Guinea, Republic of: Interview with S E Mamady Youla

S E Mamady Youla

Premier Ministre de la République de Guinée (République de Guinée)

2017-10-17
S E Mamady Youla

Excellence, étant donné ses ressources énergétiques, minières et agricoles, la Guinée a le potentiel pour devenir encore un plus grand et plus important acteur dans la région. Selon vous, quelles sont d’autres opportunités d’investissement pour la Guinée?

La Guinée est un pays de l’Afrique de l’Ouest, indépendante depuis bientôt 59 ans. Elle dispose de par sa position particulière, son histoire et sa géographie d'un potentiel que je qualifierais d’unique et ce dans de nombreux secteurs d’activités.

Par ailleurs, la Guinée possède un avantage comparatif majeur par rapport aux autres pays voisins, à savoir ses quatre grandes régions distinctes. Vous avez une zone de savane (Haute Guinée), une zone de forêt (Guinée Forestière), une zone de montagne (Moyenne Guinée) et la zone côtière (Guinée Maritime) avec des plaines. Donc, vous avez cette diversité qui autorise le développement de beaucoup d'activités économiques. C’est un potentiel qui est lié à cette diversité.

En ce qui concerne le secteur du développent rural, que ce soit l’agriculture, l’élevage, la pêche et toutes les industries associées à ces domaines, la Guinée dispose d’énormes ressources. En premier lieu des terres arables propices à l’agriculture évaluées à plus de six (6) millions d’hectares qui, pour l’essentiel, restent à être valorisés.

De plus, la Guinée dispose d'une façade maritime de plus de 300 km ouverte sur l'Océan Atlantique et des ressources halieutiques importantes. Ce qui, bien entendu, offre d’énormes possibilités d’investissement dans le secteur de la pêche.

La Guinée a également un potentiel avéré dans le secteur minier, dans la mesure où elle possède des ressources minières parmi les plus importantes au monde. C’est le cas de la bauxite dont elle détient plus du tiers des réserves mondiales, estimées à plus de 7,4 milliards de tonnes mais aussi du minerai de fer dont elle dispose des réserves les plus importantes non encore exploitées. Ce n’est pas un grand pays en termes de superficie, à peine un quart de million de kilomètres carrés, précisément 245 857km2, mais elle l’est en terme de ses importantes ressources, Bauxite matière première pour l’Aluminium, le Fer, l’Or, le Diamant, etc.

La Guinée est aussi souvent qualifiée de « Château d’eau de l’Afrique de l’Ouest » parce que de nombreux fleuves de la sous-région et sept (7) parmi les plus importants du continent y prennent leur source. C'est le cas notamment du fleuve Niger, le troisième plus long fleuve du continent.

Par ailleurs, la Guinée dispose d’importantes opportunités de développement d’infrastructures stratégiques aussi bien pour le développement économique du pays que pour le développement de la sous-région. C'est le cas d’infrastructures routières, ferroviaires, portuaires, mais aussi des nouvelles technologies de la communication et de l'information. Dans tous ces domaines il y a un potentiel réel et avéré qui existe et qui pourrait intéresser d’éventuels investisseurs. De surcroit, elle dispose d’une main d’œuvre de plus en plus qualifiée et d’une population jeune en forte croissance.


Il y a bientôt deux ans le Professeur Alpha Condé a obtenu un deuxième mandat avec 58% des voix de l'électorat. Cela lui a permis de poursuivre la réalisation de projets conçus au cours du premier mandat. Quels étaient les objectifs de votre gouvernement réalisés jusqu’aujourd’hui au niveau national et international ?

