THE REPUBLIC OF GUINEA
L'Exception Africaine


V.I.P. INTERVIEWS
MONSIEUR CELLOU DALEIN DIALLO Interview avec

MONSIEUR CELLOU DALEIN DIALLO

MINISTRE DES TRAVAUX PUBLIQUES ET DES TRANSPORTS
Q1 Nous aimerons vous demander de nous présenter en bref les deux secteurs que vous représentez ici dans votre ministère.

A1: Bien! Nous avons effectivement deux secteurs différents : le secteur des travaux publics et le secteur des transports. Le secteur des TP, il s'agit surtout de réaliser des infrastructures de transport et de les entretenir. Par infrastructure, on entend les routes, les ponts, les ports, les aéroports, les chemins de fer, etc… La politique du gouvernement dans le secteur des TP est de favoriser l'existence des infrastructures capables de livrer un service de qualité afin d'améliorer la compétitivité de l'économie et de favoriser le transport des personnes et des biens à moindre coût en définissant une sécurité de confort minimum. En 1984, à l'avènement de la 2ème République, nous avons hérité d'un réseau routier en pleine effervescence. Il n'y avait que 25 km de route dans un état vraiment moyen, et le gouvernement a essayé d'élaborer un programme de modernisation de nos routes.

Grâce à l'appui des partenaires au développement, nous avons pu construire et reconstruire 2000 km de routes. Nous continuons donc l'extension de ce réseau, mais à un moment donné, après s'être concerté avec nos partenaires, on s'est rendu compte que l'on était trop tourné vers la construction de nouvelles routes et que très peu d'offres étaient accordées à l'entretien de ce qui était déjà construit. Nous avons donc élaboré une lettre de politique routière qui nous permet de juger le degré d'entretien nécessaire, et dans l'hypothèse où les ressources sont insuffisantes, nous pensons qu'il est préférable de les affecter à la maintenance via un programme d'extension.

Ainsi, nous menons une politique d'entretien très volontariste , ce qui explique que notre réseau est dans un état jugé satisfaisant par tous les observateurs avisés. Toutefois, nous continuons d'étendre le réseau de routes, tentant d'aller au delà des 2000 km, même si ce chiffre reste encore insuffisant pour le Guinée. Nous avons l'objectif d'atteindre 4000 km dans les dix prochaines années, c'est à dire qu'on fera environ 2000 km supplémentaires dans les dix prochaines années, ou au minimum 1600 km. L'objectif étant de créer un réseau permettant de désenclaver toutes les préfectures du pays, au nombre de 33 aujourd'hui. Sur ces 33 préfectures, 10 n'ont pas de réseau revêtu, nous allons donc les désenclaver en premier, puis continuer avec les routes d'interconnexion avec tous les états voisins.

Nous avons des projets qui ont atteint un niveau de maturité important et appréciable selon moi. Nous avons le projet Kankan-Bamoko qui est en cours d'exécution. Je reviendrai sur ce projet qui est extrêmement important. Nous avons la liaison avec la côte d'Ivoire à partir de Lola-Danani entre les deux réseaux revêtus, duquel il reste 85 km, dont 40 km en Guinée et 45 km en Côte Ivoire. Nous avons Boké-Kebo avec la Guinée-Bissao, qui a un niveau d'avancement très satisfaisant.

