THE REPUBLIC OF GUINEA
L'Exception Africaine



M. Kalil ABOUKHALIL

INTERVIEW AVEC

M. Kalil ABOUKHALIL

PDG de SPACETEL Guinée
09/12/2002
 
Question 1 : Tout d'abord, merci de nous recevoir. Pour commencer, pourriez-vous nous retracer un peu l'historique de SPACETEL et son évolution ces dernières années ?

Réponse 1 M. ABOUKHALIL : Merci de me donner cette opportunité. Je vous souhaite d'abord la bienvenue dans nos modestes bureaux, et aussi un agréable séjour en Guinée avec l'espoir que chacune des parties en tirera profit, surtout pour toujours faire mieux connaître la Guinée. En ce qui me concerne, je suis effectivement le PDG de cette société. Une société qui a aujourd'hui à peu près une douzaine d'années. Nous sommes nés à des moments très difficiles en Guinée, à la suite des difficultés qu'ont rencontrées la plupart des opérateurs - je commencerai par ceci parce que je suis opérateur - mais aussi la plupart des citoyens dans le cadre de la communication. Ce n'était pas facile d'appeler l'extérieur. Si j'ai encore bonne mémoire, on se faisait enregistrer à la poste et on attendait son tour. Je précise que dans un passé encore récent l'Etat exerçait son monopole total sur ce secteur.

Mon partenaire était venu en Guinée dans d'autres intentions, dans le cadre des affaires en Guinée, de traités, de business. Il a été reçu par les plus hautes autorités qui lui ont dit : " Ecoutez, les priorités du pays sont l'électricité et les communications, donc les téléphones ; en parlant de communication, il y a aussi les infrastructures routières. Ensuite, on peut parler d'affaire. Si vous voulez vraiment aider ce pays, dîtes nous qu'est-ce vous pouvez faire pour l'électricité ? Nous avons un déficit total dans l'électricité. Qu'est-ce vous pouvez faire aussi pour essayer de sauver la situation des communications en Guinée ? Avez-vous enfin la possibilité d'investir dans les routes ? Mon partenaire est d'origine libanaise et est installé à Beyrouth. C'est le PDG d'un grand groupe qui s'appelle INVESTCOM. Ce groupe a eu l'opportunité d'évoluer dans les télécommunications au Liban, à la suite de la guerre du Liban. Il a pu lui-même imaginer un système et se rapprocher des américains ; il a aussitôt monté le cellulaire de type américain qu'on appelle l'A.M.P.S, différent du G.M.S. que nous avons en ce moment. Il a donc immédiatement répondu à la demande des autorités guinéennes en offrant ses services et en envoyant sans tarder, sans même faire d'études de faisabilité, les équipements qu'il faut pour installer des cellulaires. Donc, je peux dire que je suis le premier opérateur cellulaire en Guinée. Nous avons installé le cellulaire et nous avons évolué. Déjà, on a répondu aux besoins imminents qui se posaient à la Guinée, à savoir les communications internationales. Ça a été un boom à Guinée, et dans les préfectures avoisinantes de Conakry. Cela a beaucoup facilité les forums d'affaires et a permis à beaucoup de personnes de se voir rapidement rendues à Conakry pour répondre à des besoins dans d'autres domaines, comme l'éducation, la santé… Tout cela était tributaire des moyens de communications qui manquaient. Alors nous étions très fiers d'avoir répondu à la demande des autorités, et surtout de connaître la satisfaction des consommateurs.

Evidemment, nous avons évolué, mais nous avons compris que la demande était plus importante et que le système qu'on avait n'était pas aussi fiable, parce qu'il est beaucoup plus vieux que le G.S.M. Nous avons aussi été les premiers opérateurs G.S.M en Guinée en 1998. En d'autres termes, nous sommes passés de l'analogique au numérique qui est beaucoup plus fiable en terme de qualité de communication.

