Côte d'Ivoire: Interview with Thierry de Jaham

Thierry de Jaham

Directeur Général (Hotel Ivoire (Sofitel))

2015-01-06
Thierry de Jaham

Thierry de Jaham (Dg Sofitel Hôtel Ivoire) : « Je suis optimiste pour ce pays »

  • « Il y a énormément d’investissements en Côte d’Ivoire »
  • « L’Hôtel Ivoire est mythique »

 

A la tête d’un des Hôtels les plus prestigieux d’Afrique, Thierry de Jaham, Directeur Général du Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire est convaincu que la Côte d’Ivoire sera la locomotive de la sous-région. Au cours de l’entretien qu’il nous a accordé, il a notamment souligné les points d’embellie de l’économie ivoirienne.

 

 

En tant que personne qui exerce ici, en Côte d’Ivoire, pensez-vous que l’Afrique a tout ce qu’il faut pour prendre son destin entre ses mains ? Et comment percevez-vous le rôle actuel de la Côte d’Ivoire en Afrique de l’Ouest ?

 

Je ne suis pas le mieux placé pour répondre à cette question du fait de sa dimension politique. On voit que dans certains pays, il y a quelques problèmes de transition politique à l’image des événements au Burkina Faso. Donc, je ne souhaite pas m’étendre sur le continent. Ce qu’on peut dire c’est qu’économiquement, le continent est certes une source de croissance pour les entreprises africaines, mais aussi pour les entreprises internationales. Les Chinois, les Japonais, les Indiens, les Européens, les Nord-Américains viennent en Afrique pour trouver des leviers de croissance. Les  opportunités existent et l’idéal serait que les entreprises internationales qui utilisent l’Afrique comme levier de croissance puissent également participer au développement  des pays dans lesquelles elles se trouvent.

En ce qui concerne la Côte d’Ivoire, je suis très optimiste. C’est un pays qui se relève après avoir connu une quinzaine d’années de crise. Aujourd’hui, on voit qu’il y a énormément d’investissements qui sont en train de se faire, de projets qui sont en route. On peut saluer les efforts du gouvernement et du président car ce qui a été fait en trois ans tient presque du miracle. Il me plaît souvent à dire que la Côte d’Ivoire a eu un président bâtisseur qui est le président Houphouet-Boigny et un président rénovateur qui est le président Ouattara.
Tous ces projets – même s’ils prennent du temps car ils sont nombreux (routes, barrages …etc) - couplés au potentiel du peuple ivoirien, font que ce beau pays a un rôle à jouer sur la région ouest-africaine tout comme le Nigeria l’autre grand pays de la zone !

La Côte d’Ivoire, à mon avis, a et aura beaucoup de choses à faire dans les années qui viennent et sera poussée vers l’avant grâce à son  potentiel humain et une volonté politique nationale.

Autant d’années de crise ne s’effacent pas facilement même si les Ivoiriens  ont un grand potentiel, il ne faut pas oublier que pendant 10 ans, il n’y a presque pas eu de formation professionnelle, d’éducation. Les chantiers de développement restent donc nombreux.

 

Beaucoup de pays africains entendent développer le tourisme local. Selon vous, quels sont les atouts et les tares de la Côte d’Ivoire sur le plan touristique ?

 

L’aspect négatif est que le pays doit tout reconstruire, de nombreux projets sont en cours et pas que dans l’hôtellerie. Il y a eu récemment le vol inaugural d’Air Côte d’Ivoire pour la ligne Abidjan-Korogho. Pour joindre facilement le sud et le nord du pays. L’aéroport de Korogho a été entièrement rénové et pourra désormais servir de soutien à l’aéroport d’Abidjan et même des gros porteurs pourront s’y poser. L’aéroport de Korogho n’est pas un cas isolé car de  nombreux  efforts ont été faits afin de rénover les aéroports de Côte d’Ivoire. Autre symbole important, aujourd’hui, l’A380 d’Air France vient en Côte d’Ivoire.

