THE REPUBLIC OF CONGO
Enormous potential for investors/D'énormes potentialités d'investissements

M. Jean DELLO Interview avec

M. Jean DELLO
Ministre des Postes & Télécommunications
Mercredi 27 Mars 2002
 
Pourriez-vous tout d'abord nous dresser un état des lieux général du secteur des P&T au Congo ?

En 1964, le Congo a créé une entreprise nationale nommée ONPT, Office National des Postes et Télécommunications).

On avait pour le téléphone fixe, le faisceau hertzien nord, sud, sud-ouest et cela ne fonctionnait pas bien, même dans les villes les centraux étaient déjà saturés. Il n'y avait pas encore de téléphones mobiles ; en fait juste avant le premier conflit, il y a eu un mobile de type américain, apporté par Cyrus qui s'est installé dans notre pays. Mais les équipements n'étaient pas de bonne qualité, c'était des équipements très lourds et les gens n'en voulaient pas. Cependant à l'époque il n'y avait pas d'autres possibilités.

Lorsque la guerre a éclaté, toutes les installations ont été détruites. Au sortir de la guerre, le bilan était catastrophique. C'est alors que le Président a mis en place un nouveau gouvernement, et j'ai été appelé. Personne ne voulait de ce Ministère car la tâche promettait d'être de longue haleine.
Je n'ai pas regardé l'ampleur de la tâche dans son ensemble, c'eût été effrayant et peut être aurais-je abandonné d'avance.

J'ai commencé par réhabiliter le central téléphonique Siemens qui est à la direction générale et on a rétabli le téléphone dans la ville de Brazzaville. L'essentiel à l'époque était de rétablir une connexion avec la France, car malgré tout, nous dépendons un peu d'elle. Après l'avoir fait, nous avons pu rétablir le lien avec Pointe Noire, en tant que capitale économique, c'était également une urgence car le train ne circulait plus et les avions étaient rares.

Lorsque la guerre a éclaté, les antennes du faisceau hertzien ont été prises pour cible. Nous sommes redescendus plus bas que terre ; le téléphone était coupé. Cyrus nous a alors aidé à établir un système de téléphone par satellite pour joindre Pointe Noire. Les autres villes n'étaient pas encore joignables. Petit à petit nous avons réparé, réhabilité les bureaux de postes, en ville et dans l'hinterland.

Dans le courant de la guerre, en 1999, des sociétés sont venues et nous avons attribué des licences pour l'exploitation d'un réseau de téléphonie mobile, Celltel puis Libertis.
J'ai fait acheter des vélomoteurs pour la distribution des courriers à domicile et éventuellement le paiement des mandats inférieurs à 100 000 Fcfa après avoir rétabli le fonctionnement au niveau international.
Voilà à peu près où nous en sommes aujourd'hui, nous avons dépassé le cap de ce qui existait avant la guerre.

Par ailleurs, il était tout de même préoccupant que nous soyons l'un des derniers pays d'Afrique à ne pas avoir l'Internet. Le Président m'a demandé de tout faire pour résoudre ce problème, mais nous devions trop à Telsat et à France Telecom qui ne pouvaient plus nous fournir d'autres services. Nous avons réussi à conclure un accord avec une société qui a accepté de fournir le passage via l'Afrique du Sud. Notre Internet n'est pas encore fiable, nous rencontrons parfois quelques problèmes de connexion, mais dans l'ensemble cela s'améliore de plus en plus. Les Congolais se familiarisent avec cet outil moderne, et on note une certaine dynamique parmi les jeunes qui se tournent vers les nouvelles technologies avec succès.
L'étape suivante pour nous a été de récupérer notre nom de domaine, le " .cg ", qui était détenu par un particulier. Nous avons donc réinstallé notre nom de domaine à Brazzaville, nous avons fait venir l'équipement, et nous allons mettre en place un nœud national.
Avec l'engouement de la population pour le téléphone portable, l'ONPT, l'entreprise d'état, perdait petit à petit sa place dominante sur le marché, alors nous lui avons donné la possibilité de créer un réseau de téléphonie mobile pour concourrir avec les autres opérateurs. Il a fallu trouver un partenaire étranger pour exploiter la licence. Une société ivoirienne avec ses racines aux USA, mais cela a trainé puis finalement échoué. L'ONPT devait participer à hauteur de 40%, et le partenaire devait apporter 60%, peut être n'ont-ils pas pu collecter les fonds.

C'était en quelle année ?

En 2000-2002, mais une nouvelle licence leur sera accordée car ils vont commencer à chercher un nouveau partenaire. En même temps, pour faire marcher l'Internet il faut des téléphones fixes fiables. Nous avons mis sur pieds un projet de couverture nationale, en collaboration avec une société américaine et une société chinoise. Ils ont déjà effectué un survol de tous les sites appropriés, et vont nous soumettre leurs offres par rapport au cahier des charges.

