Question 1: Tout d'abord
merci beaucoup de nous recevoir !
Réponse 1: C'est tout à fait
normal. Vous savez, la Guinée est un pays
démocratique, même si l'extérieur
ne dit pas que la démocratie existe en Guinée.
Quand les gens arrivent, on les reçoit tout
le temps. Des fois, on n'a pas le temps de les recevoir,
on a beaucoup de travail, mais on les reçoit
quand même.
Q2: Pourriez vous nous présenter brièvement
SERICOM Guinée et son évolution
depuis sa création en Guinée ?
R2: SERICOM Guinée existe depuis 1984.
Nous sommes arrivés en Guinée en mai
84, et on a installé notre entreprise. Nous
avions déjà des entreprises en France
et en Italie. SERICOM Guinée fait partie
du Groupement SANTULLO. Le Groupement SANTULLO est
un holding financier strictement familial dans laquelle
nous sommes 7 frères et 4 surs. L'entreprise
a évolué de père en fils. Avant
c'était mon grand-père qui avait l'entreprise
; puis c'est mon père qui l'a repris derrière,
et maintenant c'est moi. SERICOM Guinée est
une entreprise qui construit des logements, des
bureaux, des sites administratifs, des écoles,
des hôpitaux, et en même temps des routes
en Travaux Publics. Tout le monde en Guinée
connaît les uvres de SERICOM Guinée
; déjà, une bonne partie des bâtiments
administratifs qu'occupe la Présidence ont
été construits par SERICOM Guinée.
Nous avons aussi construit des hôpitaux, des
écoles, et cette cité administrative
où nous sommes aujourd'hui (ndlr : cité
des chemins de fer), dans laquelle toutes les sociétés
qui opèrent sur la Guinée sont installées.
Nous avons plusieurs projets, des marchés,
des routes ici en Guinée.
SERICOM Guinée occupe 2600 employés
et fait partie du groupement SANTULLO, le holding
financier dont je suis le Directeur Général,
et qui détient également des hôtels
et des casinos. Nous nous sommes lancés
dans les hôtels, et le premier que nous
avons construit est celui de N'Zérékoré.
C'est un hôtel de 75 chambres avec casino,
piscine, restaurant, plus un village dans lequel
il y a des pavillons que nous louons à
des sociétés minières qui
travaillent dans cette zone là. Le deuxième
hôtel, nous l'avons construit à Bel
Air. Bel Air se situe à 250 km de Conakry,
et c'est là que se situe le futur projet
d'investissement touristique. Nous avons construit
l'hôtel qui va être achevé
et inauguré en fin d'année, hôtel
de 140 chambres avec un terrain de golf de 18
trous, piscine, tennis et un port de plaisance
pour des bateaux de plaisance qui peuvent venir
du monde entier sur Bel Air. L'hôtel est
construit de la même manière que
les autres: c'est un hôtel de 4 étoiles
avec salle de conférence, casino... De
plus, on va construire un village d'une centaine
de pavillons, uniquement pour les gens qui veulent
venir et rester dans cette zone en vacances, à
la mer. Le troisième hôtel, on est
en train de le construire à Conakry. Il
a 130 chambres et un centre commercial, un casino
et une salle de conférence.
Depuis que nous sommes arrivés dans le
pays, on a fait beaucoup de recherches importantes
pour essayer d'introduire plus du touristes en
Guinée. Pour ce faire, il faut prévoir
toutes les infrastructures, et c'est ce que nous
sommes en train de préparer aujourd'hui.
En matière de construction, quand nous
sommes arrivés ici en Guinée, il
y avait très peu de bâtiments dans
lesquels les sociétés pouvaient
s'installer. Et nous l'avons fait, nous avons
baissés les prix de location de 50% sur
l'ensemble du territoire guinéen, à
commencer par la capitale. Nous sommes en train
de construire presque 150.000 m² de surface
habitable de sites administratifs et de bureaux.
Voilà, en gros ce qu'est SERICOM Guinée
et qui est M. Guido Santullo. Vous voulez savoir
quelque chose d'autre ?
Q3: Oui, nous aimerions connaître votre
stratégie d'investissement ici en Guinée
?
R3: La stratégie est d'investir dans
des pays nouveaux. La Guinée, c'est un pays
où il y a tout à faire. Le premier
gouvernement n'avait rien fait ; c'est le deuxième
gouvernement de Guinée, la 2ème République,
qui a permis de faire des choses ici en Guinée.
