CZECH REPUBLIC
In the Heart of Europe

MR. ROBERT-JAN WOLTERING

Interview with
MR. ROBERT-JAN WOLTERING
Directeur Général de l'Hôtel Mercure à Prague


MERCURE PRAGUE CENTRE NA PORICI



Contacts:

Na Porici, 7 - 110 00 Praha 1
République Tchèque
Tél. (420) 221 800 800
Fax : (420) 221 800 801
E-mail : H3440@accor-hotels.com
Website: www.mercure.com

Vous avez ouvert très récemment. Etant donné qu'il y a déjà un Novotel et deux Ibis à Prague, quelle était la motivation pour Accor d'ouvrir un hôtel Mercure ?
Il y avait plusieurs raisons. Accor a débuté ici avec un hôtel Ibis à Karlín qui était fermé à cause des inondations mais qui vient aujourd´hui de réouvrir. Après cet Ibis-là, nous avons développé Novotel et ouvert un autre Ibis dans Prague 2. Ce projet ainsi que l'Ibis de Karlín ont eu un succès financier assez réconfortant, et c´est à partir de ce moment que Prague est devenu une ville prioritaire pour le développement de notre groupe. Nous avons alors décidé d'ouvrir un autre Mercure. Pourquoi Mercure? Parce que Mercure est un réseau européen, en général présent dans chaque capitale avec plusieurs hôtels. Et de plus, nous venons de reclasser nos hôtels Mercure avec un nouveau système de classement - 2M, 3M, et 4M. Ici nous sommes 4M, c´est à dire le niveau le plus luxueux de la marque. Pourquoi avons-nous choisi Prague? Parce que non seulement c'est un succès financier, mais aussi parce que la demande est là, et donc il y a un vrai besoin d'hôtels comme les nôtres. Environ 60-65 % des clients de notre réseau Mercure sont des voyageurs d´affaires. Ici c´est un peu moins que cela. Nous avons déjà récupéré des contrats de corporations présentes sur ce marché et des réservations à travers du 'Global Distribution System' et d'internet qui ne cesse pas d'augmenter. L'avantage que nous avons c´est d'être une chaîne de marque connue qui offre une sécurité de séjour au niveau de la qualité des chambres, de la sécurité et de la qualité de nos produits; mais en même temps nous restons indépendants dans la mesure ou ces hôtels sont toujours bien intégrés dans l´environnement. Je ne sais pas comment vous vous sentez ici, mais moi je me sens dans un hôtel à Prague, pas à Londres, pas à Paris ou à New York, mais à Prague. Ce qui n´est pas forcément le cas dans tous les autres hôtels de Prague.

Ce dont on parle beaucoup en ce moment, c´est que des villes comme Prague ont récuperé beaucoup de voyageurs qui voyageaient en Tunisie, au Maroc. Depuis le 11 septembre, ces voyageurs se sont tournés vers des destinations telles qu'Amsterdam et Prague. Comment ressentez-vous cet effet?

Je parle un petit peu en deuxième ligne parce que je n´étais pas là le 11 septembre, ni pendant les mois qui ont suivi la crise, mais je ne pense pas que Prague ait profité du 11 septembre. Prague, comme chaque autre ville du monde, a fait son bilan de conséquences du 11-09. C´était un choc, et pas seulement pour l'Amérique, où les voyages ont fortement diminué. Au niveau européen, les effets ont été beaucoup moins visibles, mais au moins on a fait le bilan des conséquences de ce désastre. Maintenant est-ce qu´il y a un 'shiftage' des destinations ? Oui, je pense qu'il y a un 'shiftage' des destinations. Peut-être est-ce des longs séjours qui ont été raccourcis, mais est-ce que la vrai raison derrière cela est le 11 septembre; où est-ce que c´est peut-être dû au fait que nous sommes en train de subir une petite régression économique?

En regardant plus proche de chez nous, Prague a beaucoup souffert des inondations de l'été dernier. Comment voyez-vous l´effet de ces inondations sur le secteur hôtelier; à la fois à court-terme et à long terme?

