THE REPUBLIC OF GUINEA
L'Exception Africaine


V.I.P. INTERVIEWS
  Interview avec

S.E. Monsieur François L. FALL

Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération

02/10/2002
Question N°1 :

Aujourd'hui les relations internationales sont indispensables pour le développement d'un pays comme la Guinée. Pouvez vous nous expliquer les grandes lignes de votre politique extérieure ?

Je voudrais, d'entrée de jeu, relever que de façon générale, et du fait de l'histoire, toute Nation, tout Etat pour s'épanouir et même survivre est obligé d'entretenir des relations avec d'autres entités.

En ce qui concerne la Guinée, nous avons dès l'accession à notre indépendance, tissé des relations d'amitié et de coopération sans exclusive, avec tous les Etats du monde épris de paix et de justice, sur la base de la réciprocité des intérêts et du respect mutuel de la souveraineté.

C'est d'ailleurs à ce titre, que notre pays a adhéré le 12 décembre 1958, comme 82ème membre, à l'Organisation des Nations Unies.

Il a activement œuvré pour l'émancipation des Peuples coloniaux ainsi que pour l'Unité du continent africain.

La Guinée est également membre de plusieurs organisations internationales, régionales et sous-régionales.

A l'heure de la mondialisation, ces relations sont appelées à se diversifier et à se consolider.
Ceci dit, il reste évident que la mise en œuvre de sa politique étrangère obéit à des principes, notamment :

- les relations de bon voisinage et de coopération, la promotion de l'intégration régionale et sous-régionale ;
- la coopération avec tous les Etats du monde, sans exclusive sur la base du respect du Droit international ;
- l'adhésion aux principes et objectifs de la Charte des Nations Unies, de l'Union Africaine et d'autres Organisations internationales, telles que l'Organisation de la Conférence Islamique et le Mouvement des non-alignés ;
- la lutte en faveur de la paix, de la sécurité internationale, ainsi que pour le développement durable.

La mise en œuvre de ces grandes lignes qui déterminent et orientent la politique étrangère de la Guinée doit reposer sur le renforcement de la coopération avec tous les Etats.

Question N°2

On peut affirmer aujourd'hui, que la priorité de votre Ministère c'est la diplomatie du développement ?

Pendant longtemps, la Guinée a privilégié les aspects politiques dans ses relations avec les Etats.

Nous estimons aujourd'hui que l'outil diplomatique peut être un facteur efficace pour la réalisation de nos objectifs de développement économique en mettant l'accent non pas seulement sur les aspects politiques mais aussi sur la coopération économique et la recherche des sources de financement en faveur du développement du pays.

Cette nouvelle approche devra nous permettre de favoriser la diversification de nos partenaires et d'établir durablement avec tous les Etats une coopération féconde tendant à la réalisation des programmes et projets de développement de la Guinée dans tous les secteurs.

C'est ce que nous appelons en Guinée la diplomatie en développement. Vous conviendrez que les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés justifient cette nouvelle réorientation de la politique étrangère de la Guinée.

Dans ce cadre, le Ministère des Affaires Etrangères à travers son action diplomatique, doit nécessairement apporter sa contribution à cette œuvre.

Elle doit, pour ce faire, participer à la sensibilisation des partenaires pour la mobilisation des ressources indispensables à la mise en valeur de l'important potentiel matériel et humain du pays.

La diplomatie guinéenne doit donc contribuer à vendre l'image de marque du pays en mettant en exergue l'environnement politique, économique et juridique propice à la promotion des investissements dans un climat de paix et de sécurité.

Question N°3

Aujourd'hui comme vous le dites, la recherche de la paix mais aussi le développement économique et politique dépend aussi beaucoup de la coopération régionale. On parle aujourd'hui de l'Union Européenne, du MERCOSUR en Amérique Latine etc…
Ici en Afrique de l'Ouest, il y a la CEDEAO. Quel est le rôle de la Guinée dans cette organisation ?


