THE REPUBLIC OF CONGO
Enormous potential for investors/D'énormes potentialités d'investissements

M. Alain MABIALA MOUSSIROU Interview avec:

M. Alain MABIALA MOUSSIROU
Directeur Général de la BGFI Bank
Mardi 9 avril 2002
 
Pourriez vous nous présenter la BGFI et son implantation au Congo ?

Tout d'abord, nous sommes une banque gabonaise. Nous avons ouvert nos portes au Congo le 3 avril 2000. Au Gabon nous sommes la première institution financière, et je peux même préciser que nous sommes la première banque de la sous-région, de l'Afrique Centrale, et la quatrième banque de la zone franc de l'Afrique francophone. J'anticipe car les chiffres n'ont pas encore été approuvés par les commissaires aux comptes, mais pour l'exercice 2001 nous devrions réaliser un résultat net après impôts de 8,6 milliards de CFA. L'année dernière nous avons augmenté notre capital pour le porter à 24 milliards de CFA. Dans la sous région nous avons très peu de concurrents. Outre l'activité purement bancaire sous le label BGFI Bank, nous sommes un groupe financier, qui fait du crédit bail avec BGFI Bail, de l'ingénierie financière et du conseil avec BGFI Participation, et également du crédit à la consommation avec une structure qui s'appelle Finatra. Nous avons une structure de crédit à la consommation en plus de notre structure bancaire car notre banque a une clientèle assez ciblée. Nous sommes la première banque de la sous-région, mais nous avons trié notre clientèle. Nous existons depuis 1971, et pendant de très nombreuses années nous étions une filiale du groupe Paribas. Jusqu'en 1997 nous nous appelions Paribas Gabon. Paribas était d'abord connu pour son métier de banque d'affaires, et donc en tant que filiale nous avions emboîté le pas de la maison mère, et nous faisions essentiellement de la banque d'affaires. Petit à petit nos métiers se sont diversifiés, mais nous avons quand même gardé cette fibre de clientèle ciblée, même après le départ de Paribas du Gabon. Nous avons diversifié nos métiers et aujourd'hui nous sommes une banque avec une stratégie globale, même si notre portefeuille reste haut de gamme, c'est à dire des entreprises et des particuliers avec des revenus élevés. Nous ne sommes pas une banque de détail, sans être péjoratif.

Qu'est ce qui a motivé votre venue au Congo ?


Le potentiel de développement évidemment. Un pays qui sort d'une situation délicate, un pays où tout est à reconstruire, et de plus vous n'êtes pas sans connaître les liens particuliers qui unissent les deux pays. C'était donc l'occasion pour nous de participer à la reconstruction. Depuis deux ans maintenant, la reconstruction n'a pas été aussi rapide que prévue. Il a fallu remettre en place les administrations, il a aussi fallu créer une assise politique et organiser des élections ; la reconstruction réelle démarrera donc probablement en septembre. Nous sommes peut être arrivé un peu tôt, mais cela n'est pas plus mal car nous avons pu nous implanter rapidement et gagner notre part de marché. Dès 2001 nous avons ouvert l'agence sur Pointe Noire, et à présent nous fonctionnons sur ces deux structures.

Quel état des lieux dressez-vous du secteur après les efforts d'assainissement?


Depuis deux ans, le secteur a été grandement restructuré. Il était complètement sinistré ; il n'y avait qu'une banque qui fonctionnait normalement, le CAIC, les deux autres ayant perdu pratiquement toute leur clientèle, ce qui a entraîné leur privatisation. L'UCB a été reprise par la COFIPA, et la BIDC par le Crédit Lyonnais. Nous sommes donc arrivés sur un marché très particulier où on n'avait pas de base de travail. Si vous me demandez des chiffres quant aux parts de marché, je vous mentirais en vous donnant une réponse, car nous n'avons pas de données significatives. De plus les données sont faussées car 70% des portefeuilles des banques étaient exsangues. On ne peut pas vous donner de chiffres valables actuellement. Globalement, le CAIC est la banque leader car longtemps seule, nous venons en seconde position car nous travaillons avec les gros clients et l'état, la Cofipa arrive en troisième et le Crédit Lyonnais a tout à construire.

Est-ce qu'on peut dire que le pays dispose d'un cadre financier incitatif à l'investissement ?


Oui, le secteur bancaire est assaini, vous avez trois banques privées, contrôlées par la COBAC au niveau régional, les clients ont donc à présent des garanties de bon fonctionnement. L'urgence n'était pas à la privatisation du CAIC, mais je pense que le ministre a décidé de conclure la privatisation du secteur. Nous avons un statut particulier car nous sommes sous forme de succursale, et donc nous bénéficions de toute la logistique et de toute la trésorerie de la maison mère au Gabon. Donc la BGFI Bank au Congo ne représente pas un risque pour les dépôts.

Quelle est la stratégie d'évolution de la BGFI ?


Nous allons poursuivre la politique que nous avons menée depuis que nous sommes installés ici, c'est à dire cibler notre clientèle. Nous allons ouvrir une deuxième structure sur Brazzaville, car celle-ci est un peu petite et vétuste, nous allons la garder comme agence VIP et ouvrir une agence un peu plus commerciale en ville.

L'ouverture du deuxième centre à Brazzaville est prévue pour quand ?


Pour le deuxième semestre 2002, et puis avec ces trois sites sur le Congo, je pense que nous aurons atteint notre taille idéale.
Pensez-vous que le marché soit assez grand pour le nombre de concurrents présents ?

