Question 1 :
Tout d'abord, merci beaucoup de nous recevoir.
Il y a 18 ans déjà, la République
de Guinée a choisi le chemin de l'ouverture,
vers une économie de type libéral.
Dans les dernières années, d'énormes
efforts ont été réalisés
pour la mise en place d'un pays prêt
à relever les défis d'un siècle
nouveau. Pourriez-vous nous dresser un bilan
des fruits de cette politique d'ouverture
?
Réponse 1: Je vous remercie.
Je voulais tout d'abord vous dire que, depuis
le changement politique intervenu en 1984,
le régime nouveau a mis en place un
ensemble de mesures et une politique visant
à changer avec l'ordre ancien qui existait
dans les années 60-70 ; un ordre, disons,
dirigiste, essentiellement sur le plan économique,
sur le plan financier, sur le plan politique
et même sur le plan social.
En 1984, nous avons fait une rupture avec
M. le Président de la République,
notamment depuis son discours du 22 décembre
1985 où le pays a fait un virage
complet ; nous sommes rentrés dans
le système libéral. On a libéré
les initiatives, on a libéré
l'économie, nous avons mis à
plat les institutions républicaines,
et nous avons stabilisé l'économie
en vue de relancer la machine économique.
Donc, ce processus est en cours depuis 1985,
et il a atteint sa vitesse de croisière
depuis les années 1990, puisqu'à
partir de 1990, politiquement, nous avons
mis en place la loi fondamentale, c'est-à-dire
la constitution, et les institutions de
la République, essentiellement la
présence dans le publique, la justice,
le Parlement, les partis politiques, la
liberté de la presse, la décentralisation
; et tout ce système fonctionne depuis
cette date. Nous avons régulièrement
tenu nos élections présidentielles
en 1993, en 1998, et la prochaine va avoir
lieu en 2003. Nous avons régulièrement
tenu nos élections législatives
en 1995, en juin 2002, et les élections
communales ont aussi été tenues
régulièrement.
Les parties politiques sont au nombre d'une
quarantaine, et nous avons une presse privée
nombreuse, variée et libre. Et nous
pensons que c'est comme ça que les
choses doivent avancer.
Sur le plan économique, nous avons
changé l'ordre des choses ; naturellement
des entreprises ont été fermées,
les banques ont été privatisées,
le secteur privé est devenu en quelque
sorte le moteur de la croissance et de l'économie
; dans la mesure où, aujourd'hui,
toute la production et l'échange
des services, des biens et le secteur primaire
se trouvent assurés par le secteur
privé.
Sur le plan social, le but est naturellement
de donner aux populations guinéennes
les moyens d'une vie meilleure ; et je crois
que, de ce point de vue là, la santé
a connu des améliorations considérables,
sur le plan des infrastructures, sur le
plan de la vaccination des enfants, sur
le plan de la lutte contre les grandes endémies,
notamment aujourd'hui le sida, les maladies
sexuellement transmissibles, le paludisme,
la tuberculose, qui sont des maladies que
nous combattons aujourd'hui avec l'appui
de nos partenaires.
Je dois dire qu'après la stabilisation
économique, notre pays connaît
aujourd'hui une croissance. Le taux de l'inflation
a été maîtrisé
depuis les années 90. Quant à
la production au niveau de l'agriculture,
nous évoluons sûrement vers
l'autosuffisance alimentaire. Nous mettons
en place des pistes rurales. Sur le plan
de l'assainissement et de l'approvisionnement
en eau potable, le gouvernement a fait des
efforts considérables ; sur le plan
de l'éducation également,
puisque l'éducation des jeunes filles
et le taux de scolarisation ont été
améliorés. Les infrastructures
routières pour la communication,
l'échange économique et l'échange
entre les populations ont été
aussi considérablement améliorés.
Au total, nous avons aujourd'hui un programme
de base économique. Le programme
de base, c'est notre Document de Stratégie
de Lutte contre la Pauvreté qui a
été mis en place avec le concours
des populations. Essentiellement, il est
basé sur la mobilisation de toutes
les ressources minières, de toutes
les ressources financières, et de
l'apport de nos partenaires bilatéraux
et multilatéraux, de manière
à ce que la pauvreté puisse
reculer dans notre pays. Dan ce cadre là,
nous avons un ensemble de programmes visant
essentiellement à faire du développement
de proximité ; notamment en mettant
l'accent encore une fois sur l'agriculture
qui utilise près de 80% de notre
population, mais aussi en mettant l'accent
sur les secteurs de croissance que sont
notamment les mines, la pêche, le
commerce général avec l'OMC
dans le cadre de la mondialisation et des
accords signés avec les Etats-Unis
et l'Union européenne, de manière
à ce que nous puissions être
dans le commerce mondial pour pouvoir profiter
de l'amélioration globale de l'économie
mondiale. Voilà les grandes étapes.
