Q1 - M. GUESSOUS,
tout d'abord merci de nous recevoir. Pour commencer
cette interview, pourriez-vous nous retracer l'historique
de la Banque Islamique de Guinée depuis sa
création en 1983 et son évolution
ces dernières années ?
A1 - Je vous remercie tout d'abord pour l'intérêt
que vous portez à la Banque Islamique de
Guinée en particulier, et à la république
de Guinée en général. J'ai
eu l'occasion de consulter votre site Internet que
je trouve très intéressant, c'est
un travail colossal qui ne peut être que bénéfique
pour les Guinéens, et aussi pour tous les
opérateurs qui souhaiteraient avoir des informations
sur la Guinée et ses nombreuses potentialités.
Pour revenir à la Banque Islamique, c'est
une société anonyme créée
en 1983 sous la Première République
suite à une convention d'établissement
signée entre le Gouvernement guinéen
et " Dar al Mal Islami "
Le capital de départ était de 4,5
milliards de GNF.
La création de la BIG fût à
l'époque un événement qui
souleva un immense espoir dans le milieu économique,
parce que cette création marquait le renouement
avec l'économie de marché, et la
volonté du régime de procéder
à une libéralisation progressive
de l'économie.
En effet, depuis l'accession de la Guinée
à la l'indépendance, ce fût
la première fois qu'un agrément
a été accordé à une
banque privée.
En 1984, la Guinée a vécu une crise
financière. Et les autorités de
la 2e République ont procédé
à d'importantes réformes au niveau
financier, aussi bien que plusieurs banques publiques
ont été fermées car elles
ne répondaient plus aux critères
de liquidité et de solvabilité requis.
Plus tard, avec l'ouverture de la Guinée
et son choix pour l'économie de marché,
d'autres banques se sont installées progressivement
dont la plus part sont filiales de banques étrangères.
Là Un point important à relever
au niveau du secteur bancaire en Guinée,
c'est que beaucoup de banques, sinon la plupart,
ont connu des restructurations au niveau de leur
capital. La Banque Islamique de Guinée
également a eu sa part au niveau des restructurations,
et notre première restructuration financière
a eu lieu en 1993,et une 2e en août 98.
Ces restructurations ont été faites
pour deux raisons principales :
- La première raison : assainir notre
portefeuille et consolider notre assise financière
en provisionnant les créances douteuses
et contentieuses. Donc avoir un bilan plus "
clean ".
- D'un autre côté, augmenter notre
capital qui est passé de 4,5 milliards
à 6 milliards, et aujourd'hui il est de
8.000.500.000 GNF pour pouvoir améliorer
notre part de marché et être en conformité
avec la réglementation de la banque centrale.
C'est là 20 ans d'existence de la BIG que
je vous résume en quelques minutes.
Q2 - Et donc aujourd'hui quels seraient les
chiffres représentatifs du rôle de
la BIG dans la société guinéenne
?
A2 - Aujourd'hui nos chiffres représentatifs
se présentent comme suit:
* Capital social : 8,5 milliards GNF,
* 2 agences,
* 41 employés,
* 2 milliards de chiffres d'affaires,
* 5 % de part de marché,
* un total bilan au 31/12/002 de 27,57 milliards
de GNF,
* Un résultat d'exploitation de 250 millions
de GNF pour cette année.
* Nos dépôt s'élèvent
à 12,9 milliards, et ils ont évolué
à la hausse de 38% en 2002 par rapport à
2001.
* Nos engagements s'élèvent à
14,5 milliards environ, contre 15,7 milliards en
2001, soit une baisse de 7,8% ; mais c'est une baisse
volontaire dans la mesure où aujourd'hui
nous optons pour des emplois sains afin de diminuer
les contentieux,
Q3 - D'accord, quels sont les principaux services
que la Banque Islamique de Guinée propose
à ses clients ?
A3 - Je tiens à noter que la Banque Islamique
de Guinée offre une panoplie de produits
et services destinés aux particuliers,
aux professionnels et aux sociétés.
