THE REPUBLIC OF GUINEA
L'Exception Africaine



INTERVIEW AVEC

M. El Hadj Mamadou Sylla


Président Directeur Général et
M. Arnaud de Rességuier


Conseiller Manager de M. Sylla

Groupe FUTURELEC
12/11/02
 
Q1 : Pour commencer, pourriez-vous nous présenter le Groupe Futurelec et nous retracer son histoire ?

A1: L'histoire du groupe Futurelec est une belle histoire, au départ entre 2 hommes. Cette histoire a démarré par l'achat de Futurelec par M. Sylla en 1993, cette société étant spécialisée dans tout ce qui était électronique, antenne parabolique, les mobiles... Le partenariat entre 2 hommes est venu en 1996 ; c'est à cette époque où j'ai rencontré M. Sylla. Futurelec était à cette époque une petite société qui s'est développée très rapidement par la suite, et c'est à ce moment là qu'on s'est rencontré. Moi, je venais de créer ma société, A.M.C, qui était aussi une toute petite société créée en 1996. Sur la confiance entre 2 hommes, le groupe Futurelec a pu prendre son essor.

Donc, cet essor a démarré en fait dans le domaine de l'agriculture, où en 1996, il n'y avait rien. Donc, El Hadj a décidé d'investir dans un premier temps dans les engrais ; donc je lui ai fourni des engrais. L'histoire des engrais est assez amusante, notamment la première fois que j'ai interrogé les fournisseurs en Europe. Quand on parle d'engrais, on parle généralement en bateaux complets, 20.000 tonnes, 30.000 tonnes ou 50.000 tonnes. Mais vu nos petits moyens à l'époque, j'interrogeais pour 2 ou 3 conteneurs, c'est-à-dire que je parlais de 50 tonnes quand j'avais des interlocuteurs qui me parlaient de 20.000 tonnes. On a finalement trouvé un fournisseur en Europe qui a joué le jeu, qui nous a dit " Ecoutez-moi, vendre 20 tonnes ça ne m'intéresse pas spécialement, mais peut-être que derrière il y aura quelque chose. " Donc on a démarré avec 2 conteneurs, ça a très bien marché. Ce fournisseur est une très importante société belge qui est côtée à la Bourse de Bruxelles. Un mois après, je l'ai rappelé et je lui ai dit : " écoutez maintenant, vous me mettez 10 conteneurs ". Les 10 conteneurs se sont bien écoulés ; et de 10 conteneurs, on est passé à 100 conteneurs. Ça, ça a été l'aventure des engrais jusqu'à aujourd'hui. Après on est passé dans les produits phytosanitaires. Il n'y en avait pas sur le marché guinéen. Donc on a fait des produits phytosanitaires, et ça a été une grande réussite aussi.

Après les produits phytosanitaires, on est passé aux semences, parce qu'il y a un gros besoin en semences. Donc, ça a bien fonctionné aussi. Après les semences, c'est-à-dire la matière première, on a besoin des accessoires, des matériels roulants qu'il faut pour cultiver. Donc c'est là qu'on a commencé l'importation de tracteurs, de charrues, de moissonneuses batteuses, tous les accessoires pour cultiver ; et ça aussi, ça très bien fonctionné. Donc il y a eu une réussite très forte dans ce domaine.