Je voudrais également signaler que
nous accordons beaucoup d'importance aujourd'hui
à la décentralisation. Je
parlais tout à l'heure de proximité.
Nous pensons que le développement
ne peut pas se faire tant que les moyens
humains, intellectuels et matériels
ne sont pas créés pour les
initiatives privées à la base
; et c'est aujourd'hui l'un des programmes
que nous utilisons avec nos partenaires
pour arriver doucement à faire en
sorte que des populations puissent entrer
vraiment dans le développement, à
leur profit et au profit de tout le monde
dans ce pays.
Je dois ajouter que le programme de l'économie
est également adossé au programme
de gouvernance, qui englobe la gouvernance
publique mais aussi la gouvernance privée,
c'est-à-dire essentiellement la lutte
contre la corruption, la lutte pour une
justice sereine et transparente, la lutte
pour un milieu d'affaire assaini et opérationnel.
Voilà un ensemble de mesure qui fait
qu'aujourd'hui, nous avons le Comité
National de Lutte contre la Corruption.
Nous avons, au niveau de la justice, un
certain nombre de dossiers importants qui
doivent être jugés, certaines
personnes qui vont devoir répondre
devant la justice d'actes qui auraient été
commis dans le domaine du secteur financier.
Voilà, en gros, l'évolution
depuis 1984, et je peux vous dire qu'aujourd'hui,
les résultats sont là. C'est
visible à Conakry dans l'urbanisation
de notre capitale, dans la limitation de
l'importation de denrées alimentaires,
dans l'inflation maîtrisée,
dans la couverture de notre matelas de devises
étrangères ; également
dans l'ensemble des opérations de
coopérations que nous avons aujourd'hui
avec d'importantes institutions : l'Union
Européenne, les Etats-Unis, mais
aussi et surtout l'Afrique, avec la zone
monétaire et la CEDEAO qui est un
marché important que nous devons
mettre en place ; parce que ce marché
va nous permettre naturellement de créer
un autre moyen d'échange, des moyens
d'une production industrielle importante.
C'est valable pour nous mais c'est aussi
valable pour tous ceux qui veulent venir
prendre le risque avec nous et investir.
Question 2: Vous avez évoqué
les prochaines élections en 2003,
Son Excellence le Général
Lansana Conté a décidé
de briguer un nouveau mandat ; Quelles sont
vos prévisions pour ces élections
?
Réponse 2: En Guinée,
nous sommes démocrates ; donc depuis
1993, nous soumettons, conformément
à notre constitution, nos responsables
à la voix du peuple. C'est le peuple
de Guinée qui sait et qui est à
la fois bénéficiaire et arbitre
de cette politique. Le peuple de Guinée
a régulièrement renouvelé
sa confiance au Général Lansana
Conté. Nous estimons que c'est ce même
peuple qui a demandé au Général
de continuer à gérer les artères
de notre pays. Je crois qu'il n'y a pas de
raisons pour que ce peuple modifie sa confiance
dans la mesure où les acquis sont là.
Vous avez vu des femmes dans les champs, vous
avez vu peut-être des associations de
jeunes qui ont adhéré à
la politique d'autosuffisance alimentaire
du Chef de l'Etat, vous avez vu également
des enfants aller à l'école
; le taux de scolarisation, la santé,
l'assainissement, le recul de la pauvreté
qui sont là. Je pense que les populations
qui sont bénéficiaires de tout
cela se rendent comptent que la Guinée
a bougé, que la Guinée continue
à bouger ; et donc nous sommes totalement
sereins ; et grâce à Dieu, le
pays est calme. Je pense que les populations
en Guinée connaissent leur intérêt,
et savent que la stabilité est le premier
élément du progrès. Sans
stabilité, il n'y a ni droit de l'homme,
ni démocratie, ni développement
économique ; il n'y a que la misère
et le recul généralisé.
Je crois que les Guinéens iront aux
urnes comme on l'a fait depuis le changement
politique, avec le multipartisme, dans la
sérénité, dans le choix
démocratique, dans la paix et dans
la continuité.
