MADAGASCAR
A thousand hills & thousand of wills

Read our Report in Frech

Read our Report in English



V.I.P. INTERVIEWS


Interview de:

M. Michel Ramanantsoa
Président Directeur Général de FARMAD

Dans un premier temps, pourriez vous nous présenter le groupe FARMAD ? 

Nous sommes au départ un groupe familial dans la pharmacie, axé sur la production des médicaments génériques, les consommables médicaux. C'est une situation spécifique car le pays étant pauvre, il existe un marché privé de longue date. Nous avons une autre société grossiste appeler DROGEMAD qui est grossiste répartiteur depuis 1936. Notre fleuron se situe dans le secteur pharmaceutique, mais nous avons aussi investi dans l'hôtellerie, notamment dans l'HOTEL PANORAMA. 

Quelle est la structure du groupe ? 

Nous sommes un groupe pharmaceutique privé. Ce sont des sociétés anonymes et nous avons réinvestis nos capitaux. 

Avez vous des partenaires internationaux? 

Nous en avons eu surtout dans l'industrie pharmaceutique. Roussel s'est retiré, tandis que Rhône Poulenc est plutôt dormant. Mais les temps ont changés, les grands groupes se sont arrêtés aux grands pays. Il y a très peu d'investissement en pharmacie dans les petits pays actuellement. 

Comment décririez vous le secteur à Madagascar ? 

Il y a un pôle d'opérateurs qui représente l'essentiel. Avec la libéralisation une multitude de petits grossistes sont venus sur le marché. Nous sommes 3 opérateurs au niveau industrie, on pourrait même dire seulement 2. C'est un secteur qui est ouvert vers l'Asie, où les Indiens ont notamment pris de l'avance. Ils avaient été tenus hors du marché pour un temps, mais maintenant comme leur industrie pharmaceutique est très développée, ils ont pu pénétrer le marché. La Chine a établi une coopération sino-malgache étatique vers Madagascar, mais a très peu pénètré commercialement. Cependant il y a un potentiel puisque moi-même je suis déjà parti en Chine pour envisager des investissements. 

Nous ne sommes pas un marché protégé, une situation qui à longe terme nuirait notre industrie. A partir de là, nous prenons le côté positif de cet état de choses, c'est nous qui délocalisons. En revanche  nous conservons nos acquis, c'est à dire nos marques, notre notoriété et notre image de marque sur le marché local. Nos clients savent que les produits à la base sont créés ici, même s'ils sont fabriqués en Inde ou en Chine. La production seulement est délocalisée. Il faut reconnaître que beaucoup de choses se passent en Chine à  l'heure actuelle. 

Au niveau production, quelles sont les forces en présence à Madagascar ?

Il y a une coopération sino-malgache, les laboratoires OFAFA, et nous même. La tendance n'est pas vers la production locale, car comme je vous ai signalé auparavant nous sommes non protégés. Ce n'est pas possible dans l'état actuel des choses. On peut faire un cent mètres avec n'importe qui, mais on ne peut pas courir 120 ou 130 mètres car pour la production locale cela suppose qu'on aie des capacités d'investissement identiques au départ. Au début le consommateur n'aimait pas trop les fabrications locales, mais à la longue il a changé d'idée. Vous le voyez par exemple avec Tiko en ce moment, le consommateur est attaché aux marques malgaches. C'est ce qui nous défend sur le marché. 

Quel pourcentage de la production est encore fait localement ?  

Pour le moment la production locale est estimée à 40%, mais d'ici 3 ans ce sera 10%. 

Existe-t-il des barrières au niveau de l'importation de médicaments? 