De plus, lorsque vous ouvrez la ligne sur votre cellulaire, vous voyez que nous sommes au numéro 1, c'est le GN1 comme attribution des codes de la Guinée. Le 611 est le code affecté à la Guinée, et vous avez 01, 02, en fonction des opérateurs. Le premier opérateur a le 01, le deuxième le 02, le troisième le 03… Donc, dès que vous ouvrez votre portable vous avez 611 01, c'est nous. Le 02, c'est la Sotelgui, le 03 c'est Intercel... Donc, encore une fois, nous sommes les pionniers de cet instrument de travail en Guinée, et nous essayons de répondre aux besoins de la population. Tout à l'heure, on va rentrer dans le vif du sujet avec vos questions je suppose.

Q2 : Pourriez vous nous donner les chiffres clefs de votre entreprise, à savoir le nombre d'employés, de lignes, de clients, chiffre d'affaire, résultat de l'entreprise… ?

R2 : Je l'ai dit tantôt, nous avons été les premiers à lancer le produit, mais il va sans dire que nous avons une entreprise géante à côté de nous. Nous sommes très petits par rapport à la SOTELGUI qui est une entreprise d'état privatisée à 60%, les 40% restants sont encore la propriété de l'état guinéen. Si vous voulez, c'est la société mère pour nous. Nous sommes des services à valeur ajoutée, si nous pouvons nous permettre d'utiliser ce terme. C'est pour cela d'ailleurs que nous avons été étonnés. La vocation en principe de SOTELGUI est d'accroître la qualité du filaire et non de se lancer dans le GSM comme nous. Parce que là, ils se lancent sur la même plate forme que nous pour faire de la concurrence. Je dirais qu'il ne doit pas y avoir de concurrence entre nous, nous sommes complémentaires dans nos activités. Pour des raisons qu'eux seuls connaissent, ils ont préféré abandonner le filaire pour se lancer dans le cellulaire. Nous, nous sommes opérateurs de cellulaire et nous n'avons pas l'autorisation de faire du filaire. Nous sommes des services à valeur ajoutée. Au départ, nous nous sommes lancés dans un switch - le switch est l'équipement principal de cellulaires - qui a une capacité très limitée dans le nombre d'abonnés. Notre switch, aujourd'hui, ne peut pas dépasser 50 000 abonnés. Moi, je ne suis pas technicien, mais on m'a dit, d'un point de vue technique, qu'il ne faut jamais le saturer. Donc, nous ne pouvons pas aller au delà des 80% l'équipement, parce qu'il faut toujours laisser des marges. Donc, nous sommes basés sur une moyenne de 40 000 abonnés ; et nous avons constaté que malheureusement, les utilisateurs sont souvent négligents dans le paiement de leur redevance téléphonique, ou ils ne budgétisent pas leurs communications. Donc, ils sont souvent désagréablement surpris de voir une facture assez élevée et négligent ce paiement. C'est un facteur qui pèse énormément sur nous, parce que nous vivons de quoi? Nous sommes un moteur qui tourne et qu'il faut carburer, et pour cela il faut de l'argent. Alors cet argent, si nos clients ne le paient pas, ça implique de très grandes difficultés. Et ces difficultés on les rencontre encore aujourd'hui.

Je crois que c'est un problème que nous avons essayé de résoudre partiellement en lançant sur le marché le " prépayé ". Là aussi, il faut souligner que nous sommes aussi les premiers opérateurs de la place à avoir lancer le " prépayé ". Alors je souhaite toujours être le leader en lançant tous les produits et que les autres viennent nous imiter. Nous devenons les cobayes quoi. On dit: " laissez-le se lancer, s'il échoue, nous on recule ; s'il n'échoue pas, on le suit ". Je supporte, je ferai cela, parce que je ne reculerai devant rien pour la Guinée qui est mon pays. Je ne reculerai devant rien pour la Guinée parce que j'ai l'obligation et le devoir d'aider mon pays. Donc, c'est ma façon d'aider et d'apporter ma modeste contribution. Parfois, les retombées sont négatives, mais ce n'est pas grave. Vous savez, comme dit l'adage africain : " pour qu'un enfant puisse bien marcher, il faut parfois qu'il tombe". C'est en se relevant qu'il se prépare à mieux marcher.