Question 3: L'activité minière
est le poumon de l'économie guinéenne.
Toutefois, d'autres secteurs présentent
également des atouts et d'énormes
potentialités. Quelles dispositions
sont adoptées afin de favoriser la
diversification de l'économie guinéenne
?
Réponse 3: Je vous disais tout
à l'heure que l'agriculture a déjà
connu un développement considérable.
C'est le secteur aujourd'hui où le
taux de croissance est le plus important et
le plus rapide. Bien sûr, les mines
constituent dans nos finances publiques, dans
la richesse de ce pays, un apport considérable
; mais le gouvernement, après les premières
mesures de stabilisation économique
dans les années 80, et avec l'appui
de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire
International, après les différents
programmes d'ajustement structurel, est aujourd'hui
prêt à relancer la croissance
économique, puisque les paramètres
économiques et les grands équilibres
ont été réalisés.
Nous pensons qu'aujourd'hui, des instruments
ont été mis en place, comme
le PACD et le PACI pour le renforcement des
capacités institutionnelles, pour le
développement à la base. Nous
avons mis en place un ensemble de mesures
pour apporter aux populations les moyens de
se développer, les moyens d'entrer
dans le circuit économique et de créer
ainsi la richesse et faire reculer la pauvreté.
Je crois que ces mesures économiques
et financières d'une part, et les mines,
l'agriculture, le commerce général,
les banques, les transports, les services,
et le tourisme d'autre part, commencent déjà
à se développer.
Tout cela participe à ce mouvement
global visant à assurer à
nos populations les moyens d'avoir des revenus,
des activités et de prendre en charge
l'impulsion libérale. Dans les mines
par exemple, nous avons de très grands
projets ; puisque vous savez que nous avons
des réserves importantes dans le
domaine des métaux et des produits
miniers.
Nous cherchons aujourd'hui à développer
ces grands projets, que ce soit dans le
domaine du fer, que ce soit pour des usines
d'alumine ou d'aluminium, que ce soit pour
des projets énergétiques importants
comme par exemple des barrages pour l'irrigation
des terres. Donc, il y a là un ensemble
de mesures qui, encore une fois, vont reposer
essentiellement sur la population pour qu'elle
se prenne en charge, pour qu'elle rentre
dans le combat politique et le combat économique
afin de réaliser un revenu important.
Question 4: Vous avez également
parlé de la privatisation. Ce processus
de privatisation est toujours à l'ordre
du jour, mais dans quelle mesure le gouvernement
soutient-il les initiatives privées
?
Réponse 4: La privatisation
est l'un des éléments importants
de notre politique économique. Bien
sûr il y a les mesures incitatives ordinaires
sur le plan fiscal, sur le plan budgétaire,
sur le plan de la couverture de nos importations
par des mesures monétaires et une gestion
vraiment assainie de la monnaie dans notre
pays ; mais il y a également un ensemble
de mesures qui ont été mises
en uvre, notamment en apportant aux
opérateurs économiques, nationaux
et étrangers, les moyens de s'insérer
dans le tissu économique Guinéen.
Toutes les entreprises qui sont susceptibles
d'être gérées par le secteur
privé ont été privatisées
; l'une des dernières en date est l'entreprise
nationale de transport aérien, Air
Guinée, qui a été privatisée
il y a un peu plus de trois mois. D'ailleurs,
nous avons déjà des résultats
tout à fait encourageants. Nous avons
des secteurs tels que les hydrocarbures qui
ont été privatisés. De
fait, nous cherchons à privatiser tout
le secteur de la production et du commerce.
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C'est vous dire
qu'au total, il y a eu un ensemble de mesures
incitatives, dont le code des investissements,
qui regroupe un ensemble de mesures qui visent
à inciter les investisseurs à
venir investir dans notre pays ; pays dans
lequel le taux de rentabilité est extrêmement
fort puisqu'il y a des incitations d'ordre
fiscal et d'ordre institutionnel qui facilitent
considérablement la tâche des
investisseurs. Voilà pourquoi nous
fondons un grand espoir pour l'amélioration
des finances publiques, qui repose essentiellement
sur la fiscalité intérieure
non minière qui a été
considérablement améliorée.
Aujourd'hui, la part du secteur minier dans
les recettes budgétaires a été
considérablement diminuée, en
tenant compte du fait que d'autres activités
importantes, génératrices de
recettes, ont été impulsées.
