THE REPUBLIC OF GUINEA
L'Exception Africaine



INTERVIEW AVEC
M. Abdelilah GUESSOUS


Directeur Général de la BANQUE ISLAMIQUE DE GUINEE (B.I.G.)

21/02/003
 
Q1 - M. GUESSOUS, tout d'abord merci de nous recevoir. Pour commencer cette interview, pourriez-vous nous retracer l'historique de la Banque Islamique de Guinée depuis sa création en 1983 et son évolution ces dernières années ?

A1 - Je vous remercie tout d'abord pour l'intérêt que vous portez à la Banque Islamique de Guinée en particulier, et à la république de Guinée en général. J'ai eu l'occasion de consulter votre site Internet que je trouve très intéressant, c'est un travail colossal qui ne peut être que bénéfique pour les Guinéens, et aussi pour tous les opérateurs qui souhaiteraient avoir des informations sur la Guinée et ses nombreuses potentialités.

Pour revenir à la Banque Islamique, c'est une société anonyme créée en 1983 sous la Première République suite à une convention d'établissement signée entre le Gouvernement guinéen et " Dar al Mal Islami "
Le capital de départ était de 4,5 milliards de GNF.
La création de la BIG fût à l'époque un événement qui souleva un immense espoir dans le milieu économique, parce que cette création marquait le renouement avec l'économie de marché, et la volonté du régime de procéder à une libéralisation progressive de l'économie.

En effet, depuis l'accession de la Guinée à la l'indépendance, ce fût la première fois qu'un agrément a été accordé à une banque privée.
En 1984, la Guinée a vécu une crise financière. Et les autorités de la 2e République ont procédé à d'importantes réformes au niveau financier, aussi bien que plusieurs banques publiques ont été fermées car elles ne répondaient plus aux critères de liquidité et de solvabilité requis.

Plus tard, avec l'ouverture de la Guinée et son choix pour l'économie de marché, d'autres banques se sont installées progressivement dont la plus part sont filiales de banques étrangères. Là Un point important à relever au niveau du secteur bancaire en Guinée, c'est que beaucoup de banques, sinon la plupart, ont connu des restructurations au niveau de leur capital. La Banque Islamique de Guinée également a eu sa part au niveau des restructurations, et notre première restructuration financière a eu lieu en 1993,et une 2e en août 98. Ces restructurations ont été faites pour deux raisons principales :

- La première raison : assainir notre portefeuille et consolider notre assise financière en provisionnant les créances douteuses et contentieuses. Donc avoir un bilan plus " clean ".

- D'un autre côté, augmenter notre capital qui est passé de 4,5 milliards à 6 milliards, et aujourd'hui il est de 8.000.500.000 GNF pour pouvoir améliorer notre part de marché et être en conformité avec la réglementation de la banque centrale. C'est là 20 ans d'existence de la BIG que je vous résume en quelques minutes.

Q2 - Et donc aujourd'hui quels seraient les chiffres représentatifs du rôle de la BIG dans la société guinéenne ?

A2 - Aujourd'hui nos chiffres représentatifs se présentent comme suit:

* Capital social : 8,5 milliards GNF,
* 2 agences,
* 41 employés,
* 2 milliards de chiffres d'affaires,
* 5 % de part de marché,
* un total bilan au 31/12/002 de 27,57 milliards de GNF,
* Un résultat d'exploitation de 250 millions de GNF pour cette année.
* Nos dépôt s'élèvent à 12,9 milliards, et ils ont évolué à la hausse de 38% en 2002 par rapport à 2001.
* Nos engagements s'élèvent à 14,5 milliards environ, contre 15,7 milliards en 2001, soit une baisse de 7,8% ; mais c'est une baisse volontaire dans la mesure où aujourd'hui nous optons pour des emplois sains afin de diminuer les contentieux,

Q3 - D'accord, quels sont les principaux services que la Banque Islamique de Guinée propose à ses clients ?

A3 - Je tiens à noter que la Banque Islamique de Guinée offre une panoplie de produits et services destinés aux particuliers, aux professionnels et aux sociétés. Ils répondent parfaitement aux attentes de nos relations tout en étant en parfaite conformité avec les préceptes de l'islam qui encouragent le commerce et interdisent le " riba " l'usure.

Nos produits tel qu'ils ont été conçus sont avant-gardistes. Nous avons été à l'avant garde de plusieurs produits et services qui sont aujourd'hui offerts par d'autres banques et dont certaines institutions financières font leur cheval de bataille. On va les dérouler les uns après les autres et je tiens ici à apporter une précision de taille ; nous sommes avons tout, les partenaires de nos clients.

§ Au niveau des comptes, nous proposons à nos clients plusieurs types de comptes selon leur besoin et leur activité.

Le compte de dépôt : compte destiné aux particuliers

Le compte courant bancaire : compte destiné aux entreprises, associations ou autres activités à caractère commercial, industriel ou de services

Le compte d'investissement particulier : C'est un compte qui reçoit des dépôts entre 90 jours et 360 jours. A la fin de la période qui a été décidé d'un commun accord entre la banque et le client, les profits tirés - je parle bien de profits et non d'intérêts - de l'utilisation de ces fonds à des fins économiques sont partagés entre la banque et son client sur la base d'un pourcentage fixé au départ. Et là, nous pouvons faire le rapprochement avec le DAT (Dépôt à Terme) ou le CAT (Compte à Terme) qui est en vigueur dans toutes les autres banques.

