THE REPUBLIC OF GUINEA
L'Exception Africaine



INTERVIEW AVEC

M. Guido SANTULLO

Président Directeur Général GROUPEMENT SANTULLO et SERICOM GUINEE
19/11/2002
 
Question 1: Tout d'abord merci beaucoup de nous recevoir !

Réponse 1: C'est tout à fait normal. Vous savez, la Guinée est un pays démocratique, même si l'extérieur ne dit pas que la démocratie existe en Guinée. Quand les gens arrivent, on les reçoit tout le temps. Des fois, on n'a pas le temps de les recevoir, on a beaucoup de travail, mais on les reçoit quand même.

Q2: Pourriez vous nous présenter brièvement SERICOM Guinée et son évolution depuis sa création en Guinée ?

R2: SERICOM Guinée existe depuis 1984. Nous sommes arrivés en Guinée en mai 84, et on a installé notre entreprise. Nous avions déjà des entreprises en France et en Italie. SERICOM Guinée fait partie du Groupement SANTULLO. Le Groupement SANTULLO est un holding financier strictement familial dans laquelle nous sommes 7 frères et 4 sœurs. L'entreprise a évolué de père en fils. Avant c'était mon grand-père qui avait l'entreprise ; puis c'est mon père qui l'a repris derrière, et maintenant c'est moi. SERICOM Guinée est une entreprise qui construit des logements, des bureaux, des sites administratifs, des écoles, des hôpitaux, et en même temps des routes en Travaux Publics. Tout le monde en Guinée connaît les œuvres de SERICOM Guinée ; déjà, une bonne partie des bâtiments administratifs qu'occupe la Présidence ont été construits par SERICOM Guinée. Nous avons aussi construit des hôpitaux, des écoles, et cette cité administrative où nous sommes aujourd'hui (ndlr : cité des chemins de fer), dans laquelle toutes les sociétés qui opèrent sur la Guinée sont installées. Nous avons plusieurs projets, des marchés, des routes ici en Guinée.

SERICOM Guinée occupe 2600 employés et fait partie du groupement SANTULLO, le holding financier dont je suis le Directeur Général, et qui détient également des hôtels et des casinos. Nous nous sommes lancés dans les hôtels, et le premier que nous avons construit est celui de N'Zérékoré. C'est un hôtel de 75 chambres avec casino, piscine, restaurant, plus un village dans lequel il y a des pavillons que nous louons à des sociétés minières qui travaillent dans cette zone là. Le deuxième hôtel, nous l'avons construit à Bel Air. Bel Air se situe à 250 km de Conakry, et c'est là que se situe le futur projet d'investissement touristique. Nous avons construit l'hôtel qui va être achevé et inauguré en fin d'année, hôtel de 140 chambres avec un terrain de golf de 18 trous, piscine, tennis et un port de plaisance pour des bateaux de plaisance qui peuvent venir du monde entier sur Bel Air. L'hôtel est construit de la même manière que les autres: c'est un hôtel de 4 étoiles avec salle de conférence, casino... De plus, on va construire un village d'une centaine de pavillons, uniquement pour les gens qui veulent venir et rester dans cette zone en vacances, à la mer. Le troisième hôtel, on est en train de le construire à Conakry. Il a 130 chambres et un centre commercial, un casino et une salle de conférence.

Depuis que nous sommes arrivés dans le pays, on a fait beaucoup de recherches importantes pour essayer d'introduire plus du touristes en Guinée. Pour ce faire, il faut prévoir toutes les infrastructures, et c'est ce que nous sommes en train de préparer aujourd'hui. En matière de construction, quand nous sommes arrivés ici en Guinée, il y avait très peu de bâtiments dans lesquels les sociétés pouvaient s'installer. Et nous l'avons fait, nous avons baissés les prix de location de 50% sur l'ensemble du territoire guinéen, à commencer par la capitale. Nous sommes en train de construire presque 150.000 m² de surface habitable de sites administratifs et de bureaux. Voilà, en gros ce qu'est SERICOM Guinée et qui est M. Guido Santullo. Vous voulez savoir quelque chose d'autre ?

Q3: Oui, nous aimerions connaître votre stratégie d'investissement ici en Guinée ?