Voilà pourquoi nous allons continuer
avec le développement de l'agriculture
pour développer l'agro-industrie.
Pour ce faire, nous nous appuyons aussi
sur la production locale, qui est variée.
Certaines populations produisent par exemple
des pommes de terre et d'autres produits
qui, il y a seulement cinq ans, faisaient
l'objet d'appel à l'extérieur.
Aujourd'hui, pour reprendre l'exemple de
la pomme de terre, la consommation intérieure
est couverte par la production.
Question 5: L'une des priorités
de votre politique est la lutte contre la
pauvreté. Quelles sont concrètement
les mesures adoptées pour assurer
une redistribution équitable des
richesses et lutter activement contre cette
pauvreté ?
Réponse 5 : Les richesses, il
faut d'abord les créer avant de les
redistribuer. Les richesses que nous avons
aujourd'hui sont des richesses au niveau des
recettes budgétaires, des moyens dont
dispose l'Etat. Dans la mesure où l'Etat
s'est retiré de la production et de
l'échange, le secteur privé
intervient souvent dans la création
des richesses. Ce que je peux dire, c'est
qu'aujourd'hui notre budget est l'instrument
de lutte contre la pauvreté, en accord
avec la Banque Mondiale, le Fond Monétaire,
l'Union Européenne, la BAD et d'autres
partenaires ; et il est orienté essentiellement
vers ce qu'on appelle les secteurs prioritaires,
c'est à dire la santé, l'éducation,
la lutte contre le sida, l'assainissement,
l'agriculture et les services de base au niveau
des collectivités décentralisées.
Je l'ai dit, toute la politique aujourd'hui
vise justement à ce que le peu de moyens
que nous avons, au niveau des finances et
des ressources, soit redistribué à
la base pour que les services qui vont permettre
d'impulser le mouvement de développement
au niveau des populations soient assurés
: les pistes rurales, les administrations
de type local, des ristournes pour ces populations
locales, pour qu'elles participent également
à la mise en uvre des instruments
dont ils ont besoin pour le financement local.
Donc, des mesures incitatives sont prises
aujourd'hui pour faire en sorte que ce développement
se fasse.
Avec les instruments que j'ai nommé
tout à l'heure, notamment le PBCV
(Programme de Base de Collectivité
Villageoise) et le PRCD (Programme de Renforcement
des Collectivités Décentralisées),
nous pouvons mettre en place un certain
nombre de moyens matériels et financiers,
indirectement à la disposition des
populations et des représentants
élus par ces populations. Cette déconcentration
budgétaire a déjà été
amorcée dans le domaine de l'éducation,
de la santé, de l'agriculture, de
l'assainissement. L'Etat, au niveau central,
envoie dans les collectivités décentralisées
un certain nombre de moyens qui permettent
de créer des pistes rurales, des
ponts, des abris pour la production agricole,
qui permettent de donner de petits crédits
à des producteurs, qui permettent
aussi de les réunir dans des groupements
qui sont soutenus. Dans ce cadre, la politique
du Chef de l'Etat consiste aujourd'hui à
doter des groupements de femmes, des groupements
de jeunes, en tracteurs, en herbicides,
en engrais pour les amener à cultiver
les plaines que nous avons, dans un pays
aussi arrosé que le nôtre.
Avec toutes ces initiatives d'appui, nous
avons l'espoir que cela va nous permettre
de réaliser très rapidement
à la fois l'autosuffisance alimentaire,
et de donner aux populations, à la
base, des revenus permettant de participer
à la consommation.
Question 6: D'un point de vue international,
quel est le rôle de la République
de Guinée dans le cadre du développement
de la sous région, notamment en ce
qui concerne sa participation dans la CEDEAO
(Communauté Economique des Etats
d'Afrique de l'Ouest) et la ZMAO (Zone Monétaire
d'Afrique de l'Ouest) ?
Réponse 6: Dans cette sous région,
nous avons, grâce à Dieu, un
rôle important à jouer. D'abord,
on peut naturellement parler de notre rôle
du point de vue de la sécurité,
pour stabiliser la sous-région. Vous
savez que nous sommes environnés de
foyers de tension, et que l'une des raisons
qui explique que la Guinée est un pays
d'avenir, un pays avec lequel il faut compter,
c'est une stabilité intérieure
que nous avons, et que malgré l'agression
tentée sur nous en 2000, nous avons
réussi à maintenir. Dans ce
cadre, la diplomatie guinéenne est
très active pour que cette paix revienne
dans la sous région. Tout en travaillant
sur le terrain sécuritaire pour que
nos voisins retrouvent la paix, la Guinée
travaille également avec ses voisins
de la sous-région dans le fleuve Mano.