Alors aujourd'hui, nos abonnés sont beaucoup plus dans le "prépayé" que dans les abonnements classiques, et le tout confondu, nous avons à peu près 30.000 clients.

Q3: Quant à l'infrastructure même de l'entreprise, le nombre d'employés, le chiffre d'affaire ?

R3: Je voudrais dire que nous sommes autonomes en électricité. Nous fonctionnons avec des groupes électrogènes depuis bientôt 10 ans. Donc, nous consommons assez de gazole. Alors, si je prends la masse d'employés que j'ai, je ne vais pas négliger ceux qui sont aussi responsables de ces groupes électrogènes. S'ils ne sont pas là, nous n'avons pas d'énergie. Donc, on leur doit beaucoup. Nous, nous sommes à la direction, mais eux aussi y sont pour beaucoup. Nous employons plus de 100 personnes. Aujourd'hui, nous sommes exactement à 125 personnes. Il y a une trentaine de cadres, ici à la direction ; et au titre de cadre supérieur, il doit y en avoir une dizaine. J'appelle " cadre supérieur " ceux qui ont fini leurs études universitaires, qui ont eu accès à des diplômes d'université.

Q4: Quels sont aujourd'hui les projets futurs de SPACETEL Guinée ?

R4: Je ne vais pas jouer au caméléon, et je ne vais pas rentrer dans les détails de mes projets techniques, mais je voudrais tout simplement vous dire que mon ambition est d'aller maintenant au-delà de Conakry, d'une part, pouvoir atteindre les préfectures les plus enclavées ; et d'autre part, permettre à mes clients de bénéficier de coûts de communication beaucoup plus abordables, beaucoup plus attrayants au point de vue communication internationale. Pouvoir s'acheter une carte à moindre coût, mais aussi permettre à ce même usager d'utiliser son téléphone durant tout le chemin qu'il a à parcourir, de Conakry jusqu'au moins Labé. Parce que le problème ici quel est-il ? Nous avons aujourd'hui des réseaux, des circuits qui marchent correctement. Si vous prenez mon téléphone, vous allez à Dubréka, vous pouvez avoir le réseau, vous allez à Forécariah, vous pourrez l'avoir aussi. Mais il existe beaucoup de zones d'ombre entre Dubréka et Conakry, il existe beaucoup de zones d'ombres entre Conakry et Forécariah. Nous essayons de couvrir ces zones d'ombre. D'autres ont des lignes téléphoniques, disons des cellulaires par exemple à Fria, mais si vous prenez le véhicule pour aller à Fria, à partir de Dubréka, vous n'avez plus de téléphone. Il faut atteindre un pilon quelque part dans ce périmètre pour avoir la ligne. Nous ne cherchons pas ça, nous cherchons plutôt à couvrir le long du trajet. Vous êtes à Conakry, vous avez envoyé par exemple votre collaborateur à Fria rencontrer une personnalité, et vous vous rendez compte que cette personnalité est déjà à Conakry. Comment faire retourner ce collaborateur pour ne pas qu'il perde son temps ? Il faut pouvoir l'appeler pour lui dire "tu peux retourner, le Monsieur est là". Mais si vous n'avez pas la possibilité de le faire avant qu'il n'arrive à Fria, vous aurez perdu une journée. Donc, nous cherchons à combler ce vide et nous pensons pouvoir y parvenir.