Comme je le disais tantôt, la Guinée depuis son accession à l'indépendance a toujours œuvré pour l'unité, la paix et le progrès économique et social de l'Afrique. Elle a milité pour une union plus large des Etats Africains. Déjà, dans la 1ère constitution qui fut adoptée après le 2 Octobre 1958, date de l'indépendance de la Guinée, il y était clairement énoncé que notre pays était prêt à renoncer à tout ou partie de sa souveraineté au profit d'un ensemble plus vaste.

La réalisation de ces objectifs passe nécessairement par l'intégration régionale et sous-régionales. C'est pourquoi, la Guinée a joué un rôle de pionnier pour l'édification d l'Unité Africaine.

A ce titre, elle a œuvré également à la mise en œuvre de plusieurs organisations régionales telles que l'Autorité du Bassin du Fleuve Niger (ABN), l'Organisation de la Mise en Valeur du Fleuve Gambie (OMVG), l'Union du Fleuve Mano (UFM) etc…

S'agissant de la CEDEAO, la Guinée œuvre inlassablement pour le rayonnement de cette organisation qui, en l'espace de plus de deux décennies a enregistré des progrès indéniables dans la voie de la paix et de l'intégration.

C'est ainsi que, notre pays à travers l'ECOMOG, a participé à la restauration de la paix en Sierra Leone et au Libéria. Bref, la Guinée prend part à toutes les activités de la CEDEAO en particulier au sein du Comité de Médiation et de Sécurité dont elle est membre.

En sa qualité de Président de la 2ème zone monétaire de l'Afrique de l'Ouest, la Guinée œuvre également pour la mise en place d'une zone de libre échange en 2004 et d'une union douanière à l'horizon 2007.

Il faut noter que la Guinée paie un lourd tribut des conflits qui secouent la sous-région depuis plus d'une décennie. La gestion prolongée des réfugiés et des personnes déplacées provoquées par ce climat d'insécurité, entrave les efforts de développement social, économique, et culturel entrepris par le pays.

Consciente de l'impact négatif de ces crises sur l'évolution harmonieuse et équilibré de nos nations, la Guinée s'investit activement souvent au détriment de ses propres intérêts dans la recherche d'une solution durable à ces conflits.
Cet engagement lui vaut d'ailleurs une reconnaissance internationale.
Question N°4
Quel est l'esprit des autres organisations comme Union Africaine, l'Union Monétaire ? Il y a beaucoup de travaux autour de l'unification au niveau régional et surtout le continent ?

C'est vrai ! il y'a déjà trop d'institutions et d'initiatives qui existent déjà ou qui sont en cours. Ce qu'il faut faire maintenant, c'est harmoniser toutes ces initiatives pour rationaliser les efforts de nos Etats.

Une réalité aujourd'hui, c'est la volonté d'intégration des Etats Africains pour faire face aux défis de la mondialisation.

C'est ce qui justifie la création de l'Union Africaine.

Son action tend à renforcer la complémentarité et la coopération entre les organisations sous-régionales comme la SADEC, la CEDEAO, l'UMA, dans les domaines de la prévention de la gestion et du règlement des conflits, la prise en charge du processus de développement par les Peuples africains à travers le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (NEPAD), le renforcement des institutions africaines chargées des questions de démocratie, de bonne gouvernance et des Droits de l'Homme.

L'une des préoccupations majeures de l'Union Africaine vise à construire une Communauté Economique Africaine. Pour atteindre cet objectif, l'UA a mis en œuvre plusieurs initiatives au nombre desquelles figurent la rationalisation et la consolidation des communautés économiques régionales (CER) la mise en place des institutions prévue par le traité d'Abuja, dont le Parlement Africain, la Banque Centrale Africaine avec pour mission de créer la monnaie unique africaine, le Fonds Monétaire Africain et le Fonds africain de l'investissement.

Question N°5

Pouvez-vous nous parler des relations avec les autres institutions internationales comme par exemple l'Union Européenne et l'ONU ?

