Q1 : Pour commencer,
pourriez-vous nous présenter le Groupe Futurelec
et nous retracer son histoire ?
A1: L'histoire du groupe Futurelec est une
belle histoire, au départ entre 2 hommes.
Cette histoire a démarré par l'achat
de Futurelec par M. Sylla en 1993, cette société
étant spécialisée dans tout
ce qui était électronique, antenne
parabolique, les mobiles... Le partenariat entre
2 hommes est venu en 1996 ; c'est à cette
époque où j'ai rencontré M.
Sylla. Futurelec était à cette époque
une petite société qui s'est développée
très rapidement par la suite, et c'est à
ce moment là qu'on s'est rencontré.
Moi, je venais de créer ma société,
A.M.C, qui était aussi une toute petite société
créée en 1996. Sur la confiance entre
2 hommes, le groupe Futurelec a pu prendre son essor.
Donc, cet essor a démarré en fait
dans le domaine de l'agriculture, où en
1996, il n'y avait rien. Donc, El Hadj a décidé
d'investir dans un premier temps dans les engrais
; donc je lui ai fourni des engrais. L'histoire
des engrais est assez amusante, notamment la première
fois que j'ai interrogé les fournisseurs
en Europe. Quand on parle d'engrais, on parle
généralement en bateaux complets,
20.000 tonnes, 30.000 tonnes ou 50.000 tonnes.
Mais vu nos petits moyens à l'époque,
j'interrogeais pour 2 ou 3 conteneurs, c'est-à-dire
que je parlais de 50 tonnes quand j'avais des
interlocuteurs qui me parlaient de 20.000 tonnes.
On a finalement trouvé un fournisseur en
Europe qui a joué le jeu, qui nous a dit
" Ecoutez-moi, vendre 20 tonnes ça
ne m'intéresse pas spécialement,
mais peut-être que derrière il y
aura quelque chose. " Donc on a démarré
avec 2 conteneurs, ça a très bien
marché. Ce fournisseur est une très
importante société belge qui est
côtée à la Bourse de Bruxelles.
Un mois après, je l'ai rappelé et
je lui ai dit : " écoutez maintenant,
vous me mettez 10 conteneurs ". Les 10 conteneurs
se sont bien écoulés ; et de 10
conteneurs, on est passé à 100 conteneurs.
Ça, ça a été l'aventure
des engrais jusqu'à aujourd'hui. Après
on est passé dans les produits phytosanitaires.
Il n'y en avait pas sur le marché guinéen.
Donc on a fait des produits phytosanitaires, et
ça a été une grande réussite
aussi.
Après les produits phytosanitaires, on
est passé aux semences, parce qu'il y a
un gros besoin en semences. Donc, ça a
bien fonctionné aussi. Après les
semences, c'est-à-dire la matière
première, on a besoin des accessoires,
des matériels roulants qu'il faut pour
cultiver. Donc c'est là qu'on a commencé
l'importation de tracteurs, de charrues, de moissonneuses
batteuses, tous les accessoires pour cultiver
; et ça aussi, ça très bien
fonctionné. Donc il y a eu une réussite
très forte dans ce domaine.
Une fois qu'on a bien maîtrisé le
domaine de l'agriculture, El Hadj, qui a toujours
100 idées à la minute, m'a dit :
" maintenant qu'on tient bien ce marché
là, nous allons passer à autre chose
". Donc on s'est attaqué au secteur
automobile. Il faut savoir qu'en Guinée,
il y a des représentations comme Mitsubishi,
Suzuki, Mercedes
; et malgré ces
représentations, il y avait une réelle
demande de la part de la clientèle publique
et privée au niveau de l'automobile. Donc,
El Hadj s'est vraiment penché sur le problème,
et on s'est aperçu qu'il n'y avait jamais
aucun stock. Le stock n'existe pas en guinée.
Donc, vous voulez commander une Mercedes, vous
versez 20.000$ ou 30.000$ d'acompte, et puis vous
allez attendre pendant 6 mois pour avoir votre
voiture. Donc avec El Hadj, on s'est dit : "
on va devancer un peu ce qui se passe en Europe,
on va être mandataires, on n'a aucune représentation
officielle au départ, et on va importer
des voitures de différentes marques ".