Aujourd'hui, l'élaboration du dossier d'appel d'offre qui va aboutir sur les travaux est déjà confiée à un bureau d'étude qui se chargera en même temps des études techniques. Donc ce marché vient d'être passé à une société internationale qui travaille sur le financement de la Banque Africaine de Développement (BAD). Nous avons en même temps la liaison avec le Sénégal a partir de Labé. Labé-Madina fait à peu près 70 km, mais là aussi on a déjà un accord de principe pour le financement, et le marché d'étude est sur le point d'être attribué. Les dossiers ont été déposé, le dépouillement a eu lieu, le rapport d'évaluation a été transmis aux bailleurs de fonds, en l'occurrence la BID pour la non obstruction, et c'est après cela que nous allons notifier le marché au cabinet chargé de réaliser les études techniques et les dossiers d'appel d'offre. En ce qui concerne Kankan-Bamako dont je vous ai parlé, c'est un grand projet en cours d'exécution. Le gouvernement avait pu mobiliser l'équivalent de 100 millions de dollars pour réaliser le projet, soit 47 millions d'euros auprès de l'U.E, 35 millions de dollars auprès des fonds arabes, c'est à dire la Banque Islamique de Développement, la B.E.E et 15 millions de dollars auprès de la Banque Africaine de Développement. Donc, les travaux ont commencé en fin d'année 2001 et le chantier avance normalement. Je pense que nous allons le terminer à la fin de l'année 2003. Il y a 4 lots importants ! il y a un premier lot de 85 km, l'aménagement et le bitumage de ces 85 km sont financés par l'E.U, l'exécution est assurée par ASTALDI, une société italienne. Vous avez le 2ème lot, les deux ponts, un pont de 495 m et un pont de 325 m sur le Niger avec le Tinkisso. Les travaux sont confiés à une entreprise chinoise, HENAN CHINE, et le financement est assuré par la B.A.D. Les délais d'exécution sont de 24 mois, ce qui implique que ça devrait donc se terminer fin 2003. Le 3ème lot, c'est une portion de 85 km financée par les fonds arabes, la B.I.D, la B.A.D.E.A et le fonds Kowetien (Djeilibako Dopou), là aussi l'exécution est confiée à la même entreprise chinoise et son délai est également de 24 mois. Il y a un dernier lot qui est à la frontière Bamako-Kouremalé, soit 43 km exécutés par le groupement SATOM sur un délai de 12 mois, sur financement de l'U.E, mais sur le programme du P.E.D qui a deux guichets : programme national et programme d'intégration. Nous avons aussi des projets dont le niveau d'exécution est proche, nous avons la 2x2 voies Tombo-Gbessia, en aménageant l'autoroute avec 5 échangeurs entre l'aéroport et l'île de Tombo. Je pense que le dépouillement de certains lots se fera le 24 Août. Nous pensons lancer aussi les travaux en cours de l'année 2003 avec un coût de 73 millions de dollars. Les bailleurs de fonds sont l'agence française de développement qui accorde l'équivalent de 69,267 millions. Vous avez le fonds Kowetien de développement qui accorde 5 millions de dollars.

15 millions de dollars proviennent du Fond Saoudien de développement, 5 millions de dollars de la B.A.D.E.A, 5 millions de dollars de l'OPEP et le reste provient du gouvernement Guinéen. Nous avons également des projets en cours d'exécution, le pont sur la fatala qui coûte environ 35 millions d'euros avec la supervision et la réalisation par ASTALDI pour un délai d'exécution de 36 mois, qui devrait donc s'achever au début de l'année 2004. Nous avons aussi la construction de la route 2x2 voies Matoto-Dapompa, à la sortie de Conakry pour un coût de 18 millions de dollars accordés à la Guinée par le fonds Kowetien, dans la procédure d'actualisation des études techniques et l'élaboration des dossiers d'appel d'offre. Nous avons également au niveau de Conakry, l'autoroute Enco 5 Kegbèlen qui coûte environ 30 millions de dollars, 10 millions de dollars étant fournis par le fond Kowetien et 20 millions de dollars par la Banque Mondiale pour le programme de développement urbain appelé le P.D.U.3.

Q2 Je crois qu'il y a un grand effort pour développer le secteur routier. Qu'en est-il du transport maritime et du transport aérien ?

A2: Pour le transport aérien c'est d'abord une question d'infrastructures; quant au transport maritime, il y a un projet d'extension du Port Autonome de Conakry dont les capacités ne suffisent plus pour traiter l'ensemble des navires à l'import et à l'export. Nous avons procédé à l'actualisation du Schéma directeur en 1997, et nous avons mis en évidence les besoins d'extension du port qui ont été adressés à trois bailleurs de fonds qui ont répondu favorablement à la requête du gouvernement. L'AFD, la Banque Européenne d'Investissement, et la KW se sont engagés à financer ce projet à hauteur de 40 millions de dollars. Les aménagements du terminal des conteneurs seront étendus pour avoir davantage d'espace au port. Nous nous attendions à un transfert non négligeable du fret malien, ceci en raison de la construction de la route Conakry-Bamako et l'élimination de bacs par la construction de ports. Nous avons un avantage comparatif par rapport à Dakar et Abidjan parce que nous sommes environ à 900 km de Bamako et la route est bonne et praticable en toute saison. Pour l'extension du port, nous sommes dans la procédure de mise en place de financement qui a déjà une mission conjointe d'évaluation du projet par les trois bailleurs précédemment cités. Le gouvernement avait une série de conditions à satisfaire pour la présentation du dossier. Il s'agit de prendre un acte précis de domaine portuaire pouvant rassurer les bailleurs que le port sera bien en mesure de rembourser les fonds investis. Contrairement au deux projet antérieurs, c'est le port qui doit endosser directement le financement auprès des bailleurs de fonds, ceci pour limiter les risques. L'objectif est que certains tarifs, jugés très faibles par rapport aux autres concurrents, soient relevés pour que l'économie du port soit suffisante afin de faire face aux obligations qui vont naître avec le financement du 3e projet. Au niveau du transport maritime, il faut quand même rappeler, que jusqu'en 1984, l'ensemble des structures (notamment les sociétés de transit, de manutention…) opéraient dans le transport maritime. A partir de 85, on a engagé, dans le cadre de la politique de désengagement de l'état, la libéralisation de l'économie : on a tout libéralisé, on a liquidé toutes les entreprises et les sociétés privées ont pris la relève. Le rôle du gouvernement est de surveiller afin d'éviter qu'il y ait des dispersions dans la concurrence et que les infrastructures soient à nouveau au niveau des ports, mais à l'intérieur du port. A ce niveau le rôle de l'Etat est de réguler, et non pas faire de l'opération. Je pense que toutes les sociétés de ce secteur là sont satisfaites de cette rentabilité bienveillante du gouvernement par rapport au passé. En dehors du port, pratiquement l'ensemble des services sont rendus par des sociétés agréées. Le port offre des infrastructures, prélève des redevances, gère la location des domaines pour l'acquittant des pilotages lorsque les bateaux arrive… Tout ce qui est manutention ou transit est l'affaire des sociétés de la place.