R3: La stratégie est d'investir dans des pays nouveaux. La Guinée, c'est un pays où il y a tout à faire. Le premier gouvernement n'avait rien fait ; c'est le deuxième gouvernement de Guinée, la 2ème République, qui a permis de faire des choses ici en Guinée. Le Gouvernement, dans le domaine des investissements et dans le domaine des lois qui existent, aide fiscalement les sociétés qui veulent investir pendant X années. Ici à la cité, on ne paie pas d'impôt pendant 7 ans; alors ça permet d'investir et de faire des infrastructures. Il n'y avait pas de courant, pas d'eau, etc ; il fallait s'en occuper. Tous les matériaux que nous avons apporter à cette cité, nous l'avons fait en hors-taxe, hors frais de douane, alors c'est avantageux pour les investisseurs. Quand vous investissez l'argent, vous le récupérez après. Même dans l'hôtellerie, nous sommes exonérés d'impôt pendant 20 ans. Alors c'est avantageux, et les investisseurs aiment aller dans les pays où ils trouvent des avantages.

Q4: Ce sont les raisons qui vous ont décidé à venir investir en Guinée ?

R4: Nous avons trouvé ces avantages là, et ça nous convient.

Q5: Et quels sont vos projets futurs ? Vous avez commencé dans la construction, vous avez essayé de pousser le tourisme ; vous avez d'autres projets pour la Guinée ?

R5: Nous, notre métier, c'est la construction. On a appris ça depuis la naissance, c'est notre première activité. Etant donné que la construction est incluse dans le domaine du tourisme, on fait des hôtels. Pour le moment, c'est nous qui les gérons ; on a mis en place des cadres ; ça fait partie de nos investissements. C'est très important parce qu'il faut compter l'investissement des 3 hôtels, la construction, l'équipement et la formation ; parce qu'on forme beaucoup de personnel. A N'Zérékoré, il n'y avait pas d'hôtel, alors on a amené des gens de Conakry et des gens de l'étranger qui sont venus assurer la formation. Ça coûte assez cher la formation ; mais c'est notre politique et on fait ça dans tous nos hôtels. Les casinos non plus n'existaient pas en Guinée. Je ne sais pas pourquoi, mais le jeu de casinos n'est pas connu. Les guinéens fréquentent très peu les salles de jeux ; ce sont les étrangers de passage et les libanais qui fréquentent un peu les jeux, pas les guinéens. Ce n'est pas comme en Europe, ou ailleurs, où les salles de casinos sont fréquentées par tout le monde. Ici, pour le moment, on a ouvert 2 casinos. Depuis qu'on a ouvert celui de N'Zérékoré, on est en train de perdre de l'argent, mais on continue pour habituer les gens.
Q6: Vous savez que les lecteurs sont toujours intéressés par les opportunités d'investissement ; dans quels domaines de vos activités voudriez-vous attirer des investisseurs ici en Guinée ?

R6: Comme je vous l'ai montré, je suis chargé d'affaires à la présidence. Nous avons essayé de trouver des investisseurs en matière agricole, de venir donner un développement en Guinée sur l'agriculture. L'agriculture en Guinée n'est pas encore suffisamment développée. Pour faire vivre les Guinéens, on importe encore du riz, on importe du concentré de tomate, on importe tous les produits alimentaires… Pour éviter justement ces importations à la Guinée qui n'a pas suffisamment de devises, on cherche à faire venir ces investisseurs pour préparer un développement énorme parce qu'il y a un potentiel de travail également énorme.

Aujourd'hui si vous voyez les paysans qui travaillent à Labé, à Mamou ou à N'Zérékoré, pour transporter des marchandises jusqu'ici, ce n'est pas organisé. Il n'y a pas de camions frigorifiques, pas d'entrepôts frigorifiques ; et si les légumes ne sont pas conservés, ils s'abîment et ça décourage les paysans pour travailler la terre.

S'ils viennent pour vendre des tomates qui ne se vendent pas et qui pourrissent, ils ne vont pas refaire des tomates. C'est pour cela que l'on cherche beaucoup d'investisseurs dans le domaine agricole. Il y en a qui sont venus, il y en a qui vont revenir encore pour pouvoir cultiver des raisins, des melons, tout un tas de choses qui se faisait ici. Il y avait une société belge ici, avant les agressions qu'a connu la Guinée, qui plantait des melons et qui exportait 17 000 tonnes de melons par an. il en restait un peu en Guinée mais l'exportation était énorme. Ici, qu'est ce qu'il faudrait faire?