Nous avons une autre méthode d'approche pour les télécommunications dans nos préfectures. Nous ne voulons pas nous-mêmes, en tant que SPACETEL, aller dans les préfectures, faire le travail que nous faisons ici. Nous voulons déconcentrer ce travail, laisser la possibilité à d'autres opérateurs qui vont travailler avec nous, avec la licence SPACETEL, d'opérer à Kindia, à Kankan, à Mamou par des équipements spéciaux que nous sommes en train de faire venir. Ces opérateurs vont gérer leur propre clientèle, mais tout en dépendant de nous au point de vue base. C'est un peu si vous voulez, de façon terre à terre, comme Mac Donald. Ce n'est pas Mac Donald qui va quitter les Etats-Unis pour vendre Mac Donald aux Champs-élysées à Paris ; il a donné la licence à quelqu'un pour le vendre sous l'étiquette Mc Donald avec les règles d'art de Mc Donald.

Q5 : Et comment pensez-vous attirer ces opérateurs?

R5 : On arrivera à les attirer. Nous travaillons déjà avec beaucoup de cadres ici, et mon Directeur commercial, par exemple, sera très heureux de se voir confier le secteur de Labé. Moi je pense que c'est la seule façon d'aider d'abord nos jeunes, de faire une entreprise de famille mais avec possibilité de l'étendre. Vous savez, la Guinée est une famille. Alors, moi je serais content de voir un cousin à M. Touré, mon Directeur commercial, bénéficier de cet avantage à Labé ou à Forécariah. J'ai d'autres collaborateurs ici qui sont de Kankan, qui me disent, dès que vous faites ça, Monsieur, ça nous intéresse d'aller à Kankan le faire. C'est vrai, il y aura un petit apport de leur part pour l'infrastructure locale qui sera là. L'équipement, nous allons voir comment on va le faire venir, mais on le mettra à leur disposition. On leur dira : " voici l'équipement, voilà ce qu'il vous coûte, voilà comment vous allez rembourser ". C'est lui qui va gérer les communications locales là-bas, mais c'est grâce au système que nous mettrons en place avec nos équipements techniques qu'il pourra faire tout cela. Nous, à la fin de mois, nous savons qu'il a passé tant d'appels : " voici votre facture ". C'est un peu la même chose que dans le cadre des factures internes pour les communications internationales.
Vous savez, nous n'avons pas accès au satellite. Nous passons par des agences qui ont payé un certain nombre de circuits dans le satellite, et qui nous donnent la latitude de téléphoner à partir du carré qu'ils ont acheté pour avoir accès à tel ou tel pays. Aujourd'hui, nous passons par Monaco. Nous recevons les factures. C'est sur ces factures que nous faisons nos bénéfices. Il faut une installation très importante comme celle que nous avons pour faire ce travail. Il ne faut pas voir à quel prix le produit est vendu. C'est comme une matière première que vous avez. Si vous payez une tonne d'aluminium ou de bauxite à 25 ou 30 USD, et que vous savez que c'est à partir de 30 tonnes de bauxite que vous avez une tonne d'aluminium qui est vendue à quelques milliers d'USD, vous devriez vous dire que c'est trop cher. Mais la transformation de cette bauxite en aluminium nécessite beaucoup de frais, c'est la même chose pour les communications, des systèmes que nous mettons en place qui coûtent très chers, et nous prenons beaucoup de risques. Nous venons d'être victimes d'un coup de foudre il y a de cela 3 mois, au mois de juillet. Nous avons perdu plus d'un million de USD dans l'équipement ici. Je reçois ce matin encore des factures pour me dire : " Monsieur vous nous devez encore 180.000 USD sur les équipement que vous avez ". C'est comme ça. Ce sont les risques du métier. Alors si je dis à quelqu'un : " tu dois me payer ces 2 millions de USD, il va me dire : mais Monsieur pourquoi faire ? ". Alors je prends ce risque, je transforme tout ce qu'il est en train de dire, je le fais passer dans l'air jusqu'à Conakry et puis je le capte pour lui, pour lui envoyer le son formidable à l'oreille. C'est beaucoup d'efforts et c'est de la vraie distribution.

Q6: Vous avez parlé aussi de la Sotelgui ; quels sont vos atouts pour faire face à cette concurrence ?

