THE REPUBLIC OF CONGO
Enormous potential for investors/D'énormes potentialités d'investissements

Son Excellence Michel Mampouya Interview avec

M. Michel MAMPOUYA
Ministre de l'Industrie Minière et de l'Environnement
Jeudi 28 mars 2002
 
Pourriez vous nous dresser un bilan du secteur minier congolais ?

Nous avons séparé les mines liquides, des mines solides ; nous nous occupons des mines solides. Les mines liquides, le pétrole, sont le secteur de mon ami et collègue Taty-Loutard. Nous avons de grands projets dans le domaine des mines, notamment le projet de magnésium avec Magnésium Aloy , un groupe canadien qui s'est engagé à exploiter le magnésium repéré dans le Kouilou. Ils ont bouclé la phase de recherche, nous attendons qu'ils passent à la phase d'exploitation. En principe, ça devrait être l'un des plus grands gisements de magnésium au monde sinon le premier gisement. Il n'y a pas que le magnésium, nous avons l'or dans la partie nord du Congo dans la région de la Sangha, nous avons aussi le diamant car nous avons noté des indices probants au niveau de la frontière entre le Congo et la RCA. Nous sommes en contact avec des industriels miniers qui ont accepté d'aller travailler dans cette zone. C'est une zone que nous allons exploiter en commun avec la RCA.

Avez-vous déjà mis au point un protocole d'accord ?

Nous avons déjà un accord bilatéral et nous avons déjà mis en place un comité qui s'occupe de cette zone. C'est un comité inter-état où l'on trouve le ministre de la RCA chargé des mines et le ministre congolais chargé des mines. Dans la partie sud-est, nous avons également des ressources minières : de l'or, du cuivre, du fer. Nous avons un potentiel minier remarquable au Congo. Par le passé, nous avions un code minier adapté au système du monopartisme, une économie étatisée. Nous avons donc été obligés de réadapter ce code minier pour le rendre plus attrayant, pour qu'il réponde aux exigences de l'économie libérale. Ce code est encore à l'étude au parlement, il va être adopté incessamment, mais nous travaillons en attendant sur l'ancien code qui attire déjà les opérateurs miniers: ils viennent et ils sont là.

Le problème est que les activités ont été interrompues pendant un moment du fait de la guerre. J'ai effectué de nombreux voyages pour relancer les opérateurs miniers, mais vous savez l'argent n'aime pas le bruit et là où il y a le bruit de bottes surtout, il faut être prudent mais avec la restauration de la paix, le retour de la sécurité, je suis confiant ; je sais qu'ils vont revenir et qu'ils sont en train de revenir nombreux.

Quels sont les grands axes incitatifs contenus dans le nouveau code ?

Le nouveau code s'appuie sur le code des investissements. Les opérateurs ont la liberté de prendre des espaces à exploiter et de voir que l'état va simplement servir de régulateur ; l'état devient un facilitateur, il ne percevra que des taxes. Avant, l'état imposait une participation même quand on sait qu'il n'est pas toujours bon gestionnaire, maintenant on ne leur impose plus. Si cela leur convient, les investisseurs peuvent associer des hommes d'affaires congolais qui sont capables de prendre des participations dans l'industrie, mais nous savons que les exploitations minières exigent un investissement très lourd et aujourd'hui, rares sont les congolais qui sont capables de prendre des participations dans la phase de prospection, de recherche minière, avant même de rentrer dans l'exploitation. Les opérateurs sont donc libres d'organiser leurs activités dans le respect du code national des investissements. Le nouveau code a été élaboré avec le concours des institutions internationales à Abidjan.

Deux codes ont été financés au niveau de la Banque mondiale : celui du Congo-Brazzaville et celui du Burkina Faso. Au niveau des investisseurs, c'est déjà une garantie, l'assurance est donc donnée que ce code respecte les règles générales de l'économie libérale.

Quelle est votre position par rapport au secteur informel ?

Il y a généralement une exploitation artisanale de l'or, dans les régions nord, notamment dans la Sangha. C'est une activité qui leur permet de vivre, mais on ne peut pas dire que cela leur apporte une grande fortune parce qu'ils ne trouvent pas facilement en surface. Il faut au moins une exploitation semi-industrielle pour que cela puisse rapporter assez d'argent. Mais nous avons demandé aux sociétés qui s'installent d'aider d'une certaine manière les petits orpailleurs à s'organiser. Notamment dans la Sangha, à côté d'une société italienne qui est en train de passer à la phase d'exploitation dans le domaine de l'or. Nous avons donc demandé à cette société d'avoir une politique d'assistance aux populations et notamment aux orpailleurs car ils ne concurrencent pas les exploitations industrielles. Ce sont plutôt des indicateurs qui permettent de localiser les gisements. Il y a des sociétés qui ont accepté de les accompagner notamment les petites sociétés qui font de l'orpaillage semi-industriel. Ils ont un matériel qui leur permet de se situer entre l'exploitation industrielle et artisanale et assurent la coopération avec les artisans pour augmenter la production globale.


