Togo: Interview with Tony AYITE

Tony AYITE

Directeur Général (NETADI)

2015-03-04
Tony AYITE

Nous écoutons ces temps-ci sur la scène internationale que c’est la décennie de l’Afrique. Pensez-vous que l’Afrique a tout ce qu’il faut pour prendre son destin en main ?

 

L’Afrique a tout ce qu’il faut pour prendre sa destinée en main. Elle peut compter sur ses ressources naturelles, ses fils et filles, etc. Il y a beaucoup d’entre nous qui ont fait leurs études à l’étranger, certains avec des camarades occidentaux. Je ne pense pas qu’il n’ait pas de raisons pour qu’on évolue dans le bon sens du terme.

 

Quelle place occupe le Togo en Afrique de l’ouest ?

 

Stratégiquement, nous avons un port qui a beaucoup d’atouts. C’est un port en eau profonde, très stratégique. Actuellement, il y a des efforts en cours dans le sens de la redynamisation de ce port, plus précisément la construction du troisième quai, du terminal à conteneurs, etc. C’est le port le plus équidistant pour desservir les pays enclavés de la sous-région.

 

Avec ces efforts de redynamisation prometteurs, je dirai que le Togo occupe une place de choix en Afrique de l’ouest.

 

Le gouvernement vient de mettre en place un nouveau code douanier. Est-ce un atout pour les activités portuaires ?

 

Ce qui, à mon avis, fait bouger un peu les choses, c’est le logiciel Sydonia. Le code douanier concerne beaucoup plus ceux qui sont dans l’informel.

 

Quel qu’en soit le code en vigueur, nous l’appliquons. Je ne vois pas vraiment un grand changement en ce qui concerne le code lui-même. Mais il y a eu des changements notoires, notamment le logiciel Sydonia pour enregistrer les déclarations, le guichet unique dont la mise en place est en cours, etc.

 

Sous d’autres cieux, on ne se complique la vie en ce qui concerne le payement. Ici, il y a des faux frais, etc. Ce qui fait que les charges reviennent exhaustives aux clients. Donc si on a une structure aujourd’hui pour améliorer tout cela, c’est une bonne chose. Avec le guichet unique, tous ces problèmes devront être réglés, et on ira dans le bon sens. Stratégiquement, il faut qu’on mette toutes les chances de notre côté pour attirer les clients potentiels, et mieux faire face à la concurrence dans la sous-région, en termes de prestations de services.

 

Parlez-nous un peu de votre société..

 

NETADI a été créée dans les années 70. Nous l’avons formalisé en 1978. L’entreprise, depuis son début, a été l’une des leaders en Afrique. En témoignent les nombreuses distinctions reçues par mon père. Il a eu le Mercure d’or international, l’Ordre du Mono, l’Oscar du développement, Manager africain de l’année, etc.

 

Nous avons toujours été leader dans notre secteur d’activité, c’est-à-dire, le transit, dans le temps, l’import-export. Cela est dû à la bravoure et la détermination des uns et des autres.

 

Ce qui fait aujourd’hui la différence avec nous, c’est que nous sommes leader en transit depuis notre création. Le transit est ce que nous faisons de mieux. Que l’on cherche du professionnalisme, une célérité dans le processus de passation, une fiabilité sans faille, nous sommes les mieux positionnés. Je ne parle pas des structures comme SAGA et autres, mais en soi, nous sommes à peu près équivalents.

 

Quand on cherche un partenaire fiable au Togo, nous sommes prêts à assumer cette responsabilité.

 

Comment procédez-vous pour attirer de nouveaux clients ?

 

On essaie d’être visible le plus possible. Mais je fais beaucoup de déplacements à l’intérieur du pays, et à moyen terme, je mettrai le cap sur l’Occident, pour rencontrer de nouveaux partenaires.

 

Ce qu’il faut noter, c’est que l’entreprise a arrêté ses activités de transit pendant un long moment. Mais nous l’avons dans le sang, le transit. Depuis que j’ai pris les rênes de l’entreprise, j’ai remis en route le service transit. C’est là-dedans qu’on est mieux connu.

 

Qui étaient vos concurrents directs ?

 

Dans le temps, SAGA et GETMA.

 

Et aujourd’hui ?

 

Ce sont les mêmes. Il y a d’autres concurrents au plan national, mais j’aime mieux me comparer à ceux qui font le poids.

 

NETADI en termes de chiffres, qu’est-ce qu’elle représente ?

 

Nous avons des employés, une trentaine dans l’activité de transit. Je préfère ne pas me prononcer sur le chiffre d’affaires de l’entreprise, mais nous sommes sur une pente ascendante. En termes de croissance, on n’a pas mal progressé, avec un taux de 8%.

 

Pensez-vous que c’est également le rôle des entreprises privées de soutenir les actions du gouvernement ?

 

Qu’est-ce qui fait un gouvernement ? Ce sont les fils et filles du pays. Ils y contribuent par le travail. C’est dans ce sens qu’on parlerait de partenariat public-privé.

 

A la base, il y a des gens qui travaillent, qui payent des impôts, qui se dévouent, qui créent des emplois, et qui, au finish, rentrent dans la politique de développement définie par le gouvernement.

 

Donc je pense qu’il est important pour tous les acteurs économiques du pays de se lever, pour faire ce qu’ils savent faire de mieux, pour qu’individuellement, on progresse à notre niveau, et par ricochet, au niveau national.

 

Ce que je déplore dans nos pays, c’est qu’on n’est pas pro actif. On n’est trop réactif. On ne planifie pas. C’est ça qui nuit à beaucoup d’entre nous.

 

Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?

 

J’ai fait la Finlande pendant trois à quatre ans. Ça a été un tremplin pour moi. J’ai passé beaucoup de temps au Canada. J’ai fait la gestion et le marketing. J’ai travaillé longtemps dans ce pays, avant de rentrer au bercail.

 

En Finlande, j’avais mon entreprise en communication-marketing. Cela m’a permis d’avoir une ouverture d’esprit, de comprendre comment ça se passe en entreprise. J’apporte ce bagage pour contribuer au développement de NETADI. J’ai personnellement changé le logo de la société, parce que ce n’était pas ça. On a apporté un changement au niveau du site web, et à plusieurs niveaux de communication de l’entreprise.

 

Je suis très heureux de constater qu’on avance.

 

De quoi êtes-vous le plus fier depuis que vous êtes à la tête de la société ?

 

Je suis fier de voir que l’entreprise existe, et qu’on ne se rendre nécessairement pas compte que son fondateur n’existe plus. Dans les entreprises africaines, c’est difficile de se maintenir quand le fondateur décède. J’ai su maintenir cette société, et j’en suis très fier.

 

Alors, je prie Dieu que ça continue comme ça, car j’ai une vision pérenne.

 

Un message particulier à nos lecteurs ?

 

Aux investisseurs étrangers qui veulent investir en Afrique, je peux leur dire qu’avec NETADI, ils sont en de très bonnes mains. Ils n’auront pas de mauvaises surprises.

 

On a beaucoup de références dans notre domaine. Nous aimons relever les défis. Nous sommes compétitifs, professionnels, et efficaces.