Togo: Interview with Gervais K. Djondo

Gervais K. Djondo

Président d’Asky (Asky)

2014-10-07
Gervais K. Djondo

Pensez-vous que l’Afrique a tout ce qu’il faut pour prendre son destin en main ?

 

L’Afrique a tout ce qu’il faut. Mais le problème qui est très important, c’est que l’Afrique doit prendre très vite à bras-le-corps, la gouvernance. La bonne gouvernance inspire les hommes d’affaires de tout continent. La gouvernance, c’est dans tous les domaines. C’est la gestion du pays est concernée. Je souhaite vraiment que les responsables africains prennent cela au sérieux. C’est ce qui permettra d’attirer les investisseurs étrangers, qui ont besoin de garantie, de sécuriser leurs affaires.

 

Comment évaluez-vous le rôle du Togo en Afrique de l’ouest ?

 

Le Togo est un petit pays, mais particulier. Le Togo n’a jamais été une colonie. Il est différent des autres pays de l’Afrique de l’ouest. Il a été malheureusement empiété d’une partie de son territoire. On a fait des choses sur le dos des Togolais. Cette partie a été annexée au Ghana. Ce n’est pas grave. C’est l’Afrique, d’autant plus que je suis attaché au panafricanisme.

 

Je dis toujours que l’intégration en Afrique est très importante, surtout pour notre économie. Le Togo continue de jouer un grand rôle en Afrique de l’ouest.

 

Les activités de fret ont bondi ces dernières années au Togo, avec la création de la compagnie aérienne Asky. Quelles sont les principales forces et faiblesses du transport aérien au Togo ?

 

Le secteur aérien au Togo est intégré à tout ce qui a pu se passer dans l’histoire de l’aérien en Afrique. Air Afrique, malheureusement, n’a pas survécu.

 

Le Togo a eu des hauts et des bas. Les problèmes de la disparition d’Air Afrique ont affecté le continent. Après plusieurs projets, j’ai été amené par le succès d’Ecobank, à prendre ce dossier en main. Je l’ai étudié. Et la première chose que j’ai rejetée tout de suite, c’est qu’on ne peut plus dire qu’on veuille faire exclusivement les choses entre francophones. C’est inadmissible. Nous avons un cadre idéal qui est la CEDEAO. Imaginez une compagnie dans ce cadre. J’ai dit que la gestion de cette compagnie doit être privée, avec un Conseil d’administration, et la compétence. Quand j’ai eu à analyser les causes des disparitions des compagnies aériennes, il y a beaucoup de choses au niveau de la gestion qui n’ont pas permis le développement de ces compagnies.

 

Tout de suite, des études ont été faites par un cabinet anglais, et nous avons créé Asky. Mais il fallait un partenaire. J’ai eu à visiter les autres compagnies, et j’ai opté pour Ethiopian Airlines, parce que les choses sont sérieusement prises en main, avec de bons résultats.

 

Nous avons lancé Asky le 10 janvier 2010. Mais j’avoue que dans l’histoire de l’aérien, les choses se passent  bien pour nous. Nous avons plus d’une vingtaine de destinations, 10.000 passagers transitent par Lomé toutes les semaines. Il y a beaucoup de choses à faire dans le secteur aérien en Afrique de l’ouest en particulier. J’avais imaginé que deux ans après, on pouvait ouvrir des liaisons internationales. Mais je me suis rendu compte qu’il fallait un peu plus de temps, une mobilité parfaite, presque permanente. Donc je me suis dit qu’il faut que nous réglions nos propres problèmes d’abord, avant de penser à l’extérieur.

 

Le système aérien est très prometteur au Togo. Quelle signification revêt la construction de la  nouvelle aérogare pour Asky ?

 

Nous avons eu beaucoup de chances. Asky est une compagnie africaine. Le gouvernement togolais a été très diligent, compréhensible, a compris très vite l’enjeu, et a décidé de construire un aéroport tout neuf. Nous sommes très reconnaissants.

 

Ça va faciliter les choses. L’aéroport qu’on a aujourd’hui est dépassé.

 

Quelle est votre stratégie pour attirer les investisseurs, et quelle est votre vision pour le futur d’Asky ?

 

L’aérien absorbe beaucoup d’argent. Nous avons un capital. Mais le problème, c’est que nous n’avons pas encore atteint le niveau du capital fixé. Des actionnaires se présentent tous les jours.

 

La stratégie n’est pas particulière. Nous faisons appel à des chambres de commerce des pays de la sous-région, nous faisons des conférences, et nous travaillons avec des cabinets spécialisés dans la recherche d’investisseurs, etc.

 

Ça se passe bien. Je suis confiant.

 

Asky a un chiffre d’affaires en croissance.

 

Quelle est votre plus grande satisfaction ?

 

C’est d’avoir enfin contribué à la mise en place des structures qui sont des structures pour rassembler les Africains. L’Afrique est un continent. Elle a été divisée, partagée comme un gâteau. Mais il faut qu’elle se retrouve comme Dieu l’a créé. Et pour aller dans ce sens, c’est le développement. On doit obéir à des critères sur le plan de la gouvernance. Et nous devons arriver à changer la donne très rapidement. Les échanges inter-Etats en Afrique représentent 14%/ C’est insignifiant. Il n’y a pas d’échanges sur le plan horizontal.

 

Nous voulons contribuer au panafricanisme.

 

Quel message enverrez-vous aux investisseurs qui désirent s’installer au Togo ?

 

Je ne peux leur dire que de venir. Nous sommes très respectueux du droit des affaires. C’est un pays paisible. Nous les attendons à bras ouverts.