Question 1 : Tout
d'abord M. TULIERE, merci beaucoup de nous recevoir.
PMU+ Guinée vient de fêter, au mois
de septembre dernier, son premier anniversaire ;
avec d'ailleurs une année plutôt réussie
grâce aux restructurations que vous avez effectué
depuis votre nomination. Pour commencer, pourriez-vous
nous présenter brièvement l'évolution
de PMU+ Guinée depuis sa création
et nous expliquer sa relation avec la LONAGUI (Loterie
Nationale de Guinée) ?
Réponse 1 : A l'origine, PMU+ Guinée
fait partie du groupe FELICIAGGI, dont le président
est Charles FELICIAGGI. Il est venu en Guinée,
il a aimé le pays, et il est arrivé
à implanter le PMU ici. Pour ce faire, c'est
le Général Lansana Conté qui
a fait, par décret, une entité qui
s'appelle la Loterie Nationale de Guinée
(LONAGUI), et qui a la lourde tâche de gérer
tous les jeux en République de Guinée.
Son Directeur Général, ADNAN Aboukhalil,
est notre interlocuteur principal. Nous sommes obligés
de passer par lui pour toutes les décisions
importantes du PMU+, puisqu'il est là pour
protéger les intérêts de l'Etat,
et nous sommes l'un des plus grands bailleurs de
fonds privés de Guinée. On est un
peu le phare du pays à ce niveau là.
La naissance de PMU+ n'a pas été si
facile que ça au début. Comme tout
entrepreneur le sait, lorsqu'on démarre quelque
chose, il faut remonter ses manches et ne pas avoir
peur du travail. Il y a des pièges qui sont
tendus, comme dans tous les pays. Les 6 premiers
mois ont quand même été assez
difficile par rapport à la gestion humaine.
La société a démarré
avec plus de 1000 personnes ; et il y a eu un peu
une guerre commerciale ; on a confondu la rentabilité
avec le nombre de salariés. On dit que tout
travail mérite salaire, mais tout salaire
mérite aussi travail. Donc il y a eu un dilemme,
parce qu'il y avait des gens qui ne travaillaient
pas et qui venaient quand même demander leur
salaire. A partir de là, c'est le financier
un peu " dur " qui est arrivé,
en conservant son côté humain, pour
essayer de mettre de l'ordre dans tout ça.
Il n'y a pas eu de " chasse aux sorcières
". Quand on est arrivé, on a créé
un concept qui est celui du " premier cercle
". On vit tous par rapport à des mythes
; moi étant enfant, j'adorais ces mythes
là, les chevaliers de la table ronde.
L'avantage du cercle c'est que personne ne commande,
personne n'est en bout de table ; c'est l'unité,
l'union absolue. Donc on a fait des brainstormings
pour essayer de trouver des solutions à
certains problèmes pour heurter le moins
de sensibilités possibles, mais aussi savoir
dans quelle direction aller ; parce qu'avec une
boussole, il faut savoir si on va à droite,
à gauche, ou tout droit. Pour nous, c'est
clair ; on veut monter. On part du principe que
si on monte, on monte ensemble ; si on descend,
on descend ensemble. Là, je suis la voix
de tout le monde, mais pensez qu'aujourd'hui,
PMU+ c'est quand même 1587 personnes, entre
emplois directs et indirects ; et en Afrique,
quand vous pensez qu'un emploi fait vivre entre
9 et 10 personnes, il faut compter, au bas mot,
que PMU+ Guinée fait vivre 20 000 personnes.
Par rapport à ça, on ne se prend
pas pour Atlas, mais on a quand même un
sacré poids sur les épaules ; donc
il faut qu'on fasse le mieux possible, et on sait
réellement maintenant où on veut
aller. On le savait au début, mais il y
a toujours le brouillard ; parce que faire des
prévisions à 3 mois, 6 mois, 1 an,
ce n'est pas toujours évident, mais les
objectifs commencent à être atteints.
Question 2 : et en terme de statut ?
Réponse 2 : Nous sommes une société
anonyme. Nous sommes une S.A. qui existe par l'intermédiaire
de la LONAGUI. Nous avons un contrat qui nous lie
à la Loterie Nationale de Guinée.
