Guinea, Republic of: Interview with Mr Frédéric Bouzigues

Mr Frédéric Bouzigues

Directeur Général (Société Minière de Boké)

2016-12-13
Mr Frédéric Bouzigues

La Société minière de Boké-Winning Africa (SMB-WAP) est un jeune consortium guinéo-chinois prometteur sur le marché guinéen de la Bauxite. Pouvez-vous nous en dire plus sur la naissance de ce consortium ?


Né en 2014, le Consortium à la tête de ce projet est une force d’entreprise parmi les plus performantes dans leurs secteurs respectifs.


Tout d’abord, nous avons Wei Qiao Group Limited qui est l’un des plus grands producteurs d’Aluminium et d’Alumine au monde, côté à la bourse de Hongkong. China Hongqiao Group Co. Ltd est une très grande entreprise avec un actif total de 83,4 milliards de yuans et plus de 46.000 employés, couvrant les secteurs de thermo-électricité, d’ alumine, de l’alliage d’aluminium liquide, des lingots d’aluminium, des produits de coulage d’alliage aluminium, des bus d’aluminium, des plaques d’aluminium de haute précision et de feuille ainsi que des nouveaux matériaux. Il est le plus grand fabricant d’aluminium du monde.


Ensuite il y a Winning International Group, basé à Singapour, ce groupe est l’un des plus importants opérateurs et transporteurs maritimes en ASIE avec plus de 90% de la bauxite transportée vers la Chine. Winning est l'un des principaux opérateurs pour les entreprises de production d'alumine en Asie.


Puis il y a UMS Guinée SARL qui est leader dans le transport et la logistique en Afrique de l’Ouest, avec 20 ans de présence en Guinée au plus haut niveau. Forte de ses 1.000 collaborateurs en 2015, UMS Guinée SARL est une entreprise citoyenne et certifiée ISO 9001 depuis 2013.


Pour permettre la réalisation de ce projet d’envergure en Guinée, le Consortium d’entreprise a créé deux entités en Guinée : La Société Minière de Boké (SMB), qui exploite la bauxite dans la région de Boké et la société Winning Africa Port SA (WAP), qui assure toutes les opérations des terminaux du port fluvial sur le Rio Nuñez pour l’évacuation de la bauxite.

 

 

La Société minière de Boké-Winning Africa se targue de posséder un modèle innovant dans le secteur de la Bauxite en Guinée. En quoi votre modèle va-t-il révolutionner l’industrie minière pour la Guinée ?


Il faut déjà rappeler que chez SMB nous avons à faire à des personnes dont la logistique est le métier. L’industrie extractive concernant la bauxite n’utilise chez nous aucun produit, aucune transformation, aucun séchage ou brulage, ce qui fait qu’il ne reste qu’un aspect d’excavation. Nous excavons la bauxite, la chargeons dans les camions qui la transportent jusqu’aux ports, et des ports jusqu’aux bateaux elle est transportée par des barges.


Par ailleurs, ce processus est fait par le numéro 1 du transport terrestre en Afrique de l’Ouest, UMS, qui a une force sur le terrain de plus de 350 camions aujourd’hui –dont des camions citernes HFO, ensemble citernes de carburant et citernes ciments avec 177 tracteurs et plateaux pour le transport divers et portes chars dédiés aux transports spéciaux- ; et avec la société Winning -qui est un des plus grands transporteurs maritime d’Asie et le leader dans le transport de la bauxite vers la Chine- qui met dès aujourd’hui 30 barges à disposition sur le fleuve et une trentaine de navire de taille Capesize pour charger la bauxite. Ainsi, du point A jusqu’au point Z, de l’excavation jusqu’au chargement, nous avons cette force logistique qui est déployé sans autre contrainte puisque la bauxite ne s’arrête nulle part pour une quelconque transformation.


Ensuite, le second point est que notre processus est rendu possible car nous avons fait le choix de ne pas solliciter auprs du gouvernement une convention ou des exonérations, en appliquant le code minier dans son sens le plus simple. Concrètement, nous avons tout d’abord obtenu un permis de reconnaissance pour faire nous-mêmes la reconnaissance sur le terrain d’une zone qui n’était pas limitée dans le cadastre minier et que personne n’avait regardée –ce qui a pris quasiment 9 mois. Par la suite, nous avons obtenu notre permis de recherche et avons suivi le code minier à la lettre ainsi que tous les textes quant il s’agissait de donner nos résultats régulièrement.


Avec nos moyens financiers nous permettant d’aller vite et de faire des campagnes de forage rapide, dans le respect de la législation en vigueur, nous avons pu dès les premiers résultats, et à l’aide de nos laboratoires sur place, dire si les résultats étaient prospectifs ou non. Une fois les résultats positifs, nous avons procédé à notre demande de permis d’exploitation six mois après avoir obtenu le permis de recherche et démarrer la phase de production.


Tout cela a bénéficié aux deux parties dans un partenariat gagnant-gagnant.

 

 

Ne bénéficiant d’aucune exonération, PWC contrôle le paiement des taxes en devises de la SMB à l’Etat et SGS l’analyse des cargaisons. Dans quelle mesure votre modèle de fonctionnement bénéficie-t-il à l’économie Guinéenne ?