R6: J'ai commencé par dire que pour moi, la Sotelgui n'est jamais un concurrent. Nous sommes des services à valeur ajoutée logiquement pour Sotelgui. Sotelgui est pour moi un partenaire. Je souhaite toujours continuer la carte du partenariat avec Sotelgui. Sans eux, nous ne pouvons rien faire, parce que vous savez dès que l'Etat est dedans, l'Etat a encore une certaine influence sur certains équipements que Sotelgui détient. Donc, Sotelgui c'est l'Etat, et nous sommes une partie de ça. Donc pour moi, il n'y a pas de concurrent, bien au contraire. La Guinée est tellement grande, il y a tellement de choses à faire dans les télécommunications que nous pouvons travailler ensemble.

Nous sommes ici trois opérateurs, si nous nous concertons, nous pouvons tous répondre favorablement aux besoins de la population sans aller très loin. Mais s'il y a un quatrième, ce sera trop. Regardez en France, il n'y en a que 3, et il y a plus de 60 millions de personnes. Ici nous sommes à peine 7 millions de guinéens, et à peine 500.000 personnes sont accessibles au téléphone. Je dis bien le téléphone, le reste ne l'intéresse pas. N'allez pas demander à un vieux notable son carnet de téléphone, ça ne l'intéresse pas. Dans sa famille, un ou deux enfants peuvent avoir un téléphone, mais c'est tout. Pour les 10 prochaines années, il faut tabler sur 500 000 abonnés, pas au-delà. Peut être le besoin est de plus d'un million, mais je crois pas qu'à Conakry le besoin se fasse sentir plus que ça. Je ne parle pas des préfectures ; mais dans la périphérie de Conakry, il n' y aura jamais plus de 500.000 abonnés. Donc, Sotelgui n'est pas un concurrent à moi. Au contraire, j'essaie de voir où l'on peut collaborer ensemble, et essayer d'atteindre notre objectif qui est de répondre aux besoins de la population.

Q7: Et pour arriver à 500.000 abonnés, est-ce que vous pensez que vous aurez besoin de collaboration internationale ou de partenaires étrangers pour vous aider à améliorer ou développer vos produits ?

R7: D'abord, il faut savoir que les télécommunications, c'est très vaste. Aujourd'hui dans le monde, on parle déjà de la quatrième génération. Vous avez aujourd'hui la possibilité de téléphoner et de voir la photo de votre correspondant. Mais en Guinée, on a à peine entamé la deuxième génération qu'on nous parle de la 3ème génération. On est très loin en Guinée de couvrir, comme ce qu'a fait le pays comme la France, les télécommunications pour la 3ème génération. Je crois qu'il y a des aides bilatérales, il y a beaucoup de coopération.

C'est le moment de lancer un appel à tous ces partenaires étrangers avant de parler de partenaires locaux ; le moment de dire : " écoutez, vous avez des équipements de 3ème génération, dans moins de 6 mois ou dans une année, vous n'allez plus vous en servir, vous allez passer à la 4ème génération. Pourquoi ne pensez-vous pas à collaborer avec nous, que ce soit votre apport en capital ou nous apporter ces équipements de 3ème génération qui sont encore très bon et dont on a besoin ici en Guinée ? ". Nous n'avons pas la prétention maintenant de dire, je veux téléphoner avec Mlle Dounia, il faut que je la vois. J'aurai le plaisir de vous voir tous les jours parler au téléphone, mais pour le moment, le plus important, c'est de vous écouter et que vous m'écoutiez. C'est ce dont nous avons besoin ici. Plus tard, quand on aura suffisamment développer ce système, je dirai : " je vous ai écouté, je voudrais vous voir maintenant ". Alors, il y a assez d'équipements dans toute l'Europe, je lance cet appel. Vous allez en Allemagne, il y en a.