Une fois qu'on a bien maîtrisé le domaine de l'agriculture, El Hadj, qui a toujours 100 idées à la minute, m'a dit : " maintenant qu'on tient bien ce marché là, nous allons passer à autre chose ". Donc on s'est attaqué au secteur automobile. Il faut savoir qu'en Guinée, il y a des représentations comme Mitsubishi, Suzuki, Mercedes… ; et malgré ces représentations, il y avait une réelle demande de la part de la clientèle publique et privée au niveau de l'automobile. Donc, El Hadj s'est vraiment penché sur le problème, et on s'est aperçu qu'il n'y avait jamais aucun stock. Le stock n'existe pas en guinée. Donc, vous voulez commander une Mercedes, vous versez 20.000$ ou 30.000$ d'acompte, et puis vous allez attendre pendant 6 mois pour avoir votre voiture. Donc avec El Hadj, on s'est dit : " on va devancer un peu ce qui se passe en Europe, on va être mandataires, on n'a aucune représentation officielle au départ, et on va importer des voitures de différentes marques ". Donc on a commencé à faire venir des Toyota, Mitsubishi, Suzuki, Nissan et Mercedes, en ayant très rapidement un stock de 50 véhicules à Conakry, ce qui n'était jamais venu. Donc, ça a suscité un vif intérêt de la part de l'Etat et des sociétés privées, puisque enfin il y avait du stock à Conakry. Vous voulez une voiture, vous n'avez pas à attendre 6 mois, vous l'avez immédiatement. Cette politique a commencé à porter ses fruits et aujourd'hui, on a en permanence un stock de 150 à 200 véhicules neufs à Conakry, ce qui est une première en Afrique de l'ouest. L'avantage aussi de cette politique, c'est que nous sommes en stock, et en plus nous avons toutes les marques. Donc vous n'allez pas avoir à faire 5 ou 6 concessionnaires ; vous arrivez chez Futurelec, vous avez tout ce que vous voulez.

Donc à partir de là, on s'est dit : " bon maintenant, on commence à vendre des voitures, c'est bien, mais il faut quand même un service après vente ". Donc, immédiatement on a d'abord fait construire un show room pour exposer nos voitures, qui est en bas, placé devant, et derrière, on a fait construire un garage ultra-moderne aux normes européennes, qui est un garage où vous avez une cabine de peinture, tout ce qui est dernier cri, on a toutes les manettes électroniques pour contrôler les voitures. Donc on est capable de faire un suivi après-vente en ayant aussi un stock de pièces détachées important, ce qui n'existait pas non plus. De ce fait on a pris une très grosse partie du marché d'automobile en Guinée en très peu de temps ; et aujourd'hui, je pense que cette année on va faire entre 600 et 700 véhicules neufs vendus.

Ensuite avec El Hadj, on a traité d'autres marchés. Dès qu'on s'est rendu compte qu'il y avait une pénurie dans le pays, un manque, un besoin, on travaillait sur d'autres secteurs, comme les groupes électrogènes. Tout de suite on a fait venir 2 conteneurs de groupes électrogènes, et aujourd'hui vous avez un stock permanent de groupes électrogènes qui vont de 10 KVA à 250 KVA. On a la gamme complète.

Ensuite, on est passé dans la construction. D'abord dans la construction personnelle pour la société, avec un premier building qui a été construit à Dixinn. Une fois ce premier building terminé, nous avons construit ce 2ème building pour abriter les bureaux de Futurelec, et aussi l'habitation d'El Hadj Sylla et de sa famille. Ensuite, on a construit tous les entrepôts puisqu'on a décidé d'être totalement autonome, d'avoir nos propres entrepôts, ce qui est très important en Afrique. Donc nous avons 2 énormes entrepôts à Dixinn, et nous en avons d'autres autour de Conakry.

Ensuite, on a développé d'autres projets comme une scierie. Donc on a une scierie aujourd'hui qui coupe du bois que l'on vend en Europe. Le projet est un peu stoppé aujourd'hui, puisqu'il y avait énormément de trafic, et l'Etat a décidé d'arrêter toutes les coupes de bois en attendant de redistribuer les cartes et de faire un peu la clarté dans ce secteur là. Nous restons pour l'instant en stand by, mais ça devrait redémarrer dans les prochains mois et nous voulons exporter à nouveau sur l'Europe dans les prochains mois.

Concernant les autres activités de Futurelec, nous avons un commerce général qui est le ciment. On importe des bateaux complets de ciments, de riz, de farine et de sucre, selon des demandes de nos clients. Ensuite, on a aussi une usine de tôle qui va démarrer très prochainement. C'est une usine qu'on a racheté il y a peu de temps. Sa production devrait démarrer en début d'année. Dans les autres activités, nous construisons des stations essence, nous en avons aujourd'hui 4, et nous en avons plusieurs en projet. La distribution de carburant est une priorité pour M. Sylla aujourd'hui, et nous avons un très gros projet en cours qui est la construction des plus grands stockages de pétrole de Guinée. C'est un projet de 65 millions de dollars, stockage qui aura lieu au Port de Conakry.

