Lebanon: Interview with S. E. M. Chucri Abboud

S. E. M. Chucri Abboud

Ambassadeur du Liban en Espagne

2010-05-27
S. E. M. Chucri Abboud

Les élections présidentielles du 7 Juin 2009 ont donné vainqueur M. Saad Hariri et sa coalition. Cette victoire a été perçue comme un signe fort qui incitait à l’optimisme. Saad Hariri a décidé de former un gouvernement d'unité nationale, rassemblant toutes les formations politiques libanaises, pour tourner la page des divisions du passé. Quel bilan faites-vous des avancées dans le pays depuis les dernières élections ?

M. Saad Hariri a réussi à former un gouvernement national grâce à la volonté de collaboration de tout les partis libanais. Les forces vives libanaises se sont unies pour faire partie de ce gouvernement et ont soutenu le Président de la république S.E. M. Michel Sleiman pour apporter la neutralité interne afin d’oublier les conflits qui ont déchiré ce pays pendant de nombreuses années. Le gouvernement d’unité nationale a développé le tourisme et l’industrie du Liban mais a également organisé des élections législatives et municipales. Ce système favorise le retour à la normalité du pays mais il est fragile car il est basé sur les intérêts de 18 communautés différentes. Chacune de ces communautés a une histoire propre et un système social différent mais elles ont décidé de s’unir ensemble dans un même pays, cette liaison est la force du Liban. Cette volonté d’union est tellement forte que même le pape Jean Paul II a déclaré ‘ce pays serait un exemple pour le monde, si toutes ces minorités peuvent vivre ensemble alors la paix est possible dans le monde’. Il faut donc encourager les minorités libanaises à travailler ensemble pour ne former plus que un. 

Le Liban jouit d’une position géostratégique unique entre l’Europe, l’Afrique et l’Asie et peut garantir une sécurité juridique aux investisseurs internationaux. Quelles sont selon vous les opportunités d’investissement les plus intéressantes pour les investisseurs internationaux ?

Le Liban offre un très bon niveau  de sécurité bancaire car il y a peu de pays qui ont un système bancaire aussi développé, sérieux, hautement professionnel et sain. Aucune banque libanaise n’est en déficit ce qui explique que la crise internationale n’a presque pas eu d'effets négatifs  le Liban. Ceci est également dû à la stabilité monétaire de la livre libanaise qui n’a pas eu d’inflation depuis il y a plus de 20 ans. Un des éléments qui renforcent ce système bancaire est le secret bancaire qui est très fiable. Beaucoup d’investisseurs étrangers l’utilisent, notamment nos pays voisins pétroliers car il est en conformité avec les exigences internationales et possède une grande liberté de transfert. Un autre atout du Liban est le faible taux d’imposition. Le Liban a la capacité de se reconstruire et de se restructurer rapidement. Il y a une croyance, un foi en le la vertu  la liberté politique, financière et économique qui fait du Liban un pays prospère. 

D’après les chiffres du Ministère du Tourisme, plus d’un million et demi de touristes ont visité le Liban en 2009, ce qui représente une hausse de 43% par rapport à 2008 et de 84% par rapport à 2007. La plupart des touristes sont des Libanais expatriés et des touristes de la région mais le Liban est de plus en plus apprécié par les Européens et les Nord Américains. Quelles sont les attractions touristiques les plus importantes au Liban?

On peut constater une effervescence dans le secteur du tourisme. Le Liban a une vocation touristique grâce à sa géographie exceptionnelle et ses ressources naturelles diversifiées (mer, montagne, ski). Il y a également de nombreux sites historiques romains, grecs, phéniciens et arabes. Le Liban possède de nombreux hôtels de luxe mais aussi développe des hôtels modernes destinés à une plus large clientèle. 

Quels sont les principaux secteurs du Liban ainsi que les partenaires commerciaux les plus importants ?