Effectivement le professeur Alpha Condé a été élu en 2010 et il a été réélu en fin d’année 2015 au premier tour. Je dois dire que sa réélection doit beaucoup à certaines réalisations parmi lesquelles les réalisations dans le domaine de l’énergie. La Guinée souffrait d’un déficit énergétique très important ; ce qui a amené le Président de la République, au cours de son premier mandat, à lancer la réalisation d’un des plus importants projets énergétiques du pays avec la construction du barrage hydroélectrique de Kaléta. Ceci a été vivement apprécié par les Guinéens. Ce projet a permis à de nombreuses localités en Guinée de voir l’électricité pour la première fois, pour certaines, et, pour d’autres comme Conakry par exemple, d’avoir une alimentation un peu plus régulière. Au-delà de Kaléta, il y a eu d’autres investissements dans des centrales thermiques qui sont venus renforcer la capacité de la compagnie nationale d’électricité, EDG, pour satisfaire la demande sans cesse croissante des populations.

S’agissant du secteur du développement rural, Il y a eu des projets d'appui à l’agriculture, à l’élevage et à la pêche qui ont entraîné une véritable des activités dans ce secteur. Au niveau des infrastructures, de nombreuses initiatives touchant notamment les infrastructures de transport, les infrastructures d’appui aux nouvelles technologies, les infrastructures sociales, ont été lancées avec succès. En somme, Il y a eu toute une nouvelle politique d'impulsion de l’économie qui a été donnée au cours de ce premier mandat. Toutes ces réalisations ont donc permis la réélection du Professeur Alpha Condé au premier tour avec 58% des suffrages exprimés.

Nous sommes effectivement dans la deuxième année du second mandat du Président. L’un des premiers actes qu’il a posés au début de ce second mandat fut la pose de la première pierre et le lancement du projet de construction du barrage de Souapiti. Un projet dont la puissance installée est le double de celle du barrage de Kaléta. C'est un défi personnel que le Chef de l'Etat s'est lancé pour réussir l'électrification de la Guinée. Il a, dans cette perspective, pris des initiatives dans les domaines de l'énergie et en particulier des énergies renouvelables. Il existe donc aujourd’hui des projets de grande envergure qui sont portés par le Président de la République ; ces projets qui ont un intérêt national évident et qui devraient assurer une certaine autosuffisance en énergie électrique du pays, permettront à la Guinée d’exporter de l'énergie dans la sous-région à moyen terme.


Ces dernières années le pays a fait de grands progrès au niveau de la transparence et de la démocratisation. Cela favorise les investissements étrangers et stimule la croissance économique. Pourriez-vous nous énumérer brièvement les changements socio-économiques les plus remarquables ? Quelles sont vos projections pour l'avenir?

Il faut rappeler que le Président Alpha Condé a été élu après deux années très difficiles pour la Guinée car le pays était sous la coupe d'une junte militaire qui a pris le pouvoir par la force.

A l’arrivée au pouvoir du Président de la République, un certain nombre d'institutions prévues par la constitution guinéenne n’étaient pas opérationnelles tandis que d’autres n’étaient tout simplement pas créées. Il y avait par exemple une instance appelée Conseil National de Transition (CNT), qui faisait office de Parlement. Par la suite, des élections législatives ont été organisées pour mettre formellement en place l’Assemblée Nationale (Parlement). C’est le cas également de toute une série d'institutions usuellement appelées ‘’Institutions Républicaines’’ qui sont prévues par la Constitution Guinéenne et qui ont toutes été mises en place. Parmi celles-ci on peut citer la Cour Constitutionnelle qui est un élément qui a permis de créer des conditions d'exercice de l'Etat de droit. En ce qui concerne le secteur de la justice, le Conseil Supérieur de la Magistrature a été mis en place. Il joue aujourd'hui un rôle très important, car il garantit non seulement une certaine liberté au niveau de la justice, mais veille également au respect de la loi. D’autres institutions comme la Cour des Comptes, l’Institut National Indépendante des Droits de l’Homme (INDH), la Haute Autorité de la Communication (HAC) ont été également mises en place.

Tout ceci a permis un meilleur exercice de l'Etat de droit et de la démocratie. Il y a par exemple un statut du leader de l'opposition qui a été adopté à l'initiative même du Chef de l'Etat.