Q3 Et qu'en est-il du transport aérien ? Où en êtes-vous du développement de l'aéroport de Conakry et des autres aéroports du pays ?

A3: D'abord au niveau de l'aéroport, on est allé un peu plus loin et on a décidé d'opter pour une gestion privée avec des partenaires étrangers. L'Etat Guinéen est donc associé à deux partenaires : l'AFD et la Chambre de Commerce de Bordeaux. L'Etat Guinéen et les partenaires Français détiennent chacun 50%. La gestion est assurée par l'Aéroport de Paris dans le cadre d'une convention. Je crois que grâce à cela, l'aéroport de Conakry pourra se développer et je pense que les compagnies qui desservent l'aéroport de Conakry ne s'en plaignent pas. A un moment donné, on a constaté que les tarifs étaient un peu élevés, alors nous avons modifié notre politique, c'est à dire qu'on a étudié et comparer nos prix par rapport aux autres aéroports voisins et concurrents afin d'ajuster nos tarifs pour gagner en compétitivité. Dès le départ, dans un esprit de réforme, on a créé la société de gestion et de pilotage de l'aéroport de Conakry. L'ensemble des investissements réalisés ont été financés par des emprunts contractés par la Société de l'Etat qui, à partir des redevances des compagnies et dans d'autres sous-secteurs, assure le développement de l'aéroport. Mais on constate que SOGEAC paye les impôts et de plus en plus de dividendes à l'Etat en tant que société privée.
Q4 Il y a la privatisation de AIR GUINEE. Quelles en sont les raisons ?

A4: Dans le cadre de la politique de désengagement de l'Etat des secteurs du commerce, Air Guinée a tout de suite figuré dans le portefeuille des entreprises à privatiser puisque c'est une société qui a absorbé beaucoup de subventions. Vous savez, ces derniers temps, elle était en déficit. Depuis 2000, nous avons préparé un dossier que l'on a présenté au conseil des Ministres pour demander la privatisation de Air Guinée. Le gouvernement a finalement pris cette décision. Malheureusement au même moment, l'avion qui était en fin de ressources a perdu un moteur et est resté immobilisé à Abidjan. Il fallait payer la révision, soit 1,8 million de dollars et acquérir un nouveau moteur. Bref, la décision de privatisation entre dans la politique du gouvernement et nous n'avions que trop tardé parce qu'en terme de subventions, la situation était devenue insupportable. D'ailleurs, avant même la crise du transport aérien, notre compagnie n'était pas comme les autres compagnies (Air Ivoire, Ghana Airways, Nigeria Airways...). Il fallait qu'on accélère la privatisation dans le cadre de l'utilisation judicieuse de nos ressources budgétaires et la lutte contre la pauvreté.

Q5 Selon vous, quelles opportunités offrez vous dans votre secteur aux investisseurs étrangers?

