Habitat
: chantiers tout azimut |
La politique du logement en Algérie a
montré plusieurs limites. Depuis l'Indépendance
jusqu'à ce jour, les efforts consentis
par l'Etat n'ont eu qu'un faible impact sur le
parc immobilier national. Le pays enregistre aujourd'hui
un déficit flagrant en habitations, estimé
à quelques deux millions d'unités.
Cette situation est notamment due à une
forte croissance démographique, à
un exode rural important mais aussi à l'approche
volontariste de l'Etat algérien, qui a
toujours voulu s'imposer comme un acteur exclusif
de la gestion de la problématique du logement.
Cette gestion quasi monopolistique s'est traduite
par des délais de réalisation trop
longs, des problèmes de financement et
certains paradoxes dans les affectations des logements
sociaux. Par ailleurs, la forte concentration
des populations le long du littoral, la gestion
déficiente du patrimoine et la prolifération
inquiétante de constructions précaires
ou illicites, constituent autant de problèmes
à résoudre.
Actuellement, l'action du gouvernement semble
être guidée par le souci de restituer
un caractère marchand au secteur. La volonté
affichée est d'accéder à
un marché immobilier désormais plus
ouvert à l'initiative privée, nationale
ou étrangère, et où l'Etat
n'aspire dorénavant plus qu'à garder
sa fonction de régulateur. Comme l'indique
M.Hamimid, ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme,
le partenariat est encouragé et demandé
: " Nous n'avons jamais refusé les
formules de partenariat, nous les encourageons
parce que nous sommes conscients d'avoir besoin
d'une assistance, du soutien d'un partenaire étranger
qui a plus d'expérience dans le domaine
du bâtiment, et qui peut nous apporter beaucoup
en matière de construction et de choix
conceptuel. Nous ressentons un déficit
dans le domaine de l'urbanisme, et nous encourageons
cette formule de partenariat car je suis persuadé
que cela permettra d'aller plus vite et de faire
mieux ". Pour ce faire la politique du gouvernement
s'adapte aux divers acteurs présents sur
le marché ainsi qu'aux besoins exprimés
par les diverses tranches de société.
Dans ce cadre 5 grands programmes ont étés
mis en place ; la location vente, le social participatif,
le social locatif, le promotionnel et le rural.
Cette volonté d'établir des partenariats
et d'accéder à de nouvelles technologies
est présente chez tous les entrepreneurs
du pays. C'est ainsi le cas de l'ECA, l'une des
plus importante société de construction
de la région d'Alger. Son directeur général,
M.Hasbellaoui, fait part de sa volonté
de trouver un partenaire " Nos plus gros
marchés se situent dans la réalisation
de logements pour le compte de l'Etat, c'est pour
cela que nous voulons prendre en charge une bonne
partie du programme des 65.000 logements à
construire. Nous désirerions aussi trouver
un partenaire pour la réalisation de cet
immense projet. Un partenaire étranger
nous permettrait de mieux réaliser et beaucoup
plus vite. "
La plus importante démarche entreprise
par le gouvernement algérien a trait à
l'offre de logement. Il s'agit de diversifier
les formules, pour une meilleure adéquation
avec les revenus et une réorientation vers
l'accession à la propriété.
Les projets lancés sur l'année 2002
concernent près de 130.000 logements, dont
plus de 62.000 entrent dans la catégorie
du logement social locatif financé sur
les ressources budgétaires, pour un montant
de 47,6 milliards de dinars. C'est à ce
niveau qu'interviennent les Offices de Promotion
et de Gestion Immobilière (OPGI), chargés
de la promotion et de la maîtrise d'ouvrages
pour le compte exclusif de l'Etat. Ici aussi,
le partenariat et l'investissement étranger
sont les bienvenus. M.Imadali, directeur général
de l'OPGI d'Oran, affirme à ce propos qu'"
actuellement, la demande en Algérie est
tellement forte en matière de logements,
qu'il faut énormément d'investisseurs.
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Nous avons un déficit d'environ un million
de logements, je pense donc que tout investisseur
est le bienvenu. Il faut aussi signaler que nous
ne connaissons pas de problèmes de méventes.
" Les OPGI ont également un caractère
commercial et peuvent entreprendre des actions
purement lucratives. Et M.Zahana, directeur général
de l'OPGI de Blida, va plus loin : " Pour
nous les OPGI, outil de réalisation pour
le compte de l'Etat, nous savons très bien
que l'avenir soit d'investir dans la promotion
immobilière à caractère lucratif.
"
Depuis son lancement, la location-vente est incontestablement
la formule qui a eu le plus grand succès
auprès des citoyens algériens. Lancée
au niveau de huit wilayas en 2001, elle a en effet
dépassé tous les espoirs et a, par
conséquent, été étendue
dans 25 wilayas pour l'année en cours.
Un programme de 55.000 unités, est actuellement
en cours à travers le territoire national.
Les autorités algériennes ont engagé
des discussions sur des opérations de partenariat
avec des promoteurs étrangers (chinois
et moyens orientaux notamment) et entendent élargir
les sources de financement à des bailleurs
de fonds nationaux et étrangers. La dynamique
générée par cette formule
devrait permettre à l'Etat de se désengager
progressivement du financement, tout en maintenant
son intervention au profit du logement social,
qui bénéficiera aux populations
les plus démunies.
Parmi les organismes publics créés
pour promouvoir et soutenir financièrement
le développement du secteur de l'habitat,
la CNL ( Caisse Nationale du Logement) est l'une
des principale structure. Elle gère les
contributions et les aides de l'Etat, notamment
celles en faveur du logement social. Selon son
directeur général, M.Djama, "
l'ensemble des interventions de l'Etat, hors abattement
et facilitation sur le foncier, peut être
évalué à un milliard de dollars
chaque année, dont près de 75% transitent
par la CNL. "
Par ailleurs, en matière d'urbanisme, les
autorités algériennes projettent
la construction de trois nouvelles villes. Une
de 300.000 habitants dans la wilaya de Constantine
; la nouvelle ville de Boughzoul et une autre
près de la capitale (Sidi-Abdellah). Cette
dernière met davantage l'accent sur les
nouvelles technologies. Un cyber parc devrait
ainsi y voir le jour, avec le concours du ministère
des PTT et celui de l'enseignement et de la recherche
scientifique. " Maintenant, nous attendons
les financements des grands investisseurs privés
", explique M.Hamidi, directeur général
de l'ANSA, en charge du projet " Sidi Abdellah
". Certains investisseurs sont déjà
présents, tels le groupe Khalifa ou encore
l'hôpital américain, qui s'est engagé
à construire un centre de recherche pour
les maladies cardio-vasculaires. Parallèlement
à tous ces programmes, des projets inhérents
aux tissus urbains existants sont en cours. L'Algérie
dispose, en effet, d'un patrimoine architectural
exceptionnel. Mais celui-ci connaît un état
de dégradation très avancé.
Des opérations de réhabilitations
de grands ensembles de logements sont actuellement
menées dans les anciens quartiers de la
capitale et des métropoles régionales
(Oran, Constantine, Annaba). Par ailleurs, la
rénovation des centres historiques du Sud
est programmée, dans le cadre de la mise
en uvre du fonds national de développement
des régions du Sud. Au niveau de la capitale,
un projet de restructuration urbaine de grande
envergure est initié au niveau du quartier
de " Hamma ", qui devrait constituer
la future zone des affaires d'Alger. Ce projet
prévoit la réalisation de 17.000
logements pour une population de 120.000 habitants
avec l'implantation de centres d'affaires, de
services et d'un pôle de grands équipements.
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