En ce qui concerne le Gouvernement que j'ai l'honneur de diriger, il a été mis en place au début de l’année 2016 à la suite de ma nomination en fin d'année 2015. Depuis ce moment nous avons initié un certain nombre de projets suivant différents axes. Le Gouvernement met en œuvre ou matérialise les objectifs qui lui sont assignés par le Chef de l'Etat. Depuis l’année dernière, nous travaillons sur la mise en place d’un Plan National de Développement Economique et Social (PNDES) à l’horizon 2020 qui définit le cadre de l'ensemble des politiques à mettre en œuvre pour réaliser la mission que nous a été assignée par le Chef de l'Etat à travers à travers sa Lettre de Mission au Premier Ministre.

Nous avons, à travers ce plan, défini quatre (4) axes prioritaires qui vont concourir à atteindre ces objectifs visant à créer de meilleures conditions de vie pour nos populations. Il s’agit, dans un premier temps, de promouvoir la bonne gouvernance dans le cadre du développement économique ; nous avons ensuite, comme axe prioritaire, la transformation économique inclusive ; le troisième axe porte sur le développement inclusif du capital humain, c’est à dire tout ce qui concerne la formation, le renforcement des capacités ; et enfin, le quatrième axe est orienté vers la préservation de l’environnement et le développement durable.

Le rôle du Gouvernement c'est aussi de créer le cadre qui favorise l’investissement national mais surtout étranger. Nous mettons en place ce cadre pour améliorer le climat des affaires et inciter les détenteurs de capitaux à investir tout en leur offrant des garanties en ce qui concerne la sécurité de leurs investissements. La Guinée améliore chaque année son rang dans le classement ‘’Doing Business’’ de la Banque Mondiale depuis 2013. Nous avons gagné 16 places entre 2013 et 2016, ce qui fait que notre pays a été régulièrement classé au niveau mondial parmi les 20 pays qui font le plus de réformes au cours de cette période.

Comme évoqué plus haut, le deuxième axe prioritaire de mon Gouvernement est orienté vers la transformation économique comportant les actions qui concourent au développement économique et durable du pays.

Aujourd'hui, l’équipe gouvernementale a un ambitieux programme de développement des routes, des chemins de fer aussi bien pour le transport des personnes que celui des marchandises. Certaines initiatives sont liées aussi au développement des projets miniers. En ce qui concerne les infrastructures portuaires, nous avons un projet d'extension du Port Autonome de Conakry, mais aussi de certains ports miniers. Nous prévoyons aussi la construction de nouveaux ports pour l'exportation des minerais. S’agissant des infrastructures routières, nous avons réalisé des ponts et des routes reliant Conakry au reste du pays pour améliorer la circulation des personnes et des biens et accroitre les échanges entre la Guinée et les pays frontaliers (Mali, Sierra Leone, Cote d’Ivoire, Sénégal, Guinée Bissao, Libéria). Ce sont des secteurs dans lesquels nous comptons attirer les investisseurs. Des politiques sont déjà mises en œuvre pour attirer ces investissements.

Un autre secteur auquel nous nous intéressons est le secteur agricole. La Guinée a un potentiel important dans ce domaine. La Guinée était le premier exportateur de bananes et d'ananas à la fin des années 50. Il y a dans ce secteur, un véritable potentiel qui n'a jamais été mis en valeur. Le Gouvernement a mis l’accent depuis le premier mandat sur la sécurité alimentaire et entend poursuivre dans cette direction avec le programme PASANDAD (Programme Accéléré de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle et de Développement Agricole Durable). De nombreuses initiatives portant sur les cultures vivrières (riz, fonio, manioc, pomme de terre, etc.) et les cultures de rente (ananas, anacarde, café, cacao, palmier à huile, coton, etc.) ont été lancées et bénéficient de l’accompagnement du Gouvernement. Les besoins spécifiques en engrais organiques sont passés de moins de 20 000t à plus de 60 000 tonnes en 2017. Le Gouvernement assiste également les producteurs en achetant directement leur production à des prix compétitifs et sur les lieux de production. Pour améliorer la productivité dans ce secteur, le Gouvernement a déjà identifié les différents défis auxquels fait face le département en charge du développement agricole.

