Mauritania: Interview with M. Issa Cheiguer

M. Issa Cheiguer

PDG (FCI)

2008-03-27
M. Issa Cheiguer

Q : Pouvez-vous nous présenter vos activités ?

R : FCI est une société financière agréée par la Banque Centrale de Mauritanie, spécialisée dans la mobilisation de ressources en vue d’opérations de capital-risque ou de capital-investissement. Dès notre création, nous nous sommes attelés à proposer aux mauritaniens des produits financiers novateurs et attractifs, et à prouver par la même occasion nos capacités de conception et de mise en œuvre. Nous avons crée un premier fonds d’investissement appelé SUKUK, un produit financier en rapport avec l’immobilier. Nous voulions proposer aux mauritaniens détenteurs de capitaux un investissement dans l’immobilier. C’est la première tentative du genre dans le pays. Nous avons lancé ce produit au début du mois de février 2007, et à notre grande surprise, au bout de 15 jours nous sommes arrivés à collecter des fonds 10 fois plus importants que nos prévisions initiales sur le mois entier.

Ainsi, nous étions parti d’un problème relatif à la mobilisation de ressources, mais la société s’est rapidement retrouvée devant un problème d’emploi de l’argent collecté, situation complément inverse.

En fait, nous avions pris l’engagement de faire évaluer tous les 3 mois notre fonds d’investissements par un bureau d’expertise international. Il fallait donc que nous ayons effectivement investi dans le trimestre suivant la création de ce fonds. Au départ nous avions prévu de collecter 50 millions d’ouguiya avec une idée précise quant à l’utilisation de ce premier montant. A l’arrivée l’entreprise se retrouve avec des souscriptions à hauteur de 500 millions d’ouguiya au bout de 15 jours de collecte et 1 milliard après un mois de campagne. Pour résoudre le problème d’emploi, nous avons acquis une zone dénommée SUKUK I. C’est un endroit idéal pour un promoteur immobilier : une zone isolée, non saline, non inondable, qui se prête à un aménagement, et qui plus est, est au cœur de Nouakchott. En somme, un endroit idéal pour un promoteur immobilier. Nous avons réalisé des aménagements qui ont été immédiatement mis en vente. Une action transparente qui ne se fait que suivant un mécanisme d’offre publique de vente.

Q : En somme, une fois votre projet établi, vous faites appel à des partenaires locaux pour la construction, puis vous le vendez ?

R : Notre base de départ c’est l’aménagement de terrains et non la construction. Nous avons simplement aménagé la zone avec des routes bitumées, des espaces verts, des canalisations et toutes les réservations pour l’assainissement. Ainsi, la zone est devenue praticable et complètement lotie. Nous avons organisé une première opération de vente avec la session d’un ensemble correspondant à 40% des lots de terrains, achetés par les actionnaires de notre fonds SUKUK et par des personnes extérieures. Cette première étape a été franchie avant que l’aménagement ne soit terminé. Une fois l’aménagement réalisé, nous avons fait une seconde OPV. Au cours de cette période et par la force des choses, nous avons cumulé le rôle d’investisseur et celui de promoteur immobilier. Face à une réalité complexe, notre entreprise a compris rapidement qu’elle ne pouvait assumer à la fois les deux casquettes. D’où la création d’une filiale de promotion immobilière appelée I’MAR. Celle-ci prend aujourd’hui en charge les aspects liés à l’immobilier en qualité d’entreprise de promotion spécialisée dans ce domaine. La société mère reste dans son rôle de gestionnaire de fonds d’investissements.

Q : Il y a un grand lot central au milieu du projet, à quoi est-il destiné ?

