Congo: Interview with M. Emile MOKOKO WONGOLO

M. Emile MOKOKO WONGOLO

Directeur Général (SNDE)

2011-07-07
M. Emile MOKOKO WONGOLO
La Société Nationale de Distribution d’Eau est l’organe public de production et de distribution des ressources hydrauliques. Si les attentes et les exigences des populations sont encore fortes, une amélioration continuelle de la situation est à observer. Des programmes directeurs, tels que le programme « Eau, Electricité, Développement Urbain » (PEEDU), donnent les axes de progression majeurs pour réussir à trouver un équilibre entre une pression démographique et urbaine en hausse, et une offre souffrant de difficultés d’acheminement. La construction de nouvelles unités de production et de potabilisation de l’eau,  les travaux de réfection des réseaux de distribution, et la restructuration du secteur de l’eau devraient mener à une sensible amélioration du service rendu aux populations dans les prochaines années.

« Il est nécessaire de réformer la SNDE pour face faire à des problèmes structurel ; A la suite d’une réforme réussie, les conditions existeront pour que  nous puissions nous engager dans une démarche qui  permettra d’aller à un niveau compétitif, aussi bien à l’intérieur du pays que vis-à-vis de l’extérieur, et de parvenir bien plus tard à proposer  à d’autres  nos compétence  et expérience. […] Nous espérons ainsi atteindre la performance pour l’entreprise et la prospérité pour les populations ». M. MOKOKO WONGOLO, Directeur Général, Société Nationale de Distribution de l’Eau



Sous tutelle du Ministère de l’Energie et de l’Hydraulique, la Société Nationale de Distribution d’Eau (SNDE) a pour objet la gestion de la distribution de l’eau sur le réseau hydraulique du pays. Pourriez-vous nous donner un bref historique d’implantation et une description de vos activités?


Nous partons du constat que les deux grandes villes du pays (Brazzaville et Pointe-Noire) souffrent d’une insuffisance des capacités et de la vétusté des infrastructures d’approvisionnement en eau potable. Le renforcement des moyens de production d’eau potable à Brazzaville par la pose des unités compactes de potabilisation d’eau devra permettre de répondre à la demande, comme solution alternative à la réduction du déficit. Avec la construction de la nouvelle usine Djiri 2, l’offre en eau potable atteindra 11 640 m3/h à partir de 2013 si le calendrier d’exécution est respecté à la lettre. Les réseaux de distribution  d’eau devront être réhabilités et densifiés à Brazzaville et à Poite-noire, sans oublier les autres villes du pays à la faveur du programme de municipalisation accélérée.

La SNDE n’est pas en charge de la réalisation des infrastructures, elle est consultée par le gouvernement comme conseil technique parce que bénéficiaire par la suite des investissements comme exploitant.



Vous avez été nommé à la direction de la SNDE en juin 2010. Quel bilan faites-vous de cette année d’activité ?


Je crois qu’il est trop tôt pour faire un bilan ; Cependant, la compétence des équipes et demes collaborateurs est un point de satisfaction, car un travail important a été réalisé par leurs efforts. Pour autant, il est force de constater que la demande reste constante et de nombreuses exigences restent en attente de satisfaction. Il est peut-être encore un peu tôt pour tirer un bilan clair de notre action et prendre suffisamment de recul sur le chemin parcouru.



Sur quels partenaires vous appuyez-vous pour développer votre activité ? Comment les trouvez-vous ?


Nous travaillons avec des bureaux d’études et entreprises spécialisées pour la réalisation de nos projets. L’Office National de l’Eau et de l’Assainissement, qui est notre homologue burkinabé, est un partenaire avec qui nous collaborons beaucoup dans les échanges d’expériences, notamment sur la gestion des contrats de service. Nous comptons aussi parmi nos partenaires des homologues européens, des Sociétés Africaines du secteur de l’eau, membre de l’association de l’eau dans une optique similaire de valorisation des expériences et de rencontres lors de forum internationaux. La formation, l’assistance sont au cœur de ces échanges et de cette collaboration.



Lors de votre nomination, vous avez déclaré que « l'ambition est que la SNDE puisse devenir autonome. Le gouvernement et les institutions internationales veulent que la réforme de la SNDE soit un exemple qui doit être cité à l'intérieur et à l'extérieur du pays. Le critère par excellence sur chaque action ‘Donner de l'eau potable', le bon port s'appelle : la performance et la prospérité ».
Quelles stratégies la SNDE a-t-elle adopté pour atteindre ces objectifs ? A quel stade en est aujourd’hui cette transformation ?


L’amélioration de la qualité de services est une nécessité, elle  va passer par la mise en œuvre d’un PPP sous forme de contrat de service. La SNDE est en phase de négociation pour obtenir un soutien au désendettement de l’entreprise par l’Etat et la mise en conformité de son statut.  « Il est nécessaire de réformer la SNDE pour face faire à des problèmes structurels, et cela ouvrira sans doute la voie vers autre chose, c'est-à-dire  envisager sérieusement de devenir compétitif aussi bien à l’intérieur du pays qu’à l’extérieur, et de réussir à proposer  ses compétences et son expérience ».

Il nous faut aujourd’hui capitaliser tous les enseignements qu’ont pu nous apporter ces échanges pour ensuite porter le message à  la base. Le dialogue est nécessaire pour bien faire comprendre et accepter le chemin que nous empruntons. Beaucoup d’efforts ont déjà été entrepris par le Gouvernement et nos prédécesseurs et nous allons continuer à jouer la transparence et la lisibilité, notamment concernant la privatisation du secteur. « Nous pourrons ainsi atteindre la performance pour l’entreprise et la prospérité pour les populations ». S’il est vrai que l’impatience de ces dernières peut être légitime, nous leur demandons de nous faire confiance, car il reste beaucoup à faire et opérations sont bien répertoriées et hiérarchisées, alors nous leur demandons d’être patientes et indulgentes car nous leur devons ce service.