Les importations sont libres, il y a des dossiers à remplir au niveau du ministère de la santé. Mais il n'y a pas de barrage, les Autorisations de Mise sur le Marché pour n'importe quel médicament peuvent être obtenues. Et au niveau local on peut déjà commencer à profiter de ce qui a été discuté à Doha, au Qatar, à propos de certains produits qui sont déjà passés dans le domaine public en Inde ou en Chine. En Inde les conditions sont spéciales car ils ne reconnaissent qu'un brevet de la mollécule, mais si on trouve un autre processus de fabrication pour la même mollécule, le brevet n'est pas protégé. On a parlé des génériques indiens, par exemple la Cyprofloxacine dont on parle beaucoup pour l'anthrax, on peut l'obtenir et l'acheter directement en Asie sans avoir demandé quoique ce soit. Pour l'anecdote, les Américains avaient demandé un rabais à BAYER pour la Cypro aux USA alors qu'elle est encore protégée jusqu'en 2003. Donc il y avait un petit paradoxe, les Américains louant les brevets mais tentant de casser le brevet de BAYER aux USA en disant qu'il leur fallait acheter de la Cypro beaucoup moins cher. Dans notre cas, on ne nous le reprochera pas car nous sommes un petit marché, donc nous n'égratignons même pas les intérêts des grands groupes. Le problème se poserait si moi je fabriquais pour aller vers des pays développés, c'est ce qui se passe pour le Brésil et ça pourrait se passer pour l'Afrique du Sud ou bien l'Inde. Là, les grands groupes sont vigilants et cela n'a pas été validé à Doha. Ce qui a été accordé, c'est qu'on puisse importer pour des pandémies majeures des génériques, et même des mollécules qui sont encore protégées, mais la fabrication locale de mollécules encore protégées n'est pas encore à l'ordre du jour. 

Quelles ont été vos performances sur les dernières années ? 

Il y a environ 4 ans, nous avons représenté 45% en valeur et 50% en volume du marché privé. Ici il y a 2 marchés : privé et public. Avant le marché public était la pharmacie centrale, maintenant c'est la centrale d'achat voisine SALAM principalement, mais ils ne sont pas seuls sur ce marché. C'est un autre marché qui a été repris en main avec la coopération des bailleurs de fonds comme l'Union Européenne ou la Banque Mondiale.

Nous parlons de secteur privé parce que la sécurité sociale n'existe pas, les gens ici payent de leur poche les médicaments. Cela nous a amené à recourir au générique, mais là aussi le marché est un peu en diminution depuis 3 ans. Nous sommes un groupe leader du marché privé, nous avons environ 35% du marché privé. 
Comment voyez vous l'évolution du secteur ? 

Le marché est ouvert. Auparavant c'était un marché exclusivement français avec des laboratoires français. Avant, les laboratoires importaient leurs produits sur le marché local. Maintenant, le marché s'est ouvert, même si apparemment les génériques ne représentent encore qu'à peu près 50% du marché privé, mais cela augmente régulièrement. Cette augmentation provient de produits venant de l'Asie et de la Chine. 

Existe-t-il un certain engouement pour les nouvelles médecines ? 

Il y a ici une tradition de médecine locale avec les guérisseurs et certaines plantes. La phytopharmacie n'est pas très développée, cela se limite aux huiles essentielles. On manque de recul par rapport aux autres médecines, comme l'acupuncture qui vient de l'Asie. On a pas eu assez de contacts ou d'étudiants qui sont partis vers l'extérieur, sauf pour la Chine où certains étudiants sont partis pour apprendre l'acupuncture. Notre groupe a importé il y a très longtemps de la médecine chinoise pour la communauté chinoise à Madagascar. 

Vous pensez que le potentiel est encore exploitable comme niche sur le marché aujourd'hui ? 


Il y a des expatriés chinois, donc forcément le marché existe. Il faut tout de même étudier le marché local pour prendre l'ampleur des besoins. Ils ont un fort pouvoir d'achat, donc fort potentiel. Il peut y avoir un marché de niche car nous avons d'excellent liens avec la communauté chinoise et indienne à Madagascar et ce sont des communautés fortes économiquement. 

Etes vous à la recherche de partenariats ? 