Ils répondent parfaitement aux attentes
de nos relations tout en étant en parfaite
conformité avec les préceptes de
l'islam qui encouragent le commerce et interdisent
le " riba " l'usure.
Nos produits tel qu'ils ont été
conçus sont avant-gardistes. Nous avons
été à l'avant garde de plusieurs
produits et services qui sont aujourd'hui offerts
par d'autres banques et dont certaines institutions
financières font leur cheval de bataille.
On va les dérouler les uns après
les autres et je tiens ici à apporter une
précision de taille ; nous sommes avons
tout, les partenaires de nos clients.
§ Au niveau des comptes, nous proposons
à nos clients plusieurs types de comptes
selon leur besoin et leur activité.
Le compte de dépôt : compte destiné
aux particuliers
Le compte courant bancaire : compte destiné
aux entreprises, associations ou autres activités
à caractère commercial, industriel
ou de services
Le compte d'investissement particulier : C'est
un compte qui reçoit des dépôts
entre 90 jours et 360 jours. A la fin de la période
qui a été décidé d'un
commun accord entre la banque et le client, les
profits tirés - je parle bien de profits
et non d'intérêts - de l'utilisation
de ces fonds à des fins économiques
sont partagés entre la banque et son client
sur la base d'un pourcentage fixé au départ.
Et là, nous pouvons faire le rapprochement
avec le DAT (Dépôt à Terme)
ou le CAT (Compte à Terme) qui est en vigueur
dans toutes les autres banques.
Le compte d'investissement Oumra hadj : le client
qui envisage d'effectuer son pèlerinage
à la Mecque peut à l'avance ouvrir
et alimenter ce compte en vue d'épargner
les fonds nécessaires à l'accomplissement
de son devoir religieux. Ce compte est régulièrement
rémunéré - parce que cet
argent, on le prend et on le fait fructifier dans
le circuit économique, et au moment de
son départ à la Mecque, ce "
hadj " peut bénéficier également,
en plus des profits qui lui seront versés,
de cadeaux et d'accessoires nécessaires
à son pèlerinage.
La guinée est un pays ou les musulmans
constituent 95% de la population. Donc, c'est
un produit fort adapté à la place.
Et là, nous pouvons l'assimiler aussi au
compte sur carnet qu'on retrouve au niveau de
toutes les autres banques.
Le comptes d'investissement société
: ce sont des comptes dessinés à
des sociétés qui envisagent l'acquisition
de biens d'équipement à court ou
moyen terme. Le financement se fera en partie
par leur épargne et donc il sera autofinancé.
Ce compte nous permet de tester la capacité
de la société à dégager
des cash flow ce qui lui permettra à l'avenir
de rembourser notre cote part dans le financement
de l'investissement projeté.Ce produit
est un produit spécifique à la Banque
Islamique qui, en plus des crédits d'investissement
standards, permet au client de réaliser
des profits sur son épargne tout en ayant
la possibilité et la certitude d'avoir
son crédit d'investissement, après
l'étude de son dossier .
Le compte d'investissement immobilier : ce compte
permet au client d'épargner des fonds,
producteur de profits, destinés à
la construction d'un bien immobilier à
usage d'habitation ou à usage commercial.
Si le client est régulier dans ses versements
et respecte les termes du contra signé
avec la banque il pourra bénéficier
après étude de son dossier d'un
crédit complémentaire pour la réalisation
son projet
Ce produit existe dans les Banques Islamiques
depuis longtemps. Il peut être assimilé
au PEL (Plan d'Epargne Logement) mais en plus
il couvre les locaux à usage commercial
ou industriel.
Comme vous pouvez le constater nous confirmons
notre position de partenariat avec nos clients
et nous oeuvrons par-là même dans
le social.
§ Au niveau des financements(crédits),
la BIG propose des solutions originales ,variées
et des coûts compétitifs à
travers les différents types de financements
qu'elle propose.