Vous allez en Angleterre, il y en a. Vous allez en Suède, il y en a. Vous allez en France, il y en a beaucoup. Que dois vous dire encore? Ces équipements, vous en avez beaucoup. Les fabricants comme Ericsson, Nokia, Alcatel, Sony ont assez d'équipements. J'ai eu un correspondant au Canada, qui m'a dit : " Monsieur, nous avons des équipements énormes, ils sont là, est-ce que ça vous intéresse ? Nous avons un stock fou ! ". Mais quand il m'a communiqué le prix des équipements, c'était extraordinaire. Mais ce Monsieur n'imagine pas qu'on va passer à la 4ème génération, qu'est-ce qu'il va faire ? de la ferraille ? Tandis qu'il y en a d'autres qui vous disent : " voilà, Monsieur, l'équipement coûtait dix millions de dollars, nous vous le vendons à 2 millions ". C'est raisonnable ! Et il a la capacité de prendre 500.000 abonnés, c'est acceptable.

Maintenant, il y a une deuxième phase : c'est comment, pour ce fabriquant qui n'a pas besoin d'être partenaire avec vous, lui a son équipement à vendre, trouver ces 2 millions de dollars. C'est pour cela que nous disons aux banques commerciales de la Guinée : " s'il vous plaît, vous avez beaucoup d'opportunités pour faire beaucoup d'affaires, venez avec nous en partenariat pour gérer un équipement qu'on peut importer, ou importez-nous cet équipement et hypothéquez le chez vous. Si nous ne répondons pas à nos obligations pour le paiement de nos échéances, vous pourrez saisir l'équipement et le vendre à un autre.

Venez avec nous et on va le gérer. Mais les banques ne se prêtent pas à ça ; les banques se prêtent à quoi faire ? Quand vous avez une importation de riz, on peut le faire. Une importation de sucre ? oui, on saisit le connaissement ; si le commerçant ne paye pas on va à un autre. Mais ce n'est pas ce qui développe un pays. Le pays a besoin d'argent de la part des bailleurs de fond, de la part des banquiers, qu'on peut mettre à la disposition du secteur privé - avec des garanties bien sûr - pour accroître l'industrie, pour accroître l'agriculture. C'est ça les sources de développement d'un pays comme la Guinée.

Pour nous passer à l'importation de riz, il nous faut beaucoup de chariots, beaucoup de tracteurs, beaucoup de produits phytosanitaires. Pour nous passer de prendre des billets d'avion pour aller à " tiers " ; on n'a pas pu avoir la communication, nous sommes obligés de partir. Je devais envoyer un document très important dans un pays d'Europe il y a quelques jours. Je suis resté pendant une semaine, je n'ai pas eu la communication, ni par mes moyens techniques, ni par les moyens de Sotelgui, parce qu'il y a une défaillance entre nous et ce pays dans le cadre de la connexion. J'ai été obligé d'envoyer ce document par DHL.

Vous voyez ce que ça nous coûte et le temps que ça nous fait perdre ! Alors ce sont beaucoup de choses comme ça qui arrivent aujourd'hui. " Le temps c'est de l'argent " comme on dit aujourd'hui. Si les communications sont fiables, si nous avons assez de possibilités pour équiper nos préfectures, moi je pourrais savoir à N'Zérékoré, ville située à plus de 1.000 km de Conakry, combien de mètres cube de bois ou combien de tonnes de café ils ont, et je pourrais placer ça à un correspondant d'Allemagne. Vous avez besoin de café ? J'ai 500 tonnes à N'Zérékoré. Parce que j'ai eu la communication fraîche tout à l'heure de N'Zérékoré. Oui, nous avons tant de mètres cube de bois ; donc je ne vais plus importer le bois du Brésil ou de la Russie. J'ai du bois qui est là, qu'on a coupé avec telle autorisation, qui peut arriver dans les meilleurs délais. Mais pour cela, il faut véhiculer l'information. Donc c'est pourquoi nous demandons aux banques de nous donner de l'argent.