C'est une convention qui nous autorise à
faire le PMU+ en Guinée. PMU, c'est Pari
Mutuel Urbain, mais ici c'est PMU+ Guinée
; nous avons, en plus, le droit à l'image
par rapport à PMU France, puisque nous recevons
toutes les images par l'intermédiaire de
la chaîne Equidia, et nous sommes avalisés
à 100% par PMU France. Pour éviter
tous les ragots, nous avons un dossier en béton
armé. Donc, quand quelqu'un vient, nous avons
la convention, les images, l'autorisation et l'aval
de PMU France. En fait, il y avait le PMU parallèle
qui existe dans certains pays d'Afrique. Il faut
parler un peu du négatif pour avoir le positif.
Il faut s'auto critiquer tous les jours et accepter
les critiques et les rumeurs parce que ça
aide. Il n'y a pas de fumée sans feu.
On a commencé à dire que nous étions
à l'essai avec PMU France, à dire
que nous étions un PMU parallèle.
Donc par rapport à ça, lorsque vous
êtes sous la coupelle de l'Etat, vous ne
pouvez pas être un PMU parallèle.
Lorsque vous passez à la télévision
et que PMU France vous félicite et parle
de vous, vous coupez l'herbe sous le pied des
gens qui vous veulent du mal. C'est un peu le
combat entre le Bien et le Mal. On va parler de
société, mais tout est une ambivalence.
Ici, en Guinée, c'est là où
vous avez vraiment le Bien et le Mal qui ressortent.
En France, c'est le système " l'habit
fait le moine ", le costard et les belles
chaussures. Ici il faut mettre ça de côté.
C'est le côté humain qui est important.
Il y a une différence entre la dignité
et l'argent. Dans certains villages du Sud de
la France, tout le monde se connaît ; et
la richesse d'un homme se mesure plus par rapport
à la respectabilité de sa parole
que par rapport à son compte en banque.
Et ici, c'est un peu ça. Il y a le respect
que nos grands parents nous ont appris en Europe
qui est réellement réel ; je me
répète, réellement réel.
On respecte les doyens, la parole donnée.
Si sur 100 personnes, il y en a 1 qui ment, ce
ne sont pas les 99 personnes qui ont menti. Donc,
la chance, c'est de se retrouver avec les bonnes
personnes, au bon endroit, au bon moment. C'est
ça qui fait la force des choses. Il y a
les termes qu'on utilise dans les grandes écoles
: " une grande société, c'est
un véritable mammouth, c'est la préhistoire,
on perd du temps, quand on pose une question et
qu'on obtient la réponse, on ne se souvient
même plus la question qu'on a posé
". Nous, on veut aller extrêmement
vite ; et on a essayé de réduire
au maximum les temps de réponse. Parce
qu'il y a énormément de préjugés
; et c'est un peu une cassure au préjugés.
Et je peux dire aux investisseurs qui vont venir
qu'il faut avoir la chance d'être très
bien entouré et jouer la carte du social
et de l'humain, ce qu'on a un peu mis de côté
dans la froideur des grandes écoles. Il
faut savoir ce que les gens veulent. Est-ce qu'ils
veulent réussir dans la vie, ou est-ce
qu'ils veulent réussir leur vie ? Avant
de venir ici, il faut déjà se poser
la question. Une fois qu'ils sont ici et qu'ils
ont la réponse, après ils vont être
accueillis à bras ouverts, et vraiment
ils vont trouver une satisfaction, les gens, un
très beau pays. Moi, ça fait maintenant
9 mois que je suis ici, et comme on dit, "
so far, so good ".
Question 3: Je voulais aborder cette froideur
que représentent les chiffres ; PMU+ Guinée
qu'est -ce que c'est en terme de points de vente,
de chiffre d'affaires, de parieurs
?
Réponse 3 : Pour ce qui est du CA,
ce n'est pas un non vouloir de notre part de vous
communiquer cela, mais comme nous sommes régis
par un organisme étatique, je préfère
vous dire tout de suite que ces informations sont
confidentielles. Sinon, au niveau des points de
vente, dans la région de Conakry, nous avons
263 points de vente.
