Congo: Interview with M. Raymond IBATA

M. Raymond IBATA

President Directeur General (Assurances Générales du Congo)

2011-02-23
M. Raymond IBATA
Nées des mains du fondateur des Assurances et Réassurances du Congo (ARC), Les Assurances Générales du Congo sont la compagnie d’assurances congolaise leader sur le marché(hors Pétrole), détenant près de cinquante pour cent des parts du marché. Les AGC se composent des AGC-IARD et des AGC-vie. La première entité propose une gamme complète de produits d’assurances pour se prémunir contre les risques liés aux dommages, aussi bien à destination des particuliers que des entreprises. AGC-vie constitue la branche spécialisée du groupe en assurance-vie. Les AGC souhaitent participer au développement du pays en se faisant partenaire des acteurs économiques dynamiques du pays, grâce à une politique centré sur la confiance et le respect des engagements pris.

« S’il y a des investissements importants au Congo, nous voulons être présents en tirant partie des primes générées, mais aussi en investissant nous-mêmes dans l’économie nationale. […] Nous devons, tous ensemble, la main dans la main, travailler pour le développement de ce pays. En mettant la croissance économique au service du développement, les autochtones et les investisseurs pourront être fiers du bilan de leurs actions. Chacun tirera partie de cette situation, en gagnant de l’argent, en créant des emplois et nous aussi, Congolais, à se mettre de façon profonde dans l’économie, à investir et à devenir de grandes sociétés, qui, pourraient [alors elles aussi] traverser  les mers et investir dans d’autres pays ». M. Raymond IBATA, Président Directeur Général des Assurances Générales du Congo.



Les Assurances Générales du Congo figurent parmi les principales entreprises du secteur des assurances.  Pouvez-vous nous donner un bref historique des AGC, des grandes étapes de sa création ?


Les Assurances Générales du Congo (AGC) ont vu le jour en 2000, après avoir obtenu l’agrément de la CIMA  et l’entérinement des droits d’exercices de notre activité par le Ministère des Finances, du Budget et du Portefeuille Public. Les agences de Brazzaville et Pointe-Noire sont nées de cet accord, puis nous nous sommes installés cinq ans plus tard à Ouesso ( dans le Nord du Congo).

Le nom d’ACG regroupe deux entités distinctes : AGC IARD, prestataires d’assurances et de couverture des dommages aux particuliers et aux entreprises ; et AGC Vie, compagnie d’assurance-vie crée il y a trois ans. J’occupe au sein des AGC la double fonction de Président Directeur Général (PDG) des AGC IARD et Président du Conseil d’Administration des AGC-vie.



Pouvez-vous nous donnez  un aperçu plus exhaustif de vos activités et de vos partenaires ?

Les AGC IARD proposent un groupe de produits répondant aux besoins d’assurance face aux dommages, c’est-à-dire les assurances automobiles, incendies, responsabilité civile, tout risque chantier, ainsi qu’un ensemble d’assurances individuelles. En complément, les AGC-vie comprennent des assurances de type épargne, retraite, décès et de prêts bancaires.

Notre gamme de produits nous permet donc de nous adresser à tout type de clients, particuliers comme entreprises. Nous travaillons beaucoup avec la Direction Centrale des Marchés de l’Etat, avec qui nous collaborons pour assurer les chantiers attribués aux entreprises de construction. Nous intervenons aussi dans le cadre de la « municipalisation », qui est la décentralisation de la célébration de la Fête Nationale, en assurant les entrepreneurs qui bénéficient de ces marchés. « Nous serons donc partenaires [des projets] menés à Ewo cette année pour donner des couvertures d’Assurances aux acteurs responsables de la construction [des infrastructures] ».

Nous avons à ce titre une équipe commerciale qui s’occupe du développement du réseau de partenaires et de leur fidélisation. Tisser des liens forts avec nos clients est très important ; nous nous rendons souvent sur le terrain avec eux et surtout sommes présents, à leur côté en cas de sinistres afin de respecter nos engagements.



La satisfaction des assurés, un sens aigu du relationnel et la confiance sont des mots essentiels dans la politique de gestion des AGC. Quelle image les AGC ont-elles su se créer en adoptant cette politique ? Comment vous démarquez-vous de vos concurrents ?