Pour résumer, je suis prêt a accepter des partenaires dans ma société, en joint-venture. S'ils veulent des actions, on est d'accord. S'ils veulent faire une extension, il n'y a aucun problème. Nous sommes ouverts, le capital est ouvert, nous donnons la priorité aux guinéens. S'ils sont intéressés, qu'ils viennent. Evidemment, ce n'est pas avec quelqu'un qui vient pour discuter et acheter un téléphone, qui vient vous dire : " je veux être actionnaire ". Pour les personnes qui sont prêtes à investir, le capital est ouvert. Je lance cet appel aujourd'hui aux étrangers qui veulent venir, qu'ils soient rassurés. Ils seront protéges pour leurs investissements, ils auront des garanties suffisantes et auront le droit de rapatrier leurs investissements et leurs dividendes chaque fois qu'ils le souhaiteront. Pour ça, chapeau à la loi en Guinée dans ce domaine pour les conditions d'investissement en Guinée, et surtout pour la circulation de la monnaie grâce aux nouvelles lois de finance, toutes les possibilités vous sont offertes. C'est à vous de jouer le jeu maintenant avec le gouvernement, parce que le gouvernement ne recule devant rien, je dis bien devant rien, pour essayer d'aider le secteur privé dans sa croissance pour répondre à la volonté populaire.

Q8: Un message final pour nos lecteurs de l'Express ?

R8: Oui, je voudrais profiter de cette opportunité en tant que Président de la Fédération Patronale des Industriels de Guinée. Comme je l'ai dit tantôt, le téléphone c'est aussi de l'industrie. Mais malheureusement, le secteur industriel, tout ce qui est industriel, est encore très maigre en Guinée. Je voudrais ici, comme je l'ai fait il n'y a pas très longtemps à EuroNews, lancer cet appel à tous les investisseurs. Qu'ils soient rassurés, nous sommes bénis par Dieu, la paix règne en Guinée. Nous avons un homme très sage qui ne fait que cultiver la paix et son souci majeur de tous les jours est " comment se réveille le guinéen " et " comment dort le guinéen ". Nous devons cela au Général Président Lansana Conté. La suite arrive. Ne pensons pas à dire " il faut que j'aie ceci, il faut que j'aie cela ". Si on a tout cela, mais on n'a pas de paix, on va tout perdre et on va se perdre soi- même. On perd sa vie dans la guerre. C'est ce qui permet aux investisseurs de vivre en tranquillité, en symbiose et en harmonie avec l'ensemble des guinéens, et singulièrement avec leurs partenaires. Et quand il y a un problème, croyez moi, la justice ne sera ni pour vous, ni pour moi, mais sera pour la justice, c'est-à-dire la vérité. Alors moi je donne cette assurance, personne ne peut avoir un problème s'il sait qu'il travaille dans la transparence, dans son intérêt et dans l'intérêt du pays dans lequel il travaille, donc dans l'intérêt du partenaire. J'invite tout le monde à venir investir dans tous les domaines. En Guinée, nous avons besoin de tout. En Energie, il y a beaucoup à faire. Dans les usines, il y a beaucoup à faire. Dans les routes, il y a beaucoup à faire.
Dans les habitations, il y a beaucoup à faire. Qu'est-ce que je ne vous dis pas ? La Guinée est un vaste pays, nous faisons 250 000 kilomètres carré, nous sommes 7,5 millions d'habitants. Bientôt, nous allons passer à 10 millions d'habitants, mais il manque beaucoup de choses. Ce n'est pas l'ouverture qui manque. L'ouverture est là, mais nous demandons au gens de venir, d'avoir confiance. Croyez-moi qu'ils ne seront pas déçus. En tout cas, en ce qui me concerne, les portes sont ouvertes pour tous les investisseurs. Si c'est un domaine qui n'est pas dans mon créneau, je les conduirai là où ils doivent être conduits, et croyez moi que je les appuierai. J'aurai apporté quelque chose à mon pays. J'aurai au moins dit que c'est moi qui est envoyé cette personne. C'est ça ma fierté, que ce soit à mon actif. J'aime bien l'argent, mais pas tout le temps. J'aime surtout collaborer avec les hommes.

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