Au niveau national, cela fait environ 350, soit
90 en province. Chose importante, le C.A n'est
pas un fait du hasard car nos agents sont d'abord
formés, sensibilisés ; ce qui fait
que nous constatons des prouesses dans ce sens.
Ils travaillent avec opiniâtreté
dans l'intérêt de toutes les parties
engagées dans le Pari Mutuel Urbain Guinéen.
Pour donner une explication par rapport aux points
de vente, vous avez les kiosques que nous avons
mis dans des points bien précis, par rapport
à des carrefours pour répondre à
une étude géographique des parieurs.
Le kiosque, c'est bien, mais c'est un point particulier
; et l'avantage de la Guinée, c'est que
c'est tellement convivial qu'on a fait un accord
avec des licenciés. Un licencié
qu'est-ce que c'est ? C'est quelqu'un qui a son
petit café familial où les gens
grignotent un morceau et viennent prendre leur
" jus ", où on a inséré
un petit coin avec un bureau et où nos
revendeurs vendent. Donc, ils font partie, pour
la plupart, de la famille. Ils viennent travailler
chez le cousin, chez le frère
Pour
le licencié, il est content parce que ça
lui fait un " plus " vu que le PMU+
ramène des parieurs ; et pour nous, c'est
mieux que le kiosque parce que les gens vont rester
plus longtemps, rester 2 ou 3 heures ensemble
pour discuter de celui qui va arriver premier.
Dans certains petits cafés, on a 150 ou
200 personnes ! les gens y sont depuis le matin
jusqu'au soir, et ne font que ça. Sur la
ville de Conakry, on est à 180 licenciés.
Question 4 : et au niveau des parieurs, combien
sont-ils par jour à jouer dans ces kiosques
?
Réponse 4 : Là vous allez avoir
une drôle de surprise
Nous, on fournit
les programmes. Par course, nous donnons gratuitement
à nos parieurs entre 70 000 et 85 000 programmes.
Donc la logique voudrait que ces programmes restent
entre les mains d'un seul parieur. C'est faux. Un
programme fait, en moyenne, 2,7 parieurs. Donc,
on part sur une base minimale de 200 000 parieurs
avec l'effet de roulement. Parce qu'il y a les parieurs
qui ne jouent que le mardi, d'autres tous les jours
; certains le tiercé, d'autres le quarté.
C'est réellement rentré dans les murs.
Il y a des parieurs qui se lèvent le soir
et attendent jusqu'à 22h pour aller récupérer
le programme en premier pour faire les calculs le
soir. Ça peut paraître un petit peu
risible par rapport au côté français,
mais on a vu des parieurs venir récupérer
le gros lot, et arriver avec des valises entières
pour nous montrer que depuis 1 an, ils gardent tous
les programmes. Vous seriez surpris de voir les
courbes que les gens peuvent vous sortir.
Sans être allé à l'école,
ils vous font des cours de probabilités.
Le PMU+ fait partie de la culture guinéenne.
Ce sont des accros des chevaux. Parfois ils appellent
leur famille en France pour savoir le temps qu'il
fait ; et comme l'information circule tellement
vite, dans le quart d'heure qui suit, il y a 50
000 personnes qui savent qu'à Vincennes,
il fait 5°C. Et par rapport à ces 5°C,
les gens vont dire : " ce cheval préfère
quand il fait chaud ; là il fait trop froid,
il va être mauvais ". C'est incroyable.
Moi-même, je n'aurais jamais cru qu'il y
avait un tel engouement et de tels calculs. Donc,
il y a ce côté du jeu, le fait de
dire que c'est de la rigolade. Ce sont des copains,
et ils vont gagner par rapport aux voisins. Et
comme on a créé ce fameux bonus,
quand on a des arrivées faciles, on a facilement
5 000 ou 6 000 gagnants. Pour eux, en fin de compte,
on ne va pas dire qu'il n'y a pas de perdants,
mais il y en a très peu.
Les gens arrivent, ils perdent un jour ; le lendemain,
l'arrivée est facile et ils vont gagner.