« Le sens profond des engagements pris » est le slogan des AGC. Le respect des engagements pris auprès de nos assurés nous conduit à les accompagner dans la résolution de leurs  problèmes pour qu’ils puissent repartir sur de nouvelles bases. « Le règlement des sinistres est l’une de nos préoccupations majeures ». Nous espérons donc que cette image de partenaire de confiance, respectueux des engagements, soit communément partagée. La satisfaction de la clientèle est un aspect qui doit continuer à être développé, car elle est à la base de nos activités.



Pouvez-vous nous faire part de quelques autres projets actuels ou futurs sur lesquels vous comptez asseoir votre développement futur ?


« Nous essayons avant tout de suivre la croissance économique du pays, nous insérer profondément dans l’économie nationale pour pouvoir bénéficier de toutes les retombées qu’il peut y avoir. S’il y a des investissements importants au Congo, nous voulons être présents en tirant partie des primes générées, mais aussi en investissant nous-mêmes dans l’économie nationale ». La construction de notre siège social, qui devrait s’opérer dans les deux années à venir, est un projet qui répond à cette vision.

« Je pense que le développement du Congo ne doit pas se faire en attendant uniquement l’arrivée d’investissement étrangers, mais aussi par l’incitation à la levée de capitaux de la part d’acteurs locaux, qui restent dans le pays et continuent d’investir ». Et nous souhaitons nous inscrire dans cette logique en renforçant notre présence dans différents secteurs économiques.



L’économie congolaise va connaître une profonde mutation dans les années à venir, avec la volonté politique de diversifier les sources de revenu national. Quelle est votre vision des AGC dans 5 ans ?

La libéralisation du secteur des assurances devrait offrir un bel avenir pour l’activité. Le secteur pétrolier échappe par exemple complètement aux compagnies d’assurances locales, souvent perçues comme non adaptées aux besoins d’assurances de cette industrie. Or, l’encouragement aux investissements et aux initiatives des acteurs locaux doit aussi permettre « de passer d’une croissance économique à un développement économique ». Il est vrai que la couverture des sinistres du secteur pétrolier demande des moyens considérables, mais les systèmes de réassurances permettent une répartition des risques au niveau mondial. Les AGC entendent dans les 5ans à venir, consolider leur image d’Assureur Crédible tant au Congo qu’aux yeux des Partenaires Extérieurs,  développer aussi la micro assurance pour accroitre le taux de pénétration de l’Assurance aux Congolais et Congolaises à Faible revenu SANS SECURITE SOCIALE.



Afin d’avoir une idée plus claire des activités et de la structure des AGC, pouvez-vous nous communiquez quelques chiffres-clefs, tels que le nombre d’employés, le chiffre d’affaires ou le taux de croissance du dernier exercice ?

La progression de notre activité d’années en année nous permet aujourd’hui d’occuper la position de leader  dans le secteur des assurances – hors pétrole, possédant cinquante pour cent des parts de marché. Ce dernier s’élève à environ vingt milliards de FCFA, connaissant une période de contraction suite aux évènements de 1997-98 (environ trente milliards alors). Notre chiffre d’affaires pour l’exercice 2010 s’élève à dix milliards de FCFA, contre un million de FCFA en 2001. « Nous espérons par ailleurs dépasser le seuil des dix milliards, hors pétrole, au cours de l’année 2011. Nous avons des paiements de sinistres qui vont croissants, ce qui veut dire que notre retour dans l’économie congolaise [suit aussi cette tendance], nos provisions pour ce poste s’élèvent à près de cinq milliards de FCFA  ». Les AGC emploient soixante personnes, réparties sur les trois sites.

L’expansion de notre activité se fait aussi par un contrôle régulier de la Cima , du respect des normes d’exercice et des ratios d’activité, afin de veiller à une gestion rigoureuse et professionnelle.



En tant que Directeur Général de l’une des principales sociétés d’assurances du Congo, quels sont vos défis ?

Nous tenons à développer la formation du personnel, car « demain, le capital humain sera la richesse la plus importante d’une entreprise. Un personnel compétent assure une meilleure croissance et permet d’atteindre les objectifs ». Cet engagement permet de répondre à des besoins plus complexes et, nous l’espérons, contribue aussi au développement du pays.

