THE REPUBLIC OF GUINEA
L'Exception Africaine


V.I.P. INTERVIEWS
MADAME HADJA MARIAMA DEO BALDE Interview avec

MADAME HADJA MARIAMA DEO BALDE

MINISTRE DU COMMERCE, DE L'INDUSTRIE ET DES PETITES ET MOYENNES ENTREPRISES
Q1 Pour commencer, on aimerait vous demander de nous présenter en bref les secteurs qui composent votre ministère.

A1- Les secteurs principaux de mon ministère, comme vous pouvez le deviner, couvrent le commerce, l'industrie et les petites et moyennes industries. Il s'y ajoute la normalisation et la métrologie, la sauvegarde des droits de propriété industrielle ainsi que la promotion des investissements privés par l'amélioration du cadre institutionnel et juridique pour mieux sécuriser les promoteurs. Le ministère a pour fonction de concevoir et de mettre en œuvre les politiques sectorielles de développement du pays dans ses domaines de compétence.

Q2 Pourriez-vous nous expliquer les grandes lignes de la politique des secteurs dont votre ministère ?

A2 - Les grandes lignes de la politique sectorielle de mon ministère se fondent sur les objectifs fixés lors des grandes réformes initiées à partir de 1985 en vue de bâtir une économie libérale, fondée sur une répartition rationnelle et complémentaire des rôles respectifs de l'état et du secteur privé. D'ailleurs la plupart des éléments de politiques sectorielles de ce département sont prises en compte dans un programme cadre que nous avons initié avec l'appui de nos partenaires au développement. Ce dernier a pour objet l'élimination progressive des contraintes qui pèsent sur le secteur privé, ceci dans la perspective évidemment de réduire la pauvreté.

Dans le domaine du commerce, les principales orientations stratégiques consistent à renforcer et à développer le rôle du secteur privé, à développer et à améliorer la production industrielle, à rationaliser les activités commerciales en s'assurant de maintenir l'Etat dans son rôle régalien. Cela se traduit notamment par le désengagement de l'état de toutes les activités commerciales, la libéralisation des échanges et des prix, la simplification des procédures à l'importation et à l'exportation, la sécurisation et l'approvisionnement du pays en biens de consommations, le renforcement des structures d'encadrement du secteur privé à travers les chambres consulaires et patronales, l'instauration d'une concertation permanente et féconde entre l'Etat et le secteur privé.

Le ministère œuvre à la mise à disposition des exportateurs d'infrastructures adéquates telles que les pistes rurales, le port fruitier. Aussi dans le domaine du commerce nous avons eu à adopter des mesures d'incitation fiscale à l'exportation, à instaurer des régimes d'admission temporaire pour certains produits tels que les emballages par exemple. D'autres mesures sont venues renforcer le dispositif mis en place : c'est notamment le cas de la création de centres d'appui aux formalités d'exportation qu'on appelle le CAFEX. Bien évidemment, ces structures ne fonctionnent bien que dans la mesure où ceux qui sont chargés de les animer sont compétents et motivés. C'est pour cela que le ministère procède de façon continue au renforcement des capacités de ses cadres en vue d'une meilleure participation aux négociations commerciales internationales au sein de l'OMC et à d'autres niveaux. Nous avons aussi dans le domaine du commerce, une mission très importante. Le ministère que je dirige n'oublie rien de ce qui doit également être fait pour la promotion des produits guinéens à l'étranger et pour la diversification de nos partenaires commerciaux aussi bien dans la sous région que le reste du monde. Nous avons l'exploitation rationnelle des accords et des conventions préférentielles qui existent ou qui restent à conclure avec les pays partenaires.

L'encouragement des investissements dans le secteur de la production de biens d'exportations et la mise en œuvre du Cadre Intégré d'Assistance au commerce, avec l'assistance des partenaires au développement constituent un autre volet important de la politique de mon ministère en matière de commerce.