A6: Il est important de distinguer les deux secteurs : le secteur des travaux publics et le secteur des transports. Voyons tout d'abord le secteur des travaux publics. Tous les travaux d'entretien et d'investissement sont réalisés par le secteur privé. Avant, l'Etat avait ses propres structures d'exécution de travail; maintenant on a tout privatisé. Aujourd'hui, je suis ministre des travaux publics et des transports, je n'ai pas de brouette, je n'ai pas de pelle, je n'ai pas de bulldozer. Chaque fois que nous avons un travail à faire, je consulte le marché, je fais un appel d'offre, une consultation des problèmes qui se posent. Lorsque l'Etat veut faire tel travail d'entretien ou de construction, les entreprises étrangères soumissionnent. Les projets en cours d'exécution sont d'ailleurs des appels d'offre internationaux, et l'on compte parmi nos partenaires actuels ASTALDI, SOGEAC, des entreprises chinoises, des entreprises guinéennes, des entreprises marocaines… Le marché est donc ouvert. Lorsque nous mobilisons un financement pour exécuter un projet en accord avec les bailleurs de fonds, le choix de l'entreprise qui doit exécuter le projet se fait par un appel à la concurrence. Notre code de marché, qui est une loi, oblige l'ensemble des départements à accéder aux marchés publics à la suite de l'appel à la concurrence. Il n'y a pas de marché exclusivement réservé à des entreprises guinéennes. Nous cherchons à évaluer le rapport qualité/prix de l'ensemble des entreprises, ceci dans le domaine des travaux publics. Nous ne faisons rien nous-même, nous faisons faire par le secteur privé.

Dans le secteur des transports, tout est libéralisé, que ce soit le transport aérien ou le transport maritime. Avant, nous avions un armement national qui assurait le transport. Dans le cas de certains accords et de l'OMC, nous avons banalisé le transport maritime et nous essayons de favoriser le moindre coût en faisant jouer la concurrence. Il n'y a pas de privilège accordé à une entreprise ou à une autre. Tous les transporteurs maritimes qui desservent le port de Conakry ont le même traitement. Au niveau du transport terrestre, disons qu'il y a très peu d'investisseurs étrangers. Il y a des investisseurs locaux qui essaient de créer des sociétés de transports qui achètent des bus pour le transport de voyageurs, ou des camions pour le transport de marchandises. Nous avons une flotte suffisante pour le transport de biens et de marchandises. Quelle que soit la marchandise que vous voulez transporter, l'eau, le sucre ou le ciment à N'Zérékoré ou à Kankan, il n'y aura pas de problème. Vous allez louer le camion que vous voulez dans la mesure où il y a une offre suffisante. Pour le transport de voyageurs, l'offre est suffisante mais la qualité n'y est pas. On a un parc vraiment vétuste. On est en train de voir comment on peut améliorer ce parc, mais on a d'énormes difficultés parce qu'un bus climatisé va proposer des tarifs que la majorité des guinéens ne peuvent pas payer. Alors qu'il y a le pouvoir d'achat, il y a aussi la pauvreté. Ceux qui n'ont pas leurs propres voitures, leurs propres moyens de locomotion, préfèrent renoncer au confort et prendre un " magbana ", comme on l'appelle ici, qui leur demande 100 FG plutôt que de monter dans un bus ayant un certain confort mais qui leur demande 500 FG. Vous savez que la qualité se paye, alors on a réfléchi et on est en train d'étudier la question mais jusqu'à présent on n'a pas de solution.

Q6 Comme dernière question, j'aimerais vous demander de parler de votre parcours professionnel et la satisfaction que vous avez en tant que ministre de Travaux Publics et des Transports ?

A6: Pour ce qui est du parcours professionnel, j'ai commencé à travailler en 1976 sous la 1ère République, j'étais alors inspecteur de commerce. Après j'ai été nommé directeur commercial d'une grande société d'Etat qu'on appelait Société Sectoriel. C'est la Holding qui contrôlait une cellule de petites entreprises, petites par rapport à la taille de l'économie d'alors. Ensuite j'ai été directeur de la comptabilité centrale de la même société. Cette société a été liquidée sous la 1ère République en 1982 et on m'a affecté à la Banque Centrale. En 1984 j'ai été admis à un test et je suis allé faire une formation en France, en banque. J'ai fait un an là-bas, j'ai fini mes études en banque et je suis rentré pour reprendre mon travail à la Banque Centrale. J'ai été directeur de la comptabilité et de l'informatique à la Banque Centrale. Après j'ai été directeur général de la Banque Centrale chargé des affaires économiques et militaires et, de là, je suis allé à la Présidence comme adjoint à l'administrateur général des grands projets. Le Président venait de créer cette structure pour l'aider à conduire les grands projets qui pouvaient avoir un impact sur la croissance, des projets dont le coût dépassait 1 million de dollars. J'ai donc travaillé là 1 an et demi, puis je suis venu au gouvernement comme Ministre des Transports, des Télécommunications et du Tourisme. En 1997, j'ai perdu le tourisme mais on m'a ajouté les Travaux Publics et l'Environnement. Donc j'ai été Ministre de l'Equipement, des Transports, des travaux publics, des Télécommunications et de l'Environnement. En mars 99, on m'a enlevé les Télécommunications et l'Environnement. Je suis resté Ministre des Transports et des Travaux Publics. Alors je peux vous parler aussi bien des télécommunications, du tourisme et de l'environnement! Voilà en ce qui concerne ma carrière administrative. Pour ce qui est de mes études, j'ai étudié dans mon village, l'école primaire, le collège et le lycée à Labé, l'institut polytechnique, l'Ecole Supérieure de l'Administration. Lorsque j'étais à la banque centrale, j'ai fait beaucoup de stages. Avant je n'en avais fait qu'un, à l'Ecole Internationale de Bordeaux en 1980. Après, en 84-85 le stage au Fonds Monétaire et à la Banque Mondiale, le plus long au fonds monétaire en 1989 qui a duré quatre mois. Après des séminaires sur invitation. Au niveau des réformes ici, j'ai participé à tout depuis 85 en tant que fonctionnaire de la Banque Centrale, pour les privatisations, les assurances... Les réformes institutionnelles au niveau de l'eau et de l'électricité, j'étais à la cellule de la crise du comité de coordination économique et financière pendant de longue années. On peut aussi parler de la mise en place des réglementations financières des banques, la définition des ratios, la discussion avec les gens de la profession, mais aussi la réglementations des assurances. C'est vraiment le moment le plus actif de ma vie professionnelle. Ça a été très utile pour moi et ça m'a attaché à la banque.