Toujours dans le domaine rural, nous avons également quelques actions portant sur l'élevage et la pêche. La Guinée est l'un des pays qui a une grande tradition d’élevage et des races bovines parmi les plus résistantes telle que la race N’Dama, etc. Ceci explique le fait que certains pays de la sous-région s’approvisionnent en Guinée. Aujourd'hui, nous comptons encourager les investissements à travers des partenariats public-privé afin de relancer ce potentiel. Il en est de même pour le secteur halieutique.


Quelles sont, selon vous, les plus grandes richesses de la Guinée ?

En 2007, la Banque Mondiale a publié un livre intitulé « D’où vient la richesse des nations ». Ce livre décrit le calcul des estimations de la richesse selon plusieurs critères et ses composantes concernant près de 120 pays. Sur le critère du potentiel économique rapporté au nombre d’habitants, la Guinée arrivait en tête en Afrique. Mais sur d'autres critères comme les ressources humaines, la Guinée se trouvait à un niveau très bas.

En termes de superficie, la Guinée est un petit pays qui fait à peine un quart de million de kilomètres carrés, précisément 245.857km2. Cependant, elle regorge des plus importantes réserves mondiales de bauxite et de minerais de fer non encore exploitées. Le sous-sol de la Guinée renferme également de l’or faisant partie des meilleures teneurs au monde, titrant entre 85,0% et 98,0% (soit de 20 à 23,5 carats), du diamant et bien d’autres minerais. C’est à ce titre que le pays est souvent qualifié de scandale géologique.

Il est important de souligner que ce potentiel n’a presque pas été entamé tout comme les potentiels agricoles et halieutiques, ce qui explique la pauvreté de la Guinée. Il y a donc un impérieux besoin de mobiliser des investissements et de mettre le pays au travail pour pouvoir libérer ce potentiel, d’autant plus que nous disposons d’une population jeune et active, près de 70% de la population ayant moins de 30 ans.


Les bonnes relations entre la Chine et la Guinée plongent leurs racines dans l’histoire récente de nos deux pays. La Chine fut l'un des tous premiers pays à reconnaître la République de Guinée. L’année dernière, le Président avait effectué une visite d'Etat en Chine qui a permis aux relations sino-guinéennes d'accéder à un nouveau palier. Cependant, il l'avait dit lui-même: "Nous voulons que la coopération économique avec la Chine soit plus forte que la coopération politique". Qu’est-ce que cette coopération signifie pour le pays et quelles sont vos prévisions pour les mois à venir?

Je veux rappeler qu'il y a une relation historique forte entre la Guinée et la Chine. Aujourd'hui, après des années de ralentissement, les deux Chefs d'Etat ont relancé cette coopération qui était très importante dans les années 60 et 70. La Guinée a été le premier pays en Afrique à établir des relations avec la Chine. La première Ambassade de Chine en Afrique subsaharienne a été ouverte en Guinée. Il y avait une coopération sur tous les plans et des liens politiques très forts entre les deux pays.

Ceci explique entre autre la récente signature d’un accord-cadre entre les deux pays qui jette les bases d'une importante coopération future. Cet accord porte sur un financement de l'ordre de vingt (20) milliards de dollars dans des secteurs où la Guinée a des besoins d’investissement, notamment les secteurs permettant d’assurer une transformation économique inclusive et où la Chine également est aujourd'hui le premier marché comme les matières premières, en particulier les métaux de base tels le fer et la bauxite.

Cette coopération avec la Chine, première économie au monde, est importante pour la Guinée. Cependant, la Chine a elle aussi besoin d’établir un partenariat stratégique pour sécuriser son approvisionnement à long terme. Il est donc évident qu'il y a de la place pour établir un partenariat stratégique mutuellement bénéfique.


C'est vrai que l'intérêt des investisseurs étrangers est de plus en plus visible et on en parle souvent. En quoi la présence du secteur privé est-elle importante pour le développement du pays et comment votre gouvernement travaille pour améliorer les rapports entre le public et le privé?