Donc on a commencé à faire venir
des Toyota, Mitsubishi, Suzuki, Nissan et Mercedes,
en ayant très rapidement un stock de 50
véhicules à Conakry, ce qui n'était
jamais venu. Donc, ça a suscité
un vif intérêt de la part de l'Etat
et des sociétés privées,
puisque enfin il y avait du stock à Conakry.
Vous voulez une voiture, vous n'avez pas à
attendre 6 mois, vous l'avez immédiatement.
Cette politique a commencé à porter
ses fruits et aujourd'hui, on a en permanence
un stock de 150 à 200 véhicules
neufs à Conakry, ce qui est une première
en Afrique de l'ouest. L'avantage aussi de cette
politique, c'est que nous sommes en stock, et
en plus nous avons toutes les marques. Donc vous
n'allez pas avoir à faire 5 ou 6 concessionnaires
; vous arrivez chez Futurelec, vous avez tout
ce que vous voulez.
Donc à partir de là, on s'est dit
: " bon maintenant, on commence à
vendre des voitures, c'est bien, mais il faut
quand même un service après vente
". Donc, immédiatement on a d'abord
fait construire un show room pour exposer nos
voitures, qui est en bas, placé devant,
et derrière, on a fait construire un garage
ultra-moderne aux normes européennes, qui
est un garage où vous avez une cabine de
peinture, tout ce qui est dernier cri, on a toutes
les manettes électroniques pour contrôler
les voitures. Donc on est capable de faire un
suivi après-vente en ayant aussi un stock
de pièces détachées important,
ce qui n'existait pas non plus. De ce fait on
a pris une très grosse partie du marché
d'automobile en Guinée en très peu
de temps ; et aujourd'hui, je pense que cette
année on va faire entre 600 et 700 véhicules
neufs vendus.
Ensuite avec El Hadj, on a traité d'autres
marchés. Dès qu'on s'est rendu compte
qu'il y avait une pénurie dans le pays,
un manque, un besoin, on travaillait sur d'autres
secteurs, comme les groupes électrogènes.
Tout de suite on a fait venir 2 conteneurs de
groupes électrogènes, et aujourd'hui
vous avez un stock permanent de groupes électrogènes
qui vont de 10 KVA à 250 KVA. On a la gamme
complète.
Ensuite, on est passé dans la construction.
D'abord dans la construction personnelle pour
la société, avec un premier building
qui a été construit à Dixinn.
Une fois ce premier building terminé, nous
avons construit ce 2ème building pour abriter
les bureaux de Futurelec, et aussi l'habitation
d'El Hadj Sylla et de sa famille. Ensuite, on
a construit tous les entrepôts puisqu'on
a décidé d'être totalement
autonome, d'avoir nos propres entrepôts,
ce qui est très important en Afrique. Donc
nous avons 2 énormes entrepôts à
Dixinn, et nous en avons d'autres autour de Conakry.
Ensuite, on a développé d'autres
projets comme une scierie. Donc on a une scierie
aujourd'hui qui coupe du bois que l'on vend en
Europe. Le projet est un peu stoppé aujourd'hui,
puisqu'il y avait énormément de
trafic, et l'Etat a décidé d'arrêter
toutes les coupes de bois en attendant de redistribuer
les cartes et de faire un peu la clarté
dans ce secteur là. Nous restons pour l'instant
en stand by, mais ça devrait redémarrer
dans les prochains mois et nous voulons exporter
à nouveau sur l'Europe dans les prochains
mois.
Concernant les autres activités de Futurelec,
nous avons un commerce général qui
est le ciment. On importe des bateaux complets
de ciments, de riz, de farine et de sucre, selon
des demandes de nos clients. Ensuite, on a aussi
une usine de tôle qui va démarrer
très prochainement. C'est une usine qu'on
a racheté il y a peu de temps. Sa production
devrait démarrer en début d'année.
Dans les autres activités, nous construisons
des stations essence, nous en avons aujourd'hui
4, et nous en avons plusieurs en projet. La distribution
de carburant est une priorité pour M. Sylla
aujourd'hui, et nous avons un très gros
projet en cours qui est la construction des plus
grands stockages de pétrole de Guinée.
C'est un projet de 65 millions de dollars, stockage
qui aura lieu au Port de Conakry.