Dans les autres activités du groupe, nous nous sommes aussi lancés dans l'agriculture, à côté de Kindia. Le groupe Futurelec exploite plus de 1000 hectares de terre qui, aujourd'hui, emploie plus de 500 personnes. C'était une exploitation qui était abandonnée depuis plusieurs dizaines d'années, et depuis 1 an, M. Sylla s'applique à lui redonner vie. Aujourd'hui, nous produisons du riz sur cette plantation, avec en parallèle un élevage de bovins et d'ovins de plus de 500 têtes ; avec toujours une volonté de perfectionnisme, puisque M. Sylla a fait venir un technicien français pour arriver à obtenir une race de bœuf optimum par des croisements franco-guinéens. Donc c'est un projet qui est en cours, d'ailleurs on attend le technicien après-demain, il est déjà venu 2 fois, c'est quelque chose qui avance aussi.

Dans les autres activités du groupe, nous sommes aussi développés dans la chasse et la pêche. Nous importons du matériel de chasse et de pêche. Pour la chasse, c'est tout ce qui est cartouches de chasse, fusils de chasse, car les populations, les villageois à l'intérieur de la guinée, sont de très grands chasseurs. C'est une activité qui est très importante pour la guinée ; il y a beaucoup de gens qui vivent de la chasse et de la pêche aujourd'hui. Donc on occupe ce créneau là.

Dans les dernières activités du groupe , il y a une activité qui est très importante aussi, c'est la reprise, il y a quelques mois de cela, de la compagnie nationale Air-Guinée. Cette dernière connaissait beaucoup de difficultés, il ne volait plus depuis un certain nombre de mois, et l'Etat a eu la volonté de privatiser cette compagnie aérienne. Nous nous sommes mis sur les rangs pour racheter cette compagnie. Donc cette compagnie a démarré en septembre avec un avion au départ, un Boeing 737.200, que l'on a fait complètement réviser à Tel-Aviv. Pour remettre cet avion en état, on a dépensé 2 millions de dollars, puisqu'il y avait beaucoup de maintenance qui n'avait pas été faite dans le passé. Donc cet avion vole depuis le 3 septembre, avec 3 destinations qui sont Bamako, Dakar et Abidjan. On a une volonté de faire quelque chose de neuf dans le ciel africain avec Air-Guinée, c'est de démarrer la première compagnie aérienne africaine " low cost ". Donc, nous vendons des billets d'avion à bas prix pour qu'un maximum de guinéens puisse voyager. Aujourd'hui, vous pouvez aller à Dakar, aller-retour, pour 145 USD, alors que nos concurrents étaient à 200, 250 voire 300 USD pour faire l'aller-retour. Donc, pour les premiers chiffres, c'est une réussite. Aujourd'hui, après 2 mois d'exploitation, je crois qu'on a atteint 65% de taux de remplissage de nos avions, et nous espérons rapidement atteindre 80/90% de remplissage sur les prochains mois. Il y a vraiment une réelle demande. C'est un avion neuf, rapide, avec un service fiable puisque l'on s'attache à faire partir l'avion à l'heure.

Donc voilà un peu les différentes activités du groupe Futurelec. Aujourd'hui, Futurelec pèse, en chiffre d'affaire, 100 millions de dollars. Le développement de ce groupe a été fait depuis à peu près 9 ans. C'est un groupe qui est passé, en 9 ans, de 1 million de dollars à 100 millions de dollars. On peut dire que cette réussite exceptionnelle du groupe Futurelec est due à son Président, El Hadj Mamadou Sylla, avec son charisme et sa volonté de réussir et de développer ses affaires. Il a eu une grande réussite ces dernières années et il a toujours eu la volonté de réinvestir tout l'argent qu'il a gagné en Guinée. Aujourd'hui, on peut dire qu'il est le seul à faire ça ; tous ses investissements sont en Guinée. Les investissements qui sont faits à l'extérieur représentent 1% du groupe ; 99% ont été réinvestis en guinée. C'est quand même à souligner, parce que c'est très rare. Souvent, l'argent part à l'étranger, il est placé à Genève, New-York, Paris, Londres. El Hadj a décidé de tout réinvestir dans son pays parce qu'il croit en son pays.

