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Mr. Belkacem Belarbi , Directeur Général de la Holding Public Réalisations et Matériaux de Construction

Holding Public Réalisations et Matériaux de Construction

Mr. Belkacem Belarbi,
Directeur Général

17 janvier 2001

Après avoir suivi l'actualité économique récente de l'Algérie, de Septembre jusqu'à maintenant, vous ne saviez pas très bien si les holdings allaient être maintenus. Aujourd'hui, les choses semblent s'être éclaircies et les holdings vont rester. Dans ce cas, quels sont les grands challenges du vôtre pour l'année 2001 ?

La tâche des holdings est tout à fait claire, c'est à dire gérer les capitaux marchands de l'Etat de telle façon que les entreprises continuent de vivre et si possible de produire de la richesse, d'un autre côté elle consiste en la gestion stratégique de ce portefeuille immense constitué de 142 entreprises. C'est une gestion dynamique et s'il y a des entreprises qui restent sur le bord de la route, il faudrait savoir quel traitement leur réserver. D'autres sont tout à fait aptes à séduire des acheteurs nationaux ou étrangers, et que nous sommes prêts à céder totalement ou partiellement . Et puis, il y a celles qui vont rester et que l'Etat algérien décidera de garder, quelques entreprises solides qui sont là pour ne pas laisser le vide et qui peuvent faire face à une concurrence sérieuse ou à des interventions spéciales.

Il n'existe pas d'écoles actuellement en Algérie qui disent doctrinalement non à la privatisation, comme cela aurait pu être le cas, compte tenu de l' histoire récente de notre pays, qui a vu naître et se développer de puissantes sociétés nationales.

L' ouverture économique est un fait et, à droite comme à gauche, le mot privatisation n'est plus un blasphème, comme cela pouvait l' être antérieurement.

De ce point de vue là, le holding prépare certaines entreprises à la privatisation. Il les prépare en les mettant à niveau, non pas en injectant uniquement de l'argent mais en restructurant, en essayant de supprimer les coûts inutiles. Et après cela, nous mettons sur le marché des entreprises susceptibles d'intéresser les acheteurs sinon de contribuer à produire et affronter sans faiblesse la concurrence.

Pour le moment nous travaillons sur les entreprises qui intéressent particulièrement les Algériens, les Nationaux. Nous avons mis sur le marché une douzaine de briqueteries et je dois dire que nous sommes vraiment surpris, agréablement, bien sûr, de voir les Nationaux reprendre confiance et acheter. Parce que jusqu'à présent, le National, à quelques exceptions honorables, a été séduit par le gain facile et rapide en raison de l'instabilité qui prédominait.

Pour le reste vous avez dit tout à l'heure que le holding est composé de 142 sociétés, il y a des grandes et des plus petites, donc est ce que la restructuration du holding pour, justement préparer ces sociétés à la privatisation va engendrer de grandes compressions d'emplois, parce qu'il y a des petites sociétés qui ne sont pas forcément toujours rentables et que prévoyez-vous dans ce sens ?

Concernant la restructuration par le holding, d'un certain nombre d' entreprises, nous avons le Code de Commerce, qui montre déjà le chemin à prendre lorsque l'entreprise évolue dans telle ou telle direction.

Actuellement nous avons des entreprises du bâtiment surtout, publiques et privées, qui, par leur nombre, poussent la concurrence à l'extrême.

L'Algérie a connu par le passé un développement assez important, à cette époque, nous faisions 13 % de croissance . Comme le pays est grand, les entreprises étaient réparties à travers tout le territoire national, ce qui a engendré un grand nombre d'entreprises publiques . Actuellement, elles sont trop nombreuses pour un marché qui est devenu étroit, car le secteur privé s'y est glissé et a pris sa part. Je pense que le privé continuera à augmenter sa part du marché et toute la réglementation est mise en place pour lui permettre de s'exprimer.

Je reviens à ce que nous disions tout à l'heure, nous avons des entreprises, qui au sens du Code de Commerce sont en quasi-faillite, celles-là nécessitent un traitement. Le traitement est difficile uniquement par rapport à la question que vous avez posée tout à l'heure, c'est à dire: que vont devenir les travailleurs de ces secteurs . Il y a différentes façons de faire. Il y a celle qui est une sorte de privatisation où l'entreprise est découpée en sections homogènes qui permettent de créer des entreprises de salariés. On leur concède certaines facilités pour qu'elles puissent continuer à travailler, d' avoir une qualité de vie en tant qu'entreprise. Ce n'est pas toujours sûr qu'elles puissent continuer à subsister, mais avec l'équipement qu'elles ont, c'est déjà une garantie, c'est un outil que vous leur donnez, ce n'est pas de l 'argent seulement. Ceci est une forme.

La deuxième forme, les travailleurs vont chez eux, ils sont dédommagés, et les équipements sont vendus aux enchères. Un liquidateur est désigné qui lui, est chargé de payer les dettes de l'entreprise etc. Cela se fait aussi.