Aujourd'hui nous souhaitons, que la coopération sino-guinéenne se fasse davantage sur le terrain économique. Je vous ai dit que la Chine elle-même a mis l'accent sur la coopération économique. Ceci dit, la mise en œuvre de cette coopération impliquera forcément des opérateurs qui sont en grande partie du secteur privé ou qui agissent comme des entités privées en ce qui concerne notamment les règles de gestion et les modalités de mise en œuvre des projets.

Nous savons qu'en Chine il y a beaucoup d'entreprises étatiques, mais lorsqu'elles viennent investir dans un pays elles travaillent comme des entreprises privées.

Dans l’accord cadre évoqué plus haut, on identifie des projets qui sont étudiés et dont la rentabilité est établie. De plus, les modalités d'investissement se font selon les conditions traditionnellement connues et appliquées lorsqu'un investisseur public fait face à une banque privée pour financement. Il y a des banques qui ont été identifiées et qui vont financer ces projets. Tout cela devrait garantir le succès de cet accord et permettre la réalisation des projets.

A titre d’illustration, pour produire la bauxite ou le minerai de fer il faut mettre en place de véritables entités organisées sur le modèle d'une entreprise privée qui vont se charger de leur exploitation. De plus, Il faut organiser cette production en respectant les critères de rentabilité économique et financière.


Membre fondateur et premier Président de la Plateforme de Concertation du Secteur Privé Guinéen, vous avez également été Président de la Chambre des Mines de Guinée, et êtes désormais Premier Ministre de la République de Guinée. Quelles ont été vos acquis les plus précieux vous permettant de réussir en qualité de leader?   

Je pense qu’il est important de s’engager et de prendre des initiatives.

J'ai travaillé dans le secteur des mines, il y a quelques années. A l’époque, beaucoup de choses ne marchaient pas et l’entreprise que je dirigeais était confrontée à ces problèmes. Donc, il était difficile d’agir en tant que responsable d’une entreprise. Parfois il fallait engager des discussions soit avec le Gouvernement ou les entités publiques pour résoudre ces difficultés. C’est la raison pour laquelle, je me suis orienté vers la Chambre des Mines dont je suis devenu le Président par la suite. C’était pour moi une manière d’engager le dialogue avec les pouvoirs publics, au nom de l’ensemble du secteur minier en Guinée. Ce dialogue était important pour permettre le développement des investissements privés notamment étrangers dans le secteur minier.

Ensuite, je me suis rendu compte qu’au-delà du secteur minier, il fallait faire  en sorte que le secteur privé puisse fonctionner de manière harmonieuse. A ce niveau il y avait beaucoup de difficultés. C’est pour cela que nous avons initié la Plateforme de Concertation du Secteur Privé Guinéen. Cette plateforme regroupe l’ensemble des organisations patronales et professionnelles du secteur privé. Nous avons mis en place cette plateforme en nous inspirant de la dynamique de la Chambre des Mines, entité la mieux organisée et structurée de toutes ces organisations à l’époque.

Donc, pour pouvoir parler d'une seule voix à l’Etat, organiser les actions de manière efficiente et concertée, il était nécessaire de créer cette plateforme où tous les acteurs privés des différents secteurs d'activités participent. Le but de la plateforme est de participer à ce que nous avons appelé « le dialogue public privé » qui a pour objectif de discuter des questions de développement du secteur privé en Guinée, entre des représentants dûment mandatés de ce secteur et les pouvoirs publics.

Au moment où on avait plus ou moins organisé le secteur privé pour pouvoir dialoguer avec les pouvoirs publics, j'ai été nommé Premier Ministre. Je me suis retrouvé en face de ceux que je représentais avant.

Nous continuons aujourd’hui ce dialogue qui doit permettre de structurer les initiatives privées en Guinée. C'est un peu plus facile pour moi aujourd’hui en tant que Premier Ministre de comprendre les besoins de secteur privé, après en avoir été un acteur et avoir été confronté aux réalités de ce secteur.