Pour cela, il faut se référer à une note d’impact qui a justement été faite par PWC sur le marché bauxitique, et la SMB en particulier, qui permet de constater les perspectives dans les années à venir. Ainsi, l’entrée en production de la SMB a permis à la Guinée de doubler ses exportations de Bauxite dès 2016 avec environ 12 millions de tonnes de bauxite d’ores et déjà exportées. Puis, dès 2017, la SMB augmentera sa production ce qui fera d’elle la première société de bauxite du pays avec environ 30 millions de tonnes exportées, passant ensuite à 35 millions de 2018 à 2022. Avec l’entrée dans le marché de la SMB, le doublement des capacités de la CBG et l’entrée en jeu de nouveaux acteurs, cela propulsera la Guinée en qualité de premier producteur de Bauxite au monde dès 2018 avec plus de 80 millions de tonnes produites.


Sur la seule année 2016 la SMB a contribué à hauteur de 30 millions de dollars US, en taxe d’extraction et d’exportation. A côté de ça, étant donné qu’il n’y a pas d’exonération et de vacance fiscale, tout ce qui est importation, cordon douanier, taxe sur les carburants, taxe sur les salaires, charges sociales réunis sur 2016 représentaient dès les premiers mois 15 millions de dollars par mois injectés dans l’économie guinéenne. Ainsi, dès la première tonne nous avons pu constater qu’il y avait un intérêt pour l’Etat et une perspective intéressante pour les quatre prochaines années pour la vie de la mine et de notre permis.


nous continuons parrallellement à solliciter auprès du Gouvernement guinéen des ressources supplémentaires pour continuer dans cette dynamique car nous avons deux terminaux fluviaux qui ont chacun une capacité de traitement pour mm’exportation d’environ 25 millions de tonnes de bauxite. Ainsi, si nous avons suffisamment de réserve, notre consortium pourra atteindre une production de 50 millions de tonnes ce qui, combinée avec les taxes et autres impôts, aurait un impact considérable sur l’économie du pays et son développement.

 

 

Parallèlement, la SMB-WAP se définie comme une entreprise éco-citoyenne de par sa responsabilité sociétale car elle participe quotidiennement à aider la population de la région de Boké et conduit une politique de ressource humaine pour le plus grand respect des employés. Quelles sont les engagements pris par la SMB auprès de la population Guinéenne dont vous tirez le plus de fierté ?


Depuis le départ, la SMB a une forte implication avec les communautés sur l’ensemble de nos sites -près des terminaux fluviaux, sur les zones d’extraction, sur les constructions des bases vie et logistiques. Il y a aussi l’emploi qui est le résultat majeur de notre implication avec les communautés car nous nous sommes engagés à employer dans toutes les localités sur lequel le projet fonctionne. Nous avons ensuite la participation auprès des populations de l’amélioration des conditions de vie par la construction d’écoles, de centres de santé, de campagnes de construction de forage d’eau. Nous sommes également en train –après avoir construit une piste minière- de construire une piste rurale pour éviter que celle réservée aux mines soit fréquentée par le public..


A côté de cela, la formation est un pilier de notre politique sociétale avec un centre d’alphabétisation que nous avons créé pour permettre aux jeunes qui étaient sans diplôme ni formation d’avoir un premier vernis, de manière à pouvoir ensuite les embaucher dans notre entreprise. En aussi en matière de contenu local, pour les métiers de la marine, , le groupe Winning en association avec l’Institut Marine Jiantsu à commencer à dispenser des cours pour former et les futurs marins, pilotes de navire et remorqueur ici en Guinée.

 

 

En plus des avantages économiques et sociaux, qu’en est-il de l’aspect environnemental quand on sait que l’industrie minière est réputée polluante ?


L’impact environnemental est minime car nous avons en premier lieu un métier exclusivement d’excavation sans transformation, séchage, ou brulage ici ou d’adjonction de produit chimique et nous avons la chance d’avoir une bauxite traitée en bloc ce qui ne répand que très peu de poussière dans l’air.


Puis, sur les points d’excavation, nous avons commencé des programmes de réhabilitation et réaménagement des zones excavées avec des cultures et des plantations d’arbre comme l’anacardier, et le palmier à huile. Ce qu’il faut savoir est que les lieux où nous excavons ne sont pas des lieux agricoles car ce sont des carapaces ferreuses où l’agriculture n’existait pas. une fois l’exploitatin de la bauxite terminée- nous nous retrouvons avec de la terre végétale totalement propice à l’agriculture. Ainsi, notre action d’excavation et de prélèvement de la bauxite est aussi écologique car nous transformons une terre inexploitable en une terre végétale et fertile ce qui favorise l’agriculture et des programmes ambitieux de plantations diverses.


L’impact sur l’environnement terrestre est donc minime, et il en est de même sur l’environnement halieutique car les barges que nous utilisons sont à « fond plat » et nous utilisons les mouvements de la marée sur le fleuve pour ramener les barges vers les ports ou les ramener vers les navires en pleine mer. Nous ne monopolisons donc que très peu d’énergie artificielle pour pouvoir transporter notre bauxite et ne faisons quasiment pas recours à des activités industrielles.

 

 

En plus du poste de Directeur Général de la SMB, vous êtes également conseiller consulaire auprès de l’Ambassade de France en Guinée et en Sierra Leone, représentant des français à l’étranger. Fort de votre engagement professionnel et personnel pour la Guinée, à quel point ambitionnez-vous de contribuer au développement du pays ?


Mes engagements personnels sont un prolongement de mes engagements professionnels, une « mise à disposition » de mes expériences. Ces engagements concernent également la jeunesse et les ressortissants français -en qualité de conseiller consulaire de l’Ambassade de France- ou des opérateurs économiques, de par mes attributions de Conseiller au Commerce Extérieur de la France.


Je souhaite en faire bénéficier le plus grand nombre et contribuer modestement ainsi au développement du pays.