Et donc ça fait un roulement ; et dans
tous les quartiers on le fait. PMU+ au départ,
c'est la Mutualité ; donc on essaie de
faire énormément de social, mais
le social ça ne veut pas dire n'importe
quoi. On travaille pour essayer d'être parmi
les meilleurs, et chaque jour on se pose des questions
pour avoir des réponses et satisfaire le
plus possible les parieurs. A tour de rôle,
on parle et on fait plein de petites choses. Des
choses qui peuvent paraître anodines aux
grosses multinationales, mais quand vous êtes
1600 personnes, à la limite, en Europe,
vous êtes considéré comme
une boîte qui n'est déjà pas
mal. Mais ici, ça reste familial. On ne
peut pas fonctionner avec l'idée européenne
de gestion ici. Je préfère prévenir
les gens. Si quelqu'un arrive avec une autorité,
commence à crier , n'a pas le respect de
la personne, va être un peu trop orgueilleux,
et va taper sur la table, alors il va mettre les
gens contre lui. Ça je préfère
le dire. Ce n'est pas du tout comme ça
qu'on gère ici. Il faut arriver à
comprendre la personne. Il faut arriver à
prendre le temps ; mais une fois que vous arrivez
à créer ce groupe là, c'est
vraiment bien. Mais attention, il faut faire ses
preuves avant. Parce que vous arrivez, vous avez
un diplôme, c'est bien beau. On est là,
on vous laisse avancer ; mais au fur et à
mesure, ils voient que tu commences à te
rapprocher. Ce n'est pas à vous de dire
: " oui, je suis un gars sympa " ; c'est
à eux de se rendre compte que vous êtes
nature, sympa, que vous avez oublié d'être
idiot ; alors on va faire quelque chose ensemble.
Personne ici ne travaille pour moi, et moi je
ne travaille pas pour eux. Je travaille avec eux.
Question 5 : Dans un grand nombre de journaux
locaux, on parle beaucoup de vous et de PMU+ Guinée.
Vous parlez souvent de votre volonté de
transparence et de proximité. Est-ce que
vous pourriez nous expliquer des différences
majeures, en terme de gestion et de politique,
entre aujourd'hui et les années précédentes
?
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Réponse 5
: La plus grande évolution, je le répète,
ça a été le respect. Parce
que ce que les gens ont un peu oublié, c'est
que j'ai toujours dit, quand j'étais dans
différents pays, que lorsque vous voyez un
" agent technique de surface ", comme
on les appelle là-bas, heureux, avec une
bonne mine et bien sûr de lui, vous pouvez
être sûr que le patron, avant de le
rencontrer, ça va être un gars bien.
Parce que lorsque vous arrivez, et qu'on commence
à vous faire la gueule, on vous fait attendre,
on vous parle d'une manière un peu différente,
vous vous dîtes qu'il y a quelque chose qui
ne marche pas bien. Et comme nous ce sont des jeux,
on n'est pas dans une tour d'ivoire. C'est par rapport
à ce qui se passe dehors que l'on vit. Il
ne faut quand même pas oublier ça.
Nous, on ne dénigre pas le fait qu'on existe
par rapport au fait qu'on est sympas, on est transparents
et que nos clients, nos parieurs, ressentent cela.
On ne leur impose pas une image. On a travaillé
pour être nous-mêmes ; mais cette réceptivité,
elle a été faite par rapport à
la ville. Ce sont les parieurs qui ont vu que ça
a changé. Avant, on ne pouvait pas rencontrer
le " chef ", on les renvoyait de manière,
disons, un peu particulière. Alors que là,
sans rendez-vous, je reçois quelqu'un avec
plaisir.
Par contre si je suis pris, avec politesse, je
lui dis qu'il y a beaucoup de travail, qu'on a
travaillé jusqu'à pas d'heure, mais
qu'avec plaisir on se voit dans un ou deux jours.
C'est un peu la loi des dominos ; vous faites
tomber le premier et après, tous les autres
vont tomber. Le tout, c'est d'arriver à
les faire tomber dans la bonne direction. Et le
respect aussi ; on connaît tout le monde
par son prénom. On est tous une famille.
Il y a des désaccords, comme partout, on
ne peut pas le cacher. Mais ce qu'on essaye, c'est
de laver notre linge sale en privé, en
famille.