Il faut savoir que le Liban importe beaucoup plus qu’il n’exporte. Les principaux secteurs du Liban sont le secteur tertiaire, touristique et bancaire. L’Italie est le premier exportateur vers le Liban suivis de près par la France, l’Allemagne, la Chine et l’Angleterre. L’Espagne n’est malheureusement pas en tête de liste. Le Liban est un marche de très grande consommation par rapport à son effectif. Le consommateur libanais est à la mode et recherche la qualité.

Le secteur du bâtiment est très florissant et Beyrouth a été complètement rénové et pourrait concurrencer Dubaï. Il reste néanmoins des secteurs qui nécessitent un réel développement tels que l’infrastructure électrique et l’agriculture.  

Comment pouvez-vous décrire les relations bilatérales entre le Liban et l’Espagne ?

Nous avons de très bonnes relations bilatérales. Depuis l’indépendance du Liban, l’Espagne et le Liban n’ont jamais eu d’incident diplomatique. Il y a un renouveau d’intérêt grâce à l’aide militaire pacifiste apportée par le gouvernement espagnol aux frontières israéliennes. Le commandement des troupes militaires de l’O.N.U. est maintenant sous la responsabilité du général espagnol Alberto Asarta. Nous avons aussi de bonnes relations politiques grâce à l’U.P.M. et j’espère que le deuxième sommet de l’U.P.M. va renforcer les relations inter-méditerranéennes. Nos deux pays se ressemblent de par leur situation géographique, en effet être entouré de trois continents à engendré une diversité culturelle qui implicitement facilite les relations bilatérales entre les deux pays. 

Nous assistons aussi à un foisonnement d'échanges culturels, l'Espagne et son apport dans ce secteur intéresse  au plus haut point les Libanais. Et l'image du Liban, pays cosmopolite et aux facettes multiples commence à attirer la curiosité des espagnols depuis peu, ce qui est un très bon signe.

Quelle était l’objectif de la dernière visite du président Libanais en Espagne ?

R6/ Le président Libanais est venu pour la première fois depuis la restauration de la Monarchie en Espagne, afin de  rendre visite à Sa Majesté Don Juan Carlos, qui a lui aussi effectué une visite à notre pays. Le but de ces rencontres était de rapprocher nos deux pays et ce fut un succès grâce à l’accueil chaleureux du roi, du gouvernement et du ministre des affaires étrangères d'une part , et de l'hospitalité des Libanais.. Nous avons décidé ensemble de mettre un terme à notre barrière géographique et qu’il faut ouvrir les routes méditerranéennes. Pour vraiment établir la connexion entre ces deux pays une voie aérienne directe Madrid- Beyrouth est indispensable, si cette connexion s’établie il y aura un impact fondamental sur toute l’Europe.   

Nos lecteurs sont aussi intéressés par l’homme derrière la fonction. Pouvez-vous partager avec nous brièvement votre parcours professionnel jusqu’à votre nomination en tant qu’ambassadeur du Liban en France, ainsi que vos plus grandes satisfactions depuis que vous occupez ce poste?

Je suis originaire de Beyrouth, né d’un père et d’une mère Libanais. Je me suis marié avec une brésilienne d’origine allemande et mes trois enfants sont nés successivement au Brésil, en Afrique du Sud et en Australie.

Je suis donc quelqu’un de très onusien et j’aime les relations avec autrui. J’aime apprendre des langues étrangères et découvrir des cultures différentes, je suis quelqu’un de très international et j'ai appris à mes enfants d'être cosmopolites. Je suis pacifiste surtout lorsqu’il s’agit de relation entre les cultures. Avant d’être diplomate, j’étais journaliste et j’ai vécu partout dans le monde. J’ai fait du théâtre pendant mes années universitaires. Je suis passé un peu de la représentation théâtrale à la représentation diplomatique. Je suis maintenant après 40 ans d'une longue carrière qui m'a mené dans les cinq continents, Ambassadeur du Liban en Espagne et l’Espagne est un pays qui me convient beaucoup : On s'y sent à la maison