Sur un autre aspect, cet hôtel (Sofitel Abidjan Hôtel Ivoire : Ndlr) qui appartient à l’Etat, est en cours de rénovations depuis plusieurs années. C’est dans le but, également d’attirer des touristes d’affaires. Il constitue une vitrine pour le pays et le gouvernement a pris conscience que l’Hôtel Ivoire devait être rénové. Et, il y a aussi l’environnement qui est important. Aujourd’hui, quand vous allez sur la plage de Bassam, ce n’est pas très propre. Un véritable travail est en train d’être effectué sur l’assainissement et la protection du littoral. Tout cela va prendre du temps. Quand je suis arrivé, on m’a dit qu’on faisait du ski nautique sur la lagune il y a 20 ou 30 ans. Aujourd’hui, c’est impossible compte tenu de son état. Mais, il  y a le projet de la nettoyer. Cela aussi est positif.

Hormis pour le tourisme d’affaires et le tourisme politique, les Européens et les Nord-Américains viennent pour découvrir une culture, une faune et une flore. Donc, tous les parcs nationaux doivent être remis en l’état. Il y a beaucoup de choses à faire, même en termes de promotion de la Culture. Il y a du chemin à faire, les autorités sont sur la bonne voie.

Elles ont également facilité l’accès au visa. Tout cela, est à encourager.

Maintenant, il faudra attendre quelques années avant que la Côte d’Ivoire ne devienne  un pays véritablement touristique.

 

Pensez-vous que le lien entre l’Hôtel Ivoire et le groupe Accor peut aider à la promotion de l’image de la Côte d’Ivoire ?

 

Je le pense. Cet hôtel devait revenir sur la carte internationale. Il avait été géré par un autre groupe international à l’époque. Ce groupe est parti. Lorsque le président Ouattara et son gouvernement sont venus, ils ont souhaité remettre la gestion de cet hôtel à un groupe international spécialiste. Nous avons eu la chance de gagner et de signer un contrat de gestion avec le gouvernement. Cet hôtel est mythique, c’est vrai. Mais, il a fallu rassurer les clients internationaux et nous devons continuer de le faire. Lorsque vous mettez une enseigne Sofitel sur un hôtel, tout de suite, vous rassurez, les clients en termes de qualité, de prestation de service, d’hygiène. Ce qui fait que les clients sont de plus en plus à l’aise lorsqu’ils viennent dans des hôtels gérés par notre marque. L’ouverture du bâtiment principal est prévue pour le second trimestre de l’année 2015. On va donner un visage nouveau à cet établissement. Nous travaillons beaucoup pour qu’il redevienne le centre de vie qu’il a été dans les années 1980 à 2000.
Nous avons d’autres activités qui se déroulent. Des concerts, des mariages, etc.. Nous avons constitué un lounge qu’on appelle l’Oasis pour que la société abidjanaise puisse profiter des installations pour les activités de loisir et culturelles. Nous allons faire un spa, univers que nous n’avions pas auparavant. Nous avons complètement refait ‘’Le Toit d’Abidjan’’ qui est un restaurant gastronomique entièrement rénové, avec une nouvelle carte et une nouvelle équipe. Nous avons construit une terrasse qui plait énormément.
Les semaines sont ponctués par différents RDV,  ‘’les Ladies night’’ les jeudis, Les vendredis So Fun, Les Cocktails Fan club ou encore les Pool Parties et les cours de cuisines.

Grâce à nos différents canaux de distribution (nous avons des bureaux de vente internationaux, des sites internet, des partenariats internationaux avec des promoteurs, etc) nous arrivons à dynamiser les ventes et cela nous permet d’attirer des clients. Nous donnons une garantie de qualité qui n’existait pas lorsque l’hôtel n’était pas géré par Sofitel.

 

Au vu de l’environnement, conseilleriez-vous à d’autres opérateurs économiques de venir investir en Côte d’Ivoire ?

 

Je suis assez optimiste pour l’avenir de ce pays. Dans les années immédiates surtout. Je sais que l’Afrique fait un peu peur pour de multiple raisons. C’était le cas de la Côte d’Ivoire pendant toute la décennie 2000. Aujourd’hui, le gouvernement est en train de stabiliser le pays, de faire en sorte qu’il puisse à nouveau, accueillir des investisseurs étrangers de toutes nationalités. Je suis optimiste. Après, personne n’est devin. Mais, à priori, c’est un gouvernement qui table sur le long terme et sur une stabilité du pays. Donc, on y va !