Quelle est votre stratégie de développement pour ce secteur ?

Nous voulons plutôt nous orienter vers le semi industriel et l'industriel afin d'amener les petits orpailleurs à s'intégrer dans l'activité semi-industrielle, surtout parce qu'elle n'est pas très compliquée et pas coûteuse. C'est l'objectif assigné à ces sociétés qui malheureusement ne sont pas encore assez nombreuses pour le moment. Ces société de taille moyenne doivent avoir pour objectif d'opérer l'intégration de ces petits orpailleurs dans des unités semi-industrielles, cela leur permet d'intégrer une main d'œuvre déjà qualifiée.

Globalement qu'elle est la politique du gouvernement vis à vis de l'exploitation minière ?

La politique du gouvernement est de réglementer l'activité minière par l'intervention des opérateurs privés. L'état en tant que tel ne prend pas de participation sauf dans certains cas exceptionnels où nous pouvons envisager une participation, en accord avec l'industriel qui aura découvert le gisement, parce qu'il faut gérer la prospection puis la recherche. Nous projetons de créer un centre de recherche géologique et minière. Ce centre a existé dans le passé, et nous sommes en train de recréer cette structure qui aura essentiellement un but de recherche, afin d'offrir aux opérateurs économiques une carte métalogénique sans cesse réactualisée, avec des sites bien déterminés, où il ya un gisement quantifié, des estimations plus fiables. Ce sera donc le travail de ce centre qui aura également un volet d'informations qui permettra aux opérateurs à travers le monde de s'intéresser aux gisements congolais.

Aujourd'hui comment obtenir ces informations ?

Nous avons déjà une carte métalogénique qui a été éditée par les sud africains. Nous disposons également des informations qui datent de l'époque de la colonisation parce que les sociétés françaises avaient déjà entrepris une exploration minière. Ces sociétés ont donc laissé des informations qui sont emmagasinées au Bureau de la Recherche Géologique et Minière en France, mais il s'agit des archives du Congo que nous pouvons consulter à tous moments. Lorsque nous sommes en présence d'un opérateur économique qui recherche des informations plus détaillées, nous lui délivrons une autorisation pour consulter les archives minières. Ici à la direction générale des mines, nous avons également des informations nous permettant de répondre aux opérateurs miniers.
Les opérateurs présents au Congo proviennent de quels pays actuellement ?

Ils proviennent de tous les pays, mais aujourd'hui les sud africains qui opèrent dans le sud est, notamment à Mfouati dans le domaine de l'or, les italiens dans la Sangha au nord, les canadiens qui sont intéressés par le magnésium, des chinois de Hong Kong qui s'intéressent au minerai de cuivre situé dans le sud et les américains ne tarderont pas à venir. Nous venons de signer un accord avec une société portugaise pour les grès bitumineux qui peuvent nous permettre d'obtenir du bitume pour nos routes. Il y a donc des opérateurs qui viennent de tous les pays.


Quelle est la politique environnementale du Congo ?


Dans le domaine nous avons beaucoup à faire. L'état de l'environnement au Congo a été aggravé par la guerre. Les gens n'ont plus les moyens d'entretenir leur milieu naturel, leur environnement immédiat. Lorsque vous voyez l'environnement urbain, vous remarquez qu'il n'y a pas de véhicules de ramassage des ordures ; ce qui fait que les gens enfouissent les ordures ménagères dans leurs parcelles.

A l'intérieur du pays, nous avons des problèmes de déboisement. Nous devons contrôler les cultures sur brûlis, notamment dans les régions périphériques de Brazzaville, du Pool, où les populations font des champs, coupent des arbres qu'elles brûlent, ce qui favorise l'avancée du désert. Il y a également le bois de chauffe, le pouvoir d'achat s'étant amenuisé depuis la guerre, les gens qui sont dans la périphérie de Brazzaville coupent ce bois pour en faire du charbon, ils vont jusqu'à couper des arbres fruitiers. C'est une question de survie.

Il y a également des forestiers qui ne respectent toujours pas les normes environnementales, qui demande de ne pas tout couper dans un secteur, ou de faire des coupes sélectives.

Le Ministre des eaux et forêts que vous avez déjà rencontré est très actif à ce sujet, il est très exigeant et essaie de faire appliquer les lois, de faire respecter les normes environnementales pour l'exploitation du bois. Nous espérons y arriver pour prévenir les dégâts. Aujourd'hui, on les limite mais nous pouvons complètement éradiquer les dégâts pour préserver l'environnement.

