directeur Général de SN BRUSSELS AIRLINES GUINEE
05/12/2002
 
Question 1: Tout d'abord, merci beaucoup de nous recevoir. L'année 2001 a connu la faillite de SABENA et la création de SN BRUSSELS AIRLINES ; est-ce que vous pourriez nous dresser un bilan de la compagnie depuis sa création et nous expliquer un peu comment s'est passé le décollage économique de SN BRUSSELS AIRLINES ?

Réponse 1 M. Pauwels :
En fait, la SN BRUSSELS AIRLINES s'est créée sur les cendres de la SABENA, en utilisant la filiale régionale qui était D.A.T.. Deux jours après la faillite, la D.A.T a redécollé, mais uniquement sur des destinations européennes. L'étude du marché a été faite pour voir si l'on pouvait faire des vols long courrier, et il s'est avéré que le seul continent qui était intéressant était l'Afrique. Donc on a recommencé les vols sur l'Afrique le 26 avril 2002, et le premier vol s'est posé à Conakry. Donc, voilà en vitesse la création de la nouvelle compagnie qui est une compagnie à 100% privée maintenant. C'est tout à fait autre chose qu'avant.

Question 2: Est-ce que vous pourriez nous donner quelques chiffres clefs de cette compagnie ?

Réponse 2: Les chiffres clefs, en comparaison avec Sabena, c'est qu'à Sabena nous étions 12.000, et nous ne sommes plus que 1 500 à SN Brussels Airlines. Pour moi c'est " le " chiffre. Nous avons une flotte de 35 avions, et nous allons ajouter 3 moyens courrier (Airbus A319) à partir de fin mars 2003, pour desservir des destinations tel que Lisbonne, Casablanca, Tel Aviv ou Istanbul qu'on ne pouvait pas atteindre avec les " regional jet " que nous exploitons actuellement.

Question 3 : En parlant de destination, quelle est la stratégie de SN BRUSSELS AIRLINES sur le continent africain ?

Réponse 3 : Sur le continent africain, on avait une référence, c'était SABENA. Donc, on s'est un peu référé aux résultats qu'on avait avec SABENA. Pour l'Afrique de l'Ouest, nous nous sommes concentrés sur le Sénégal, la Gambie, la Sierra Léone, la Guinée et la Côte d'Ivoire ; avant il y avait encore Lomé, Cotonou... Pour l'instant, les études démontrent que c'est un peu juste au niveau recettes. Pour ce qui est de l'Afrique Centrale, il y a le Cameroun, le Congo, l'Angola. Ce sont les destinations qu'on avait avant. Le Nigeria, vu la concurrence, ce n'est pas la peine d'y aller. Tout le monde est là-bas. Le marché est énorme mais tout le monde est déjà là. L'Afrique de l'Est est le point fort de la nouvelle compagnie. L'Ouganda, le Kenya et le Rwanda sont des escales phares de la nouvelle compagnie. Tout au début, on avait eu l'idée de n'offrir que ces escales là : Kinshasa, Kigali et Nairobi. Finalement s'est ajouté l'Afrique de l'Ouest. On était un peu obligé dans le sens où le Sénégal est une destination touristique, la Gambie aussi. A ça, on ajoute des destinations d'affaires : la Guinée, la Sierra- Léone et la Côte d'Ivoire. L'ouverture de la Côte d'Ivoire est mal tombée. On cherche le potentiel aussi bien touristique que d'affaire. Il faut faire un mélange, un bon mélange de tourisme et business. C'est à l'image de nos avions : Eco et Business. Il y a une raison à ça.

Question 4: Durant une courte période, vous avez cessé vos activités et les concurrents en ont profité pour regagner du terrain. Ces concurrents qui sont-ils? Et quels sont les avantages concurrentiels sur lesquels se base SN BRUSSELS AIRLINES pour regagner ses parts du marché?

Réponse 4: Pour parler de la concurrence, ceux qui en ont vraiment profité, c'est Air France. Il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas eu que la faillite de la Sabena. Il y a eu la faillite de SWISSAIR et la faillite d'AIR AFRIQUE. Donc, il y a un marché énorme qui s'est ouvert pour Air France. Ils ont augmenté leur capacité de 13%, je crois, sur l'Afrique. Depuis que la SN BRUSSELS est revenue, ils ont de nouveau réduit. Pour nous, l'atout c'est Bruxelles : c'est le centre de l'Europe, et un aéroport assez convivial. C'est plus facile que Roissy. On a aussi un système de transit facile à Bruxelles pour les destinations européennes. Souvent, pour aller par exemple en France, on est plus rapide en passant par Bruxelles qu'en passant par Paris. Ça a été fait pour, il y a des raisons à cela. C'est l'arrivée de concurrence pour Air France. Je veux dire qu'ils se sont retrouvés dans un fauteuil pendant quelques mois, et quand SN BRUSSELS est arrivée, ils ont dû se réveiller un peu. Moi je crois qu'il faut créer la concurrence parce que le monopole, ce n'est pas bon. Celui qui en profite, c'est clair que c'est le voyageur. Il a des références, il dit : " chez SN, j'ai un bon tarif pour un bon service, je n'ai pas ça ailleurs ".
Question 5: Est-ce qu'il y a aussi une guerre des prix ?