La Mmorabaha : c'est un contrat par lequel un
client peut acquérir du matériel
ou des marchandises, et demande à la banque
d'acheter ces articles et de les lui vendre par
la suite, majoré d'une rétribution
négociée à l'avance. Donc,
c'est toujours la négociation et nous sommes
dans un système de partenariat, d'accord
contractuel avec consentement des deux parties.
Le capital et la rétribution sont dus et
payables aux conditions convenues à l'avance
et là, nous pouvons assimiler la Morabaha
au crédit fournisseur qui, aujourd'hui
est en plein ascension avec la mondialisation
et le démantèlement des frontières
douanières.
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La Moucharaka : c'est
un contrat d'association par lequel la banque avance
des fonds qui s'ajoutent à ceux du client
en guise de participation au capital de cette société
. Les bénéfices sont partagés
dans les proportions convenues qui peuvent prévoir
une participation au frais de gestion ; et là
aussi nous sommes en présence d'un produit
d'actualité ; le prêt participatif
qui est en vogue aujourd'hui dans toutes les économies
modernes. Nous sommes partenaires au niveau du capital,
nous prenons une partie des charges, et bien sûr
une partie du risque. Le bénéfice
réalisé par cette affaire est distribué
selon la quote-part de chacun et selon le contrat
initial qui a été établi.
La Moundaraba : Nous finançons la totalité
de l'affaire et le client apporte son savoir-faire
son " know how ", nous prenons la totalité
du risque financier et nous laissons au client
l'option de reprendre par la suite toute l'affaire
et de racheter à la banque ses actions.
Ici nous sommes dans le capital risque produit
également en plein développement
surtout au niveau des " start up "
Ijahra : c'est du leasing.
Isahra wa qtinaa : leasing avec option d'achat.
Kard Ihassan : et ça c'est un produit
que vous n'allez peut être pas trouver au
niveau des autres banques car c'est un prêt
social sans profit accordé à certaines
personnes pour les aider à dégager
un revenu ou développer un petit commerce.
Au niveau des opérations d'import export
: Nous avons une équipe qui a la parfaite
maîtrise des techniques du commerce international,
qui peut conseiller et assister nos clients.
La liste n'est pas exhaustive, mais je vous ai
présenté là les produits
et les services les plus importants et les plus
demandé par la clientèle. Comme
vous pouvez ci-bien le constater, ils sont fort
bien adaptés aux attentes de toute catégorie
de clients, aux exigences des économies
modernes et aux besoins de l'économie guinéenne.
En plus bien sûr de notre participation
aux actions à caractère social et
que nous estimons être le devoir de tout
un chacun.
Q4 - Qu'est-ce que vous appelez une banque
" économiquement islamique "
?
A4 - " Une banque Islamique est une
banque dont le fonctionnement et les procédures
de travail respectent scrupuleusement les préceptes
de l'islam qui interdisent -le RIBA- L'usure et
autorisent le profit qui provient du commerce "
Q5 - Et donc quelles sont les priorités
actuelles de la Banque Islamique ?
A5 - Développer notre part de marché
- Développer notre réseau d'agences
- Et participer activement au développement
de l'économie guinéenne en tant
que première banque privée du pays.
Je tiens aussi à préciser i, qu'aujourd'hui
nous sommes les premiers à avoir mis en
place un service de ramassage de fonds. Nous avons
une équipe sécurisée avec
des véhicules sécurisés destinés
au ramassage des fonds chez des clients commerçants,
entreprises ou offices qui ont un mouvement d'affaires
important. Nous envisageons également de
mettre ce service à la disposition des
autres banques de la place. C'est un produit qui
n'existait pas en Guinée et j'ai remarqué
qu'il y a une forte demande à ce niveau.
Q6 - Ce sont les projets de la BIG ?
A6 - C'est un des projets de la BIG, nous
avons d'autres projets dans notre " Pipe line
" que nous pourrons vous communiquer dès
leur finalisation
Q7 - Quels sont les autres objectifs ?
A7 - Nous avons plusieurs objectifs, mais
il faut travailler par priorité parce que
nous ne pouvons pas tout faire à la fois.