Il faudrait faire des légumes que l'on ne trouve pas en période d'hiver en Europe, pour pouvoir les vendre là-bas et compenser ainsi le fret d'avion et le fret maritime qui sont chers. Et c'est pour cela qu'on cherche des techniciens, des hommes qui viennent et qui sont vraiment dans le métier. Aujourd'hui, on voit en Europe, dans certains endroits, que l'on fait du raisin et qu'on le garde pendant plusieurs mois, d'août jusqu'en décembre pour le vendre à cette période. En décembre, on le vend 5 fois plus cher, alors que c'est sur place ! Mais on peut le faire ici. Des experts sont venus, ils ont dit qu'on peut faire du raisin en Guinée et qu'on peut le faire venir en janvier ou en février. Donc, si on a du raisin en Guinée en janvier ou en février, qu'on le vend en Europe à 3 ou 4 EUR le kilo, ça vaut le coup. Les producteurs chez nous en Europe, quand ils ont la production, ils ne la vendent même pas en Europe à 1 ou 1,5 EUR le kilo, alors qu'ils pourront le vendre à 5 ou 7 EUR ailleurs. C'est cette agriculture qui pourrait faire fonctionner la Guinée.

Q7: Comme dernière question, est-ce que vous pourriez nous parler un peu de votre parcours professionnel et de la plus grande satisfaction que vous avez eu durant toutes vos années en Guinée ?

R7 : Mon parcours professionnel, je l'ai démarré en Italie. J'ai quitté l'Italie à 18 ans ; je suis arrivé en France, dans la région de Lyon. J'avais une formation en bâtiment, j'ai fais mes études le soir. J'ai l'équivalent d'un ingénieur de bâtiment et travaux publics ; et quand je suis arrivé à Lyon, j'ai travaillé avec des entreprises et j'ai monté ma propre entreprise dans la région lyonnaise, une très grande entreprise de 500 à 600 hommes. On travaillait dans les centrales nucléaires, on travaillait sur les routes, sur les logements... Ce qui m'a découragé en France, ce sont les impôts ; on ne peut pas travailler, on vous embête même si vous payez vos impôts ; et j'avais d'autres ouvertures... Lorsque j'étais en France, j'avais également de gros chantiers en Arabie Saoudite ; et puis ensuite je suis venu en Guinée.

La chose la plus intéressante en Guinée, c'est qu'à part quelques entreprises internationales, les entreprises locales n'avaient pas les qualifications et n'avaient pas les capacités financières pour pouvoir prendre les projets et les mener à terme. Lorsqu'un projet démarrait, il était mal géré pendant un moment, les gens prenaient l'argent de l'état et après, tout le monde disparaissait. Nous, on avait quand même une expérience dans ce domaine, on était bien assis financièrement ; et c'est ce qui nous a permis de développer l'entreprise. Notre entreprise aussi, on l'a très bien développé en France. Il y avait des gens qualifiés, on a travaillé avec eux. On a participé à la construction du périphérique à Paris. On était les seuls en matière de piscine, de stockage d'uranium dans les centrales nucléaires ; c'est le Groupement SANTULLO qui les a presque toutes fait. On a énormément d'expérience de ce domaine là.

Q8: Et votre plus grande satisfaction depuis que vous êtes arrivé ici en guinée ?

R8: La satisfaction, c'est de dominer le marché immobilier en Guinée. On est apprécié d'abord par le Gouvernement, par le Chef d'Etat lui même ; on accorde énormément de crédits à l'état. En matières de travaux, c'est tout le temps nous qui prêtons les financements. L'Etat tient ses engagements après, mais c'est nous qui payons les financements.

Q9: M. Santullo, peut être un dernier message à nos lecteurs de l'Express ?

R9: Je dis aux lecteurs de l'Express, aux hommes d'affaires qui veulent essayer la Guinée, que si des opérateurs économiques sérieux veulent venir, l'Etat les appuiera. Ils peuvent venir en sécurité et en tranquillité. Beaucoup d'entreprises viennent pour faire de gros marchés, et quand ils finissent le marché, ils se sauvent au lieu de rester sur place ; et l'Etat leur reproche cela. Il serait préférable de rester travailler avec nous. Alors, je dis à tous les opérateurs économiques et aux lecteurs de l'Express qui veulent venir qu'ils peuvent venir en Guinée sans aucun problème.

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