Réponse 5: Non, il n'y a pas de guerre des prix, ça ne sert à rien. Je ne crois pas qu'il faut faire une guerre de prix. Il ne faut pas voler à perte, certainement pas, ce n'est pas le but. Je crois que tout se joue maintenant au niveau du service au client. On a l'avantage d'être petit, avec une bonne structure et on peut donner un service vraiment personnalisé. On connaît nos clients. Il y a un autre contact en Afrique qu'en Europe où l'on voit peut être 1000, 2000, 3000, 10 000 clients par jour. Ici, nous connaissons nos clients, nous avons un contact personnel et régulier. C'est ça qui améliore la rentabilité des lignes. Pour nous, ce ne sont pas des clients, ce ne sont pas des passagers, ce sont devenus des amis.

Question 6 : Est-ce qu'aujourd'hui SN BRUSSELS AIRLINES est à la recherche de nouveaux partenaires ?

Réponse 6 : De nouveaux partenaires ? Oui, toujours, dans le monde de l'aviation, surtout pour pouvoir étendre notre réseau. On est en partenariat maintenant avec BRITISH AIRWAYS, AMERICAN AIRLINES, CONTINENTAL, IBERIA. Je ne pense pas que pour l'instant nous allons rejoindre une grande alliance comme beaucoup de compagnies, parce que les avantages n'ont pas encore été démontrés. Je crois que pour une petite compagnie comme la notre qui ne s'occupe que d'un marché niche - l'Afrique est un marché niche - il vaut mieux faire des accords du style " code-share " où on achète des places sur d'autres compagnies en collaboration, donc des vols à doubles numéros de vols. Ça revient moins cher mais ça nous permet de proposer par exemple les Etats-Unis, le Canada, l'Asie, pleins de destinations où nous n'allons pas. Nous n'avons pas les moyens de mettre dix vols par jours sur les Etats-Unis, ni sur l'Asie. Donc, en proposant ce service aux clients, on fait des accords, ces compagnies nous connaissent, nous font confiance et nous permettent d'avoir des places sur leurs vols. La concurrence est telle que, par exemple sur les Etats-Unis il y a 15 vols par jour, au départ de Bruxelles. Qu'est ce que nous, SN BRUSSELS AIRLINES, pouvons apporter de plus sur par exemple New York ? Ca ne vaut pas la peine. Il vaut mieux faire un accord avec une compagnie américaine qui est chez elle, qui nous donne tous les avantages sur le marché, qui en retour reçoit aussi des avantages des autres marchés, parce qu'ils vendent aussi New-York/Bruxelles-Bruxelles/Conakry par exemple. Eux, ils font les vols Etats-Unis/Europe, et nous on s'occupe du reste. Pour eux, c'est facile, pour nous c'est facile, et pour les clients c'est facile. Ce sont les clients qui en profitent. Ces accords, on ne les fait pas pour faire des accords. On veut créer quelque chose, ça nous rapporte du chiffre d'affaires, pour les deux compagnies, dans les deux sens ; et ça ouvre quand même beaucoup de destinations qui sont difficiles à rejoindre des fois. Monrovia par exemple, les Américains sont ravis d'avoir une compagnie européenne qui y va. On est la seule. Conakry aussi, c'est la même chose, il n'y a que deux compagnies européennes.

Question 7: Comme dernière question, on aimerait parler un peu plus du Directeur Général de SN BRUSSELS AIRLINES en Guinée. Est-ce que vous pourriez nous parler de votre parcours professionnel et également de la plus grande satisfaction que vous avez eu jusqu'à présent en Guinée ?

Réponse 7: Moi, j'ai commencé en 1982 à la Sabena, donc ça fait déjà 20 ans. J'ai fait l'enregistrement des passagers, j'ai fait les devis de poids pour les avions. Après j'ai fait du fret, puis j'ai été chef d'escale pendant 13 ans. Je suis devenu le DG depuis le 16 septembre de cette année. J'ai travaillé dans beaucoup de pays : l'Ouganda, Afrique du Sud, Niger, Togo, Cameroun, Barcelone, Turin, Naples, et après, la Guinée où je suis depuis deux ans et deux mois. Au niveau satisfaction, je crois que, avec le premier vol de SN Brussels Airlines vers la Guinée et ma promotion comme DG depuis septembre 2002 j'ai été gâté .

Question 8 : Un message final à nos lecteurs de l'Express en tant que DG de SN BRUSSELS AIRLINES ?

Réponse 8 : Je crois qu'il faut certainement se rendre en Guinée pour voir la réalité des choses et ne pas se fier à beaucoup de nouvelles négatives. Je crois que l'Afrique est un continent, probablement le plus beau continent au monde, avec un potentiel énorme. Mais il faut pouvoir le développer. On peut aider des gens à venir ici, qu'ils voient eux-mêmes ce qu'ils peuvent faire.

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