Togo: Interview with Constantin T. AMOUZOU

Constantin T. AMOUZOU

Directeur Général (CECOGROUP)

2014-10-07
Constantin T. AMOUZOU

Alors que l’Europe et le Moyen-Orient traversent une crise économique et un manque de stabilité, l’Afrique a une croissance continue. Pensez-vous que l’Afrique a tout ce qu’il faut pour prendre son destin en main ?

 

En mon sens, l’Afrique a tout pour envisager son émergence. D’ici à 15 ou 20 ans, beaucoup de pays pourront arriver à ce stade, après avoir obtenu un niveau de développement industriel acceptable qui puisse absorber le chômage, mettre en place les infrastructures et procurer un niveau de revenu acceptable aux populations. Je suis confiant que mon pays, le Togo, en fera partie si l’élan actuel du développement est poursuivi dans les secteurs clés qui sont les infrastructures, l’agriculture et l’industrialisation naissante. Nous avons beaucoup d’atouts pour y arriver : un climat propice au développement agricole, un Port avantageux pour développer le commerce et un système éducatif capable de former des personnes à même de conduire ce processus de développement.

 

Parlez-nous un peu du vaste et ambitieux programme de construction et de modernisation des infrastructures en cours au Togo ?

 

Depuis pratiquement cinq ans, le Togo s’est lancé dans la construction et la réhabilitation des grandes infrastructures routières et de communication. Ainsi, chaque année, environ 25% du budget national est affecté aux infrastructures. Les résultats sont visibles, avec les voies construites à Lomé et à l’intérieur du pays grâce aux fonds propres du Togo et à la contribution des partenaires. Si le gouvernement garde le cap, il y aura un vrai changement d’ici 4 ans.

 

Il y a également un projet en cours qui va être porté par l’Etat togolais, le « Projet d’aménagement de Lomé 2 » pour près de 2.000 milliards de francs Cfa. L’idée est de créer un pôle administratif et financier sur 1.000 hectares, qui va regrouper les grands bureaux de l’administration publique et un grand centre d’affaires. Le prochain quinquennat va s’y atteler, et ce sera le symbole et le moteur du Togo émergent. Le dossier a été défendu et favorablement accueilli au récent forum des investisseurs organisé à Dubaï par l’UEMOA.

 

Il apparaît clairement que vous travaillez plus avec l’Etat. Est-ce à dire que les privés comptent moins ?

 

Pas du tout. Nous avons beaucoup de clients privés. L’une de nos devises étant « avec CECO, l’Etat travaille pour vous », notre principal partenaire reste l’Etat pour la simple raison que nous excellons dans les grands projets. L’Etat nous procure 70% de notre chiffre d’affaires ; 30% sont acquis dans les bâtiments.

 

Avec les privés, nous travaillons souvent dans la construction des bâtiments commerciaux, des résidences et des bâtiments techniques.

 

Envisagez-vous d’augmenter votre portfolio de clients privés ?

 

Oui, nous aimerions bien. Et pour ce faire, nous voulons choisir la voie de l’immobilier, en construisant des maisons à vendre au lieu d’attendre que les demandes nous soient faites au préalable. Pour ce début, nous avons lancé la cité Esperanza.

 

Avez-vous des concurrents ?

 

Ils sont nombreux : SATOM, COLAS, l’Entreprise chinoise, etc. Mais, pour nous, l’excellence n’a pas de concurrence. Nous nous battons pour être au top en termes de qualité. Et n’oubliez pas notre devise : « Finesse, Solidité, Ponctualité ». Faire toujours des choses propres, raffinées, solides et vite faire.

 

Quelques chiffres sur votre société.

 

CECO, c’est 3.000 salariés, avec une touche internationale qu’incarnent des Français, des Béninois, des Burkinabé. Le personnel est à 95% togolais. Comme chiffre d’affaires, nous avons fait 20 milliards de francs Cfa en 2013.

 

Au Togo, CECO est le numéro 1 dans le secteur BTP. En parallèle, nous avons des ouvertures à Accra, Abidjan. En Guinée et au Liberia, nous sommes actuellement retardés dans notre élan par le virus Ebola. CECO a aussi des visées sur le Niger, l’Angola et les pays arabes.

 

Au Togo, quel est le projet qui vous tient à cœur ?

 

Mon plus beau projet a été la construction de la Cour d’appel de Lomé pour le seul fait que, en raison de sa proximité avec notre siège, je l’ai suivi de bout en bout, j’étais sur le chantier presque tous les jours. Ce projet a été un détonateur pour nous dans les bâtiments car, jusque-là, dans la conscience collective au Togo, CECO ne se résumait qu’aux routes.

 

Quand vous regardez tout ce qui a été fait, quelle a été votre plus grande satisfaction ?

 

Ma plus grande satisfaction est le sentiment accompli d’avoir su créer l’esprit de famille au sein de la société. Cet esprit anime notre personnel ; le personnel est fier et engagé pour une aventure commune. Cette ambiance crée une solidarité dans la chaîne de travail. Au-delà des travaux réalisés, ma fierté réside donc dans les hommes qui ont accompli ces ouvrages.

 

Quel message enverriez-vous aux investisseurs qui veulent s’installer au Togo et qui cherchent un partenaire de choix ?

 

Le message, c’est la confiance au pays. Le Togo a l’énorme atout d’avoir des fils et filles sérieux, réceptifs à l’innovation et au progrès, dévoués. La qualité des ressources humaines est déterminante. Je ne vais pas dire de venir au Togo parce qu’il y a le pétrole ou le cacao mais, en règle générale, la parole du Togolais compte beaucoup.