Maintenant, pour ce qui est de l'industrie, on peut dire que la Guinée dispose d'importantes ressources du sol et du sous sol, ce que vous savez déjà. Leur exploitation et leur transformation constituent un potentiel intéressant pour le développement d'une industrie manufacturière porteuse de haute valeur ajoutée, aussi bien pour le marché national que pour l'exportation . Dans ce domaine, comme dans d'autres, le secteur privé est appelé à jouer un rôle déterminant.

Conscient de la nécessité d'impliquer le secteur privé, l'Etat a mené une politique de désengagement complet, politique qui lui à permis de céder l'ensemble des entreprises publiques au secteur privé guinéen ou étranger. Il convient néanmoins de préciser qu'en la matière, le secteur privé est confronté à plusieurs contraintes que l'Etat s'emploie à réduire progressivement et dans le cadre d'une large concertation avec tous les acteurs concernés.

Ainsi, le Schéma Directeur d'Industrialisation mis en place apparaît comme le cadre d'orientation et de référence. Ce schéma Directeur est la formulation la mieux élaborée et la plus cohérente de la politique industrielle de la Guinée, car il a permis d'une part de définir les stratégies et les plans d'action afin d'identifier les opportunités d'investissement et de définir des actions organisationnelles dans 17 filières industrielles telles que celles des fruits et légumes, des corps gras, du bois, de la pêche, de la transformation des métaux, des matériaux de construction… D'autre part ce même schéma Directeur a permis de formuler des mesures d'accompagnement que l'Etat doit mettre en œuvre et qui concerne aussi bien le cadre réglementaire que les infrastructures, l'entreprenariat et les structures d'appui aux entreprises en matière de financement, de formation, mais aussi de qualité, d'information, de technologie et de normalisation.

De façon plus concrète, la mise en œuvre de ce schéma directeur d'industrialisation vise la relance effective et durable des activités des unités industrielles privatisés afin de faire de celles-ci un pôle de développement attractif autour duquel vont se développer les différentes filières industrielles dont je viens de vous parler. Il s'agit aussi de l'aménagement et de la mise à disposition des infrastructures d'accueil pour les activités industrielles et les petites moyennes entreprises : incubateurs, d'entreprises, zones industrielles et zones franches industrielles.

 
La politique d'encouragement des investissements que nous menons dans les filières identifiées permet de rendre les petites et les moyennes entreprises plus compétitives et les incitent à s'orienter d'abord vers la transformation des ressources locales. Ce qui induit une meilleure répartition géographique des activités industrielles des PME à travers tout le pays et pour éviter que Conakry ne soit le principal centre de concentration des PME comme c'est aujourd'hui le cas.

Pour confronter la balance commerciale le ministère mène une politique volontaire de remise à niveau de nos produits exportables de manière à les mettre aux normes internationales requises pour pouvoir exporter. Le ministre s'emploie également à améliorer l'intermédiation financière de manière à faciliter l'accès aux crédits notamment par la mise en place de structures efficaces de la micro-finance et des lignes de crédit appropriées. Aussi, à l'instar d'un fonds d'assistance aux études de faisabilité que nous avons mis en place, nous envisageons la création d'un fonds de garantie et d'un fonds de participation pour pallier l'insuffisance des moyens financiers des promoteurs.

La formation étant le socle de tout, nous contribuons au renforcement des capacités des promoteurs à travers des séminaires et des ateliers. Pour la qualification des structures d'appui au secteur privé par le renforcement de leurs moyens matériels et humains, l'office de Promotion des Investissements Privés (0PIP), l'Institut National de normalisation et des méthodologies, et le Service de la Propriété Industrielle (SPI), le Service National de Contrôle de Qualité et des Normes interviennent, chacun dans son domaine pour la qualification continue des promoteurs et pour l'amélioration du cadre de l'investissement. Tout ceci s'appuie sur un système d'informations économiques fiable que nous sommes en train de mettre en place. Voilà, en gros, ce que nous faisons pour les domaines du commerce et de l'industrie.

Q3 Quels sont les obstacles majeurs que le secteur privé doit encore surmonter en Guinée?

