Togo: Interview with Ninsao GNOFAM

Ninsao GNOFAM

Ministre des Travaux Publics et des Transports (Gouvernement)

2014-10-07
Ninsao GNOFAM

Nous écoutons ces temps-ci sur la scène internationale que c’est la décennie de l’Afrique. Pensez-vous que l’Afrique a tout ce qu’il faut pour prendre son destin en main ?

 

Depuis quelques années une forte crise secoue l’Europe et, d’une manière générale, les puissances économiques de la planète. Mais, Dieu merci, l’Afrique semble être épargnée car à l’origine l’Afrique n’était pas concernée par cette crise qui a commencé aux Etats-Unis pour maintenant embraser toute l’Europe et même une partie de l’Asie. L’Afrique a été épargnée, tant mieux, et aujourd’hui je dirais que l’Afrique a toutes les cartes pour répondre au défi de demain, avec un potentiel économique assez important. Pas plus tard que ce matin, je discutais avec un opérateur économique qui disait que l’Afrique semble être vierge pour l’instant et c’est ce qui suscite l’arrivée de la Chine en Afrique parce qu’il y a un potentiel important.

 

Face à ce potentiel, il y a aussi un défi à régler qui est la paix et la sécurité. Il y a pour le moment beaucoup de conflits dans certaines zones, ce qui constitue un frein au développement de l’Afrique et à la mise en valeur de son potentiel. Je pense sincèrement que l’Afrique est en position de relever le défi économique pourvu qu’en matière de coopération internationale nous puissions vraiment trouver des solutions aux conflits qui minent certaines zones de l’Afrique.

 

Quelle place occupe le Togo en Afrique de l’ouest ?

 

Je crois que le Togo a sa place depuis longtemps. A plusieurs reprises et lors de nombreux conflits, on a vu l’apport du Togo pour ramener la paix et aujourd’hui c’est la bataille que mène le chef de l’Etat. À chaque fois que l’occasion lui a été donnée, le chef de l’Etat a toujours émis le vœu que l’Afrique soit un continent paisible. A l’heure actuelle, le rôle du Togo se fait sentir un peu partout avec la participation de nos forces de sécurité de défense dans les règlements de conflit, que ce soit au Mali, au Tchad ou en Centre Afrique

 

Plusieurs avancées en matière d’infrastructures prennent places au Togo, tels que le train « blue zone », la nouvelle aérogare et la modernisation du port. Quel est impact de toutes ces avancées sur l’émergence et la croissance économique du Togo ?

 

Vous savez, le pays a traversé pendant plus de quinze ans des crises sociaux-politiques. Au sorti de cette crise qui coïncide avec l’avènement du chef de l’Etat à la magistrature suprême, tout les secteurs porteurs de croissance étaient complètement à terre.

 

Il a fallu que le gouvernement se réorganise pour pouvoir relancer l’activité économique et par là, la croissance économique. Un premier document stratégique sur la réduction de la pauvreté a permis de construire la fondation. Au bout de trois ans, les premiers indicateurs sont apparus et un nouveau document de stratégie a été élaboré. C’est la stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi, la SCAPE. Elle constitue aujourd’hui la bible sur laquelle on pose toutes les actions de l’Etat.

 

Dans ce document de stratégie, les infrastructures occupent une place importante. Le gouvernement estime que pour lancer l’activité économique, il faut que nous ayons des infrastructures solides. Notre pays est un petit pays de transit. Il n’est pas potentiellement riche en minerais contrairement à d’autres pays mais il a d’autres atouts.

 

Le premier atout c’est la paix, et donc la sécurité de la population. Ce qui implique que les activités économiques sont menées tranquillement. Les investisseurs n’ont aucun problème quand ils arrivent. Maintenant, l’Etat se penche sur tout ce qu’il faut entreprendre pour bénéficier de tous ces atouts, comme le projet de la construction des infrastructures de transport dans le sous-secteur routier.