Je peux vous confirmer l´effet à court-terme comme toutes les télévisions du monde qui ont retransmis les événements. Prague a été sinistrée avec un soi-disant retour de maladies incroyables, qui n´existaient plus depuis longtemps. Aujourd´hui heureusement on commence à se rendre compte que les conséquences n'étaient pas aussi graves que l'on pensait, des parties de la ville ont été inondées, c'est un fait, mais il y en a eu d´autres, comme Dresde etc. Cela a quand même eu un effet important sur notre secteur. Nous avons eu énormement d'annulations, surtout au niveau des loisirs. En plus, le monde des affaires a été perturbé, des quartiers étaient complétement fermés. Notamment le quartier de Karlín, Prague 8, qui était, jusqu'à fin décembre, un quartier en plein essor. Nous avons réussi à couvrir les coûts, mais cela fait mal. Je pense que chaque hôtelier vous dira la même chose. Nous avons déjà rattrapé nos pertes, ce qui nous permet de faire d'autres choses. Ce n´est pas pour rien d´ailleurs que les hôteliers ont pris l'initiative " Prague is cooking " sur le pont Charles. Nous avons rassemblé 800 personnes, et distribué la soupe pragoise (traditionellement servie dans une miche de pain après en avoir enlevé la mie) pour démontrer aux média que Prague est redevenue plus au moins comme avant. Aujourd´hui je pense que la vie à Prague est revenue à la normale mais il faut beaucoup d´efforts pour diffuser ce message. Je n´estime pas que nous allons recupérer ces voyageurs avant avril l´année prochaine.

Quel est le taux d´occupation que vous prévoyez pour votre hôtel ici sur un plan annuel?

C´est un hôtel qui débute, donc nous estimons avoir l´année prochaine environ 70 % de taux d'occupation.

Travaillez-vous sur beaucoup de services annexes pour augmenter vos REV- PAR (Revenu par Chambre Construite)?

Oui, bien sûr, je travaille sur des services annexes, mais pas seulement pour obtenir un résultat financier. Avant tout je suis hôtelier. C´est mon métier, ma passion, et travailler sur d'autres services, c´est plutôt mon hobby. Je veux offrir à mes clients un service absolument parfait, un bon repas chez nous dans une brasserie française qui s´appelle Félice, avec une cuisine authentique. Je veux que ce bar devienne un lieu où tous les hommes d´affaires praguois, nationaux et internationaux se rencontrent. Ce sont des choses qui sont importantes, qui influent aussi sur les REV-PAR. Je veux créer des points de ventes pour les hommes et femmes d´affaires tchèques qui, le soir, peuvent revenir avec leur famille pour un petit dîner sympathique. Je pense qu´au niveau de la restauration, c´est le début. Je refuse de faire des points de restauration seulement pour les clients de l´hôtel. Ce n'est pas gai, et en général ce n´est jamais un succès financier. Donc les succès financiers au niveau de la restauration sont faits à travers de leur propre produit, avec leur propre marché. Maintenant en ce qui concerne les REV-PAR, il faut les augmenter bien sûr. Comment ? Il faut augmenter le taux d'occupation ou le prix moyen, ou encore mieux les deux.
Aujourd´hui on se retrouve dans une situation financière européenne qui n´est pas très bonne. Prague ne va pas être une exception. On a une baisse d´activité au niveau des loisirs parce que Prague devient tout doucement un petit peu cher, les prix des billets d'avions le sont déjà. On fait Paris - Prague pour le weekend pour 300 euros. Plus le prix du séjour ici, qui est assez cher en comparaison avec d'autres villes comme Barcelone ou Istambul. C´est là où il faut se poser la question: comment se positionner sur le plan des loisirs au niveau international ? Je suis convaincu que le fait que la république tchèque réjoigne la Communauté Européenne aura un effet positif sur l´économie, parce que nous sommes ici dans un pays en pleine voie de développement. Les hommes d'affaires viendront de plus en plus. Cela aura sûrement un effet très positif. Et je suis content que le sommet de l'OTAN se soit bien passé, et aura un effet positif sur le segment des congrès; pour justement mieux positionner Prague sur la carte internationale.

Quel va être le climat de compétition dans Prague ? Il y a quand même une bonne sélection d´hôtels de 3, 4 étoiles au centre ville. Comment vous positionnez-vous par rapport aux autres hôtels, comment vous differenciez-vous de vos concurrents?

Disons qu´il y a beaucoup d´hôtels 5 étoiles - Renaissance, Marriott, Hilton, Pariž, Bohemia … sur un rayon de 200 mètres c´est beaucoup. Il n´y a pas beaucoup de 4 étoiles. Nous avons ici le Novotel, K&K , le Phénix et nous. Le fait que nous ayons un vrai produit 4 étoiles est un premier positionnement. Le deuxième, c´est le prix. Nous avons aujourd´hui un prix en dessous de celui des autres hôtels qui nous entourent. Le troisième point est notre localisation; le quatrième, l´image de marque de Mercure, et la sécurité de ces prestations, qui respectent l´intégration sur le plan local. Ces quatre points seront la base de notre succès.

ACCOR, premier groupe hôtelier européen, est un groupe français. Comment jouez vous de cette image française?