Dans les autres activités du groupe, nous
nous sommes aussi lancés dans l'agriculture,
à côté de Kindia. Le groupe
Futurelec exploite plus de 1000 hectares de terre
qui, aujourd'hui, emploie plus de 500 personnes.
C'était une exploitation qui était
abandonnée depuis plusieurs dizaines d'années,
et depuis 1 an, M. Sylla s'applique à lui
redonner vie. Aujourd'hui, nous produisons du
riz sur cette plantation, avec en parallèle
un élevage de bovins et d'ovins de plus
de 500 têtes ; avec toujours une volonté
de perfectionnisme, puisque M. Sylla a fait venir
un technicien français pour arriver à
obtenir une race de buf optimum par des
croisements franco-guinéens. Donc c'est
un projet qui est en cours, d'ailleurs on attend
le technicien après-demain, il est déjà
venu 2 fois, c'est quelque chose qui avance aussi.
Dans les autres activités du groupe, nous
sommes aussi développés dans la
chasse et la pêche. Nous importons du matériel
de chasse et de pêche. Pour la chasse, c'est
tout ce qui est cartouches de chasse, fusils de
chasse, car les populations, les villageois à
l'intérieur de la guinée, sont de
très grands chasseurs. C'est une activité
qui est très importante pour la guinée
; il y a beaucoup de gens qui vivent de la chasse
et de la pêche aujourd'hui. Donc on occupe
ce créneau là.
Dans les dernières activités du
groupe , il y a une activité qui est très
importante aussi, c'est la reprise, il y a quelques
mois de cela, de la compagnie nationale Air-Guinée.
Cette dernière connaissait beaucoup de
difficultés, il ne volait plus depuis un
certain nombre de mois, et l'Etat a eu la volonté
de privatiser cette compagnie aérienne.
Nous nous sommes mis sur les rangs pour racheter
cette compagnie. Donc cette compagnie a démarré
en septembre avec un avion au départ, un
Boeing 737.200, que l'on a fait complètement
réviser à Tel-Aviv. Pour remettre
cet avion en état, on a dépensé
2 millions de dollars, puisqu'il y avait beaucoup
de maintenance qui n'avait pas été
faite dans le passé. Donc cet avion vole
depuis le 3 septembre, avec 3 destinations qui
sont Bamako, Dakar et Abidjan. On a une volonté
de faire quelque chose de neuf dans le ciel africain
avec Air-Guinée, c'est de démarrer
la première compagnie aérienne africaine
" low cost ". Donc, nous vendons des
billets d'avion à bas prix pour qu'un maximum
de guinéens puisse voyager. Aujourd'hui,
vous pouvez aller à Dakar, aller-retour,
pour 145 USD, alors que nos concurrents étaient
à 200, 250 voire 300 USD pour faire l'aller-retour.
Donc, pour les premiers chiffres, c'est une réussite.
Aujourd'hui, après 2 mois d'exploitation,
je crois qu'on a atteint 65% de taux de remplissage
de nos avions, et nous espérons rapidement
atteindre 80/90% de remplissage sur les prochains
mois. Il y a vraiment une réelle demande.
C'est un avion neuf, rapide, avec un service fiable
puisque l'on s'attache à faire partir l'avion
à l'heure.
Donc voilà un peu les différentes
activités du groupe Futurelec. Aujourd'hui,
Futurelec pèse, en chiffre d'affaire, 100
millions de dollars. Le développement de
ce groupe a été fait depuis à
peu près 9 ans. C'est un groupe qui est
passé, en 9 ans, de 1 million de dollars
à 100 millions de dollars. On peut dire
que cette réussite exceptionnelle du groupe
Futurelec est due à son Président,
El Hadj Mamadou Sylla, avec son charisme et sa
volonté de réussir et de développer
ses affaires. Il a eu une grande réussite
ces dernières années et il a toujours
eu la volonté de réinvestir tout
l'argent qu'il a gagné en Guinée.
Aujourd'hui, on peut dire qu'il est le seul à
faire ça ; tous ses investissements sont
en Guinée. Les investissements qui sont
faits à l'extérieur représentent
1% du groupe ; 99% ont été réinvestis
en guinée. C'est quand même à
souligner, parce que c'est très rare. Souvent,
l'argent part à l'étranger, il est
placé à Genève, New-York,
Paris, Londres. El Hadj a décidé
de tout réinvestir dans son pays parce
qu'il croit en son pays.