Il y a un manque d'information. L'Inde et la Chine sont des marchés trop grand pour nous. Mais avec la technologie de l'information on aimerait connaître qui fait quoi, qui sous-traite, qui est façonnier. Dans notre secteur les Indiens sont très vendeurs, alors que nous, notre action n'est pas guidée par des commerciaux mais par les pharmaciens, les techniciens. Donc c'est la qualité qui prime, et elle n'est pas forcément innée, alors on y travaille, on l'améliore sans  arrêt, on va vers une meilleure qualité. On peut donner un exemple simple, il y a 2 ou 3 usines à Madagascar, mais il y en a 11,000 en Inde. Sur ces usines une poignée sont au top, avec des critères de qualité FDA approved et donc d'une qualité certaine. Mais cette poignée d'usine ne sera pas utilisée pour fabriquer par exemple de l'aspirine commun, ça augmenterait trop les prix de revient et ça provoquerait une inadéquation avec le pouvoir d'achat local.Nous essayons de trouver le moyen de faire de la qualité, car c'est obligatoire, mais en restant abordable.

Nous sommes ouverts à des usines qui auraient fait leur preuves au niveau qualité, pour fabriquer des produits adaptés au pays. 

Donc vous prévoyez une croissance du marché ? 

Oui parce que les génériques sont voués à se développer. Beaucoup de génériques qui arrivent sont encore employés comme spécialité à Madagascar et donc il vont tomber dans le public et notre marché va s'accroître. De plus le marché local fait que, par exemple, un générique en Europe va être environ 15 à 20% moins cher que la spécialité correspondante ; à Madagascar on parlera de 10 à 20 fois moins cher. 

Envisagez-vous une expansion vers les marchés extérieurs ? 

Nous n'avons jamais été trop motivés car nous n'avons jamais vraiment eu une aide de l'état, comme les Indiens l'on fait. L'état Indien a vraiment aidé l'industrie à s'exporter, à travers des avantages fiscaux, une réglementation des changes. Ce qui est dommage car nous avons des marchés un peu captifs dans la région comme les Comores, Maurice, les Seychelles, pourquoi pas l'Afrique, mais c'est une autre logistique encore. Mon optique actuelle est de rester leader sur mon marché. 

Quels conseils donneriez vous aux investisseurs? 

En pharmacie il faut comprendre la mentalité locale, et dans le marketing il faut un produit adapté au pouvoir d'achat et avec un partenaire local on peut être très fort rapidement. Ce n'est pas un appel du pied, mais c'est pour dire qu'il y a des potentialités. Généralement vers l'Asie il y a des débouchés. Nous sommes partis vers des investisseurs qui avaient pris pied en Asie. Les Allemands ont été très forts, ils ont été les premiers dans la production de génériques et à pouvoir prendre comme partenaires des usines indiennes ou chinoises, mais quand on a voulu y aller en direct on a subi de légers revers. On arrive à mieux comprendre les enjeux et la qualité du partenaire, mais à mon avis, l'avenir va vers des partenariats Est-Sud. 

Quel souvenir vous a marqué récemment au niveau professionnel? 

Je me suis rendu en Inde, visiter une usine, et les Indiens étaient très fier de nous montrer leur réalisation. J'ai convenu qu'ils avaient de quoi être fier parce que leur usine avait été créée sans apports technologiques Européens ou Américains. C'est un exemple à répercuter. C'est aussi montrer que chacun veut se développer avec ses propres moyens sans qu'il y ait toujours eu un Américain ou un Européen. 

Quel sera votre défi pour l'avenir ? 

L'Asie sera un pôle moteur dans l'économie mondiale dans l'avenir proche, donc pour nous il faut savoir comment profiter de ce pôle là en gardant notre identité et notre marché local. Nous voulons augmenter les échanges, et plus l'Asie prendra de l'ampleur, plus nous pourrons en bénéficier. L'Asie est en train de devenir de plus en plus technologique, peut être que certaines choses comme le textile sont considérées comme moins valorisantes qu'avant et donc nous en profitons car ils nous apportent leur savoir faire. Pour conclure, en ce qui concerne les échanges en général, quand les Asiatiques développerons des produits adaptés à notre marché local je les commercialiserai avec plaisir.

Note: World Investment News Ltd cannot be held responsible for the content of unedited transcriptions.

 Read on 

© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on Madagascar published in Far Eastern Economic Review.  March 28 th, 2002 Issue.
Developed by AgenciaE.Tv