Quand quelqu'un a fait une erreur, on va un peu
se servir du système japonais. On va lui
dire pourquoi et comment il a fait cette erreur,
et quel est le remède pour ne pas la commettre
une nouvelle fois. Quand vous parlez d'ambiance
aujourd'hui, moi je peux vous donner tous les
noms des gars de la maintenance, des agents de
surface
et au moins il y a la sensibilisation
des gens.
L'autorité est quand même respectée
; mais il y a la manière de se faire respecter.
Je ne vais pas dire qu'aujourd'hui, parce que
je vais claquer des doigts, tout le monde se met
au garde à vous ; et en plus ça
me déplairait.
Mais si le matin on vous dit bonjour, c'est quand
même plus sympa que la personne vienne vers
vous parce qu'elle a envie de savoir comment vous
aller, plutôt que de poser la question "
bonjour comment ça va ? ", mais sans
même attendre la réponse. Et ici,
les gens ont l'initiative de vous poser la question
et attendent la réponse. Le social compte
énormément. Ici, il y a des dates
bien précises dans ce pays qu'il ne faut
pas oublier : votre anniversaire, celui de vos
parents
Il y a des choses dans ce pays qui
sont importantes. Parce que lorsque vous arrivez
dans un pays, on doit quand même rentré
dans le moule de la culture ; et comme j'adore
ce " melting pot " de culture, on s'y
est fait. Je suis bien conseillé, et on
a envie d'agrandir la famille ; parce que l'union
fait la force. PMU+ aujourd'hui, c'est beaucoup
de personnes qui comptent dessus ; un, pour vivre,
deux, par rapport à l'image qu'on a, par
rapport aux enfants, par rapport aux T-shirts
qu'on a donné, les bonbons, les nourritures,
les petites fêtes... Ça, ce sont
des choses qui se font ponctuellement. Quand,
à l'intérieur du pays, on a ouvert
Kankan, N'Zérékoré, Kissidougou,
Mamou, et on va encore ouvrir une agence bientôt
sur Boké, le PMU+ arrive comme la 7ème
merveille du monde. Pour eux, c'est le fait de
reconnaître que ce village ou cette région
a de l'importance, et qu'on va quand même
créer un concept auquel les gens adhèrent,
et qu'on va créer surtout des emplois.
Et ces emplois vont faire vivre toute une famille,
vont permettre d'agrandir le village, et de faire
des projets. On n'est pas une ONG. Mais on a un
côté social qu'il ne faut pas occulter.
Quelqu'un qui arrive ici avec un esprit hyper
capitaliste, il va se casser la figure. Je ne
dis pas qu'il faut faire du mécénat
; mais il y a des choses qu'on est tenu de faire.
Question 6 : Je voulais revenir sur cette grande
" famille " du PMU. Il est clair que
lorsqu'on rentre dans les locaux, on se rend compte
qu'il y a une ambiance bon enfant, tout en restant
professionnel. Comment définiriez vous
l'esprit qui règne ici, et est-ce que vous
pensez que ce travail en équipe est l'un
des facteurs de votre succès ?
Réponse 6 : Je dirais que c'est le
facteur principal du succès. Ce facteur a
été créé par rapport
à la compétence ; parce que pour avoir
une bonne ambiance, il faut quand même dormir
sur ses deux oreilles. Si vous avez des incompétents
qui sont à la tête, il n'y aura pas
cette sensibilité et cette tranquillité
qu'on peut avoir. Et ça vous le gagnez comment
? Quand vous êtes le premier à arriver
au bureau, et le dernier à en repartir, on
se dit : " celui là, il a envie que
ça marche ". Ce sont des choses bêtes
; pour les anniversaires de tout le monde, quand
il y a une naissance, quand malheureusement il y
a un décès, quand il y a un mariage,
on est présent. C'est vraiment le concept
de la famille. Comme on dit, la meilleure des qualités,
c'est de ne pas trahir. Parfois, il y a des gens
qui croient que le pire des défauts, c'est
justement de ne pas trahir. Mais après, c'est
votre ligne de vie. Vous voyez, je suis sympa, je
suis gentil, je parle ; mais quand je ne suis pas
d'accord, je vous le dis. Ce n'est pas moi qui vais
infliger la sanction. Pour moi, la pire des sanctions
qu'on puisse m'infliger, c'est que je déshonore
le nom de ma famille, que mon père me dise
: " tu as été ridicule, tu n'as
pas été à la hauteur"
; et que tous mes amis me disent : " Philippe,
tu t'es trompé, tu ne nous as pas écouté
". Parce qu'attention, je les écoute
souvent. Le sport où j'excelle, c'est le
sport en entreprise. Parce que c'est le seul sport
en équipe que j'adore, et où l'on
gagne. Je déteste l'échec. Et c'est
pourquoi quant vous expliquez cela à quelqu'un
qui est en bas de l'échelle, que j'ai besoin
de lui.