Oui, bien sûr, nous sommes une société française et cela se ressent à tous les niveaux. Au niveau de la restauration aussi. 'Félice' est une brasserie où nous essayons de cuisiner les plats d´une vraie brasserie parisienne. C´est vraiment dans le style français; à travers de notre carte de vins nous avons mis en place un programme de la marque Mercure qui s´appelle 'Grands Vins Mercure'. Nous achetons de grandes cuvées pour des prix très raisonnables. Nous n'allons pas tout de suite acheter du Château Margot parce que c´est quand même un peu cher, et puis ils n'ont pas assez de production. Mais nous achetons volontiers un Bordeaux grand cru à un prix abordable et d'une grande qualité. Nous achetons cela pour nos hôtels Mercure et nous avons une politique de vente attirante parce que nous appliquons une marge maximale de 15 %, avec un prix maximum de 10 euros. Ce n´est rien du tout comparé aux prix de la concurrence. C´est un programme de marketing qui s'est mis en place il y a une vingtaine d'années dans tous nos hôtels Mercure. Cela a tellement évolué que maintenant nous n'avons pas seulement une carte mondiale; en France nous avons deux cartes - nord et sud, printemps et hiver, pour la simple raison que la production n´était plus suffisante. Nous avons aussi une carte au Luxembourg, en Allemagne, en Autriche, en Australie, Angleterre, Italie, Espagne, et cette année pour la première fois ici, en République Tchèque. Normalement des pays producteurs de vins, comme par exemple l'Italie, ont leur propre carte avec des vins de leur pays en exclusivité. En République Tchèque, il y a des vins locaux, mais ils ne sont malheureusement pas encore tous à un haut niveau de qualité. Nous en avons identifié trois, et nous avons d´autres 'Grands Vins Mercure' français, allemands et autrichiens.

Une chose qui intéresse toujours nos lecteurs, c´est de savoir comment les gens que nous rencontrons arrivent à leur position. Vous êtes aujourd'hui le manager d´un Mercure à Prague, comment êtes-vous arrivé jusque-là ?

Disons que je suis né il y a 38 ans aux Pays-bas, ou j´ai fait mes études à l´école hôtelière. Ensuite, je suis allé faire mon stage pratique en Côte d´Ivoire chez Intercontinental. Après cela j´ai débuté au Pays-Bas au Hilton, à Rotterdam, Amsterdam, Paris, Madagascar, un petit passage à travers Jakarta, et par la suite j´étais au Yémen et après tout cela, je suis rentré dans le groupe Accor. Il y a plusieurs choses qui m´ont passionné chez Accor. Premièrement, c´est le directeur de l´époque, Ralph Radtke, qui m´a donné une interview. C'était un homme tellement amoureux et passionné par son métier; il m´a donné une image tellement forte que je n´avais pas encore vu dans le monde anglo-saxon. Il avait beaucoup d'enthousiasme pour le groupe. Deuxièmement, l´autonomie qu´on reçoit chez le groupe Accor est aussi une chose qu´on ne trouve pas facilement chez les groupes anglo-saxons. On y trouve plutôt une bibliothèque, sauf qu´elle n´est pas rempli de bouquins mais de " manuels ". Il faut les respecter. Chez Accor nous avons un minimum de standards auquels il faut adhérer. Mais cette autonomie nous permet de prendre beaucoup d´initiatives, on peut créer sa propre formule de bar, de restaurant, le choix des repas, on peut prendre de vrais décisions d´une façon assez autonome. Cela ne veut pas dire que c´est l´anarchie. En même temps nous sommes responsables de toutes nos actions. J´ai beaucoup aimé cela il y a 8 ans environ, quand je suis rentré dans le groupe comme F&B manager sur Sofitel et Novotel au Luxembourg. Maintenant je suis un hôtelier en plein centre-ville à Prague, et je me réjouis toujours d'être au sein du groupe leader européen.

Quel serait votre message final pour nos lecteurs?

Premièrement, venez dormir chez Mercure et découvrir la passion du métier de nos hôteliers. Deuxièmement, je pense que la république tchèque est un pays qui présente énormément d´opportunités pour les investisseurs. La ville de Prague en particulier offre une qualité de vie qui est comparable avec n´importe quelle autre ville d´Europe de l´Ouest. Il est intéressant d'investir ici également parce que l´emploi ne coûte pas aussi cher qu'à l´Ouest. Il y a un gouvernement très stable, un progrès économique constant, qui varie de 3 à 5 % ce qui n´est pas forcément le cas dans d'autres pays. Les données financières sont très motivantes pour venir ici. Ce n´est pas pour rien que nous y sommes aussi !
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