Le Gouvernement, dans le domaine des investissements
et dans le domaine des lois qui existent, aide fiscalement
les sociétés qui veulent investir
pendant X années. Ici à la cité,
on ne paie pas d'impôt pendant 7 ans; alors
ça permet d'investir et de faire des infrastructures.
Il n'y avait pas de courant, pas d'eau, etc ; il
fallait s'en occuper. Tous les matériaux
que nous avons apporter à cette cité,
nous l'avons fait en hors-taxe, hors frais de douane,
alors c'est avantageux pour les investisseurs. Quand
vous investissez l'argent, vous le récupérez
après. Même dans l'hôtellerie,
nous sommes exonérés d'impôt
pendant 20 ans. Alors c'est avantageux, et les investisseurs
aiment aller dans les pays où ils trouvent
des avantages.
Q4: Ce sont les raisons qui vous ont décidé
à venir investir en Guinée ?
R4: Nous avons trouvé ces avantages
là, et ça nous convient.
Q5: Et quels sont vos projets futurs ? Vous
avez commencé dans la construction, vous
avez essayé de pousser le tourisme ; vous
avez d'autres projets pour la Guinée ?
R5: Nous, notre métier, c'est la construction.
On a appris ça depuis la naissance, c'est
notre première activité. Etant donné
que la construction est incluse dans le domaine
du tourisme, on fait des hôtels. Pour le moment,
c'est nous qui les gérons ; on a mis en place
des cadres ; ça fait partie de nos investissements.
C'est très important parce qu'il faut compter
l'investissement des 3 hôtels, la construction,
l'équipement et la formation ; parce qu'on
forme beaucoup de personnel. A N'Zérékoré,
il n'y avait pas d'hôtel, alors on a amené
des gens de Conakry et des gens de l'étranger
qui sont venus assurer la formation. Ça coûte
assez cher la formation ; mais c'est notre politique
et on fait ça dans tous nos hôtels.
Les casinos non plus n'existaient pas en Guinée.
Je ne sais pas pourquoi, mais le jeu de casinos
n'est pas connu. Les guinéens fréquentent
très peu les salles de jeux ; ce sont les
étrangers de passage et les libanais qui
fréquentent un peu les jeux, pas les guinéens.
Ce n'est pas comme en Europe, ou ailleurs, où
les salles de casinos sont fréquentées
par tout le monde. Ici, pour le moment, on a ouvert
2 casinos. Depuis qu'on a ouvert celui de N'Zérékoré,
on est en train de perdre de l'argent, mais on continue
pour habituer les gens. |
Q6: Vous savez que
les lecteurs sont toujours intéressés
par les opportunités d'investissement ; dans
quels domaines de vos activités voudriez-vous
attirer des investisseurs ici en Guinée ?
R6: Comme je vous l'ai montré, je
suis chargé d'affaires à la présidence.
Nous avons essayé de trouver des investisseurs
en matière agricole, de venir donner un développement
en Guinée sur l'agriculture. L'agriculture
en Guinée n'est pas encore suffisamment développée.
Pour faire vivre les Guinéens, on importe
encore du riz, on importe du concentré de
tomate, on importe tous les produits alimentaires
Pour éviter justement ces importations à
la Guinée qui n'a pas suffisamment de devises,
on cherche à faire venir ces investisseurs
pour préparer un développement énorme
parce qu'il y a un potentiel de travail également
énorme.
Aujourd'hui si vous voyez les paysans qui travaillent
à Labé, à Mamou ou à
N'Zérékoré, pour transporter
des marchandises jusqu'ici, ce n'est pas organisé.
Il n'y a pas de camions frigorifiques, pas d'entrepôts
frigorifiques ; et si les légumes ne sont
pas conservés, ils s'abîment et ça
décourage les paysans pour travailler la
terre.
S'ils viennent pour vendre des tomates qui ne
se vendent pas et qui pourrissent, ils ne vont
pas refaire des tomates. C'est pour cela que l'on
cherche beaucoup d'investisseurs dans le domaine
agricole. Il y en a qui sont venus, il y en a
qui vont revenir encore pour pouvoir cultiver
des raisins, des melons, tout un tas de choses
qui se faisait ici. Il y avait une société
belge ici, avant les agressions qu'a connu la
Guinée, qui plantait des melons et qui
exportait 17 000 tonnes de melons par an. il en
restait un peu en Guinée mais l'exportation
était énorme. Ici, qu'est ce qu'il
faudrait faire?
