Mauritania: Interview with M. Coulibaly

M. Coulibaly

Directeur (l\'Aménagement Rural)

2008-07-09
M. Coulibaly

Pouvez-vous nous décrire la mission et les responsabilités de votre direction ?

La Direction de l’Aménagement rural dépend du ministère de l’Agriculture et de l’élevage. Elle est issue d’une ancienne direction celle de l’environnement et de l’aménagement rural et de la fusion de deux directions ceux de la protection de la nature et celle du génie civil. Elle s’occupe globalement des aménagements dans le monde rural surtout en eaux de surface où ces actions sont beaucoup plus orientées vers les retenues (barrages, digues et diguettes) à usage agricole. L’eau qui revient dans les barrages plutôt que d’etre pompées pour l’irrigation servira aux cultures de décrues. La mission de cette direction est d’organiser et d’assurer l’entretien de ces ouvrages. Une autre activité est relative à la campagne agricole. Il s’agit de désenclaver les zones de production pendant l’hivernage avec la montée des eaux du fleuve Sénégal et qui entraînent la rupture du trafic. Il faut dés lors assurer la réalisation de ces ouvrages de désenclavement dans les zones de production agricole notamment la vallée. Avec l’aménagement du barrage de Diama, les marigots ont été infectés de typha avec l’adoucissement des eaux sur 200 à 300 km. Notre mission est de disponibiliser les eaux devant servir à l’exploitation et voir dans quelle mesure faciliter le secteur agricole avec le programme de curage.

Quelles sont pour vous les priorités et les défis relativement à la crise alimentaire ?

Ils sont nombreux et élevés. Il s’agira d’aménager au maximum les diguettes sur toute l’étendue du territoire national et de réparer les ouvrages endommagés. Le programme de réalisation prévoit de réfectionner et de colmater les brèches dans toutes les régions pour pouvoir aménager les superficies cultivables et partant augmenter la production. Il faudra aussi amener l’ensemble des producteurs à produire et à se doter des outils de production.

Vous avez géré la crise de manière proactive. Quels sont les moyens engagés pour juguler la crise alimentaire ?

La lutte est globale. Le combat est commun. Chacun d’entre nous a un rôle à jouer. Au niveau de la direction, nous allons favoriser la mise en culture des surfaces qui nécessitent des aménagements d’une manière ou d’une autre.

Nous allons mettre à profit les diguettes et la réhabilitation des ouvrages endommagés pour les remettre en selle afin qu’ils puissent servir la production. A un deuxième niveau, les grandes superficies par lesquelles à cette période de l’année, l’eau ne monte parce qu’il y a des bouchons, l’idée sera d’enlever les bouchons qui sont provoqués par les végétaux grâce à la main d’œuvre locale. Nous allons les appuyer avec de petits matériels. Ils vont travailler et seront payés. Ce qui crée de l’emploi pendant cette période. On a suffisamment d’eau pour faire assurer la production. On peut mener la campagne avec l’esprit serein. L’idée est de veiller à ne pas perdre les terres de cultures en zones irriguées. En favorisant la mise à disposition d’eau pour favoriser la culture. Un programme de désenclavement sera mené. Nous avons identifié 2000 ha enclavé annuellement. Les potentialités sur la vallée qui sont de plus de 100 000 ha peuvent modestement assurer une production alimentaire. Si on parvient à aménager au maximum ces terres, nous pouvons favoriser une augmentation de la production.

Il est nécessaire aussi de procéder à une sécurité foncière ? Beaucoup de terres sont attribuées, il faudra amener les bénéficiaires à les mettre en œuvre.

Nous importons deux denrées essentielles : le riz et le blé qui coûte très cher sur le marché international. Il faut donc limiter l’importation du riz et mettre l’accent sur cette production pour assure notre autosuffisance en la matière de production agricole avec les potentialités actuelles. Il faut privilégier les cultures de substitution au blé. Les populations du Tagant produisent du Sorgho dans les cultures de derrière barrage. Donc, il va falloir axer une intensification des aménagements pour pouvoir amener les exploitants à ériger des zones de grande production du riz.

Quelles sont les principales opportunités d’investissement dans l’agriculture ?

Il y en a beaucoup surtout dans le domaine de la diversification des terres au niveau de la vallée. Ces dernières années, la production de légumes,de Gombo et de melon, en grande quantité, a été exportée sur le marché international. Ce fut une réussite. Il est possible d’amener les investisseurs à s’intéresser à ce potentiel de cultures d’export de la culture maraîchère. Quant à la sécurité foncière, elle est sans faille.

Il faudra participer à plusieurs salons en Europe et aux expositions de manière à participer à la promotion agricole. Nous étions à Rostock (Allemagne) où une journée avait été consacrée aux possibilités d’investissements en Mauritanie.

Pouvez-vous nous donner quelques éléments de votre parcours personnel ?

Après des études supérieures en Cote d’ivoire, je suis allé à Montpellier. J’ai été chef de division en 1985, chef de service du projet barrages, depuiis2004, je dirige cette direction.

Un dernier mot pour nos lecteurs ?

La Mauritanie a été ébranlée par ces derniers événements dramatiques. Mais, nous restons un pays pacifique et calme. Il y a beaucoup d’opportunités d’investissements dans la pêche, dans l’agriculture.