Question 1: Tout
d'abord, merci beaucoup de nous recevoir. L'année
2001 a connu la faillite de SABENA et la création
de SN BRUSSELS AIRLINES ; est-ce que vous pourriez
nous dresser un bilan de la compagnie depuis sa
création et nous expliquer un peu comment
s'est passé le décollage économique
de SN BRUSSELS AIRLINES ?
Réponse 1 M. Pauwels : En fait, la SN
BRUSSELS AIRLINES s'est créée sur
les cendres de la SABENA, en utilisant la filiale
régionale qui était D.A.T.. Deux jours
après la faillite, la D.A.T a redécollé,
mais uniquement sur des destinations européennes.
L'étude du marché a été
faite pour voir si l'on pouvait faire des vols long
courrier, et il s'est avéré que le
seul continent qui était intéressant
était l'Afrique. Donc on a recommencé
les vols sur l'Afrique le 26 avril 2002, et le premier
vol s'est posé à Conakry. Donc, voilà
en vitesse la création de la nouvelle compagnie
qui est une compagnie à 100% privée
maintenant. C'est tout à fait autre chose
qu'avant.
Question 2: Est-ce que vous pourriez nous
donner quelques chiffres clefs de cette compagnie
?
Réponse 2: Les chiffres clefs, en
comparaison avec Sabena, c'est qu'à Sabena
nous étions 12.000, et nous ne sommes plus
que 1 500 à SN Brussels Airlines. Pour moi
c'est " le " chiffre. Nous avons une flotte
de 35 avions, et nous allons ajouter 3 moyens courrier
(Airbus A319) à partir de fin mars 2003,
pour desservir des destinations tel que Lisbonne,
Casablanca, Tel Aviv ou Istanbul qu'on ne pouvait
pas atteindre avec les " regional jet "
que nous exploitons actuellement.
Question 3 : En parlant de destination, quelle
est la stratégie de SN BRUSSELS AIRLINES
sur le continent africain ?
Réponse 3 : Sur le continent africain,
on avait une référence, c'était
SABENA. Donc, on s'est un peu référé
aux résultats qu'on avait avec SABENA. Pour
l'Afrique de l'Ouest, nous nous sommes concentrés
sur le Sénégal, la Gambie, la Sierra
Léone, la Guinée et la Côte
d'Ivoire ; avant il y avait encore Lomé,
Cotonou... Pour l'instant, les études démontrent
que c'est un peu juste au niveau recettes. Pour
ce qui est de l'Afrique Centrale, il y a le Cameroun,
le Congo, l'Angola. Ce sont les destinations qu'on
avait avant. Le Nigeria, vu la concurrence, ce n'est
pas la peine d'y aller. Tout le monde est là-bas.
Le marché est énorme mais tout le
monde est déjà là. L'Afrique
de l'Est est le point fort de la nouvelle compagnie.
L'Ouganda, le Kenya et le Rwanda sont des escales
phares de la nouvelle compagnie. Tout au début,
on avait eu l'idée de n'offrir que ces escales
là : Kinshasa, Kigali et Nairobi. Finalement
s'est ajouté l'Afrique de l'Ouest. On était
un peu obligé dans le sens où le Sénégal
est une destination touristique, la Gambie aussi.
A ça, on ajoute des destinations d'affaires
: la Guinée, la Sierra- Léone et la
Côte d'Ivoire. L'ouverture de la Côte
d'Ivoire est mal tombée. On cherche le potentiel
aussi bien touristique que d'affaire. Il faut faire
un mélange, un bon mélange de tourisme
et business. C'est à l'image de nos avions
: Eco et Business. Il y a une raison à ça.
Question 4: Durant une courte période,
vous avez cessé vos activités et
les concurrents en ont profité pour regagner
du terrain. Ces concurrents qui sont-ils? Et quels
sont les avantages concurrentiels sur lesquels
se base SN BRUSSELS AIRLINES pour regagner ses
parts du marché?
Réponse 4: Pour parler de la concurrence,
ceux qui en ont vraiment profité, c'est Air
France. Il ne faut pas oublier qu'il n'y a pas eu
que la faillite de la Sabena. Il y a eu la faillite
de SWISSAIR et la faillite d'AIR AFRIQUE. Donc,
il y a un marché énorme qui s'est
ouvert pour Air France. Ils ont augmenté
leur capacité de 13%, je crois, sur l'Afrique.
Depuis que la SN BRUSSELS est revenue, ils ont de
nouveau réduit. Pour nous, l'atout c'est
Bruxelles : c'est le centre de l'Europe, et un aéroport
assez convivial. C'est plus facile que Roissy. On
a aussi un système de transit facile à
Bruxelles pour les destinations européennes.
Souvent, pour aller par exemple en France, on est
plus rapide en passant par Bruxelles qu'en passant
par Paris. Ça a été fait pour,
il y a des raisons à cela. C'est l'arrivée
de concurrence pour Air France. Je veux dire qu'ils
se sont retrouvés dans un fauteuil pendant
quelques mois, et quand SN BRUSSELS est arrivée,
ils ont dû se réveiller un peu. Moi
je crois qu'il faut créer la concurrence
parce que le monopole, ce n'est pas bon. Celui qui
en profite, c'est clair que c'est le voyageur. Il
a des références, il dit : "
chez SN, j'ai un bon tarif pour un bon service,
je n'ai pas ça ailleurs ". |
Question 5: Est-ce
qu'il y a aussi une guerre des prix ?