La Guinée, entretient des relations bilatérales avec les pays de l'Union Européenne qui sont d'ailleurs parmi les principaux bailleurs de fonds de notre pays.

Elle est liée également à l'UE à travers l'Accord de Cotonou signé en juin 2000 avec les pays ACP.

En outre, elle prend part aux différentes réunions statutaires entre d'une part l'UA et l'UE et d'autre part l'UE et la CEDEAO.

Ces réunions, faut-il le rappeler, se penchent sur les perspectives de coopération entre les organisation concernées dans divers domaines comprenant entre autres le commerce, l'investissement, le VIH/SIDA et d'autres pandémies, la dette extérieure de l'Afrique, la sécurité alimentaire, l'élargissement de la base industrielle de l'Afrique etc…

Quant à l'ONU qui demeure, de nos jours, l'instrument irremplaçable en matière de paix, de sécurité et de promotion de la coopération internationale pour la prospérité de l'humanité, la Guinée coopère avec les principaux organes et les institutions spécialisées de l'ONU, qui ont un impact positif sur son développement.

Je voudrais d'ailleurs rappeler que mon pays à œuvre à la défense de nombreuses causes justes concrétisées par l'adoption à l'Assemblée Générale de résolution relatives à l'autodétermination des Peuples et à la mise en place du Comité Spécial contre l'Apartheid.

La Guinée pour la 2ème fois de son histoire est actuellement membre non permanent du Conseil de Sécurité des Nations Unies. Son mandat au sein du Conseil s'étendra du 1er Janvier 2001 au 31 Décembre 2003.

Question N°6

Suite à votre NON, qu'en est il des relations bilatérales avec la France ?

Comme vous le savez, les relations franco-africaines ont connu plusieurs phases historiques.

Aujourd'hui, la France et la Guinée entretiennent d'excellentes relations basées sur le respect de la souveraineté de chacun des Etats et la promotion d'une coopération mutuellement avantageuse.

Ces relations sont appelées à se développer et à se diversifier grâce à la volonté politique manifestée par les Président Jacques CHIRAC et Lansana CONTE.

Plusieurs initiatives sont en cours pour donner l'élan nécessaire à la réalisation de cette volonté politique des deux gouvernements.

Question N°7

Pouvez vous nous dire quels sont les atouts et les avantages que présente votre pays par rapport à votre sous-région ?

Ils sont nombreux. La Guinée est un microcosme de l'Afrique au plan de la géographie, de la diversité culturelle et de l'histoire. Elle dispose d'immenses ressources du sol et du sous-sol et jouit d'une stabilité appréciable.

Elle a donc intérêt à coopérer avec les pays voisins non seulement pour la mise en valeur de ce riche potentiel économique mais aussi à sauvegarder sa sécurité intérieure et extérieure.

Dans le cadre du NEPAD, par exemple, la Guinée est prête à mettre son immense potentiel hydro-énergique au service d'un programme sous-régional de développement.

Question N°8

On aimerait bien vous demander votre parcours professionnel et votre plus grande satisfaction comme Ministre des Affaires Etrangères ?

Je dois vous dire que je suis un produit de l'Université guinéenne.
Juriste de formation, j'ai évolué graduellement au sein de l'Administration des Affaires Etrangères où j'ai occupé différentes fonctions tant au niveau des services centraux que des services extérieurs.

J'ai été successivement, Directeur des Affaires Juridiques et Consulaires, Représentant Permanent de la Guinée auprès de l'ONU, avant ma nomination en qualité de Ministre des Affaires Etrangères.
J'ai aussi été membre du Comité des Nations Unies pour l'élimination de toutes les formes de discrimination raciale.

Vous me demandez ma plus grande satisfaction comme Ministre des Affaires Etrangères,

Je vous dirai que c'est d'avoir bénéficié de la confiance du Chef de l'Etat, le Général Lansana CONTE, et d'être issu du Département que j'ai la charge de diriger et de contribuer modestement à l'épanouissement de la Guinée.

Dès lors vous comprendrez aisément que les défis soient importants et nombreux

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