Quand vous arrivez au bureau, il y a des papiers
partout, vous avez une odeur d'urine, ça
ne peut pas aller. Si les gars à la base
ne font pas leur boulot, si les gars de la sécurité
vous accueille en vous donner un coup de pied,
ça ne va pas. Le gars a un travail à
faire, mais hormis ça, il n'est pas obligé
de sourire, il n'est pas obligé de dire
bonjour.
Vous avez des cracks en bas. On a engagé
des boxers. Et les gars ils sont humains, ils
ont du boulot et ils sont contents. Pourquoi ?
Parce que la plupart du temps, on m'appelle Philippe.
Moi, ça ne me dérange pas qu'on
m'appelle Philippe. Vous savez, quand je vais
aux toilettes, je fais comme tout le monde.
Quand vous vous retrouvez torse nu avec eux, en
train de faire de la boxe, pour eux c'est nouveau.
On est à la même hauteur ; et en
boxe, ils sont même plus forts que moi.
Donc, je trouve ça sympa. C'est ça
qui fait l'ambiance ; ça a été
le respect mutuel. Au moins, eux nous respectent
par rapport au travail qu'on fait, et nous, on
les respecte parce que si on arrive à travailler
dans une tranquillité, c'est parce que
lorsqu'il y a des gens qui arrivent avec des mauvaises
intentions, et eux sont là pour faire barrage
et permettre au groupe de continuer à travailler
sereinement. Il y a des problèmes qui sont
gérés à certains niveaux,
on n'est même pas au courant ; et c'est
ça qui fait notre force.
On leur a donné un travail, et ici, ça
a beaucoup plus de valeur qu'en Europe. Un travail,
par rapport à la famille, à la femme,
à l'homme, c'est très important.
Et la plupart des gens feront tout pour le conserver.
Et l'esprit de famille, c'est de protéger
toujours la famille. On dit qu'on ne choisit pas
sa famille mais qu'on choisit ses amis ; ici,
vous avez la chance de pouvoir choisir votre famille,
ou c'est la famille qui vous choisit.
Quand vous avez la chance d'être rentré
dans ce cocon, vous êtes sauvé. Je
ne dis pas qu'un jour on n'aura pas d'autres difficultés,
mais ils ont intérêt à se
lever de bonne heure. Parce que là, ils
ne vont pas toucher une personne, mais 20 000.
La force, c'est la force tranquille. Nous, on
ne veut de mal à personne. Là où
je suis sévère, c'est avec les gens
qui ne travaillent pas ; uniquement par rapport
au respect de la personne qui est à côté
d'eux et qui travaille. Eux-mêmes se font
montrer du doigt. Il y en a beaucoup qui sont
partis tout seul.
Question 7 : Parlons un peu de ce que vous
nous réservez. Vous avez dit dans une interview
que " la plus belle femme du monde ne peut
donner que ce qu'elle a ". Est-ce que PMU+
nous a donné tout ce qu'on pouvait attendre
d'elle, ou est-ce qu'on peut s'attendre à
de nouvelle surprises dans un futur proche ?
