The Republic of Guinea
from Rags to Riches












Mr. Cellou Dalein Diallo, Ministre des Travaux Publiques et des Transports



Interview de

Mr. Cellou Dalein Diallo,
Ministre des Travaux Publiques et des Transports

Contact:
P.O.Box 715
Conakry, Guinea
Tel : (224) 413639
Fax : (224) 413577

7 Avril 2000
Nous arrivons à un moment où un grand projet vient d'être réalisé, pouvez-vous nous donner un historique de la conception et de la réalisation du grand barrage de Garafiri ?

On ne peut pas dire grand chose d'historique sur ce projet. Ce projet sur le fleuve Konkouré date de la période coloniale, c'est à partir de 1992 qu'il a été pris à nouveau en charge par le gouvernement, qui a fait sa promotion interne et a essayé de faire sa promotion externe. Moi j'ai pu en tant qu'Administrateur adjoint des grands projets participer à cette promotion externe. J'ai été témoin des difficultés que nous avons rencontré pour la mise en place du financement. A cet égard il est important de rappeler qu'en avril 1994 une réunion des bailleurs de fond s'est tenue à Paris au cours de laquelle toutes les intentions de financement étaient pratiquement acquises. On devait donc pouvoir accélérer la mise en place de ces financements et procéder à la justification des marchés, mais, par la suite, un des principaux bailleurs de fond a émis des réserves sur sa participation au projet, c'était la BM qui avait annoncé un montant de 52 millions de dollars. Finalement elle a décidé de se retirer du projet, ce qui a causé d'énormes difficultés. A partir de là, on a essayé d'envisager d'autres solutions parce que le président de la République était particulièrement attaché à la mise en place de ce projet. Des réflexions ont été menées au niveau technique, on a essayé d'abord de convaincre les autres bailleurs de fond de rester et d'accepter d'augmenter leur participation pour faire face au déficit engendré par le départ de la BM. Cela a été confirmé au cours de la réunion qui a eu lieu en février 1995. Par la suite, on a constaté que la BAD n'était pas en mesure d'apporter sa contribution pour l'équivalent de 20 millions de dollars en raison des difficultés rencontrées au niveau du renouvellement de ses ressources BAD, donc elle n'était plus en mesure de participer au projet. Donc c'était une nouvelle défaillance dans le financement alors que celle créée par le départ de la BM n'était pas entièrement comblée même si des engagements plus importants avaient été pris par les autres bailleurs de fond. Il faut dire qu'il y a eu une véritable coopération entre le gouvernement et les différents partenaires du projet, une coopération où une volonté commune d'aller de l'avant a été toujours affirmé et ce bien avant que juridiquement les accords de prêt ne soient signés. Je dois dire que l'ensemble des bailleurs de fond qui ont participé à ce projet on fait preuve de beaucoup de bonne volonté et de beaucoup de flexibilité par rapport à la procédure, c'est ce qui a permis la réalisation du barrage dans les délais. On ne peut pas en tant que membre du gouvernement ne pas exprimer sa gratitude à ces institutions, tout autant qu'à leurs dirigeants et techniciens. Ce barrage a été réalisé dans le respect des normes et des délais, bien que le démarrage des travaux et le planning aient dû être réajustés plusieurs fois.

S'agissant plus particulièrement du ministère dont vous avez la charge, est ce que vous pouvez nous dire quel est selon vous l'axe le plus important sur lequel vous allez travailler ? quels sont les travaux publics qui sont à vos yeux les plus importants à réaliser dans les années à venir?