Le compte d'investissement Oumra hadj : le client qui envisage d'effectuer son pèlerinage à la Mecque peut à l'avance ouvrir et alimenter ce compte en vue d'épargner les fonds nécessaires à l'accomplissement de son devoir religieux. Ce compte est régulièrement rémunéré - parce que cet argent, on le prend et on le fait fructifier dans le circuit économique, et au moment de son départ à la Mecque, ce " hadj " peut bénéficier également, en plus des profits qui lui seront versés, de cadeaux et d'accessoires nécessaires à son pèlerinage.
La guinée est un pays ou les musulmans constituent 95% de la population. Donc, c'est un produit fort adapté à la place. Et là, nous pouvons l'assimiler aussi au compte sur carnet qu'on retrouve au niveau de toutes les autres banques.

Le comptes d'investissement société : ce sont des comptes dessinés à des sociétés qui envisagent l'acquisition de biens d'équipement à court ou moyen terme. Le financement se fera en partie par leur épargne et donc il sera autofinancé. Ce compte nous permet de tester la capacité de la société à dégager des cash flow ce qui lui permettra à l'avenir de rembourser notre cote part dans le financement de l'investissement projeté.Ce produit est un produit spécifique à la Banque Islamique qui, en plus des crédits d'investissement standards, permet au client de réaliser des profits sur son épargne tout en ayant la possibilité et la certitude d'avoir son crédit d'investissement, après l'étude de son dossier .

Le compte d'investissement immobilier : ce compte permet au client d'épargner des fonds, producteur de profits, destinés à la construction d'un bien immobilier à usage d'habitation ou à usage commercial.
Si le client est régulier dans ses versements et respecte les termes du contra signé avec la banque il pourra bénéficier après étude de son dossier d'un crédit complémentaire pour la réalisation son projet
Ce produit existe dans les Banques Islamiques depuis longtemps. Il peut être assimilé au PEL (Plan d'Epargne Logement) mais en plus il couvre les locaux à usage commercial ou industriel.
Comme vous pouvez le constater nous confirmons notre position de partenariat avec nos clients et nous oeuvrons par-là même dans le social.

§ Au niveau des financements(crédits), la BIG propose des solutions originales ,variées et des coûts compétitifs à travers les différents types de financements qu'elle propose.

La Mmorabaha : c'est un contrat par lequel un client peut acquérir du matériel ou des marchandises, et demande à la banque d'acheter ces articles et de les lui vendre par la suite, majoré d'une rétribution négociée à l'avance. Donc, c'est toujours la négociation et nous sommes dans un système de partenariat, d'accord contractuel avec consentement des deux parties. Le capital et la rétribution sont dus et payables aux conditions convenues à l'avance et là, nous pouvons assimiler la Morabaha au crédit fournisseur qui, aujourd'hui est en plein ascension avec la mondialisation et le démantèlement des frontières douanières.
La Moucharaka : c'est un contrat d'association par lequel la banque avance des fonds qui s'ajoutent à ceux du client en guise de participation au capital de cette société . Les bénéfices sont partagés dans les proportions convenues qui peuvent prévoir une participation au frais de gestion ; et là aussi nous sommes en présence d'un produit d'actualité ; le prêt participatif qui est en vogue aujourd'hui dans toutes les économies modernes. Nous sommes partenaires au niveau du capital, nous prenons une partie des charges, et bien sûr une partie du risque. Le bénéfice réalisé par cette affaire est distribué selon la quote-part de chacun et selon le contrat initial qui a été établi.

La Moundaraba : Nous finançons la totalité de l'affaire et le client apporte son savoir-faire son " know how ", nous prenons la totalité du risque financier et nous laissons au client l'option de reprendre par la suite toute l'affaire et de racheter à la banque ses actions. Ici nous sommes dans le capital risque produit également en plein développement surtout au niveau des " start up "

Ijahra : c'est du leasing.

Isahra wa qtinaa : leasing avec option d'achat.

Kard Ihassan : et ça c'est un produit que vous n'allez peut être pas trouver au niveau des autres banques car c'est un prêt social sans profit accordé à certaines personnes pour les aider à dégager un revenu ou développer un petit commerce.

Au niveau des opérations d'import export : Nous avons une équipe qui a la parfaite maîtrise des techniques du commerce international, qui peut conseiller et assister nos clients.

La liste n'est pas exhaustive, mais je vous ai présenté là les produits et les services les plus importants et les plus demandé par la clientèle. Comme vous pouvez ci-bien le constater, ils sont fort bien adaptés aux attentes de toute catégorie de clients, aux exigences des économies modernes et aux besoins de l'économie guinéenne.

En plus bien sûr de notre participation aux actions à caractère social et que nous estimons être le devoir de tout un chacun.

Q4 - Qu'est-ce que vous appelez une banque " économiquement islamique " ?