Q2: Combien de gens vous avez employé
dans cette Holding ?
A2: Aujourd'hui, le groupe Futurelec, si
on inclut l'agriculture, emploie environ 800 personnes.
Cela varie suivant la saison et les personnes employées
occasionnellement.
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Q3: Parmi toutes
ces activités, quelle est la priorité
?
A3: La première des priorités
aujourd'hui est Air-Guinée Express. On a
une réelle volonté de se développer
dans le secteur aérien parce qu'il y a vraiment
un besoin dans la sous-région. Dans un premier
temps, nous travaillons dans la sous-région.
On a d'autres lignes à ouvrir dans les prochains
mois, mais on va pas à pas parce que l'aérien,
ça coûte très cher et il faut
être sûr de chaque pas que l'on fait.
Donc aujourd'hui on exploite Dakar, Abidjan, Bamako
; on est en train d'ouvrir Banjul actuellement,
mais on y va doucement. Il faut bien contrôler
ses premières destinations avant d'aller
en investir d'autres.
Q4: Concernant la stratégie générale,
ça va toujours être de choisir d'abord
une destination et la développer, ou bien
vous avez une stratégie globale de développement
dans la sous-région ?
A4: On va avoir une stratégie de développement
global dans la sous-région. Il y a aujourd'hui
des besoins qui sont exprimés sur d'autres
pays africains : le Ghana, le Nigeria, où
il y a de la demande ; mais on ne peut pas tout
faire en même temps parce que ça nécessite
d'ouvrir d'autres lignes, d'avoir d'autres avions,
donc ça nécessite de gros investissements.
Un avion c'est quand même plusieurs millions
de dollars d'investissement à chaque fois.
Dès que ces premières destinations
fonctionneront à plein, on fera le nécessaire
pour en ouvrir d'autres. Mais on va pas à
pas, on ne peut pas tout faire en même temps.
Q5: Futurelec est surtout connu ici en guinée
comme une entreprise de transport urbain, quels
sont les pays que vous touchez maintenant et quels
sont les plans pour l'expansion de ce réseau
?
A5: Aujourd'hui, on va sur les principales
villes de Guinée, et on souhaite desservir
aussi la sous-région avec nos bus. Donc,
je crois qu'il y a en projet Bamako. On procède
également à l'extension du transport
sub-urbain, c'est-à-dire les localités
qui sont immédiatement autour de Conakry.
Au jour d'aujourd'hui, il y a assez de travailleurs
qui, dans la fonction publique comme dans le privé,
travaillent à Conakry mais qui habitent loin,
à 35/40 km d'ici ; donc il faut satisfaire
ce besoin. Ensuite, il y a un réseau inter-urbain
qui est très actif et qui a pour fonction
de couvrir l'intérieur du pays, mais a procédé
par grande région ; et au fur et a mesure
qu'on traverse ces régions, on essaie de
mettre des réseaux locaux, c'est-à-dire
qu'on désenclave au fur et a mesure le pays,
mais aussi on fait la projection vers les pays qui
nous entourent en commençant, comme dans
le cadre de l'aérien, par le transport des
personnes. Nous envisageons aussi le transport des
marchandises comme on a eu une bon flotte de gros
porteurs d'éléments qui envoient des
produits et des matériaux de construction.
Q6: Vous nous avez parlé du projet
pétrolier qui représente un investissement
à long terme, mais quels sont les autres
projets futurs de Futurelec ?
A6: Il y a une volonté de Futurelec
de s'étendre dans la sous-région par
des ouvertures de filiales. Une première
filiale vient d'être créée en
Gambie, et il y a un projet sur la Sierra Léone
et le Mali.
Aujourd'hui, nos activités sont très
développées ici. Si vous regardez
bien la sous-région, il y a une interdépendance
très marquée entre les différentes
économies. Nous avons décidés
qu'il ne serait pas très sage de rester
seulement cloîtrés en Guinée.
