Mauritania: Interview with S.E.M. Mohamed Vall Ould Cheikh

S.E.M. Mohamed Vall Ould Cheikh

Ministre De La Culture Et De La Communication (Government)

2008-07-09
S.E.M. Mohamed Vall Ould Cheikh

Q : Quel est votre avis sur l’évolution de la presse depuis la mise en place du gouvernement post transition ?

R : Je pense qu’il s’agit d’une évolution positive sur la base des nombreux progrès réalisés. Il y a eu un raffermissement de la liberté de la presse et de l’expression. Il y a eu par exemple l’adoption d’un texte portant aide à la presse privée, d’où la satisfaction d’une vieille revendication. On peut citer l’élaboration d’un projet de loi portant sur la libéralisation de l’audiovisuel, autorisant l’implantation de radios et de télévisions privées en mauritanie. Une importante enveloppe, de 90 millions d’ouguyas, est aussi allouée à la presse écrite. Une révision de la loi portant sur la Haute Autorité de la Presse et de l’Audiovisuel (HAPA) va lui permettre de jouer pleinement son rôle.

Au niveau des médias publics, les choses ont également évolué entraînant une rupture avec un passé qui faisait que ces organes étaient de simples caisses de résonance du pouvoir en place, avec des éditoriaux faisant les éloges du Président. Ils seront désormais soumis à la régulation et à un contre pouvoir, et donneront la parole à l’opposition comme à la majorité ainsi qu’à la société civile. Un montant déterminé à l’avance sera alloué par les pouvoirs publics, avec un suivi et un contrôle des objectifs fixés.

Q : Quels seront les grands axes futurs du Ministère ?

R : Le nouveau gouvernement a également adopté une stratégie de développement du secteur de l’audiovisuel prévoyant donc l’ouverture du paysage médiatique aux privés avec un cahier des charges précis : promotion du pluralisme et de la diversité, raffermissement de l’unité nationale. En fait, de nouveaux médias appelés à accompagner le processus de développement économique, social et culturel du pays.

Q : Quels sont les efforts réalisés par le Ministère pour la promotion de la culture et de la création culturelle ?

R : Le décret instituant le département ministériel a également crée des délégations régionales chargées de la promotion des activités culturelles. C’est une manière très intéressante de tenir compte des spécificités propres à chaque région, sur la musique ou la manière de s’habiller par exemple, et de découvrir de nouveaux talents. Les anciennes maisons du livre construites dans tous les départements du pays et bien équipées ont été maintenant rétrocédées aux nouvelles structures régionales et départementales en vue de la promotion de la culture par la proximité. Il y a également une nouvelle action en faveur de la promotion du théâtre et de nombreux autres aspects du patrimoine culturel national comme la poésie, la création artistique… Dans le cadre de cet effort de promotion de la culture, il est également prévu l’organisation de semaines culturelles et artistiques mauritaniennes dans le monde arabe et en Europe. Mais aussi la promotion du livre, par une incitation à l’édition, notamment les ouvrages écrits par les mauritaniens.

Nous avons obtenu des fonds, 7.500.000 Dollars de dons des Nations Unies, qui seront consacrés à la culture du développement. Un projet dont la réalisation est d’une grande importance pour le développement de la culture.

Q : Quelles seraient pour des investisseurs français les opportunités à saisir dans le domaine de la Culture et de la Communication ?

R : L’arrivée des radios et des télévisions libres dans le paysage médiatique devrait grandement intéresser d’éventuels investisseurs étrangers, en partenariat avec des Mauritaniens. Les potentialités culturelles et touristiques sont énormes, nous avons 450 kilomètres de plage entre Nouakchott et Nouadhibou qui représentent également des arguments solides pour attirer les investissements étrangers.

Q : Pouvez-vous nous donner quelques éléments de votre parcours?

R : L’essentiel de ma carrière s’est déroulé dans l’éducation. J’ai fait des études dans les Lettres et la Culture à Nouakchott et à Paris. J’ai ensuite occupé des fonctions d’encadrement au sein du Ministère de l’Education, Inspecteur dans l’éducation secondaire, Chef du Département de la Recherche, de l’Evaluation et de la Formation Continue à l’Institut Pédagogique National. J’ai formé des milliers d’instituteurs et de professeurs. J’ai été Consultant International de l’UNESCO au Tchad et au Niger, où je réalisais une étude de faisabilité pour la promotion de l’enseignement bilingue. En 2005 j’ai été nommé Secrétaire Général de la Commission Nationale pour l’Education, la Culture et les Sciences.