INTERVIEW REALISEE AVEC MONSIEUR Mohamed HADJ-DJILANI
DIRECTEUR GENERAL DE L'ONEFD
PAR EASTERN ECONOMIC REVIEW
Pouvez-vous nous présenter l'ONEFD?
L'ONEFD a été créée
par ordonnance en 1969 et fut opérationnelle
en 1970. Les retards enregistrés dans le
domaine de l'enseignement et de l'éducation,
comme la nécessité de répondre
à des besoins vitaux inhérents au
développement de l'Algérie au lendemain
de son indépendance, et bien sûr
les ambitions induites par un souci de justice
et d'équité, ont été
à la source de la création de cette
institution, sous le nom de Centre National d'Enseignement
Généralisé par correspondance
radiodiffusion et télévision, CNEG
à l'époque. A ses débuts,
cette institution avait travaillé avec
2.456 inscrits .La rentrée scolaire 2002-
2003 a vu, par contre, ses effectifs augmenter
pour atteindre 137.461 élèves inscrits.
Les âges varient de 16 à 77 ans.
Le cursus scolaire, qui débute de l'enseignement
moyen pour aller jusqu'à la classe terminale,
et qui touche également à diverses
filières de la formation professionnelle,
prépare nos inscrits aux différents
examens professionnels et scolaires. Les programmes
que nous dispensons sont, en effet, conformes
aux programmes officiels du ministère de
l'éducation nationale ; néanmoins,
les contenus se caractérisent par une spécificité
propre à l'enseignement à distance.
Il faut donc une méthodologie susceptible
de conduire l'élève à assimiler
la connaissance sans la présence de son
professeur, grâce aux différentes
étapes proposées pour y accéder.
Contrairement à l'enseignement classique,
le candidat est autonome en terme de rythme, d'utilisation
du temps, enfin sans contrainte scolaire aucune.
Evidemment, nous prévoyons une aide par
des cours de soutien quand nos élèves
ont des problèmes d'assimilation. Nous
disposons, en effet, de toutes les infrastructures
nécessaires pour apporter aide et assistance
à ces élèves. Depuis son
lancement, environ 1 700 000 élèves
sont passés par cette institution. Nous
avons donc commencé par le CNEG, mais au
bout d'un certain temps, nous avons remarqué
que la mission essentielle du CNEG se voyait quelque
peu dépassée, et que cet établissement
devrait encore rayonner davantage sur la scène
publique. C'est pour cela qu'en 2001, nous avons
lancé un projet de modification des statuts.C'est
à partir de septembre 2001 que le CNEG
est devenu ONEFD, l'Office National d'Enseignement
et de Formation à Distance, avec de nouvelles
missions et tâches, tout en privilégiant
les technologies d'information et de communication
.L'ONEFD est structuré en cinq départements
: production et évaluation pédagogique,
programmation des examens et promotion des prestations,
édition et diffusion, technologies de l'information
et de la communication, administration générale
et moyens.
Etes-vous présent à travers tout
le territoire national?
Effectivement, et d'une manière équitable.
Nous avons 20 centres régionaux d'enseignement
et de formation à distance (CREFD) .Nous
projetons de créer, en parallèle,
un vaste réseau en recourant, avec le concours
des autorités locales, aux cybercafés
avec lesquels nous envisageons l'établissement
de conventions en vue de la diffusion de nos contenus
multimédias.
D'où proviennent les budgets pour assurer
la gestion de votre établissement?
Nous avons nos ressources propres. Elles sont
constituées essentiellement de frais d'inscription
des élèves, soit 1.500 DA par élève
et par an ( 16 dollars environ ) .En échange,
les élèves reçoivent leurs
cours via internet, CD, fascicules qu'ils reçoivent
tout au long de l'année scolaire à
raison de trois envois successifs afin de maintenir
le "cordon ombilical" avec nos inscrits
; un examen de niveau est organisé à
la fin de chaque année scolaire et des
attestations y afférentes sont délivrées
à chaque apprenant ayant satisfait aux
épreuves de l'examen .Pour le budget, il
est donc de 1.500 DA par élève,
en sus des dons, legs, ainsi qu'une subvention
variable de l'Etat .Nous avons également
la possibilité de faire des prestations
de services, en sus de notre mission principale.
Nous le faisons dans les domaines de l'informatique,
de l'audiovisuel, de l'édition et de l'impression.
Ce sont des rentrées substantielles de
fonds. Nous arrivons à nous autofinancer
à concurrence de 80% environ.
Comment s'appelle votre maison d'édition
et quel est votre positionnement dans le monde
de l'édition?
Nous ne sommes pas une maison d'édition
.Nous éditons principalement aux fins de
notre mission essentielle .Nous avons nos commissions
spécialisées chargées de
l'élaboration des cours, de leur actualisation,
etc. Toutefois, cela ne nous a pas empêché,
depuis 1992, de faire de l'édition au titre
des prestations de services .