Et nous faisons maintenant des ouvertures sur
Banjul par exemple, où nous allons nous
implanter dans le secteur de l'automobile, et
probablement dans le tourisme aussi. Ensuite,
au Mali aussi, parce qu'il y a une complémentarité
naturelle entre l'économie malienne et
l'économie guinéenne ; mais jusque
là, la présence du Franc CFA a fait
que l'essentiel des activités économiques
commerciales, surtout au Mali, se faisait par
le biais du Sénégal ou de la Côte-d'Ivoire.
Avec ce qui vient de se passer (ndlr: accords
Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest),
ça donne une chance à l'économie
guinéenne d'être beaucoup plus présente
au Mali qu'auparavant. Si vous regardez bien,
le port de Conakry est le plus proche de Bamako,
plus que le port de Dakar. Donc, il suffit que
nous prenions un peu d'initiative dans ce domaine,
ce que nous sommes en train de faire, pour essayer
d'être beaucoup plus présents sur
le marché malien. La chose devient beaucoup
plus facile avec le bitumage de l'axe Kouré-Mali-Bamako.
Q7: Vous nous avez parlé de vos relations
avec les pays voisins, que vous aviez des relations
avec la France et même les Etat-Unis, quelles
sont les relations de Futurelec avec ses partenaires
étrangers?
A7: Avec les partenaires étrangers,
ce ne sont plus des relations de fournisseurs-clients
mais réellement de partenaires. Ce sont des
partenaires qui investissent et qui croient en l'avenir
de Futurelec et de la Guinée.
Q8: Le groupe Futurelec est toujours activement
à le recherche de partenaires, de nouveaux
fournisseurs pour l'aider à se développer
?
A8: Tout à fait. Le groupe Futurelec
s'est structuré à l'extérieur
en Europe en ayant 2 bureaux d'achat, l'un basé
à Paris et l'autre à Genève,
qui permettent de faire tout un travail, en amont,
de sélection des fournisseurs. Au niveau
du continent américain, Futurelec a ouvert
sa propre filiale, Futurelec Inc., qui s'occupe
de rechercher les meilleurs produits américains
pour la République de Guinée ; et
Futurelec a investi aussi dans des supermarchés
aux Etat-Unis.
Q9: Vous travaillez toujours avec le transporteur
belge qui vous a fait confiance au début
?
A9: Tout a fait. Ce qui a fait la force de
Futurelec, c'est qu'il y a toujours eu une fidélité
dans les achats. C'est-à-dire qu'il y a une
confiance ; ces relations ont été
instaurées il y a plusieurs années.
Ces fournisseurs ont fait confiance le premier jour
à Futurelec, ce qui n'était pas évident.
J'ai donné l'exemple des engrais ; quand
vous avez ces énormes sociétés
qui travaillent par bateaux complets et qui acceptent
de vendre un petit conteneur à Futurelec
au départ, c'était pour eux un pari
et ce pari a été transformé
; et aujourd'hui, ils sont toujours à nos
côtés. Les fournisseurs du premier
jour sont toujours là aujourd'hui, et c'est
aussi ce qui fait la force de Futurelec. C'est qu'il
y a réellement une fidélité
avec les fournisseurs. Et les fournisseurs, aujourd'hui,
croient de plus en plus dans Futurelec, dans sa
réussite, et prennent des risques avec Futurelec
pour se développer.
Q10 : Vous croyez vraiment en l'avenir prometteur
de la Guinée n'est-ce pas ?
A10: Moi je dis souvent que la Guinée
n'est pas vendue ou mal vendue. Souvent on entend
qu'il y a la guerre partout. Les gens pensent qu'on
ramasse des cadavres partout dans les rues, ce sont
des histoires. Il y a une désinformation
totale. Quand vous êtes venus ici, vous avez
vu vous-même, c'est calme ; les gens travaillent
et puis il y a vraiment des progrès. Mais
si ce n'est pas connu, c'est difficile. Nous croyons
en ce pays et je pense qu'il n'y a pas de problème.
Q11: M. de Rességuier nous a présenté
la Holding. Nous avons une toute dernière
question réservé au PDG. Nos lecteurs
aimeraient connaître la personne qui est
derrière cette société. Pourriez
vous nous parler de votre parcours professionnel
et de votre plus grande satisfaction depuis la
création de Futurelec ?