Dans les différentes sociétés du holding, il y a les cimenteries, les briqueteries, la céramique et aussi les bureaux d'ingéniering. C'est le produit ciment qui est le plus profitable , si vous pouviez avancer quelques chiffres pour la partie ciment.

Pour la partie ciment, (11,5 Millions de tonnes installées) nous avons là une filière assez intéressante du point de vue enrichissement. Ce sont des sociétés qui même lorsqu'elles tournent à 70 % de la capacité, peut être même un peu moins, sont quand même bénéficiaires et dégagent un profit assez intéressant. Néanmoins ce n'est pas suffisant parce qu'il y a encore des choses à faire. Il y a le potentiel, un gisement de production qui n'est pas encore pris en main. Et c'est là que la privatisation a toute son importance.

La privatisation totale d'une cimenterie n'est pas nécessaire à mon sens parce que c'est une entreprise qui n'est pas un fardeau pour l'Etat, néanmoins, nous espérons mettre un peu plus de produits sur le marché, grâce, précisément, à l'apport technologique et de management que le partenariat procure.

Cette partie du développement ( actualisation technologique et management) nous a échappé, nous devons la rattraper de cette manière. Pour les cimenteries, je ne vous cache pas que les professionnels du ciment nous contactent d'une manière permanente et il y a des échanges. Nous fournissons toutes les données qu'il faut afin qu'ils sachent ce qu'ils achètent. Nous sommes très sincères avec eux. Il faut avoir un peu d'éthique car sans éthique on ne peut pas être crédible. Nous devons fournir à nos partenaires potentiels tout ce que nous avons et ne rien cacher. C'est ce qui se passe effectivement.

Je prends un exemple selon mes informations, il y a une cimenterie à Sétif qui a dégagé d'énormes bénéfices, ces bénéfices n'ont pas encore été réinvestis, ils ont été uniquement placés en attendant de voir ce qui allait se passer au niveau de la privatisation . Est ce que la privatisation génère une sorte de données inconnues qui empêchent d'avancer pour le moment, ou vous attendez que les choses soient bien établies législativement pour prendre des décisions adéquates ?

Vous posez là deux questions, je réponds à la première. Toutes nos cimenteries réalisent des profits, mais il n'est pas tout à fait juste de dire que nous ne faisons que placer de l'argent en attendant la privatisation. Nous investissons pour le maintien de nos unités en exploitation et nos objectifs de production sont maintenus.

Pour la deuxième question, je dois vous dire que les effets d'annonce sont quelques fois contre productifs. Un problème psychologique existe bien quelque part, au niveau des personnels, à la vue d'une liste d'entreprises à privatiser, surtout lorsque l'annonce n'est pas suivi d'une application rapide. La mentalité est très " Secteur Public " c'est une réalité qu'il ne faut pas perdre de vue.
Quelle est votre strategie d'investissement?

Du point de vue de l'investissement pur fait par notre holding, nous n'en faisons pas systématiquement parce que l'Etat a décidé de se désengager et d'attirer d'autres investisseurs. Nous investirons là où nous sentirons que l'activité est extrêmement utile ou stratégique, car nous sommes le prolongement de l'Etat, si vous voulez, avec, bien sûr quelques libertés en plus. Nous pouvons suggérer des investissements mais, pour le moment nous n'avons pas cette démarche d'investissement comme celle que nous avons eu lorsque l'Etat était seul présent sur la scène économique.

Cependant, nous pouvons favoriser d'autres investissements quitte à investir en commun. Nous avons par exemple des cimentiers qui nous demande d'investir avec eux, on a dit oui, c'est à voir.

Augmenter la capacité nationale de production de ciment , pour cela nous marchons, mais pour investir de nous -mêmes, ce n'est pas le moment. Dans le cadre du partenariat c'est faisable.

Dans le domaine du bâtiment le boom viendra plus tard, la croissance dans ce domaine est encore moyenne.

Comme vous nous l'avez dit tout à l'heure, les entreprises de ciment tournent autour de 70 % en moyenne générale des capacités de production, il vous manque certains éléments de modernisation, de management donc c'est dans cet ordre d'idées là ?

Cela est vrai, il y a un plus à apporter, de ce point de vue, c'est indéniable.

On voit le holding, presque comme une société même si elle est composée comme vous l'avez dit de 140 sociétés. Je voudrais, dans un effort de communication que vous citiez, je vais dire cinq grandes sociétés du secteur, sur qui, vous souhaiteriez attirer l'attention des investisseurs étrangers.

Il y a le secteur du ciment qui est un monde en soi, un vrai club où tout le monde se connaît . C'est pour cela, que nous n'avons pas vraiment besoin ni de grandes communications ni de publicité, les cimentiers savent ce qu'il faut savoir.