Q7 Votre plus grande satisfaction alors ?

A7: Je suis très satisfait des résultats et de l'état du réseau. Un ambassadeur m'a dit un jour qu'on devait avoir l'un des meilleurs réseaux routiers en Afrique de l'Ouest. Construire une route, faire un pont c'est vraiment agréable. Participer au lancement des travaux, venir à l'inauguration avec le Président, et voir les gens satisfaits de ce que vous faites.

Q8 En tant que Ministre des Transports, quel message adresseriez-vous à nos lecteurs de l'EXPRESS ? à ces investisseurs potentiels ?

A8: Je crois que la Guinée est un pays qui offre des opportunités d'investissement parce que malgré tout ce qui a été fait, il reste encore à faire dans ce secteur. Des efforts importants ont été faits, mais je pense qu'il y a un déficit de communication pour les gens qui ne connaissent très bien la Guinée, ni ses potentialités, ni l'environnement. Je pense qu'aujourd'hui, on a atteint un niveau de maturité. Il y a beaucoup de gens, après l'ouverture, qui sont venus, et qui ont été déçus parce qu'effectivement, on n'avait pas créé les conditions de développement du secteur privé. Car nous sommes une économie en transition, il fallait créer un tas de structures réglementaires, d'infrastructures... Il fallait même changer la mentalité des gens car pendant de longues années, on a dit aux gens que l'étranger, c'était l'exploitation, le capitalisme, l'exploitation des sols. Nous sommes la Guinée, l'avant garde de la lutte contre l'exploitation de l'homme par l'homme... Il y a toujours les mentalités, c'est comme ça. Mais nous avons aujourd'hui le cadre réglementaire, nous avons un code d'activité économique, nous avons un code foncier, nous avons un code d'investissement. On a précisé les politiques sectorielles. C'est après le discours de 22 décembre 1985 que les grandes orientations ont été définies, qu'a été adopté l'économie de marché comme un projet de société. Il fallait qu'au niveau de chaque secteur, il y ait une politique sectorielle qui voit dans le secteur comment on applique cette politique. Aujourd'hui les politiques sectorielles sont là et les gens ont changé. Je pense qu'on a pris conscience de l'importance dans notre politique de l'investissement privé. Comme je tiens à le dire, la pierre centrale de la politique du gouvernement, c'est le secteur privé parce que l'équilibre budgétaire ne peut être obtenu de façon viable que s'il y a des contribuables et des entreprises prospères. La stabilité de la monnaie dépend, dans une large mesure de l'équilibre des comptes extérieurs. Si on n'exporte pas ou on n'importe pas moins, on ne peut pas avoir la stabilité de la monnaie. Le déficit d'emploi ne peut pas être comblé si il n'y a pas d'entreprises qui embauchent; puisque l'Etat a décidé de ne pas embaucher systématiquement. Il embauche en fonction de ses propres besoins ou de ses propres capacités. Donc tout ce que nous ferons pour susciter l'intérêt des investisseurs nationaux et étrangers, ne peut que contribuer au succès de la politique de développement économique et sociale du pays. Mais si nous faisons tout et nous n'arrivons pas à convaincre les investisseurs, nous allons perdre sur place.

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