A11: On est très satisfaits, surtout
si vous regardez d'où nous avons commencé,
pour arriver où nous sommes aujourd'hui en
un temps aussi court. On peut se féliciter
de cela. Ce n'est pas facile de gérer l'argent
durant 1 an, 2 ans, 3 ans ou 10 ans. Si vous voyez
les banquiers et les bilans financiers, pour avoir
un crédit, il faut d'abord ouvrir le compte
pour six mois minimum, pour savoir comment l'entreprise
tourne. Au delà de 6 mois ou 1 an, ils peuvent
observer les progrès, et savoir exactement
si l'entreprise ne va pas fermer le lendemain. En
plus quand on commence à avoir 1 an, ou 2
ans ou 3 ans d'ancienneté, on doit avoir
un bilan solide. Donc, tant que tu n'as pas d'argent
depuis dix ans, le banquier se méfie toujours,
puisqu'il pense que tu n'as pas beaucoup d'expérience
; c'est comme les fournisseurs. Dans beaucoup de
pays d'Amérique, les gens là-bas ont
besoin d'expérience, de savoir ce que tu
as fait, pour qu'ils aient confiance en toi ; il
faut qu'ils sachent que tu as déjà
vécu beaucoup de choses.
Moi, je suis né commerçant. Mon
père était commerçant, diamantaire.
J'ai commencé aux alentours de 1996. C'est
ça qui m'a aidé quand je suis venu.
J'ai fait beaucoup de choses. J'ai aidé
un peu le patron, j'étais diamantaire,
mais j'ai aussi travaillé dans l'agriculture
; et puis j'ai travaillé dans le transport
; un peu de tout en fait, mais de façon
informelle. Et puis j'ai commencé à
sortir, j'ai eu beaucoup d'affaires, je me suis
parfois cassé les dents, mais l'expérience
est restée. Il faut croire en la confiance
et l'existence de notre travail. Personnellement,
je n'ai pas besoin de dire que telle ou telle
chose m'a empêché de faire ceci ou
cela ; il faut que je réussisse, je me
dis " je dois faire ceci " ou "
je ne le dois pas ", nais c'est toujours
moi-même qui décide. Dieu m'a toujours
aidé, et voilà ce qu'on a fait.
Chaque fois qu'on a monté une affaire,
ça a bien marché. J'ai créé
d'autres filiales voyez vous ; nous sommes 11
maintenant. On a investi beaucoup d'argent dans
les avions. Pour ce qui est de l'agriculture,
tout est mécanisé, c'est moderne.
On est dans l'agriculture, l'élevage, la
pisciculture... On a regroupé tout ça
au sein de Futurelec. Il y a aussi une grande
société de construction. On a un
partenariat avec le groupe Total Fina, pour construire
le plus grand dépôt du pays. On a
aussi une société de Trading qui
fait pas mal de chiffre d'affaire aussi. Dans
presque tout ces domaines, nous sommes leader.
En dehors de la Guinée maintenant, d'autres
chefs d'états viennent nous voir, viennent
nous visiter, pour voir quand même les progrès.
Et puis il y a la confiance et l'investissement
humain.
Q12: En tant que PDG du Groupe Futurelec,
quel message pourriez-vous adresser à nos
lecteurs de l'Express ?
A12: Je voudrais leur dire de se mettre au
travail. On ne veut pas être seuls sur le
terrain, parce que parfois c'est un peu difficile.
Il faut aussi bien se renseigner, notamment auprès
de vous, les journalistes ; parce que vous savez,
pour l'homme qui n'est pas informé, c'est
difficile de bien travailler. Tout le monde n'a
pas la possibilité de venir et de se rendre
compte par lui même ; donc c'est le travail
que vous faîtes qui nous permettra d'informer
les gens. Vous pourrez dire aux gens que vous êtes
venus voir un M. Sylla en Guinée, que vous
l'avez interviewé, et que c'est la vérité
sur le pays que l'on vous a raconté. Nous
attendons les investisseurs. Mais pour cela, il
faut qu'ils soient informés. On invite les
investisseurs à venir en Guinée parce
qu'il y a vraiment beaucoup de choses à faire
ici. De plus il y a la sécurité ;
les gens viennent et cela fonctionne bien. |