Au niveau marin, nous avons de petits problèmes de surveillance concernant nos côtes, nous n'avons pas de vedettes pour la surveillance côtière, nous n'avons pas d'avions pour survoler et éventuellement contrôler les déversements volontaires ou accidentels d'hydrocarbures. Ces navires vident leurs cuves à la mer, et même s'ils font çà assez loin de nos côtes, les vagues finissent toujours par nous les ramener à la côte ; quand on s'en aperçoit, le navire est loin. Nous avons déjà eu des alertes à la pollution, heureusement le concours des sociétés qui sont installées sur la plage de Pointe Noire, qui ont les moyens techniques, par épandange ils réussissent assez rapidement à maîtriser la situation. Ce sont des pollutions de petites tailles, mais ils nous a fallu au moins une semaine pour nettoyer la plage.

Existe-t-il des organes de contrôle dans la région ou est-ce un projet ?

Au niveau de la sous région, nous avons le projet de création d'un organe de surveillance côtière, mais il s'agit encore d'un projet qui requiert le concours des organisations internationales, parce qu'il faut que cet organe soit doté d'outils pour surveiller la côte de Libreville à Luanda, sans oublier la Guinée qui devient un petit Koweït.

Quel serait aujourd'hui pour vous le plus grand défi à relever ?

Pour nous, le grand défi aujourd'hui, c'est l'assainissement urbain. Il y a une grande pollution dans les grandes villes (Brazzaville et Pointe Noire). Les décharges non contrôlées des ordures sont fréquentes ; il faut mener la guerre contre la pollution urbaine et ce n'est pas facile.

A Pointe Noire, les pétroliers ne prennent pas toujours les précautions indispensables pour libérer leurs ordures. J'ai du faire la guerre contre les sociétés qui n'avait pas de moyens, mais qui ont pu passer des accords avec des pétroliers pour s'occuper des ordures et des déchets libérés par ces pétroliers. C'est un traitement particulier que l'on ne peut confier à une petite société si elle n'en pas les moyens. Lorsque vous allez à Pointe Noire en sortant de l'aéroport, un peu plus loin, vous sentez l'odeur des hydrocarbures et les populations qui habitent ces zones ne sentent plus ces odeurs. Ce qui est dangereux. Nous sommes en train d'élaborer un programme type d'environnement pour la ville de Pointe noire avec une société établie en France.

Nous négocions un accord afin de réaliser un audit de l'environnement. Ceci pour apprécier la qualité de l'air respiré a Pointe Noire. Cet accord s'étendra aussi au niveau de la mer pour apprécier le degré de pollution ; ce sont de petites pollutions mais quand elles sont permanentes, elles deviennent aussi dangereuses que les grandes. Je disais, le premier défi : l'assainissement urbain ; le deuxième : la protection de la forêt, la lutte contre la déforestation due aux cultures traditionnelles qui ne respectent pas les normes de l'environnement, et c'est là un gros problème parce qu'il s'agit des cultures qui font vivre les populations paysannes.

Qu'aimeriez vous accomplir dans le secteur minier ?


Dans le secteur minier, nous souhaitons que les opérateurs qui vivent a travers le monde s'intéressent davantage à notre potentiel. Vous voyez comme tous les deux ans, il y a de nouveaux gisements qui sont découverts quelque part. Ce qu'il nous faut, c'est une politique d'information. Nous sommes en train de nous battre pour disposer d'un Centre de recherche géologique et minière qui va donner toutes les informations nécessaires aux opérateurs économiques pour que les investisseurs privés s'intéressent à notre potentialité minier.

Quel serait votre plus grande satisfaction depuis votre accession à ce poste ?

Si à la fin de mon mandat, je peux faire aboutir le projet d'exploitation de magnésium à Pointe Noire, je pourrais me sentir soulagé. C'est aujourd'hui le plus grand projet qui est en cours d'exécution. Mais je dois signaler aussi que pour le moment, il n y a pas de mines véritablement en exploitation au Congo. Tous les opérateurs sont encore en phase de recherche ; ils essaient de prouver les recherches parce qu'ils ont connu 4 années d'incertitude du fait de la guerre. Sans la guerre, le projet Aloy serait déjà fiable.
Après mon mandat, mon souhait serait de laisser un nouveau code minier, plus attrayant et plus adapté à la nouvelle donne économique.

Auriez-vous un message final a adresser à nos lecteurs ?

Le Congo est un pays qui a renoué avec la paix. Le Congo regorge de diamants, d'or, de fer, de cuivre, de nickel. Nous avons tous les produits miniers qui intéressent les industries, notamment le magnésium qui sert la production des alliages légers. Nous souhaitons assister à un ballet d'investisseurs qui viendront s'informer puis apprécier par eux même les potentialités congolaises.

  Read on