Comme je viens de prendre la Direction Générale
de la Banque Islamique de Guinée, j'ai procédé
par étape : j'ai fait le diagnostic de la
banque, j'ai pris connaissance des données
de l'économie et du système bancaire
de la place ce qui me permettra de mener une action
commerciale soutenue envers les clients et les prospects
potentiels en vue d'augmenter notre part de marché
" La bataille " entre les banquiers
se joue toujours au niveau de la part du marché
- ce qui est tout à fait normal.
Donc mes objectifs prioritaires sont :
· Augmenter la part du marché,
meilleure pénétration du marché
par type de compte, par type de produit et par
type de service.
· Développement de notre réseau
d'agence comme je l'ai déjà signalé
par l'ouverture d'une agence en 2003, une autre
en 2004 et probablement d'autres selon l'évolution
de la bancarisation.
· Mettre à la disposition de notre
clientèle de nouveaux produits et services,
en parfaite symbiose avec leur besoin,
· Développer la qualité de
service grâce à la formation et la
polyvalence du personnel, et là nous avons
un programme de formation qui va concerner tout
notre personnel, employés et cadres.
· Améliorer notre image de marque
sur la place par une communication ciblée
et permanente.
Q8 - Pour atteindre ces objectifs, quel est
l'avantage concurrentiel de la BIG ?
A8 - Le moyen de production par excellence
d'une banque étant les hommes. Donc nous
commencerons par les hommes : la formation, la polyvalence,
la compétence de nos cadres. Le reste suivra
obligatoirement.
Nos atouts concurrentiels sont :
La compétence de notre équipe
Nous sommes la première banque privée
de Guinée
Nous somme une Banque islamique dans un pays Islamique,
La diversité de nos produits et services
Notre écoute de la clientèle
Notre réseau
Q9 - En terme de collaboration internationale,
est-ce qu'aujourd'hui la Banque Islamique de Guinée
est à la recherche de nouveaux partenaires
?
A9 - Comme vous le savez, nous sommes aujourd'hui
au siècle de la mondialisation et aucune
institution ne peut vivre en vase clos. En plus
de nos partenaires, les multiples ONG avec lesquelles
nous travaillons et nos correspondants de par le
monde, nous sommes ouverts et attentifs à
toute proposition de partenariat et ce dans l'intérêt
de notre clientèle et pour mieux servir l'économie
guinéenne.
A préciser aussi, que nous avons des actionnaires
de marque, la Banque Islamique de Développement,
BID et la DMI, Dar Mel Islami
Q10 - Dans ce cadre là, vous restez
ouverts à un partenariat sérieux
?
A10 - Oui, mais si votre question concerne
l'ouverture du Capital, il serait souhaitable de
poser la question au conseil d'administration. C'est
à lui que revient la décision .
Q11 - Comme dernière question, auriez-vous
un message final à nos lecteurs de l'EXPRESS,
aux investisseurs potentiels qui seraient intéressés
par la Guinée ?
A11 - Pour les investisseurs qui seraient
intéressés par la guinée, je
les encourages à venir visiter la Guinée
et à saisir les nombreuses opportunités
d'affaires qu'offre le pays aux investisseurs et
hommes d'affaires et à prendre connaissance
de toutes les facilités et avantages qui
lui sont offerts par les autorités du pays.
Par ailleurs, la Banque Islamique de Guinée
est à leur disposition pour tout complément
d'information et pour tout le soutien souhaité.
Nous les invitons à nous contacter ou à
nous rendre visite, nous saurons répondre
à leur attentes car Nous sommes la première
banque privée de la place. Nous avons une
parfaite maîtrise du secteur bancaire guinéen.
Nous avons une ouverture internationale, des partenaires
internationaux, et des produits et services adaptés
aux divers besoins d'une clientèle exigeante.
Donc je pense que c'est suffisant pour tout nouveau
partenaire, client ou fournisseur qui souhaiterait
ouvrir un compte bancaire ou commercer avec la
Guinée.
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