Mauritania: Interview with Mohamed Yahya Ould Ahmedou

Mohamed Yahya Ould Ahmedou

Directeur General (Somagaz)

2008-07-09
Mohamed Yahya Ould Ahmedou

Q : Pouvez-vous nous donner un rapide historique de la SOMAGAZ ?

R : La SOMAGAZ est une société d’économie mixte créée en 1987. Son capital est de 150 millions d’ouguiyas. L’Etat Mauritanien en détient 34%, la NAFEC S.A. Algérie 33% et des actionnaires Mauritaniens privés 33%. Notre mission principale est l’importation, le stockage, le conditionnement et la distribution du gaz butane en Mauritanie. Nous contribuons à la préservation et à la valorisation de l’environnement naturel dans le pays en développant la vulgarisation du gaz butane pour le substituer au bois et au charbon de bois. Ainsi, nous avons une mission de sensibilisation des populations aux enjeux écologiques, ce qui est une nécessité dans un pays essentiellement désertique comme la Mauritanie, ou les ressources en bois sont faibles.

Q : Quels sont vos marchés principaux ?

R : Nous sommes principalement concentrés sur le territoire mauritanien à travers des directions régionales et des dépôts locaux. Nouakchott représente l’essentiel de nos stocks avec une capacité de 3.300 tonnes. Nous avons des vraquiers et des citernes qui maillent le pays et qui permettent de remplir directement les bouteilles pour les utilisateurs.

Q : Cherchez vous à développer de nouveaux marchés à l’étranger.

R : Effectivement. Parfois, nous répondons par l’affirmative aux demandes de nos voisins du Mali et de la Gambie. Il s’agit cependant d’une décision de l’Etat, par voie diplomatique, et nous nous contentons d’approvisionner.

Q : Quels sont vos avantages concurrentiels et votre positionnement sur le marché mauritanien ?

R : Nous avons des partenaires, comme BSA Gaz, Total Gaz et Star Gaz. Ils sont aussi concurrents en terme de distribution, mais ils s’approvisionnent auprès de nous. Notre avantage est notre maillage à travers le pays. Nos revendeurs, qui sont au nombre de 380 et couvrent une bonne partie du territoire national, là où se trouvent les populations. Ils sont agréés par la SOMAGAZ et, par contrat, ils réalisent une marge bénéficiaire. Grâce à cela, nous sommes le premier réseau de distribution de gaz butane en Mauritanie. Ils sont de différentes tailles et forment une pyramide de distribution.

Q : Pouvez-vous nous donner quelques chiffres clés qui témoignent de votre activité ?

R : Notre chiffre d’affaires est de plus de 5 milliards d’ouguiyas. Nous avons 479 employés répartis sur tout le territoire national, dont les revendeurs agréés. Nous distribuons plus de 30.000 tonnes de gaz, alors qu’il y a trois ans, nous n’étions même pas à 20.000 tonnes. La demande va croissante. Tant que nous n’avons pas de centres de stockage partout, la demande n’est pas satisfaite, ainsi elle va encore croître dans les prochaines années.

Q : Que pouvez vous offrir à des investisseurs intéressés par la Mauritanie ?

R : Nous recherchons des investisseurs pour accroître notre capacité de stockage et nos ressources d’emballages, c'est-à-dire les bouteilles. La durée de vie d’une bouteille est d’une dizaine d’années et nous devons renouveler nos stocks régulièrement. C’est le moyen de rendre le gaz transportable et utilisable par les consommateurs particuliers.

Q : Comment voyez-vous l’avenir du secteur du gaz en Mauritanie ?

R : Le secteur est très prometteur. Nous avons besoins, comme de nombreux pays, d’investisseurs. Pour remplacer le bois, le gaz est un substitut idéal, surtout dans les pays désertiques. Nous devons protéger nos ressources forestières. Selon une étude, une tonne de gaz équivaut à dix hectares de forêt sur le plan énergétique. Les mauritaniens sont très réceptifs à ce genre de messages. Nous faisons des campagnes de vente de bouteilles, ce qui nous permet de sensibiliser les populations. L’Etat nous subventionne pour ces opérations à hauteur de 48%. Sinon, le gaz ne serait pas accessible à des pans entiers de la population mauritanienne, vu qu’il s’agit d’un dérivé du pétrole qui connaît des cours extrêmement hauts.

Q : Quelle est la stratégie de développement de la SOMAGAZ à moyen terme ?

R : Nous prévoyons surtout d’accroître nos capacités de stockage, notamment à Nouakchott, Nouadhibou et Kiffa (au centre de la Mauritanie). Cela nous permet de rapprocher les centres de stockage des points les plus reculés. Nous donnons ainsi de l’autonomie aux régions. Nous prévoyons de doter chaque région d’une capacité d’autonomie de 138 heures. Aujourd’hui, nous avons cinq lieux de stockage et nous avons encore six régions à doter de ces équipements. Nous souhaitons aussi mécaniser l’enfûtage (remplissage des bouteilles). Nous voulons également augmenter le nombre de citernes.

Q : Comment voyez-vous l’avenir de la SOMAGAZ ?

R : Nous sommes une entreprise vitale pour la Mauritanie, qui est vouée à un grand avenir. Nous souhaitons l’accompagner à un niveau de développement qui lui permette de satisfaire le besoin des populations, et ainsi réaliser l’objectif de la SOMAGAZ.

Q : Pouvez-vous nous donner une satisfaction particulière à votre poste ?

R : Je suis en poste depuis juillet 2007, et je n’ai pas trouvé l’entreprise dans une situation idyllique. L’Etat a décidé de renforcer les capacités de la SOMAGAZ. Nous nous sommes réunis autour de la table avec les actionnaires pour résoudre tous les problèmes rencontrés par l’entreprise et nous sommes actuellement en bonne voie pour y remédier. J’espère que les décisions prises d’ici le 1er juin 2008 seront bénéfiques pour la SOMAGAZ.