La CEDEAO également est de la zone
2 pour créer un espace économique
élargi et communautaire. Vous étiez
là lors la dernière réunion
au sommet de la ZMAO. Nous avions l'ambition,
il y a 3 ans, de créer en 2003 la monnaie
unique ; nous venons de nous rendre compte,
à la suite de ce sommet, que c'était
une décision un peu hâtive, et
que nous avons encore besoin de mettre nos
politiques en convergence. La monnaie ne peut
exister que si toute l'économie est
convergente sur le plan monétaire,
budgétaire, sur le plan du déficit
et des taux d'inflation ; c'est ce que nous
venons de voir, et les Chefs d'Etat ont pris
la décision de reporter la création
de la monnaie unique dans la zone 2 pour nous
permettre de mettre nos politiques en convergence.
Je pense que nous sommes dans un monde de
regroupement. Les capacités de production
sont devenues très importantes ; il
faut donc de l'espace, un marché important.
Les Guinéens en sont conscients, et
ils produisent beaucoup dans le secteur agricole,
puisque notre pays est très arrosé
et connu comme le château d'eau de l'Afrique.
Nous devons aller à pas forcés
pour créer ce marché de manière
à ce que cela puisse nous donner des
opportunités. Nous avons beaucoup d'espoir.
D'abord, nous avons tout le monde autour de
nous : la Sierra Léone, le Libéria
; et bien qu'il y ait la guerre au Libéria,
nous continuerons à travailler pour
que l'espace du fleuve Mano, qui regroupe
les 3 pays, continue à se développer.
Nous avons aujourd'hui des accords importants.
Le président du Mali était en
Guinée la semaine dernière pour
que l'axe Conakry-Kankan-Bamako soit vraiment
mis en uvre, de manière à
ce que leurs débouchés sur la
mer puissent être assurés à
partir de Conakry. C'est un programme extrêmement
important, avec des retombées importantes
à la fois pour le Mali et pour nous-même.
Il y a là le développement du
projet portuaire et des opportunités
d'investissement considérables. Donc,
nous appelons les investisseurs à venir
se joindre à nous pour cela.
Question 7: Pourriez-vous nous parler
en quelques mots de votre parcours professionnel,
ainsi que de votre plus grande satisfaction
professionnelle depuis votre nomination
comme Premier Ministre de la République
de Guinée ?
Réponse 7: Mon parcours personnel
est le parcours d'un homme qui fait sa mission,
qui croit en sa mission, qui croit que chacun
de nous, ici-bas, doit se rendre utile et
faire quelque chose. Bien sur, j'ai fait des
études supérieures ; je suis
agrégé de droit privé
; je suis d'abord un juriste de formation.
Comme profession, j'ai été avocat,
professeur d'université, et juge à
la Cour Suprême que j'ai dirigé
pendant quelques années. J'ai été
membre de l'organe législatif transitoire
de mon pays, où je me suis occupé,
avec d'autres citoyens de ce pays, de la mise
en place de bancs de lois. Voilà un
peu ma formation et les professions que j'ai
eu à accomplir. Aujourd'hui, grâce
à la confiance du Chef de l'Etat, je
suis Premier Ministre de mon pays, je crois
que tout cela se situe dans le cadre, comme
je l'ai dit, de la mission que chacun de nous
doit accomplir, quelque soit le niveau auquel
nous sommes.
Ma plus grande satisfaction, c'est que
d'abord j'ai voulu faire de grandes études
et j'ai pu les faire ; j'ai souhaité
me rendre utile d'une façon ou d'une
autre, j'ai pu le faire comme avocat, et
surtout comme professeur. J'ai la satisfaction,
aujourd'hui, dans toutes les réunions
internationales, de rencontrer d'anciens
étudiants qui sont ministres, parfois
même Premier Ministre, Conseiller
de chefs d'état, et même des
journalistes importants. Donc c'est une
satisfaction d'avoir ouvert de jeunes esprits
à la science du droit. J'ai surtout
une satisfaction aujourd'hui, c'est celle
d'avoir eu la chance d'apporter à
mon pays ma contribution, le fait que les
choses avancent un peu mieux aux côtés
d'un grand homme, le général
Lansana Conté, qui a sorti son pays
de ses difficultés depuis plus d'une
décennie maintenant. A quelque niveau
qu'on se trouve, je crois qu'on a chacun
une mission d'ordre à accomplir,
c'est-à-dire faire quelque chose
pour pouvoir aider ici-bas. Voilà
mes sentiments ; et j'espère que
cet élan de chacun vers les autres
est le message pour nous en Guinée.
