Mauritania: Interview with S.E.M Correa Issagha

S.E.M Correa Issagha

Ministre de l’Agriculture et de l’Élevage (Government)

2008-07-09
S.E.M Correa Issagha

Pouvez-vous nous donner la mission et les responsabilités du MAE ?

La première mission du MAE, c’est de faire reculer la pauvreté. Et pour faire reculer la pauvreté, il faut produire. Il faut une croissance qui passe par la production. La mission première de mon département, c’est de produire et de valoriser la production de l’agriculture et de l’élevage. Nous pensons qu’en le faisant de telle manière, nous produirons mieux et plus. Bien entendu, nous devons organiser les producteurs, les former pour qu’ils soient des acteurs conscients du développement. Le sous-secteur de l’Agriculture et de l’élevage s’intègre dans le tissu économique du pays.

Quels sont les défis et les priorités auxquels fait face votre ministère ?

Le premier défi, c’est produire, le deuxième défi c’est produire et le troisième défi, c’est de produire. Maintenant, quels sont les défis et priorités pour les producteurs ? C’est de disponibiliser l’ensemble des moyens de production, aménager les terres, donner de l’eau, les intrants, encadrer et mettre à la disposition des producteurs l’ensemble des moyens indispensables à l’aménagement et à l’amélioration de la production. Les accompagner constitue un autre défi pour changer le mode d’exploitation des terres, l’apport des outils de production. Si on arrive à moderniser l’agriculture et à la mécaniser, la production sera au moins aussi importante que les besoins. L’éleveur mauritanien doit être un éleveur moderne. Il devra passer de l’extensif à l’intensif. Comment allier la transhumance et trouver une formule inédite ? Fondamentalement, nos éleveurs sont traditionnellement une propension à la transhumance. Le nomadisme alterne partiellement les moyens de production pour créer une synergie afin que l’élevage soit valorisé.

Quelle est l’importance stratégique du MAE dans l’économie mauritanienne ?

L’objectif de la Mauritanie, c’est de combattre l’incidence d’une pauvreté très élevée dans le monde rural. La croissance d’abord dépend de l’agriculture et de l’élevage. Nous avons des potentialités énormes et la volonté. On doit s’investir dans l’agro-industrie mais aussi, il va falloir que la matière première issue de la transformation de la viande, du lait et des peaux des animaux soit valorisée. L’économie nationale repose sur l’agriculture et l’élevage. Dans un pays comme le notre c’est développer les capacités de production, la transformation et l’amélioration des conditions de vie des populations qui vivent de ces secteurs.

Quels sont les chiffres clés du secteur ?

Nous avons plus d’une dizaine de millions de petits caprins autant en ovins et en camelin. Les terres agricoles et irrigables se répartissent en plusieurs catégories tout au long du fleuve (quelques 37 000 ha). Sans oublier les cours d’eau, les barrages.

Nous pensons que l’enjeu principal reste la disponibilité de l’eau. Il va falloir canaliser et gérer l’agriculture en augmentant sensiblement les superficies cultivables.

Quels sont les moyens mis en œuvre pour juguler la crise alimentaire ?

Nous ne maîtrisons pas les mécanismes mondiaux de fixation des prix. Face à cette inflation importée, la réponse juste aura été de décréter l’année 2008, l’année de l’agriculture. Pour la présente campagne, nous avons mobilisé des intrants, disponibilisé les moyens de production, de terrassement, de labour, de moissons au profit des aménagements. Il y a eu au cours des années écoulées, un relâchement des populations. Il s’agira maintenant d’inverser la tendance du mode de production et mettre en place tout un dispositif pour augmenter la production.

A long terme, quels sont les moyens mis en œuvre pour atténuer les effets de la cherté des matières premières sur les populations.

Nous ne raisonnons pas à long terme. Devant l’urgence, il y a deux manières de réagir : soit par une mesure ponctuelle, soit conjurer la situation particulière. Dés lors, il faut créer les éléments d’un changement réel à terme pour un développement durable. Pour juguler la flambée des prix, nous avons décidé de mettre en place les mécanismes de croissance. Les projets vont intervenir nécessairement dans des actions de développement et non de sapaudrage.

Est-ce que la Mauritanie compte réduire sa dépendance en produits maraîchers.

L’élevage est excédentaire. Au lieu d’exporter un cheptel, nous voulons exporter de la viande, du lait en produisant pour le marché intérieur. Ensuite, nous comptons exporter les produits dérivés en créant une nouvelle dynamique. Nous allons investir pour répondre. Il est nécessaire de procéder à une transformation et à une valorisation d la production agricole telle que les céréales, les tomates, les semoules. Il faudra augmenter le domaine de l’irrigué pour augmenter de 60 % la production. Pour le lait, des unités de conservations sont nécessaires. Nous avons une race de produits qui peuvent jouer ce rôle. Il y a des zones propices pour l’agro industrie et la canne à sucre. Le Sénégal ne peut pas satisfaire le marché régional. Il va falloir réfléchir à la manière d’approvisionner ensemble la sous région. La priorité sera la valeur ajoutée pour rester ancré mais aussi, en améliorant la production.

Quelle promotion faites-vous de l’agriculture et de l’élevage.

Nous avons une cellule de communication qui travaille avec la DGIP. Nous avons voyagé et invité beaucoup d’investisseurs pour voir de prés les potentialités et les atouts du pays. La Mauritanie sécurise les investissements étrangers. Nous avons procédé à la formation des agents pour impulser les investissements. Surtout la volonté politique existe.