Q2: Combien de gens vous avez employé dans cette Holding ?

A2: Aujourd'hui, le groupe Futurelec, si on inclut l'agriculture, emploie environ 800 personnes. Cela varie suivant la saison et les personnes employées occasionnellement.

 
Q3: Parmi toutes ces activités, quelle est la priorité ?

A3: La première des priorités aujourd'hui est Air-Guinée Express. On a une réelle volonté de se développer dans le secteur aérien parce qu'il y a vraiment un besoin dans la sous-région. Dans un premier temps, nous travaillons dans la sous-région. On a d'autres lignes à ouvrir dans les prochains mois, mais on va pas à pas parce que l'aérien, ça coûte très cher et il faut être sûr de chaque pas que l'on fait. Donc aujourd'hui on exploite Dakar, Abidjan, Bamako ; on est en train d'ouvrir Banjul actuellement, mais on y va doucement. Il faut bien contrôler ses premières destinations avant d'aller en investir d'autres.

Q4: Concernant la stratégie générale, ça va toujours être de choisir d'abord une destination et la développer, ou bien vous avez une stratégie globale de développement dans la sous-région ?

A4: On va avoir une stratégie de développement global dans la sous-région. Il y a aujourd'hui des besoins qui sont exprimés sur d'autres pays africains : le Ghana, le Nigeria, où il y a de la demande ; mais on ne peut pas tout faire en même temps parce que ça nécessite d'ouvrir d'autres lignes, d'avoir d'autres avions, donc ça nécessite de gros investissements. Un avion c'est quand même plusieurs millions de dollars d'investissement à chaque fois. Dès que ces premières destinations fonctionneront à plein, on fera le nécessaire pour en ouvrir d'autres. Mais on va pas à pas, on ne peut pas tout faire en même temps.

Q5: Futurelec est surtout connu ici en guinée comme une entreprise de transport urbain, quels sont les pays que vous touchez maintenant et quels sont les plans pour l'expansion de ce réseau ?

A5: Aujourd'hui, on va sur les principales villes de Guinée, et on souhaite desservir aussi la sous-région avec nos bus. Donc, je crois qu'il y a en projet Bamako. On procède également à l'extension du transport sub-urbain, c'est-à-dire les localités qui sont immédiatement autour de Conakry. Au jour d'aujourd'hui, il y a assez de travailleurs qui, dans la fonction publique comme dans le privé, travaillent à Conakry mais qui habitent loin, à 35/40 km d'ici ; donc il faut satisfaire ce besoin. Ensuite, il y a un réseau inter-urbain qui est très actif et qui a pour fonction de couvrir l'intérieur du pays, mais a procédé par grande région ; et au fur et a mesure qu'on traverse ces régions, on essaie de mettre des réseaux locaux, c'est-à-dire qu'on désenclave au fur et a mesure le pays, mais aussi on fait la projection vers les pays qui nous entourent en commençant, comme dans le cadre de l'aérien, par le transport des personnes. Nous envisageons aussi le transport des marchandises comme on a eu une bon flotte de gros porteurs d'éléments qui envoient des produits et des matériaux de construction.

Q6: Vous nous avez parlé du projet pétrolier qui représente un investissement à long terme, mais quels sont les autres projets futurs de Futurelec ?

A6: Il y a une volonté de Futurelec de s'étendre dans la sous-région par des ouvertures de filiales. Une première filiale vient d'être créée en Gambie, et il y a un projet sur la Sierra Léone et le Mali.