Actuellement, Celtel couvre déjà par la téléphonie mobile l'intérieur du pays, et c'est très important pour les régions. Nous avons bon espoir que le téléphone filaire reprenne une part de l'activité après sa privatisation. Nous attendons actuellement la reprise des entités créées lors du démantèlement de l'ONPT. Nous avons la SOPECO (Société des Postes et de l'Epargne Congolaise) qui va agir comme une banque populaire en plus de gérer les services postaux, et la SOTELCO (Société des Télécommunications du Congo). Cette dernière sera entièrement privatisée, et cela devrait permettre un meilleur développement et une couverture réellement nationale.
SOPECO resterait donc une entreprise d'état ?

Effectivement. Mais, si nous trouvons des partenaires, nous pourrons céder des actions, car l'état tout seul ne pourra peut être pas assumer toutes les missions de la SOPECO. L'état n'est pas un grand commerçant dans le fond, la plupart des entreprises d'état seront privatisées. Et actuellement je suis en contact avec 3 sociétés françaises qui s'intéressent aux chèques postaux et à la caisse d'épargne.
La SOTELCO va être privatisée. France Télécom serait peut être en lice, et nous avons d'autres sociétés et hommes d'affaires qui se sont montrés intéressés. C'est une reprise qui s'annonce prometteuse, notamment avec notre projet de couverture nationale, mais également car cela va être renforcé par l'arrivée d'Africa-One. Il s'agit d'un cable sous-marin de transmission de données. Ils sont présents en Asie, en Europe, en Amérique, et nous avons obtenu de Washington un point " d'atterissement " à Pointe Noire. Cela nous donne accès à la transmission de données par fibre optique, et nous allons relier Brazzaville en suivant le Chemin de Fer Congo-Océan. Nous pourrons également servir de point de transit pour les pays limitrophes de l'Afrique Centrale par le fleuve Congo ou d'autres cours d'eau de notre pays. Cela va permettre une réduction importante des coûts téléphoniques.

Nous sommes également parmi les membres d'une société qui va placer un satellite au dessus de l'Océan Indien. Ce satellite sera dédié à l'Afrique, pour permettre une liaison efficace dans n'importe quel village sur le continent.

Quel avenir voyez vous pour le service filaire, qui a subit récemment une augmentation très importante ?

Vous savez, les clients vont où cela fonctionne. Au début de la téléphonie mobile, ils allaient tous chez le même opérateur, son réseau a été saturé, alors tout le monde a couru chez le nouveau, et puis après tout le monde est retourné chez l'ancien, un peu comme des poulets qui courrent après le maïs que l'on jette. Beaucoup finalement gardent leur ligne fixe. Nous avons revu les tarifs, car l'ONPT a été lésée par les appels passés depuis les lignes fixes vers les portables. L'ONPT souffre également du piratage des lignes des administrations publiques. Le samedi et le dimanche, les administrations sont fermées, et des gens venaient se connecter et utiliser les lignes du ministère même pour faire téléphoner leurs amis à l'étranger.

Tous ces problèmes ont fait que nous allons introduire le système de prépaiement des communications. Des logiciels sont installés dans les centres administratifs, et les administrations publiques seront obligées d'acheter des cartes d'appels et de les distribuer aux employés. Cela contribuera à l'amélioration du rendement des administrations.

Pour la Poste nous souhaitons améliorer le service de vente de timbres, redonner une valeur substantielle à la lettre, améliorer l'acheminement du courrier, qui dépendait parfois de l'humeur des préposés. Nous allons remettre en place la notion de service public.


Avez vous des contacts avec des opérateurs intéressés par de nouvelles licences de téléphonie mobile ?

Oui ! Hier, j'ai reçu une lettre d'une société qui veut mettre un mobile ici. Il y a aussi une société basée au Centrafrique qui désire démonter ses installations et venir à Brazzaville, peut être parce que nous couvrons 342 000 km2 avec une population de 3 millions d'habitants. Cela se comprend, il y a l'argent qui circule et nous avons beaucoup de pétrole, du bois et une vocation de transit qui attire les opérateurs.

Quels avantages du Congo mettriez vous en avant pour les investisseurs?


Le Président réélu et la paix retrouvée, la présence de textes définissant le cadre d'investissement, et la présence déjà, de nombreux investisseurs étrangers qui n'ont rencontré aucun problème pour développer leur activité. C'est le meilleur témoignage.

Quelle a été l'expérience la plus satisfaisante que vous ayez vécu à la tête de ce Ministère ?


Pour moi c'est l'explosion du mobile. Le développement malgré les réticences de départ de toute une partie de l'administration. J'ai réussi à les convaincre, et en 2001 je crois que le Congo avait le meilleur taux de pénétration en Afrique.

  Read on