R : Nous avons gardé ce lot central de 4650 mètres carrés pour un projet de centre d’affaires sous forme d’une tour de 13 étages, à réaliser dès que nous aurons trouvé une enseigne qui accepte d’y occuper la zone commerciale. Un partenaire avec un grand nom et une expérience reconnue qui devrait également aider à attirer d’autres investisseurs. C’est une démarche qui est en cours. La filiale jouant aujourd’hui le rôle de promoteur immobilier a conçu un certain nombre de projets avec un important investissement de 37 millions de dollars US, notamment un projet de haut standing immobilier en partenariat avec une banque locale et SHELTER AFRIQUE. Les appels d’offres ont été déjà lancés et la construction des villas débute à la mi mars. Notre société de promotion immobilière a rempli les conditions nécessaires et obtenu le premier agrément national de promoteur immobilier de la Mauritanie.

Q : Avez-vous des partenaires associés au projet ?

R : Aujourd’hui, la société I’MAR négocie avec le gouvernement mauritanien pour lancer la construction de 3000 logements sur une période de 5 ans. Des logements sociaux et moyens standing à raison de 600 logements par an. Par rapport à ce dernier projet, nous avons une manifestation d’intérêt, une intention de partenaires pour l’investissement. Il s’agit d’un fonds américain qui accepte de venir quand on aura finalisé le contrat avec l’Etat.
Ce dossier en cours, est donc très avancé. Toujours avec I’MAR, nous avons soumissionné un appel d’offres de la SNIM pour le financement et la construction de 1000 logements, un marché de plus de 60 millions de dollars pour lequel l’entreprise a été présélectionnée. Une Importante entreprise sénégalaise de construction et des entreprises mauritaniennes nous accompagnent dans ce projet.

Q : Vos acheteurs sont ils des locaux ?

R : En effet, il s’agit plutôt d’acheteurs locaux. Pour les villas haut standing, nous avons imaginé des maisons avec des équipements modernes : vidéo surveillance, système électrique de secours (17 villas), sécurité, commodités…

Q : Quelle est votre stratégie de développement ?

R : Sur la base de notre première expérience, nous avons crée un second fonds Sukuk, appelé « Sukuk i » . ce nom est devenu commun et certains nous appellent même par le terme Sukuk au lieu de FCI. Nous avons continué nos efforts sur 2 axes :

- Sukuk 1 et Sukuk 2…, pour les projets, puisque quand nous aurons construit un second site il sera appelé Sukuk 2,

- cela va continuer avec l’appellation initiale en déclinant les produits par des lettres : Sukuk Fonctionnaires(F), Sukuk Entreprise (E) et Sukuk International…

SUKUKI est un produit financier basé sur le même principe sue SUKUK, mais à cette différence prés qu’il est côté au jour le jour, dont la valeur d’entrée et valeur liquidative est affichée à la télévision nationale tous les soirs et dans les journaux Horizons et Chaab tous les jours. Un client peut acheter des titres de ce fonds et peut s’en retirer quand il le désire. Les ressources mobilisées dans ce cadre sont exclusivement utilisées pour construire des villas au profit des adhérents des Sukuki. C’est une orientation qui répond à un besoin pressant d’accès à la propriété et aux besoins d’utilisation de la ressource. Les opérations de vente des villas se font sur une période de 10 ans.

Q : Etant les seuls à proposer ces produits actuellement, vous devez attirer des convoitises ?

R : Plus que vous ne pouvez imaginer mai la demande est très forte. Nous nous positionnons dans la mobilisation des ressources, le financement et la réalisation.


Q : Avez-vous de nouveaux projets de déclinaisons des Sukuk ?

R : On a déjà des entreprises qui commencent à s’intéresser. Notre produit se situe en fait entre la SICAV et l’obligation Islamique. Il y a un support foncier clair pour nous, un partage des risques et une participation au produit, donc c’est un produit islamique. Mais, en même temps le mode de fonctionnement correspond à un instrument normal, la SICAV qui est adossé à du foncier. Pourquoi pas quelque chose du genre vers les entreprises, vers les fonctionnaires, vers les besoins spécifiques ?