A4 - " Une banque Islamique est une banque dont le fonctionnement et les procédures de travail respectent scrupuleusement les préceptes de l'islam qui interdisent -le RIBA- L'usure et autorisent le profit qui provient du commerce "

Q5 - Et donc quelles sont les priorités actuelles de la Banque Islamique ?

A5 - Développer notre part de marché
- Développer notre réseau d'agences
- Et participer activement au développement de l'économie guinéenne en tant que première banque privée du pays.

Je tiens aussi à préciser i, qu'aujourd'hui nous sommes les premiers à avoir mis en place un service de ramassage de fonds. Nous avons une équipe sécurisée avec des véhicules sécurisés destinés au ramassage des fonds chez des clients commerçants, entreprises ou offices qui ont un mouvement d'affaires important. Nous envisageons également de mettre ce service à la disposition des autres banques de la place. C'est un produit qui n'existait pas en Guinée et j'ai remarqué qu'il y a une forte demande à ce niveau.

Q6 - Ce sont les projets de la BIG ?

A6 - C'est un des projets de la BIG, nous avons d'autres projets dans notre " Pipe line " que nous pourrons vous communiquer dès leur finalisation

Q7 - Quels sont les autres objectifs ?

A7 - Nous avons plusieurs objectifs, mais il faut travailler par priorité parce que nous ne pouvons pas tout faire à la fois. Comme je viens de prendre la Direction Générale de la Banque Islamique de Guinée, j'ai procédé par étape : j'ai fait le diagnostic de la banque, j'ai pris connaissance des données de l'économie et du système bancaire de la place ce qui me permettra de mener une action commerciale soutenue envers les clients et les prospects potentiels en vue d'augmenter notre part de marché
" La bataille " entre les banquiers se joue toujours au niveau de la part du marché - ce qui est tout à fait normal.

Donc mes objectifs prioritaires sont :

· Augmenter la part du marché, meilleure pénétration du marché par type de compte, par type de produit et par type de service.
· Développement de notre réseau d'agence comme je l'ai déjà signalé par l'ouverture d'une agence en 2003, une autre en 2004 et probablement d'autres selon l'évolution de la bancarisation.
· Mettre à la disposition de notre clientèle de nouveaux produits et services, en parfaite symbiose avec leur besoin,
· Développer la qualité de service grâce à la formation et la polyvalence du personnel, et là nous avons un programme de formation qui va concerner tout notre personnel, employés et cadres.
· Améliorer notre image de marque sur la place par une communication ciblée et permanente.

Q8 - Pour atteindre ces objectifs, quel est l'avantage concurrentiel de la BIG ?

A8 - Le moyen de production par excellence d'une banque étant les hommes. Donc nous commencerons par les hommes : la formation, la polyvalence, la compétence de nos cadres. Le reste suivra obligatoirement.

Nos atouts concurrentiels sont :
La compétence de notre équipe
Nous sommes la première banque privée de Guinée
Nous somme une Banque islamique dans un pays Islamique,
La diversité de nos produits et services
Notre écoute de la clientèle
Notre réseau

Q9 - En terme de collaboration internationale, est-ce qu'aujourd'hui la Banque Islamique de Guinée est à la recherche de nouveaux partenaires ?

A9 - Comme vous le savez, nous sommes aujourd'hui au siècle de la mondialisation et aucune institution ne peut vivre en vase clos. En plus de nos partenaires, les multiples ONG avec lesquelles nous travaillons et nos correspondants de par le monde, nous sommes ouverts et attentifs à toute proposition de partenariat et ce dans l'intérêt de notre clientèle et pour mieux servir l'économie guinéenne.

A préciser aussi, que nous avons des actionnaires de marque, la Banque Islamique de Développement, BID et la DMI, Dar Mel Islami

Q10 - Dans ce cadre là, vous restez ouverts à un partenariat sérieux ?

A10 - Oui, mais si votre question concerne l'ouverture du Capital, il serait souhaitable de poser la question au conseil d'administration. C'est à lui que revient la décision .

Q11 - Comme dernière question, auriez-vous un message final à nos lecteurs de l'EXPRESS, aux investisseurs potentiels qui seraient intéressés par la Guinée ?

A11 - Pour les investisseurs qui seraient intéressés par la guinée, je les encourages à venir visiter la Guinée et à saisir les nombreuses opportunités d'affaires qu'offre le pays aux investisseurs et hommes d'affaires et à prendre connaissance de toutes les facilités et avantages qui lui sont offerts par les autorités du pays.

Par ailleurs, la Banque Islamique de Guinée est à leur disposition pour tout complément d'information et pour tout le soutien souhaité. Nous les invitons à nous contacter ou à nous rendre visite, nous saurons répondre à leur attentes car Nous sommes la première banque privée de la place. Nous avons une parfaite maîtrise du secteur bancaire guinéen.
Nous avons une ouverture internationale, des partenaires internationaux, et des produits et services adaptés aux divers besoins d'une clientèle exigeante. Donc je pense que c'est suffisant pour tout nouveau partenaire, client ou fournisseur qui souhaiterait ouvrir un compte bancaire ou commercer avec la Guinée.

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