Réponse 5: Non, il n'y a pas de guerre
des prix, ça ne sert à rien. Je ne
crois pas qu'il faut faire une guerre de prix. Il
ne faut pas voler à perte, certainement pas,
ce n'est pas le but. Je crois que tout se joue maintenant
au niveau du service au client. On a l'avantage
d'être petit, avec une bonne structure et
on peut donner un service vraiment personnalisé.
On connaît nos clients. Il y a un autre contact
en Afrique qu'en Europe où l'on voit peut
être 1000, 2000, 3000, 10 000 clients par
jour. Ici, nous connaissons nos clients, nous avons
un contact personnel et régulier. C'est ça
qui améliore la rentabilité des lignes.
Pour nous, ce ne sont pas des clients, ce ne sont
pas des passagers, ce sont devenus des amis.
Question 6 : Est-ce qu'aujourd'hui SN BRUSSELS
AIRLINES est à la recherche de nouveaux
partenaires ?
Réponse 6 : De nouveaux partenaires
? Oui, toujours, dans le monde de l'aviation, surtout
pour pouvoir étendre notre réseau.
On est en partenariat maintenant avec BRITISH AIRWAYS,
AMERICAN AIRLINES, CONTINENTAL, IBERIA. Je ne pense
pas que pour l'instant nous allons rejoindre une
grande alliance comme beaucoup de compagnies, parce
que les avantages n'ont pas encore été
démontrés. Je crois que pour une petite
compagnie comme la notre qui ne s'occupe que d'un
marché niche - l'Afrique est un marché
niche - il vaut mieux faire des accords du style
" code-share " où on achète
des places sur d'autres compagnies en collaboration,
donc des vols à doubles numéros de
vols. Ça revient moins cher mais ça
nous permet de proposer par exemple les Etats-Unis,
le Canada, l'Asie, pleins de destinations où
nous n'allons pas. Nous n'avons pas les moyens de
mettre dix vols par jours sur les Etats-Unis, ni
sur l'Asie. Donc, en proposant ce service aux clients,
on fait des accords, ces compagnies nous connaissent,
nous font confiance et nous permettent d'avoir des
places sur leurs vols. La concurrence est telle
que, par exemple sur les Etats-Unis il y a 15 vols
par jour, au départ de Bruxelles. Qu'est
ce que nous, SN BRUSSELS AIRLINES, pouvons apporter
de plus sur par exemple New York ? Ca ne vaut pas
la peine. Il vaut mieux faire un accord avec une
compagnie américaine qui est chez elle, qui
nous donne tous les avantages sur le marché,
qui en retour reçoit aussi des avantages
des autres marchés, parce qu'ils vendent
aussi New-York/Bruxelles-Bruxelles/Conakry par exemple.
Eux, ils font les vols Etats-Unis/Europe, et nous
on s'occupe du reste. Pour eux, c'est facile, pour
nous c'est facile, et pour les clients c'est facile.
Ce sont les clients qui en profitent. Ces accords,
on ne les fait pas pour faire des accords. On veut
créer quelque chose, ça nous rapporte
du chiffre d'affaires, pour les deux compagnies,
dans les deux sens ; et ça ouvre quand même
beaucoup de destinations qui sont difficiles à
rejoindre des fois. Monrovia par exemple, les Américains
sont ravis d'avoir une compagnie européenne
qui y va. On est la seule. Conakry aussi, c'est
la même chose, il n'y a que deux compagnies
européennes.
Question 7: Comme dernière question,
on aimerait parler un peu plus du Directeur Général
de SN BRUSSELS AIRLINES en Guinée. Est-ce
que vous pourriez nous parler de votre parcours
professionnel et également de la plus grande
satisfaction que vous avez eu jusqu'à présent
en Guinée ?
Réponse 7: Moi, j'ai commencé
en 1982 à la Sabena, donc ça fait
déjà 20 ans. J'ai fait l'enregistrement
des passagers, j'ai fait les devis de poids pour
les avions. Après j'ai fait du fret, puis
j'ai été chef d'escale pendant 13
ans. Je suis devenu le DG depuis le 16 septembre
de cette année. J'ai travaillé dans
beaucoup de pays : l'Ouganda, Afrique du Sud, Niger,
Togo, Cameroun, Barcelone, Turin, Naples, et après,
la Guinée où je suis depuis deux ans
et deux mois. Au niveau satisfaction, je crois que,
avec le premier vol de SN Brussels Airlines vers
la Guinée et ma promotion comme DG depuis
septembre 2002 j'ai été gâté
.
Question 8 : Un message final à nos
lecteurs de l'Express en tant que DG de SN BRUSSELS
AIRLINES ?
Réponse 8 : Je crois qu'il faut certainement
se rendre en Guinée pour voir la réalité
des choses et ne pas se fier à beaucoup de
nouvelles négatives. Je crois que l'Afrique
est un continent, probablement le plus beau continent
au monde, avec un potentiel énorme. Mais
il faut pouvoir le développer. On peut aider
des gens à venir ici, qu'ils voient eux-mêmes
ce qu'ils peuvent faire. |