Nous sommes actuellement une entreprise nationale, mais notre aspiration à étendre nos activités à l’international fait aussi partie de nos défis. Dans ce cadre, nous sommes membres du réseau Globus, né du regroupement de cinq sociétés et comptant aujourd’hui trente-quatre membres, répartis dans trente-quatre pays. La force de cette entité est le suivi des assurés et la conservation de leurs conditions d’assurance quel que soit le lieu où ils se trouvent.



Les AGC ont contribué l’année passée aux jeux nationaux de l’Office national de sports scolaires et universitaires en offrant 50 coupes aux participants. Pouvez-vous nous parler de vos engagements dans ces projets à caractère sociaux ?

Nous intervenons en effet dans le domaine sportif, en soutenant notamment les manifestations de l’Office National des Sports Scolaires et Universitaires (ONSSU) à travers le don de ces coupes.

Nous souhaitons aussi participer au développement de la micro finance, un mouvement qui tend à émerger. Cette activité répond davantage à une volonté de solidarité et de diffusion de la culture des assurances plutôt qu’à une question de rentabilité. Il s’agit d’établir le contact avec des clients potentiels et de sensibiliser à la nécessité d’assurer leur patrimoine. Nous cherchons aussi à aider les personnes qui ont besoin d’un soutien pour se protéger de certains risques.



Nos lecteurs s’intéressent aussi aux personnalités qui contribuent à la production de notre rapport économique. M IBATA, vous dirigez la principale compagnie d’assurances congolaise. Quel parcours vous a mené à la direction des AGC ?


J’ai suivi une formation en économie, spécialisation en assurances, en France. A la fin de mes études en 1973, lorsque je suis rentré en République du Congo, le gouvernement m’a demandé de créer une société nationale d’assurances, ce qui s’est concrétisé par la naissance des Assurances et Réassurances du Congo (ARC). Cette initiative a par ailleurs été assez mal comprise par les autres compagnies du secteur, qui ont décidé de se retirer du pays plutôt que de collaborer à une restructuration du marché. Le monopole de l’ARC s’est ainsi imposé de fait. Je faisais alors partie des premiers cadres supérieurs du secteur. Ma fonction au sein de l’ARC a pris fin en 1991, suite aux cycles des Conférences Nationales.

Dix ans plus tard, j’ai donc décidé de me relancer sur le marché par la création des AGC. Malheureusement, l’ARC a depuis connu quelques périodes troubles, limitant ainsi la concurrence dans le secteur. Je souhaite d’ailleurs que la restructuration de l’entité puisse résoudre cette situation dans les prochaines années.



La République du Congo présente un monde d’opportunités à qui est un bâtisseur. Malheureusement, cette réalité est souvent ignorée ou très peu connue en dehors des frontières du pays.
Quel message délivreriez-vous aux lecteurs désireux d’entreprendre afin que ce pays bénéficie de l’image positive qu’il mérite ?


« Il y a, au niveau du Congo, des opportunités pour qui veut faire une aventure dans un pays en développement pour faire en sorte que ces potentialités deviennent des réalités. Je pense que les investisseurs étrangers qui veulent venir dans notre pays et qui veulent participer, ensemble, à l’aventure du développement, ont leur place ». Il faudrait qu’il règne une confiance mutuelle entre les opérateurs économiques présents sur le marché. Nous ne voulons évidemment pas vivre en autarcie ; cependant, il ne serait pas plus souhaitable que les fruits de l’investissement repartent sous forme d’expatriation des fonds, ce qui laisserait le Congo sans ressources. « Nous devons, tous ensemble, la main dans la main, travailler pour le développement de ce pays. Il y a de la place pour tous. En mettant la croissance économique au service du développement, les autochtones et les investisseurs pourront être fiers du bilan de leurs actions. Chacun tirera partie de cette situation, en gagnant de l’argent, en créant des emplois et nous aussi, Congolais, à se mettre de façon profonde dans l’économie, à investir et à devenir de grandes sociétés, qui, pourraient [alors elles aussi] traverser  les mers et investir dans d’autres pays ».