 

Dans le sous-secteur maritime, le Port Autonome de Lomé représente un atout majeur car c’est le seul port en eau profonde de la sous-région. Le gouvernement a signé des accords de coopération avec des grands groupes maritimes pour la réalisation de deux projets. Un premier accord, signé avec le groupe Bolloré, porte sur la construction d’un troisième quai de 450m pour la manutention portuaire.  Des accords ont également été signés avec le groupe MSC pour la construction d’un terminal à conteneurs. Nous souhaitons faire du port de Lomé un port d’éclatement de la sous région. L’activité reposera essentiellement sur le transbordement tandis que les navires chinois qu’on appelle des méga navires dans certains ports auront la possibilité d’arriver au port de Lomé.

 

Le sous-secteur aérien connait également de  grands projets. Tout d’abord la modernisation de l’aéroport international de Lomé, l’Aéroport International Gnassingbé Eyadéma, va se doter d’un nouveau terminal de 20m carré dont les travaux seront achevés d’ici la fin de l’année. Cette modernisation portera aussi sur l’allongement de la piste du parking avion, le réaménagement de la zone fret et la réhabilitation de la piste d’atterrissage. Nous avons également un deuxième aéroport qui se trouve à l’intérieur du pays à 450 km de Lomé. Cet aéroport, construit il y a plus d’une vingtaine d’années, dispose d’infrastructures qui ne répondent pas aux normes internationales. Mais nous allons changer cela et étendre la piste d’atterrissage, réhabiliter les chaussées aéronautiques, et réaménager le terminal pour l’accueil des passagers. Nous voulons rendre cet aéroport aussi opérationnel, aussi rentable que celui de Lomé. Voilà en résumé ce que nous sommes en train de faire en vue de booster la croissance du pays.

 

Quels sont les plus grands défis à relever dans le secteur des travaux publics et des transports ?

 

Les défis qui sont encore à relever concernent le secteur de transport par le chemin de fer. Le Togo étudie la possibilité de construire une voie de chemin de fer qui relierait Lomé à la frontière du Burkina Faso, soit environ 700km. Le chemin de fer a l’avantage de faciliter le transport de masse. Là où il faut cent camions de 50 tonnes pour ramasser une cargaison, il suffit seulement d’aligner dix wagons de train et le compte est réglé. Le chemin de fer demande beaucoup d’investissement mais nous sommes en train d’étudier la possibilité de construire une voie de chemin de fer non seulement pour favoriser le transport entre les pays de l’inter land, le Burkina Faso, le Mali, le Niger mais aussi pour permettre au secteur agricole par exemple, de pouvoir assurer facilement le transport vers les centres de transformations et de consommations.

 

C’est dans ce cadre que nous avons engagé un certain nombre d’études pour le  développement du corridor logistique du Togo. Il y a également d’autres études qui portent d’une manière générale sur la politique des transports. La stratégie des transports et cette étude nous donneront des orientations sur les différentes actions qu’il faut mener afin de développer le transport dans notre pays.

 

Pour terminer, quel message enverriez-vous aux investisseurs qui souhaiteraient investir au Togo?

 

Je les invite fortement à venir car le Togo est un pays vraiment sécurisé où la paix règne. L’hospitalité de sa population n’est quant à elle, plus à démontrer. Je pense que notre pays rempli toutes les conditions pour faciliter l’arrivée des investisseurs. En outre, un certain nombre de mesures réglementaires améliorent le cadre du « doing business » afin de faciliter la création d’une entreprise par exemple. Des dispositions ont été prises pour qu’en une journée vous puissiez créer votre entreprise au moindre coût. Dans ce sens, le guichet unique et l’Office Togolais des Recettes (OTR) ont été créés et permettent aujourd’hui de faciliter le paiement des taxes et des impôts. On s’attèle vraiment à rendre tout cela transparent et dans les meilleurs délais pour que l’investisseur n’ait plus de problèmes au niveau de la mise en place de la création de ses affaires.