INTERVIEW M.LAGHA, DIRECTEUR GENERAL
DE L'INSTITUT NATIONAL DE RECHERCHE EN EDUCATION
FAR EASTERN ECONOMIC REVIEW
Pouvez-vous nous présenter l'Institut National
de Recherche en Education (INRE)?
L'Institut National de Recherche en Education
est l'émanation d'un institut pédagogique
national, créé au lendemain de l'indépendance
en 1962. A cette époque, l'Institut Pédagogique
National (IPN) était chargé de toutes
les questions à caractère pédagogique
et principalement de celles relatives à
l'édition, à la conception et à
la diffusion gratuite du livre scolaire au niveau
national. Au fur et à mesure du développement
du pays, il s'est avéré nécessaire,
en 1996, de dissocier l'IPN en deux grandes parties,
pour nous préparer à la libéralisation
du marché du manuel scolaire. Une partie
de l'IPN est donc devenue l'ONPS, l'Office National
des Publications Scolaires, et l'autre partie
a été érigée en un
Institut National de la Recherche en Education,
une EPA sous tutelle directe du ministère
de l'éducation national. L'IRNE est chargé
de mener toutes les recherches en éducation.
Nous avons trois départements importants
: l'évaluation, chargé de mener
toutes les recherches relatives à l'appréciation
du système, du sous système, de
la pertinence des examens, etc ; le département
homologation et approbation du manuel scolaire,
qui est lui chargé d'élaborer les
cahiers de charges pour la politique du manuel
scolaire. Enfin, le département recherche
prend en charge différentes études
et travaille beaucoup avec les universitaires
et spécialistes de l'éducation.
Nous avons aussi une section informatique et une
autre relative à la gestion de la banque
de données; nous avons une grande bibliothèque
avec plus de 60.000 ouvrages à caractère
didactique. Par ailleurs, toute la mémoire
de l'éducation nationale se trouve ici
à l'INRE.
Pouvez-vous nous donner quelques chiffres clés
concernant l'INRE?
Les textes qui fixent le fonctionnement et l'organisation
de l'INRE sont assez récents, car nous
n'avons que quatre années d'existence.
Ces textes stipulent la création d'annexes
que nous n'avons pas encore réalisées.
En effet, nous devons d'abord renforcer le noyau
de l'INRE. Le budget de l'INRE est principalement
financé par l'Etat, puisque nous sommes
une EPA. Mais le rôle de la commission d'homologation
est de lancer les appels d'offre nationaux et
internationaux pour l'édition du manuel
scolaire. Nous sommes chargés d'appliquer
la politique d'ouverture fixée par le gouvernement,
en ce qui concerne les nouvelles orientations
en matière de manuel scolaire. Nous pensons
que les élèves doivent avoir le
choix en utilisant plusieurs manuels par discipline.
Cette ouverture permettra aux éditeurs,
tant nationaux qu'internationaux, de s'impliquer
dans le marché du manuel scolaire et de
participer à toute la chaîne du livre,
à partir de l'auteur jusqu'à la
distribution. Ce secteur est, par ailleurs, générateurs
d'emplois. Ce qui nous intéresse le plus,
c'est que les éditeurs, surtout internationaux,
puissent comprendre ces aspects afin qu'ils participent.
Depuis que nous avons lancé l'idée
de l'ouverture, nous avons constaté un
engouement extraordinaire de la part des éditeurs
privés, aussi bien européens qu'arabes.
Au niveau de l'effectif, nous sommes environ 130
personnes. Nous avons un centre assez grand et
un budget de l'ordre de quarante sept millions
de dinars, aussi bien sur le plan salarial que
sur celui des dépenses de l'institut. Il
faut savoir que l'INRE est beaucoup plus un centre
de réflexion et d'application d'une politique.
Nous n'avons pas besoin d'avoir un gros effectif,
car la recherche se fait sur le terrain, où
nous développons la recherche action, la
recherche fondamentale et nous faisons des appels
d'offres.