Aujourd'hui, nos activités sont très développées ici. Si vous regardez bien la sous-région, il y a une interdépendance très marquée entre les différentes économies. Nous avons décidés qu'il ne serait pas très sage de rester seulement cloîtrés en Guinée. Et nous faisons maintenant des ouvertures sur Banjul par exemple, où nous allons nous implanter dans le secteur de l'automobile, et probablement dans le tourisme aussi. Ensuite, au Mali aussi, parce qu'il y a une complémentarité naturelle entre l'économie malienne et l'économie guinéenne ; mais jusque là, la présence du Franc CFA a fait que l'essentiel des activités économiques commerciales, surtout au Mali, se faisait par le biais du Sénégal ou de la Côte-d'Ivoire.

Avec ce qui vient de se passer (ndlr: accords Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest), ça donne une chance à l'économie guinéenne d'être beaucoup plus présente au Mali qu'auparavant. Si vous regardez bien, le port de Conakry est le plus proche de Bamako, plus que le port de Dakar. Donc, il suffit que nous prenions un peu d'initiative dans ce domaine, ce que nous sommes en train de faire, pour essayer d'être beaucoup plus présents sur le marché malien. La chose devient beaucoup plus facile avec le bitumage de l'axe Kouré-Mali-Bamako.

Q7: Vous nous avez parlé de vos relations avec les pays voisins, que vous aviez des relations avec la France et même les Etat-Unis, quelles sont les relations de Futurelec avec ses partenaires étrangers?

A7: Avec les partenaires étrangers, ce ne sont plus des relations de fournisseurs-clients mais réellement de partenaires. Ce sont des partenaires qui investissent et qui croient en l'avenir de Futurelec et de la Guinée.

Q8: Le groupe Futurelec est toujours activement à le recherche de partenaires, de nouveaux fournisseurs pour l'aider à se développer ?

A8: Tout à fait. Le groupe Futurelec s'est structuré à l'extérieur en Europe en ayant 2 bureaux d'achat, l'un basé à Paris et l'autre à Genève, qui permettent de faire tout un travail, en amont, de sélection des fournisseurs. Au niveau du continent américain, Futurelec a ouvert sa propre filiale, Futurelec Inc., qui s'occupe de rechercher les meilleurs produits américains pour la République de Guinée ; et Futurelec a investi aussi dans des supermarchés aux Etat-Unis.

Q9: Vous travaillez toujours avec le transporteur belge qui vous a fait confiance au début ?

A9: Tout a fait. Ce qui a fait la force de Futurelec, c'est qu'il y a toujours eu une fidélité dans les achats. C'est-à-dire qu'il y a une confiance ; ces relations ont été instaurées il y a plusieurs années. Ces fournisseurs ont fait confiance le premier jour à Futurelec, ce qui n'était pas évident. J'ai donné l'exemple des engrais ; quand vous avez ces énormes sociétés qui travaillent par bateaux complets et qui acceptent de vendre un petit conteneur à Futurelec au départ, c'était pour eux un pari et ce pari a été transformé ; et aujourd'hui, ils sont toujours à nos côtés. Les fournisseurs du premier jour sont toujours là aujourd'hui, et c'est aussi ce qui fait la force de Futurelec. C'est qu'il y a réellement une fidélité avec les fournisseurs. Et les fournisseurs, aujourd'hui, croient de plus en plus dans Futurelec, dans sa réussite, et prennent des risques avec Futurelec pour se développer.

Q10 : Vous croyez vraiment en l'avenir prometteur de la Guinée n'est-ce pas ?

A10: Moi je dis souvent que la Guinée n'est pas vendue ou mal vendue. Souvent on entend qu'il y a la guerre partout. Les gens pensent qu'on ramasse des cadavres partout dans les rues, ce sont des histoires. Il y a une désinformation totale. Quand vous êtes venus ici, vous avez vu vous-même, c'est calme ; les gens travaillent et puis il y a vraiment des progrès. Mais si ce n'est pas connu, c'est difficile. Nous croyons en ce pays et je pense qu'il n'y a pas de problème.

Q11: M. de Rességuier nous a présenté la Holding. Nous avons une toute dernière question réservé au PDG. Nos lecteurs aimeraient connaître la personne qui est derrière cette société. Pourriez vous nous parler de votre parcours professionnel et de votre plus grande satisfaction depuis la création de Futurelec ?