Il faudrait faire des légumes que l'on
ne trouve pas en période d'hiver en Europe,
pour pouvoir les vendre là-bas et compenser
ainsi le fret d'avion et le fret maritime qui
sont chers. Et c'est pour cela qu'on cherche des
techniciens, des hommes qui viennent et qui sont
vraiment dans le métier. Aujourd'hui, on
voit en Europe, dans certains endroits, que l'on
fait du raisin et qu'on le garde pendant plusieurs
mois, d'août jusqu'en décembre pour
le vendre à cette période. En décembre,
on le vend 5 fois plus cher, alors que c'est sur
place ! Mais on peut le faire ici. Des experts
sont venus, ils ont dit qu'on peut faire du raisin
en Guinée et qu'on peut le faire venir
en janvier ou en février. Donc, si on a
du raisin en Guinée en janvier ou en février,
qu'on le vend en Europe à 3 ou 4 EUR le
kilo, ça vaut le coup. Les producteurs
chez nous en Europe, quand ils ont la production,
ils ne la vendent même pas en Europe à
1 ou 1,5 EUR le kilo, alors qu'ils pourront le
vendre à 5 ou 7 EUR ailleurs. C'est cette
agriculture qui pourrait faire fonctionner la
Guinée.
Q7: Comme dernière question, est-ce
que vous pourriez nous parler un peu de votre
parcours professionnel et de la plus grande satisfaction
que vous avez eu durant toutes vos années
en Guinée ?
R7 : Mon parcours professionnel, je l'ai
démarré en Italie. J'ai quitté
l'Italie à 18 ans ; je suis arrivé
en France, dans la région de Lyon. J'avais
une formation en bâtiment, j'ai fais mes études
le soir. J'ai l'équivalent d'un ingénieur
de bâtiment et travaux publics ; et quand
je suis arrivé à Lyon, j'ai travaillé
avec des entreprises et j'ai monté ma propre
entreprise dans la région lyonnaise, une
très grande entreprise de 500 à 600
hommes. On travaillait dans les centrales nucléaires,
on travaillait sur les routes, sur les logements...
Ce qui m'a découragé en France, ce
sont les impôts ; on ne peut pas travailler,
on vous embête même si vous payez vos
impôts ; et j'avais d'autres ouvertures...
Lorsque j'étais en France, j'avais également
de gros chantiers en Arabie Saoudite ; et puis ensuite
je suis venu en Guinée.
La chose la plus intéressante en Guinée,
c'est qu'à part quelques entreprises internationales,
les entreprises locales n'avaient pas les qualifications
et n'avaient pas les capacités financières
pour pouvoir prendre les projets et les mener
à terme. Lorsqu'un projet démarrait,
il était mal géré pendant
un moment, les gens prenaient l'argent de l'état
et après, tout le monde disparaissait.
Nous, on avait quand même une expérience
dans ce domaine, on était bien assis financièrement
; et c'est ce qui nous a permis de développer
l'entreprise. Notre entreprise aussi, on l'a très
bien développé en France. Il y avait
des gens qualifiés, on a travaillé
avec eux. On a participé à la construction
du périphérique à Paris.
On était les seuls en matière de
piscine, de stockage d'uranium dans les centrales
nucléaires ; c'est le Groupement SANTULLO
qui les a presque toutes fait. On a énormément
d'expérience de ce domaine là.
Q8: Et votre plus grande satisfaction depuis
que vous êtes arrivé ici en guinée
?
R8: La satisfaction, c'est de dominer le
marché immobilier en Guinée. On est
apprécié d'abord par le Gouvernement,
par le Chef d'Etat lui même ; on accorde énormément
de crédits à l'état. En matières
de travaux, c'est tout le temps nous qui prêtons
les financements. L'Etat tient ses engagements après,
mais c'est nous qui payons les financements.
Q9: M. Santullo, peut être un dernier
message à nos lecteurs de l'Express ?
R9: Je dis aux lecteurs de l'Express, aux
hommes d'affaires qui veulent essayer la Guinée,
que si des opérateurs économiques
sérieux veulent venir, l'Etat les appuiera.
Ils peuvent venir en sécurité et en
tranquillité. Beaucoup d'entreprises viennent
pour faire de gros marchés, et quand ils
finissent le marché, ils se sauvent au lieu
de rester sur place ; et l'Etat leur reproche cela.
Il serait préférable de rester travailler
avec nous. Alors, je dis à tous les opérateurs
économiques et aux lecteurs de l'Express
qui veulent venir qu'ils peuvent venir en Guinée
sans aucun problème. |