Nous sommes pauvres, sans doutes, nos moyens
économiques sont limités ;
mais nous sommes fières d'être
homme et de participer avec d'autres hommes
à la construction de ce monde ; d'abord
à la construction de notre pays,
pour ne pas être une charge pour les
autres, mais aussi à la construction
du reste du monde, parce qu'on parle de
globalisation aujourd'hui, mais le monde
a toujours été global. La
part de l'Afrique et de la Guinée
dans la richesse européenne est claire.
La part de l'Afrique dans la richesse américaine
est claire également si vous remontez
aux champs de canne à sucre du 17ème
ou 18ème siècle. Donc nous
pensons que l'Europe, les Etats-Unis, et
d'autres, doivent aussi contribuer à
nous aider à avancer. Ce faisant,
c'est sans doute un service rendu à
l'Afrique, mais aussi un service rendu à
l'Europe ; parce que faire en sorte que
les Guinéens travaillent chez eux
et restent chez eux, créent des richesses
chez eux ; c'est aussi protéger l'Europe
contre l'immigration et tout ce qui se passe
aujourd'hui, à savoir les problèmes
de terrorisme et les problèmes internationaux.
Donc le message que je souhaite que vos
lecteurs et d'autres puissent retenir, c'est
ce message d'interdépendance ; dire
que beaucoup de messages faux sont passés
sur l'Afrique : l'Afrique des conflits,
l'Afrique de la mort, l'Afrique de la famine
; mais malgré tout, des millions
d'africains, des millions de guinéens
continuent tous les jours à se battre
pour se nourrir, pour se vêtir, pour
se loger, pour se soigner, pour lutter contre
le sida et avec, heureusement, le concours
du reste du monde, avec cette inter-dépendance
a toujours existé. Je pense partager
cet optimisme avec l'Europe, avec les Etats-Unis,
et je veux montrer que chez nous, nous nous
battons pour créer un espace stable
; pour créer ce qui est bon pour
les acheteurs, pour le commerce, pour l'économie.
Nous invitons ceux qui veulent gagner de
l'argent à venir travailler avec
nous, pour la prospérité.
L'Europe est aujourd'hui développée
; nous, nous sommes en voie de développement.
Je crois que ce qui a permis à l'Europe
de se développer, nous pouvons ensemble
le mettre en uvre à notre tour
pour que l'Afrique puisse se développer.
Question 8: Quelle est la stratégie
du gouvernement pour promouvoir les atouts
de la Guinée auprès de la
communauté internationale, et plus
précisément auprès
des investisseurs ?
Réponse 8 : D'abord, nous avons
une coopération importante avec tout
le monde aujourd'hui. Nous veillons, comme
je l'ai dit, à ce que notre pays soit
stable et que la politique de la paix soit
la grande politique de notre pays. Créer,
maintenir et diffuser la paix, c'est faire
en sorte que les hommes puissent travailler
ensemble. Nous participons également
à toutes les grandes rencontres internationales.
Nous avons des accords avec la plupart des
grands ensembles économiques, que ce
soit l'Union Européenne, que ce soit
les Etats-Unis. Nous veillons à ce
que la Guinée soit présente
sur le plan diplomatique. Dès lors
que nous assurons la stabilité, dès
lors que nous faisons comprendre au monde
que nous sommes un pays démocratique,
que nous disons au monde que nous sommes un
pays où les droits de l'homme sont
respectés, où la stabilité
politique et juridique est assurée,
c'est un appel au reste du monde pour qu'ils
viennent travailler avec nous, pour créer
cette prospérité dont je parle
et qui pourrait être bénéfique
naturellement aux guinéens, mais aussi
à tous ceux qui prennent l'initiative
de venir partager quelque chose avec nous.
Voilà l'optimisme que j'ai, et voilà
le message que je souhaitais passer ; dire
qu'il y a des choses à faire, et que
la Guinée est stable et démocratique.
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