Par contre, nous avons besoin de nous faire connaître dans le domaine des réalisations, soit en travaux maritimes, soit en travaux routiers, soit en ouvrages d'art. Il y a par exemple l'autoroute Est-Ouest que nous Algériens appelons de tous nos vœux qui peut faire l'objet de concessions et justifier l'investissement, d'autant plus que la circulation est très importante sur cet axe. C'est un axe vital qui traverse la partie Nord d'Algérie d'Est en Ouest, plus de 1000 Km. C'est très faisable et nous avons des entreprises pour cela: comme Cosider que vous avez cité, comme EVSM, Sonatro et d'autres encore, une dizaine de bonnes entreprises, qui pourraient faire de bonnes réalisations. Dans ce domaine, il peut y avoir des investissements.

Et les opportunités sont présentes sur la totalité du territoire national ?

Sur la totalité du territoire national, dans le bâtiment notamment. Le bâtiment est un besoin que l'on n'arrive pas à résorber, en raison de retard pris et de la démographie, nous courrons derrière une ombre. Quand on parcourt l'Algérie on se rend compte que c'est un immense chantier .

Statistiquement nous construisons beaucoup au vu de la consommation de ciment, mais les constructions individuelles sont nombreuses et démesurées. De nombreuses opportunités existent encore.

Après dix années de vache maigre en Algérie, il semble que l'Algérie soit en train de sortir de ce marasme. Quelle confiance portez -vous dans l'avenir de votre pays ?

Ecoutez, il y a actuellement un débat extrêmement important en Algérie, un débat que nous n'avons pas connu auparavant. La vie se démocratise aussi bien au plan politique qu'au plan économique. Cela m'encourage, car écouter l'autre et être écouter fait sauter beaucoup de verrous.

Il y a, par ailleurs, un déclic qui révèle une prise de conscience admirable aussi bien au niveau des gestionnaires qu'au niveau des travailleurs. Les deux catégories comprennent la nécessité de la performance et la précarité de l'emploi. Ce sont là des signaux, dont l'un peut paraître inquiétant, mais qui portent en eux le secret de toute réussite.

De l'autre côté nous avons besoin, un besoin impérieux, de débureaucratiser nos appareils administratifs et financiers. La réforme avance trop lentement à mon sens, mais la volonté existe.

Je suis confiant dans l'avenir de l'Algérie car même si nous sommes un peu lent, nous sommes néanmoins sur la bonne voie.

Une question un peu plus personnelles. Quelle a été votre plus grande satisfaction personnelle que vous avez retenue depuis que vous avez été le numéro Un du holding de ce secteur stratégique ?

C'est difficile d'être satisfait, c'est-à-dire satisfait dans un domaine qui est multiple et divers où le succès neutralise l' échec tous les jours, la joie neutralise la colère tous les jours. Je ne peux pas dire ma satisfaction, celle-ci viendra peut être avec la concrétisation des premières opérations. Ce qui donne satisfaction c'est surtout, le professionnalisme qui existe, il ne demande qu'à être exploité. Pour cela, je suis content et ce sont des gens avec qui on peut faire du chemin. Et cela est une assurance pour moi. Pour le reste, je fais comme tout le monde, j'avance sans hésiter.

Pour conclure, Monsieur BELARBI, quel serait le message final que vous souhaiteriez confier à nos lecteurs investisseurs ?

Ce que je dirais aux investisseurs étrangers, c'est qu'en Algérie il y a un avenir, mais cet avenir a été un peu occulté lorsque de nombreux pays se sont alignés, par solidarité, sur la politique d'un seul pays européen qui a fait prévaloir sa qualité d'expert en affaires algériennes par le simple fait d'un passé colonial.

Ils n'avaient pas raison de nous isoler de cette manière.

Prenez le cas d'Air Algérie, elle a remplacé toutes les compagnies Européennes. Toutes se sont mises à nous boycotter parce qu'il y a eu détournement d'un avion d'Air France. Est ce que c'est le seul pays où il y a eu un détournement ? Non, mais tout le monde s'est mis à nous boycotter. Air Algérie s'est coupé en mille pour assurer le transport à l'intérieur en raison de l'insécurité et à l'extérieur. La qualité du service s'en est ressentie, bien sûr, qui aurait pu faire mieux à sa place.
D'autres exemples pourraient être cités.

Voilà un peu ce qui s'est passé. On nous a plongé la tête dans l'eau, on a failli se noyer, c'est tout.

Mais dites à nos amis à l'étranger que nous sommes là pour les accueillir et que l'Algérie est un pays attachant, un très beau pays avec d'immenses possibilités. Moi, lorsque les jeunes me disent " je vais émigrer au Canada ", je leur dis : écoutez, regardez votre pays, comme il est grand, c'est un Canada, c'est un vrai Canada ".

Pour les investisseurs étrangers qui hésitent encore, je dirais ce que je vous ai déjà dit: venir dans un an, c'est venir avec un an de retard, car les choses vont très vite.





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© World INvestment NEws, 2001.
This is the electronic edition of the special country report on Algeria published in Forbes Global Magazine. 12th November, 2001 Issue.
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