L'Hydraulique,
sous le sceau de l'urgence |
Ainsi le secteur de l'hydraulique connaît
une revitalisation accrue, notamment à travers
la relance de projets qui traînent depuis
plusieurs années et l'initialisation de nouveaux
chantiers. L'Algérie est actuellement dans
une crise réelle de carences en eau. Pour
parer à cette situation, l'Etat algérien
investit des moyens financiers colossaux; il ne
mobilisera ainsi pas moins de 1.500 milliards de
dinars (19 billions USD), pour une remise à
niveau des infrastructures hydrauliques. Les priorités
vont majoritairement à la construction de
nouveaux barrages et interconnections, à
la réduction de l'envasement de ces barrages,
aux traitements des eaux usées, à
la lutte contre les déperditions et le gaspillage
et aux projets de dessalement d'eau de mer. M.Attar,
ministre des Ressources en Eau précise dans
ce cadre que " les investisseurs étrangers
sont invités à venir investir en Algérie
et à s'impliquer tant par des partenariats
avec des entreprises privées que publiques.
Il y a tellement de chantiers à ouvrir dans
le secteur de l'hydraulique que les moyens nationaux
sont insuffisants. Nous sommes obligés de
faire appel aux entreprises étrangères,
tant pour des volumes de moyens que pour des motifs
de maîtrise de technologies. "
L'évaluation de la situation dans le secteur
de l'eau a fait apparaître des insuffisances
en matière d'infrastructures de mobilisation
et de transfert, ainsi qu'un sérieux dysfonctionnement
dans la gestion du service public de l'eau et dans
l'exploitation des réseaux existants. Outre
ces insuffisances, le déficit en pluviométrie
qu'a connu le pays sur une longue période,
s'est répercuté de façon sensible
sur la disponibilité des ressources en eau,
se traduisant ainsi par la diminution des nappes
souterraines et l'épuisement des réserves
des barrages, destinées à l'alimentation
en eau potable. Pour faire face à cette pénurie,
et afin de répondre aux besoins immédiats
des populations, la réalisation de barrages
supplémentaires, afin d'encore augmenter
les capacités de captage se présente
comme une nécessité. Selon le ministère
des Ressources en eau, seulement cinq milliards
de mètres cube d'eau sont captés annuellement,
alors que le pays pourrait en pomper près
de douze. A l'heure actuelle, pas moins de 50 ouvrages
de captage sont donc en cours de construction. Par
ailleurs, différents projets d'interconnexions,
sont inscrits au plan d'action du gouvernement ;
certains sont déjà en voie d'achèvement,
tel la connexion de trois barrages à la ville
d'Alger. Devant l'importance des travaux à
entreprendre, M.Bousahba, président et membre
fondateur de la Société de Gestion
et de Participation Ergthy, regroupant plusieurs
entreprises opérant dans le secteur de l'hydraulique,
en appelle également au partenariat : "
Il y a des capacités de négociation,
le marché algérien est très
porteur, les investisseurs ont donc intérêt
à prendre des participations de capital pour
le futur. " Et le directeur de la SGP Ergthy
ajoute à l'attention de ces investisseurs
: " Il existe dans le secteur hydraulique des
potentialités en matière technique,
de savoir-faire et d'expérience qu'il faut
exploiter à l'intérieur de l'Algérie,
mais aussi à l'extérieur ; nous avons
des prix compétitifs qui leurs permettront
de gagner de l'argent ". La réduction
de l'envasement de certains barrages est également
à l'ordre du jour. Les autorités voudraient
ainsi dévaser pas moins de neuf installations,
sur une période de 3 années (2003-2005).
Pour éviter ce phénomène, il
faudra penser à limiter l'érosion,
notamment par un aménagement et un boisement
judicieux des bassins.
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Le traitement des
eaux usées constitue aussi une priorité.
Or, l'état des stations d'épurations
est alarmant. En effet, sur les 53 installations
existantes, 42 sont à l'arrêt et il
n'existe aucuns organismes spécialisés
dans la gestion de tels équipements. Les
premières démarches à entreprendre
consistent en une estimation des problèmes
pour définir les mesures à prendre
; il faudra ensuite remettre en état ce qui
existe et à l'avenir, adapter les modes de
gestion de telles installations. La situation actuelle
est critique, puisque les eaux non-traitées
sont rejetées dans les oueds et les vallées
agricoles, avec tous les risques d'épidémies
que cela implique.
Un autre point crucial concerne la rénovation
du réseau d'alimentation en eau potable dans
quelques 40 villes du pays. Il s'agit là
également d'une priorité pour laquelle
un budget de 53 milliards de dinars (67 millions
USD) a été débloqué.
La vétusté du réseau de conduites,
long de 39.000 km, contribue à aggraver la
situation de l'alimentation en eau des villes. Les
fuites sont, en effet, estimées à
30 %.
Vu l'importance du déficit hydraulique, l'effort
de production a également été
axé sur des ressources alternatives, tels
le dessalement de l'eau de mer et le recyclage des
eaux usées. La réalisation, à
terme, d'une cinquantaine de stations de dessalement
d'eau de mer, assurant l'approvisionnement des villes
du littoral, a été prévue.
Ce projet apparaît aujourd'hui comme incontournable,
vu l'importance des besoins en eau. Il permettra,
d'autre part, de concentrer l'apport des barrages
à l'alimentation de l'intérieur du
pays, surtout les zones des Hauts-plateaux et de
la plaine. L'acquisition de huit usines de dessalement
permettra, dans un premier temps, la mobilisation
de 1,5 millions de mètres cube/jour, qui
suffisent à couvrir les besoins de 9 millions
d'habitants.
Pour faire face à la situation actuelle,
les autorités algérienne ont également
engagé une action de redéploiement
et de mise à niveau des structures publiques
intervenants dans cinq segments du secteur de l'eau.
Il s'agit de la connaissance des ressources en eau,
de leur mobilisation et de leur transfert, de la
distribution de l'eau potable et industrielle, de
la distribution de l'eau d'irrigation et de l'assainissement
et du recyclage des eaux usées. Dans une
première étape, deux organismes viennent
d'être créés : l'Algérienne
des Eaux (ADE) et de l'Office National de l'Assainissement
(ONA). Par la suite, le secteur engagera des actions
de renforcement et de redéploiement des établissements,
chargés respectivement de l'évaluation
des ressources en eau (ANRH), de la mobilisation
et du transfert de l'eau (ANB) et enfin de l'irrigation
(AGID). L'Algérienne des Eaux et l'Office
National de l'Assainissement, sont dotés
d'un statut d'EPIC (entreprise publique industrielle
et commerciales), leur champ d'intervention couvre
à la fois la gestion du service public et
la maîtrise d'ouvrage déléguée
des projets d'AEP et d'assainissement. Ces établissements
sont engagés dans un certain nombre de mission
comme la mise en uvre des programmes annuels
et pluriannuels d'investissement, ainsi que la réalisation
de projets par voie de concession ou toutes autres
formes de partenariats, tel que le système
BOT. La réforme du secteur public de l'eau
potable et de l'assainissement s'inscrit donc dans
le cadre d'une démarche, qui vise notamment
la réorganisation des organismes, par le
recours à une vaste action de remise à
niveau et l'ouverture du secteur des ressources
en eau à d'autres formes de gestion plus
efficaces, tels que l'affermage ou la concession,
qui feront intervenir des opérateurs nationaux
ou étrangers.
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