Réponse 7 : Vous savez, on a tous
des rêves. Il y en a qui ont la chance d'avoir
des idées, et il y en a qui ont encore plus
de chance que cela, puisqu'ils arrivent à
les matérialiser. Certaines personnes croyaient
qu'on allait arrêter fin mars ; j'espère
que ceux-là liront l'interview et se tordront
le cou en disant : " zut, ils sont encore là
! ". On veut surtout continuer à s'implanter
à l'intérieur du pays ; arriver à
être encore plus présents, par rapport
aux enfants par exemple. Vous savez, rien que le
fait de distribuer des ballons, vous le faîtes
parce que ça vous fait plaisir. Vous avez
remarqué, ici le soir, il y a énormément
d'enfants qui jouent avec des ballons, des vélos
Ils n'ont pas à savoir d'où ça
vient. Il y a quelqu'un qui arrive, qui donne 20
000 ballons de la part du PMU+ ; et vous faîtes
le bonheur d'un quartier. Ce sont ces petites choses
qui font énormément de choses par
la suite. Ce qui est atroce pour un homme ou une
femme, c'est l'inactivité. Donc, le fait
est que PMU+ créé de l'emploi, et
l'envie de réussir. On vend de l'espoir,
mais aussi l'espoir d'avoir un travail. Les gens
qui travaillent ici savent pertinemment qu'on est
partis pour longtemps. Il y en a qui ont des enfants
de 15 ans, et on sait que lorsqu'ils seront compétents
dans 5 ou 10 ans, ils seront dans le PMU+. On agrandit
la famille, ni plus ni moins. Et le plus beau cadeau
qu'on va faire, c'est la surprise qui va arriver
au mois d'avril/mai 2003. Il y a eu un peu de retard,
mais je laisse la paternité à la LONAGUI
lorsque nous allons faire ce grand pas. Il y a de
gros projets qui ont démarré, mais
je ne peux pas vous en parler. Il y a 2 grosses
surprises ; dont une qui est déjà
en construction, pour apporter un plus par rapport
au pays et aux populations, pour laisser un héritage.
Dans 50 ans, Dieu seul sait où l'on sera,
mais il y a des choses qui seront encore là.
Question 8 : Comme dernière question,
j'aimerais vous demander quelle est votre plus
grande satisfaction depuis que vous étiez
arrivé au PMU ?
Réponse 8 : Ce serait de dire que
je suis heureux. Ça, c'est le côté
égoïste ; mais je suis heureux. Par
rapport à quoi ? Par rapport au fait que
j'ai peut être laissé une famille là-bas,
mais j'en ai retrouvé une ici. Et en 9 mois,
arriver à pouvoir compter sur n'importe qui
dans cette pièce, plus plein d'autres, c'est
quand même génial. En France, quand
le frigo est plein vous avez beaucoup de copains,
mais quand les embêtements sont là,
vous pouvez les compter sur les doigts de la main.
Ici, le concept est totalement différent.
Dieu a fait qu'on a fait nos preuves, qu'on a traversé
des moments difficiles, et c'est dans les moments
difficiles que les gens se rapprochent et se serrent
les coudes pour, après, goûter aux
meilleurs moments de la vie. Je suis content d'avoir
eu beaucoup de problèmes sans lesquels on
n'aurait pas montré aujourd'hui nos valeurs
respectives. On aurait été des "
fils à papa " qui ont eu la chance de
tout avoir et de naître avec la cuillère
en argent dans la bouche. La réussite, c'est
une bataille de chaque jour. Cette guerre commerciale,
elle n'est jamais gagnée. Chaque jour que
Dieu fait, c'est une bataille. C'est comme si le
matin on se levait, pour aller passer le bac ; et
tous les jours on passe le bac, et ensemble on réussit.
Question 9 : Peut être un message final
pour nos lecteurs ?
Réponse 9 : Et bien venez prendre
le café au bureau ! On se fera un plaisir
de vous accueillir et de pouvoir vous aider par
rapport à l'expérience qu'on a eu
; sachant qu'avec les personnes que vous allez peut
être faire venir, on va pouvoir faire autre
chose, parce qu'il y a énormément
de choses à faire ici. S'ils ne viennent
pas avec un portefeuille plein, qu'ils viennent
d'abord pour passer des vacances. La région
est quand même extrêmement belle. On
ne va pas aller faire du surf à Noël,
mais on a quand même des belles plages, et
quand on appelle les copains, on a beau être
le 11 décembre, ce soir on va se baigner
dans la mer ou dans la piscine. Ça a quand
même des bons côtés
C'est le lieu de remercier le Gouvernement Guinéen
à travers la LONAGUI, pour sa franche collaboration
et son soutien indéfectible. Merci également
aux fidèles et amis parieurs qui continuent
à nous faire confiance.
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