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Enfin, il n'est pas toujours aisé de réaliser
des prestations quand on a à éditer
5 millions d'ouvrages par année scolaire
pour nos propres élèves. Avec l'apport
des nouvelles opportunités technologiques
nous pourrions, peut être, apporter un "
plus " en terme de prestations offertes.
Pouvez-vous nous parler de la coopération
de l'ONEFD avec les pays étrangers?
Nous travaillons avec les français pour
le développement d'une plate-forme d'enseignement
à distance avec la direction des technologies
d'information et de communication du centre national
d'enseignement à distance (CNED) français.
Egalement, dans le cadre de la recherche, un travail
est en train de se faire avec l'institut national
de la recherche pédagogique (INRP), en
matière d'ingénierie dans le domaine
de la formation et de l'enseignement à
distance .Nous travaillons avec l'institut universitaire
de la formation des maîtres (IUFM) de l'université
Aix-Marseille, et avec le CRDP, le Centre Régional
de Documentation Pédagogique français,
pour le développement des TIC. Nous réfléchissons
ensemble à une plate-forme commune où
l'arabe doit trouver sa place. Nous avons réussi
une partie de cette opération avec nos
partenaires français, particulièrement
le CNED. Nous avons, par ailleurs, envoyé
nos équipes d'informaticiens et de pédagogues
durant un mois de formation, du 14 juillet au
13 août 2002, pour expérimenter cette
plate-forme dans sa partie arabe, car nos cours
sont dispensés en majorité dans
cette langue.
Et en ce qui concerne la coopération
avec les Canadiens?
Un travail est en train de se réaliser,
prenant en compte nos attentes, leurs attentes,
le développement de notre site, la méthodologie
utilisée dans l'élaboration de nos
cours à distance, l'orientation que nous
voulons donner à nos prestations. Nous
avons aussi des contacts avec l'Italien Delorenzo
pour la création d'un espace technologique,
Open University de Grande Bretagne, et la SOFEG
canadienne, dont les responsables nous ont récemment
rendu visite pour étudier les possibilités
de coopération dans le domaine des TIC.
Quels sont les challenges auxquels vous faites
face dans le développement de l'ONEFD?
D'abord, continuer à améliorer nos
prestations pour un meilleur rendement scolaire.
Il faut aussi atteindre une moyenne de réussite
aux différents examens scolaires, de l'ordre
de 30% au minimum car nous sommes à ce
jour à 15, 46 % au baccalauréat
.Même si 15, 46 % au baccalauréat
est " une prouesse ", je ne peux pas
l'attribuer seulement à l'institution,
mais aussi à l'acharnement et à
la passion de la part de nos inscrits et à
leur volonté de réussir .
D'après votre ministre, le principal
challenge est d'insister sur l'aspect qualitatif,
êtes-vous d'accord avec cela?
Tout à fait .L'aspect quantitatif a eu
largement sa part, il faut maintenant faire un
sursaut qualitatif et donc développer de
nouveaux outils, de nouveaux mécanismes
et réfléchir à de nouvelles
approches .La formation est aussi très
importante, celle des élèves comme
celle du staff pédagogique. Nous comptons
pas moins de 2.942 professeurs associés,
entre universitaires, professeurs de l'enseignement
secondaire et inspecteurs du cycle fondamental
et de l'enseignement secondaire .Je signale, entre
autre, que l'ONEFD participe à la formation
d'une catégorie d'enseignants ; celle-ci
entre dans le cadre de la formation continue ou
en cours d'emploi. Il faut également atteindre
le maximum d'élèves qui ont été
empêchés de poursuivre leur scolarité
pour une raison ou une autre, et lutter ainsi
contre les déperditions scolaires en amont
du système scolaire et en aval .Nous voulons
insister sur " la formation tout au long
de la vie " .C'est, d'ailleurs, un des objectifs
que se fixe l'UNESCO.
Quel message transmettriez-vous aux investisseurs
internationaux ou en direction du partenariat
et de la coopération internationale?
L'ONEFD a mis en place une organisation stable
et solide. En ce sens, il capitalise une longue
expérience dans le domaine de l'enseignement
et de la formation à distance (EFAD), et
dispose d'équipements, de techniciens et
de cadres constituant un potentiel non négligeable.
Au niveau de l'édition et de l'impression,
de l'audiovisuel et de l'informatique, nous disposons
d'équipements professionnels, d'une capacité
industrielle, et d'une main d'uvre qualifiée.
Nous avons aussi un réseau de distribution
à travers tout le pays .Nous comptons,
comme nous l'avons dit plus haut, 20 centres régionaux
répartis uniformément à travers
le territoire national et dotés d'infrastructures
et d'équipements ; nous sommes attentifs
et ouverts à toute proposition de coopération
ou de partenariat .
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