Nous recevons également des offres de la
part de spécialistes des questions d'éducation.
Les résultats de ces recherches sont publiés
dans les cahiers de l'INRE que nous transmettons
aux décideurs politiques.
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Quelle est votre
politique en matière de recherche de partenariat?
Ce n'est pas à l'INRE de chercher des
partenariats. C'est davantage le cas pour l'ONPS
et les éditeurs nationaux. A partir du
moment où nous levons le monopole sur le
manuel scolaire, il est intéressant que
tout le monde s'implique.
Quelle est votre stratégie de développement
?
Notre stratégie est conforme à
la loi sur la recherche, elle nous demande de
nous pencher sur la déperdition scolaire,
qui représente un sérieux problème
pour l'Algérie qui y investit énormément
d'argent. Aujourd'hui, le budget du ministère
de l'éducation nationale est le plus gros
par rapport à tous les autres ministères.
Malgré les efforts de l'Etat, il y a encore
un fort taux de déperdition. Mais nous
devons chercher toutes les raisons ; le pourquoi
du point de vue didactique et aussi socio-économique,
car la déperdition est plus forte dans
les régions reculées. Le deuxième
aspect qui nous intéresse est d'évaluer
nos méthodes d'enseignement et l'évaluation
du système et du sous-système. Depuis
trois ans, nous sommes en train de mener une recherche
pour monter des indicateurs sur l'évaluation
des examens officiels de l'Etat. Nous accumulons
des données et couvrons tous les centres
d'examens ; il y a un questionnaire tant pour
les élèves que pour les enseignants
sur la manière dont se déroule l'examen.
Une équipe va par la suite réaliser
l'analyse, pour faire sortir des indicateurs de
qualité et voir comment remédier
aux lacunes. Il y a aussi d'autres aspects importants
et toujours conforme à la loi, tels que
la révision de tous les manuels scolaires.
Nous les avons déjà revus dans le
cadre d'un travail entreprit par les cadres de
l'INRE et par les chercheurs universitaires. Nous
allons les remettre à la commission nationale
des programmes, qui va élaborer et réfléchir
sur les nouveaux programmes qui vont être
proposés. L'INRE va ensuite lancer l'appel
d'offre au niveau national et international. Nous
devons, par ailleurs, réfléchir
sur la sociologie de l'éducation et nous
allons aussi travailler sur un autre thème
qui nous semble intéressant, c'est l'économie
de l'éducation ou les dépenses.
Enfin, il est clair que nous devons travailler
sur la façon de monter les indicateurs
conformément aux recommandations de l'UNESCO.
Pouvez vous nous parler de votre parcours professionnel?
Je suis docteur d'Etat en chimie, j'ai fait mes
études à Alger puis mon doctorat
à Moscou. J'ai été directeur
de chimie industrielle à Blida. J'ai contribué,
par ailleurs, avec une équipe, à
la création de l'université de Blida.
Par la suite, j'ai été nommé
recteur de l'université de Mouloud Mammeri
à Tizi Ouzou puis, chef du département
de la recherche et de la post-graduation au niveau
de l'académie universitaire. Actuellement,
depuis 1999, je suis directeur de l'INRE. Mais
parallèlement à mes activités
de gestionnaire, je n'ai jamais abandonné
l'enseignement à l'université de
Blida.
Quel message adresseriez-vous aux investisseurs
intéressés par le marché
algérien?
C'est dire aux investisseurs de ne pas hésiter
à venir investir dans le secteur de l'éducation,
parce que c'est un secteur immense, où
la concurrence ne doit pas faire peur. L'Algérie
est un pays immense et tous les circuits de distribution
sont à monter. C'est pour cela que différents
types d'investisseurs peuvent s'impliquer dans
la chaîne du livre, et pas uniquement les
éditeurs.
NB :Winne n'est pas responsable pour le contenu
des transcriptions non éditées
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