A11: On est très satisfaits, surtout si vous regardez d'où nous avons commencé, pour arriver où nous sommes aujourd'hui en un temps aussi court. On peut se féliciter de cela. Ce n'est pas facile de gérer l'argent durant 1 an, 2 ans, 3 ans ou 10 ans. Si vous voyez les banquiers et les bilans financiers, pour avoir un crédit, il faut d'abord ouvrir le compte pour six mois minimum, pour savoir comment l'entreprise tourne. Au delà de 6 mois ou 1 an, ils peuvent observer les progrès, et savoir exactement si l'entreprise ne va pas fermer le lendemain. En plus quand on commence à avoir 1 an, ou 2 ans ou 3 ans d'ancienneté, on doit avoir un bilan solide. Donc, tant que tu n'as pas d'argent depuis dix ans, le banquier se méfie toujours, puisqu'il pense que tu n'as pas beaucoup d'expérience ; c'est comme les fournisseurs. Dans beaucoup de pays d'Amérique, les gens là-bas ont besoin d'expérience, de savoir ce que tu as fait, pour qu'ils aient confiance en toi ; il faut qu'ils sachent que tu as déjà vécu beaucoup de choses.

Moi, je suis né commerçant. Mon père était commerçant, diamantaire. J'ai commencé aux alentours de 1996. C'est ça qui m'a aidé quand je suis venu. J'ai fait beaucoup de choses. J'ai aidé un peu le patron, j'étais diamantaire, mais j'ai aussi travaillé dans l'agriculture ; et puis j'ai travaillé dans le transport ; un peu de tout en fait, mais de façon informelle. Et puis j'ai commencé à sortir, j'ai eu beaucoup d'affaires, je me suis parfois cassé les dents, mais l'expérience est restée. Il faut croire en la confiance et l'existence de notre travail. Personnellement, je n'ai pas besoin de dire que telle ou telle chose m'a empêché de faire ceci ou cela ; il faut que je réussisse, je me dis " je dois faire ceci " ou " je ne le dois pas ", nais c'est toujours moi-même qui décide. Dieu m'a toujours aidé, et voilà ce qu'on a fait. Chaque fois qu'on a monté une affaire, ça a bien marché. J'ai créé d'autres filiales voyez vous ; nous sommes 11 maintenant. On a investi beaucoup d'argent dans les avions. Pour ce qui est de l'agriculture, tout est mécanisé, c'est moderne. On est dans l'agriculture, l'élevage, la pisciculture... On a regroupé tout ça au sein de Futurelec. Il y a aussi une grande société de construction. On a un partenariat avec le groupe Total Fina, pour construire le plus grand dépôt du pays. On a aussi une société de Trading qui fait pas mal de chiffre d'affaire aussi. Dans presque tout ces domaines, nous sommes leader. En dehors de la Guinée maintenant, d'autres chefs d'états viennent nous voir, viennent nous visiter, pour voir quand même les progrès. Et puis il y a la confiance et l'investissement humain.

Q12: En tant que PDG du Groupe Futurelec, quel message pourriez-vous adresser à nos lecteurs de l'Express ?

A12: Je voudrais leur dire de se mettre au travail. On ne veut pas être seuls sur le terrain, parce que parfois c'est un peu difficile. Il faut aussi bien se renseigner, notamment auprès de vous, les journalistes ; parce que vous savez, pour l'homme qui n'est pas informé, c'est difficile de bien travailler. Tout le monde n'a pas la possibilité de venir et de se rendre compte par lui même ; donc c'est le travail que vous faîtes qui nous permettra d'informer les gens. Vous pourrez dire aux gens que vous êtes venus voir un M. Sylla en Guinée, que vous l'avez interviewé, et que c'est la vérité sur le pays que l'on vous a raconté. Nous attendons les investisseurs. Mais pour cela, il faut qu'ils soient informés. On invite les investisseurs à venir en Guinée parce qu'il y a vraiment beaucoup de choses à faire ici. De plus il y a la sécurité ; les gens viennent et cela fonctionne bien.

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