Je suis heureux aujourd'hui d’être à ce niveau pour comprendre comment on peut faciliter leur travail, faire en sorte que l'investisseur privé puisse travailler sans difficultés majeures. Pour cela, j'ai initié des rencontres mensuelles entre les représentants du secteur privé et le Gouvernement. Chaque mois, nous tenons une réunion de concertation afin de passer en revue toutes les questions qui constituent des points de blocage à l’investissement privé en vue de les résoudre et améliorer le cadre des affaires en Guinée.


Avant d’être nommé Premier Ministre, vous avez préalablement été le premier Guinéen à diriger une multinationale dans le secteur minier à la tête de GAC pendant plus de 10 ans, vous avez également travaillé 8 ans à la Banque Centrale de la République de Guinée (BCRG) sans parler de vos nombreuses années au sein de l’administration guinéenne, au sein de différents ministères ou bien aux Conseil d’Administration du Port Autonome de Conakry (PAC) ou d’ENELGUI entre autres. Etant donné cette riche expérience diverse, Quel héritage souhaitez-vous laisser à la Guinée à la suite de votre passage?

Ce parcours m’a donné une expérience riche et une connaissance approfondie de la Guinée et de l’économie guinéenne puisque j’ai travaillé dans les secteurs financier, économique et minier. Dans le secteur privé, je travaillais à un niveau qui me permettait d’aborder beaucoup de questions et de toucher de nombreuses réalités.

Me retrouver donc aujourd’hui à la tête du Gouvernement avec cette expérience, me permet de consolider les initiatives pour amener les secteurs public et privé à dialoguer dans un cadre organisé et structuré. Mais au-delà de ce cas précis, cette expérience accumulée au cours des années me permet de prendre des décisions, d’avoir plus de recul et une position plus avisée sur des questions spécifiques.

Aujourd’hui je suis très heureux de mettre cette expérience au service de mon pays, dans la mesure où c'était aussi la première fois que quelqu’un de mon profil, se retrouve à la tête du Gouvernement. C'est aussi une expérience de la gestion, une approche dans le secteur privé qui est généralement beaucoup plus structurée où les décisions sont prises après une évaluation de leur impact financier.

Quand vous avez cette expérience où chaque sous compte, il est judicieux de la mettre au service de l'Etat dans la gestion et la mise en œuvre des politiques publiques. Nous sommes conscients que ce n'est pas toujours facile et compris par les uns et les autres mais nous devons travailler pour notre pays et pour les populations qui attendent du Gouvernement des solutions concrètes à leurs problèmes.


Enfin, les lecteurs de South China Morning Post incluent une majorité d’hommes d’affaires et politiciens des plus influents de la Chine et du monde entier. Avez-vous un message final à leur adresser sur la Guinée qui les inciterait à venir faire des affaires et investir ici?

Comme évoqué plus haut, la Guinée a un potentiel extraordinaire de par ses ressources minières, agricoles, hydrauliques, halieutiques, etc. Ces potentialités lui offrent un attrait particulier et un avantage comparatif certain du point de vue investissements. Je voudrais aussi rappeler qu'avec l’arrivée du Professeur Alpha Condé à la tête de la Guinée en 2010, le pays s’est engagé dans une politique d’ouverture sur le plan diplomatique, économique, sociale et dans de nombreux autres domaines.

En ce qui concerne les investissements privés, il s’agit aussi d’une ouverture pour attirer des investisseurs. De plus, le Chef de l'Etat représente cette année l’Afrique car Président en exercice de l’Union Africaine. C'est aussi le signe que la Guinée mène une politique d'ouverture en direction de tous les pays du monde.

Nous avons une politique de main tendue à tous partenariats à travers le monde. Nous voulons donc que tous les décideurs de la Chine, mais aussi les simples citoyens de cette région de l'Asie, puissent venir en Guinée et partager avec nous la vision que nous avons sur le monde. Cette vision est portée par des valeurs de collaboration, de partage, de solidarité et de respect mutuel ; mais aussi des valeurs de développement durable et de paix, promouvant la préservation de notre environnement et le respect de tous les peuples.