En décembre dernier (2010) a été lancé le projet « Eau, Electricité, Développement Urbain » (PEEDU), visant à « donner aux populations congolaises l'eau et l'électricité à la grande satisfaction de leurs besoins, telle est donc également la substance de l'apport du Peedu dans l'amélioration des conditions de vie des populations de Brazzaville  et Pointe-Noire ». (M. le Ministre ITOUA).
Pouvez-vous nous décrire ce projet et les avancées qui vont ponctuer l’activité de la SNDE?


La SNDE va participer à ce vaste programme de renouvellement et de réhabilitation des réseaux. De  plus, le programme « Eau et Electricité » représente un autre projet majeur de développement. Réalisé en cofinancement entre la République du Congo et la Banque Mondiale, ce programme a pour objectif de d’assurer une bonne desserte des villes de Brazzaville et Pointe-Noire en eau et en électricité. Il nous est paru urgent de traiter ces métropoles en priorité, au vue de leur importance démographique et économique. Le marché congolais compte près de 400 000 ménages, mais seuls 140 000 d’entre eux sont abonnés à la SNDE. Notre travail est donc de réussir à desservir l’ensemble de la population. La demande existe, il nous revient d’y répondre. Nous ambitionnons ainsi de réaliser 18 000 branchements pour l’année 2011, notamment grâce aux nouvelles unités de potabilisation installées au Nord et au Sud de Brazzaville.

Les apports du programme de « municipalisation accélérée », qui est en fait une stratégie de développement accélérée, découlant du projet de société proposé par Monsieur le Président de la République du Congo, sont nombreux. Nous nous accrochons à cette politique pour moderniser les villes concernées, comme Dolisie, Oyo ou Ewo et d’autres, pour raccorder ces localités aux centres de production situés à proximité. Par ailleurs, les zones urbaines sont soumises à  une pression démographique constante, l’extension non planifiée des périphéries est un problème à résoudre. Il nous faut rattraper le retard pris jusque-là pour desservir tous les quartiers urbains. « A considérer les avancées réalisées et les projets en cours, nous espérons pouvoir couvrir Brazzaville et Pointe-Noire dans leur ensemble d’ici quatre ans ».



Les missions auxquelles répond la SNDE ont une portée positive sur le développement et la modernisation du pays. De quelle image pensez-vous bénéficier aujourd’hui ? Comment travaillez-vous pour la cultiver ?

Compte tenu de la situation de départ, les attentes et les exigences des populations sont très fortes. Les améliorations existent, mais l’urgence des besoins impose de mettre des priorités dans nos actions. Nous avons conscience de la nécessité de répondre à cette demande mais, cela sera une longue marche. Ce qui importe n’est pas tant notre image que notre capacité à aller à la rencontre des citoyens et de répondre à leurs attentes. L’accès à l’eau est un besoin vital et tant que l’ensemble de la population ne sera pas satisfaite, nous souffrirons naturellement d’un certain déficit d’image.



Pour donner une idée plus claire de la taille de votre établissement à nos lecteurs, pouvez-vous nous dire combien d’employés dirigez-vous et quel est votre chiffre d’affaires et votre croissance annuelle?

La SNDE compte un effectif de 1025 personnes. Nous répondons aux besoins de 125 000 abonnés par une capacité installée de 10 000 m3, une capacité de stockage de 36 000 m3, et une production de 53 millions de m3 circulant dans un réseau de 2,5 millions de km. Nous prévoyons par ailleurs pour l’exercice 2011 un chiffre d’affaires avoisinant les 12 milliards de FCFA, si tout se passe comme prévu, soit une légère amélioration par rapport aux années précédentes.



Parlons à présent aussi de vous. Pouvez-vous nous décrire votre parcours, qui vous a mené jusqu’à la direction de la SNDE?


J’ai commencé comme fonctionnaire au Ministère du Plan, j’ai ensuite exercé plus longuement dans le secteur de l’énergie, notamment comme fonctionnaire au Ministère de l’Energie, comme conseiller au Chef de l’Etat. J’ai ensuite été diplomate aux Etats-Unis, avant de rejoindre l’Afrique Centrale, et le Gabon plus précisément, en tant que  Secrétaire général de l’Organisation Africaine du Bois. Mes fonctions au sein de cette structure m’ont conduit à superviser la rédaction des normes pour la gestion durable des forêts tropicales humides d’Afrique et les principaux indicateurs de gestion en vue de certifications forestière. Enfin, j’ai été nommé au poste de Directeur Général de la SNDE depuis juin 2010.



Pour conclure, pouvez-vous partager avec nos lecteurs votre vision de la République du Congo, car peu de personnes connaissent vraiment ce pays plein de ressources. En quoi pensez-vous que la République du Congo soit un pays attractif pour les visiteurs et investisseurs étrangers?


L’espoir et l’optimisme me semblent de circonstance pour parler de l’aventure du développement au Congo. A notre échelle, notre préoccupation est d’apporter de l’eau aux populations et de répondre aux besoins d’assainissement, car la potabilisation de l’eau est éminemment nécessaire avant la distribution, pour éviter tout risque lié à cette ressource. Alors j’invite tout un chacun à venir voir ce pays et à prendre part à l’aventure du developpement sur le chemin d'avenir pour l'émergence.