A3 - Il y a des contraintes, comme je vous l'ai dit, à surmonter, et parmi ces contraintes, l'assainissement de problème de l'environnement continue à polariser l'attention du gouvernement. Il y a également les contraintes liées aux coûts des facteurs : énergie, eau, télécommunication, routes etc… La Guinée, dans ces domaines, a fait d'immenses progrès, mais il nous reste encore à améliorer nos performances. Il y a également des contraintes qui sont liées à la taille des entreprises.
En effet, nous avons les grandes entreprises, les petites et moyennes entreprises et les micro-entreprises dont je vous parlais tout à l'heure. En général, les grandes entreprises, c'est le lot des expatriés. Ils travaillent seuls ou quelque fois en association avec des guinéens. On les trouve dans le domaine du pétrole, de la construction, mais aussi dans le secteur agroalimentaire, la brasserie, la grande distribution, les assurances, les banques et aussi les transports internationaux. Ces grandes entreprises ont un volume d'investissement dès lors que le cadre fiscal, législatif et réglementaire est favorable et incitatif. Ca c'est un peu pour répondre à votre question sur les contraintes. En fait, ces grandes entreprises ont moins de problèmes d'approvisionnement, de financement.

Les PME et les PMI à l'essor desquelles nous accordons la plus haute importance, se développent sous l'impulsion des grandes sociétés industrielles. Elles s'adaptent plus facilement et plus rapidement que les grandes entreprises à la transformation des marchés et aux nouvelles technologies ; et elles jouent un rôle complémentaire dans la chaîne industrielle, notamment pour la sous-traitance et les travaux de finition. Ces PME qui n'ont ni les moyens, ni le temps de former des ouvriers à l'éducation de base manquent de ressources et ont une technologie quelque fois sommaire. A la différence des grandes entreprises, les petites et moyennes entreprises évoluent autour d'une fourchette de capital allant de 15 à 500 millions FG. En général, elles emploient très peu de salariés. Ces PME sont confrontées à des obstacles particuliers liés à la gestion souvent, fortement personnalisée. Ces PME sont généralement centrées autour du patron qui en est le plus souvent le fondateur.
Les plus petites entreprises que nous appelons aussi, les micro-entreprises proviennent souvent du secteur informel qui est très développé chez nous. En général, elles emploient les membres de la famille des promoteurs. Elles sont essentiellement basées sur le petit commerce, la restauration, la confection, la réparation, la boulangerie etc… Mais, il faut dire aussi qu'elles occupent une grande partie de nos populations. Du moment qu'elles sont dans l'informel, échappent le plus souvent à la fiscalité.

Q4 Finalement pour la dernière question, nous aimerions bien vous demander quel est votre parcours professionnel ?

A4 - Je suis magistrat de formation. J'ai fait mes études supérieures ici, et je suis sortie avec un diplôme d'études supérieurs. Dès ma sortie après l'année de stage, j'ai été immédiatement versée dans l'administration et j'ai fait 15 ans dans le " Commandement ", c'est à dire j'étais secrétaire générale de région. Après cela, je suis arrivée dans les ministères, j'ai été chef de Cabinet du Ministère de l'Habitat, Chef de cabinet, Secrétaire Générale de la jeunesse, Inspecteur Général de l'Administration du Territoire et de la Décentralisation , Conseiller à la Présidence de la République. J'ai gravi tous les échelons de l'administration.

Q5 En tant que ministre des Industries et des PME, quel message pourriez-vous adresser à nos lecteurs de l'Express qui sont aussi bien des commerçants que des directeurs généraux ?

A5 - Je vous remercie de l'opportunité que vous me donnez de faire mieux connaître la Guinée, ses potentialités et les énormes opportunités d'investisseurs et les commerçants à venir investir en Guinée. Ils trouveront en Guinée les ressources naturelles et un cadre incitatif propice au développement de leurs affaires. Et, je pense que vous pouvez en témoigner, ils seront les bienvenus car ils y trouveront un peuple heureux de les accueillir.

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