Au niveau du ministère chargé des travaux publics et des transports, il y a un programme d'investissement au niveau de la modernisation et de l'extension des infrastructures portuaires et aéroportuaires. En Guinée nous avons environ 2000km de routes. Vous savez que le pays a un relief particulièrement accidenté, c'est ce qui fait que les routes en terre résistent difficilement, le coût d'entretien de ces routes est très élevé. Nous avons un programme d'agrandissement du réseau routier asphalté dans le portefeuille nous avons des projets en cours d'exécution, ou qui sont sur le point d'être lancés, et qui vont avoir un coût global avoisinant les 300 millions de dollars. Si l'on prend l'exemple de la route kankan-kourémalé qui a besoin d'un financement total de 100 millions de dollars pratiquement entièrement mobilisé, nous sommes déjà entrain de lancer les Appels d'offre. Prenons un autre exemple, celui de la route kouroussa-kankan. Le pont sur le Niger coûte environ 35 millions de dollars et les travaux seront terminés en juin. Nous avons la réhabilitation de la route kissidougou-guèkédou-sérédou pour un montant de 20 millions de dollars et l'appel d'offre est lancée ; le pont sur le Fatala pour 20 millions de dollars, pour lequel le dossier d'appel d'offre est préparé et on attend la décision des bailleurs de fond. En plus il y a la route deux fois deux voies Tombo-G'Bessa sur l'autoroute qui demande un financement de 75 millions de dollars, nous avons tenu la réunion des bailleurs de fond. On a bouclé en terme d'intention de financement et on attend au mois de mai la mission d'évaluation des bailleurs de fond arabes qui cofinancent le projet avec l'AFD ; il s'agit du fond Koweïtien, la BADEA, le fond Saoudanien, le fond de l'OPEP, et la BAD. Là aussi normalement on devrait démarrer ce projet en l'an 2001, on attend que les financements soient approuvés par les différents conseils d'administration. Au niveau des routes voilà les grands projets en cours et à venir prochainement. Au niveau des infrastructures portuaires, nous avons un projet d'extension du PAC, le schéma directeur a été réactivé et le projet est estimé à 75 millions de dollars. Nous pensons organiser une table ronde avec les bailleurs de fond potentiels au début du second semestre 2000.

Que pouvez-vous nous dire de la politique de transport aérien et quelle importance l'État Guinéen lui donne-t-elle ?

Au niveau du transport aérien, il y a bien une politique qui vise à l'ouverture de la Guinée à l'extérieur, des investissements ont été réalisés au niveau de l'aéroport de Conakry pour le rendre compétitif en terme de prestations de service technique à la navigation et à l'assistance. Nous sommes entrain de réactualiser un schéma directeur pour voir à partir des projets que nous avons quels sont les investissements qui conviennent sur le moyen terme. Aujourd'hui l'aéroport de Conakry accueille environ 300 mille passagers, nous allons appliquer les différentes hypothèses et voir comment réagir à une augmentation du trafic, augmentation à laquelle travaille le gouvernement dans le cadre du développement du tourisme. Sur le plan technique et sur le plan de l'assistance, c'est la SOGEAC, société privatisée dont l'Etat est actionnaire à 50%, qui assure la gestion et qui fait face à l'essentiel des investissements. Pour le moment, il y a une évolution très modérée des besoins parce qu'il n'y a pas d'augmentation du nombre de passagers. Le Gouvernement s'emploie aussi à renforcer le cadre institutionnel, car en dépit de la libéralisation opéré dans ce secteur, le secteur privé n'arrive pas à répondre nos attentes. Sur plus d'une dizaine d'agréments octroyés, seuls deux ou trois compagnies aériennes restent encore opérationnelles.
Pouvez-vous nous dire, parmi vos domaines d'attributions, quelles sont les opportunités d'investissements et où en est la recherche de partenariats pour vos secteurs porteurs ?

Nous avons parlé de beaucoup de marché public, le ministère ne pouvant pas tous les prendre en charge, les entreprises peuvent donc soumissionner librement aux appels d'offre internationaux, par exemple s'agissant des investissements dans les infrastructures routières ou dans leur entretien. Le gouvernement cherche surtout à obtenir une prestation de bonne qualité donc on lance les appels d'offres et on laisse jouer la concurrence. La préoccupation essentielle que j'ai au niveau du secteur aujourd'hui c'est par rapport au chemin de fer. Nous avons une voie ferrée de 75 kilomètres construite au début du siècle, les équipements sont très dégradés. Nous souhaiterions avoir un investisseur qui pourrait être intéressé pour réhabiliter ce chemin de fer sous forme de BOT. Il existe un fret potentiel qui pourrait assurer la rentabilité du réseau. Ce fret provient principalement de la relance de la production agricole en Haute-Guinée, de la production minière avec l'ouverture d'une mine de bauxite à Dabola et aussi du fret Malien qui transite par le Port de Conakry. En effet, Bamako est à 900 Km de Conakry. Soit une distance plus proche que celle reliant la capitale Malienne à Abidjan ou Dakar.