Oui tout à fait, le marché est quand même important, vous avez plus de deux millions d'habitants au Congo. Pour Brazzaville, vous avez également le marché de Kinshasa, qui est une clientèle potentielle supplémentaire. De plus, il y a la reconstruction à faire, tout est à faire, les infrastructures sont à installer, dans l'eau, le téléphone bientôt. Oui, il y a beaucoup de potentiel pour une institution financière !

Envisagez-vous une implantation en RDC ?


Directement là bas, non. Notre stratégie est d'abord de bien cerner les pays de la zone CEMAC, les six pays qui sont sous la tutelle de la BEAC. Les pays voisins ne constituent pas encore une priorité, même si Kinshasa représente un gros potentiel, ce sont d'autres règles que nous ne maîtrisons pas, alors nous voulons d'abord nous renforcer dans la sous-région. Un de nos objectifs à court terme, est d'avoir une succursale sur Paris.

Quels sont pour vous les atouts de la BGFI par rapport aux autres banques du marché ?


Tout d'abord, notre portefeuille étant moins important, nous ne nous dispersons pas, et nous pouvons rendre un service plus personnalisé. Nous pouvons mieux gérer les besoins de nos clients. On peut traiter les dossiers plus rapidement, nous avons une vocation de banque de proximité. Le second atout dont nous disposons, que le Crédit Lyonnais va sûrement implanter également, ce sont les outils de banques modernes. Les banques en Afrique francophone ne disposent pas toutes du SWIFT par exemple. Nous ne le faisons pas encore sur le Congo, mais pour le Gabon par exemple nous avons une scannerisation des signatures pour sécuriser les transactions.

Quelle part représente le Congo pour la BGFI dans le marché CEMAC?


Aujourd'hui, le Congo représente environ 10% de l'activité et nous tablons sur environ 30% d'ici deux ans. Cela devrait monter assez vite.

Quels sont les secteurs que vous considérez comme prometteurs actuellement ?


Le secteur bois, le BTP, car toutes les infrastructures sont à faire. En fait, je pense que le bois a le plus fort potentiel. Pour le secteur pétrolier, je dirais non, car en général les sociétés pétrolières n'ont pas besoin du concours des banques locales. Ce n'est pas le secteur pétrolier qui va nous pousser vers les performances et le chiffre d'affaire. Pour ce secteur, nous agissons plus comme des boîtes aux lettres. Tous leurs financements se font sur les places financières internationales en dollars et donc le franc CFA et les banques locales ne les intéressent pas. La production d'électricité, par contre aurait aussi besoin d'investissement.

Quelle a été la clé de la réussite pour l'implantation de la BGFI au Congo ?


Déjà, le besoin d'une banque fiable ; car avec toutes les faillites bancaires qu'a connu le pays les gens n'avaient plus confiance. Il fallait une banque qui leur offre la sécurité. Certains clients avaient perdu des sommes considérables. Nous sommes arrivés en tant que succursale d'une grande banque, et donc s'il y a un problème dans le pays, les fonds seront disponibles à l'étranger. Nos informations sont retraitées sur le site central de Libreville. Ces atouts nous ont permis de gagner la confiance des clients.

Avez vous repris la clientèle de l'ancienne banque FIBA ?


Nous n'avons pas repris le portefeuille de la FIBA. Cette banque a eu un passé spécial et a été liquidée pour cela. Nous avons repris les locaux, et nous avons un actionnaire en commun, mais nous n'avons pas repris la FIBA. Evidemment, une partie de la clientèle nous a été recommandée, et donc nous avons de nombreux clients qui sont venus naturellement chez nous. Nous avons peut être récupéré 90% du portefeuille de la FIBA, mais nous ne l'avons pas racheté. Les gens se sont présentés et ont eu confiance en notre institution. Mais encore une fois, nous n'avons aucun lien comptable ou juridique avec la FIBA.

Quelle a été pour vous l'expérience la plus marquante depuis votre implantation ?


Et bien justement la création de la banque. Nous sommes arrivés avec un stylo et nous avons créé la succursale de toutes pièces. Faire de la banque, monter les dossiers et faire de la finance représente le métier, c'est la routine. Mais la création de la banque, l'obtention des agréments, l'installation du site, le câblage fait par nous même à Brazzaville. Nous avons eu l'accord en février 2000 et la FIBA devait fermer fin mars. Donc nous n'avions qu'un mois pour assurer la continuité. Nous avons dû relever les manches et tout faire nous-mêmes, nuit et jour, pour pouvoir ouvrir à l'échéance prévue. Cela reste des souvenirs incroyables. De plus c'était notre première implantation à l'étranger, la deuxième fut Malabo peu de temps après. Libreville suivait nos progrès au jour le jour et s'inquiétait d'un éventuel retard pour l'ouverture.
En ce qui concerne Pointe Noire, nous avons mis quatre mois pour préparer le site, nous avons bien fait les choses, en prenant le temps.

Quel message final adresseriez-vous aux investisseurs ?


Honnêtement, je ne pense pas qu'il y ait actuellement beaucoup de pays qui soient dans le cas du Congo. Il y a tout à faire, et le cadre juridique et d'investissement est assez correct. Il y a vraiment des affaires à saisir. Dans la sous-région je vois le Congo et l'Angola qui sont dans la même situation à peu près. Quel que soit le secteur, les investisseurs doivent vraiment prêter attention à ce qu'il se passe ici. Ce pays connaîtra ses années de prospérité, une fois les problèmes sociaux résolus bien sûr.

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