Quels sont les aspects compétitifs de la Guinée qui peuvent attirer les investisseurs et comment y contribuez-vous ?

Des efforts importants ont été faits mais les progrès accomplis peuvent sembler minces par rapport aux autres. Il faut savoir que nous sommes allés trop loin dans la collectivisation. Les fonctionnaires et les citoyens ont une mentalité qui vient d'un régime communiste donc il y a parfois une résistance qui subsiste à plusieurs niveaux. Cependant, lorsqu'on regarde par rapport aux années 1984 ou au début de 1990 des progrès importants ont été accomplis au niveau des infrastructures, ce n'est pas parfait mais ça va beaucoup mieux. On peut téléphoner, on peut envoyer un fax, on a accès à Internet ; au niveau du réseau routier il y a une amélioration. On peut donc constater une plus grande disponibilité des facteurs de production. En ce qui concerne la compétitivité de ces infrastructures, on peut déjà dire qu'il y a un progrès important par rapport au manque d'infrastructures d'avant. Aujourd'hui ils sont disponibles, on a l'eau, l'électricité, la communication. Beaucoup de textes ont été élaboré comme le Code des investissements, le code des activités économiques ou le code financier. Bien entendu, l'application parfois n'est pas aussi efficace, d'ailleurs compte tenu du passé dont je vous ai parlé je pense que le gouvernement essaye de travailler à créer un environnement rassurant, sécurisant pour les investisseurs parce que l'investissement privé est l'axe central, l'instrument essentiel du développement tel qu'il a été élaboré depuis 1985. J'aime rappeler que la stabilité macro-économique est une facilité pour l'investisseur privé. Nous sommes conscients que c'est le secteur privé qui crée les emplois, qui paye les impôts donc qui contribuent au développement parce que s'il n'y a pas de contribution des impôts le déficit budgétaire serait comblé de façon non viable. Il faut qu'il y ait plus d'impôts pour que l'Etat puisse faire fasse à ses obligations au niveau de l'éducation, de la santé, de la lutte contre la pauvreté. Pour combler le déficit intérieur il faut qu'il y ait des entreprises qui embauchent, qui exportent, qui produisent et qui vendent, pour combler également le déficit extérieur il faut produire pour diminuer les importations et accroître les exportations donc toute la politique économique du gouvernement repose sur les performances du secteur privé.

Est-ce que vous pouvez nous parler de votre parcours, de ce que vous avez fait avant d'être ministre ?

J'ai passé l'essentiel de ma carrière à la Banque Centrale, j'ai été directeur de la comptabilité, directeur des changes, directeur général des affaires économiques et monétaires, de là je suis partie à l'ACGP où j'étais adjoint à l'administrateur général. J'ai travaillé là jusqu'en juillet 1996, puis j'ai été appelé au gouvernement. Je suis diplômé de l'université de Conakry, j'ai travaillé au ministère du commerce, j'ai été directeur commercial de grandes sociétés d'État avant d'aller dans le secteur bancaire, j'ai dû suivre une formation au Centre d'Etudes Economiques, Financiers et Bancaires (CEFEB) de Paris en1984-1985 puis je suis allé faire un stage de 4 mois en analyse financière au Fond Monétaire. J'ai fait quelques stages au Pays Bas, à New York et à la banque de France.

Est-ce que vous avez un message pour les investisseurs?

Je leur dirai que la Guinée est un pays qui a des potentialités importantes, c'est le moment de venir. Je suis convaincu que l'avenir pourrait être prometteur pour tout opérateur désireux d'investir en Guinée.


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© World INvestment NEws, 2000.
This is the electronic edition of the special country report on Guinea published in Far Eastern Economic Review (Dow Jones Group)
September 28th 2000 Issue.

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