THE REPUBLIC OF GUINEA
L'Exception Africaine


V.I.P. INTERVIEWS
Son Excellence M. Lamine Sidimé Interview avec

Son Excellence M. Lamine Sidimé

Premier Ministre de la République de Guinée
le 27 novembre 2002
Question 1 : Tout d'abord, merci beaucoup de nous recevoir. Il y a 18 ans déjà, la République de Guinée a choisi le chemin de l'ouverture, vers une économie de type libéral. Dans les dernières années, d'énormes efforts ont été réalisés pour la mise en place d'un pays prêt à relever les défis d'un siècle nouveau. Pourriez-vous nous dresser un bilan des fruits de cette politique d'ouverture ?

Réponse 1: Je vous remercie. Je voulais tout d'abord vous dire que, depuis le changement politique intervenu en 1984, le régime nouveau a mis en place un ensemble de mesures et une politique visant à changer avec l'ordre ancien qui existait dans les années 60-70 ; un ordre, disons, dirigiste, essentiellement sur le plan économique, sur le plan financier, sur le plan politique et même sur le plan social.

En 1984, nous avons fait une rupture avec M. le Président de la République, notamment depuis son discours du 22 décembre 1985 où le pays a fait un virage complet ; nous sommes rentrés dans le système libéral. On a libéré les initiatives, on a libéré l'économie, nous avons mis à plat les institutions républicaines, et nous avons stabilisé l'économie en vue de relancer la machine économique. Donc, ce processus est en cours depuis 1985, et il a atteint sa vitesse de croisière depuis les années 1990, puisqu'à partir de 1990, politiquement, nous avons mis en place la loi fondamentale, c'est-à-dire la constitution, et les institutions de la République, essentiellement la présence dans le publique, la justice, le Parlement, les partis politiques, la liberté de la presse, la décentralisation ; et tout ce système fonctionne depuis cette date. Nous avons régulièrement tenu nos élections présidentielles en 1993, en 1998, et la prochaine va avoir lieu en 2003. Nous avons régulièrement tenu nos élections législatives en 1995, en juin 2002, et les élections communales ont aussi été tenues régulièrement.

Les parties politiques sont au nombre d'une quarantaine, et nous avons une presse privée nombreuse, variée et libre. Et nous pensons que c'est comme ça que les choses doivent avancer.

Sur le plan économique, nous avons changé l'ordre des choses ; naturellement des entreprises ont été fermées, les banques ont été privatisées, le secteur privé est devenu en quelque sorte le moteur de la croissance et de l'économie ; dans la mesure où, aujourd'hui, toute la production et l'échange des services, des biens et le secteur primaire se trouvent assurés par le secteur privé.

Sur le plan social, le but est naturellement de donner aux populations guinéennes les moyens d'une vie meilleure ; et je crois que, de ce point de vue là, la santé a connu des améliorations considérables, sur le plan des infrastructures, sur le plan de la vaccination des enfants, sur le plan de la lutte contre les grandes endémies, notamment aujourd'hui le sida, les maladies sexuellement transmissibles, le paludisme, la tuberculose, qui sont des maladies que nous combattons aujourd'hui avec l'appui de nos partenaires.

Je dois dire qu'après la stabilisation économique, notre pays connaît aujourd'hui une croissance. Le taux de l'inflation a été maîtrisé depuis les années 90. Quant à la production au niveau de l'agriculture, nous évoluons sûrement vers l'autosuffisance alimentaire. Nous mettons en place des pistes rurales. Sur le plan de l'assainissement et de l'approvisionnement en eau potable, le gouvernement a fait des efforts considérables ; sur le plan de l'éducation également, puisque l'éducation des jeunes filles et le taux de scolarisation ont été améliorés. Les infrastructures routières pour la communication, l'échange économique et l'échange entre les populations ont été aussi considérablement améliorés.

Au total, nous avons aujourd'hui un programme de base économique. Le programme de base, c'est notre Document de Stratégie de Lutte contre la Pauvreté qui a été mis en place avec le concours des populations. Essentiellement, il est basé sur la mobilisation de toutes les ressources minières, de toutes les ressources financières, et de l'apport de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux, de manière à ce que la pauvreté puisse reculer dans notre pays. Dan ce cadre là, nous avons un ensemble de programmes visant essentiellement à faire du développement de proximité ; notamment en mettant l'accent encore une fois sur l'agriculture qui utilise près de 80% de notre population, mais aussi en mettant l'accent sur les secteurs de croissance que sont notamment les mines, la pêche, le commerce général avec l'OMC dans le cadre de la mondialisation et des accords signés avec les Etats-Unis et l'Union européenne, de manière à ce que nous puissions être dans le commerce mondial pour pouvoir profiter de l'amélioration globale de l'économie mondiale. Voilà les grandes étapes.

Je voudrais également signaler que nous accordons beaucoup d'importance aujourd'hui à la décentralisation. Je parlais tout à l'heure de proximité. Nous pensons que le développement ne peut pas se faire tant que les moyens humains, intellectuels et matériels ne sont pas créés pour les initiatives privées à la base ; et c'est aujourd'hui l'un des programmes que nous utilisons avec nos partenaires pour arriver doucement à faire en sorte que des populations puissent entrer vraiment dans le développement, à leur profit et au profit de tout le monde dans ce pays.

Je dois ajouter que le programme de l'économie est également adossé au programme de gouvernance, qui englobe la gouvernance publique mais aussi la gouvernance privée, c'est-à-dire essentiellement la lutte contre la corruption, la lutte pour une justice sereine et transparente, la lutte pour un milieu d'affaire assaini et opérationnel. Voilà un ensemble de mesure qui fait qu'aujourd'hui, nous avons le Comité National de Lutte contre la Corruption. Nous avons, au niveau de la justice, un certain nombre de dossiers importants qui doivent être jugés, certaines personnes qui vont devoir répondre devant la justice d'actes qui auraient été commis dans le domaine du secteur financier.

Voilà, en gros, l'évolution depuis 1984, et je peux vous dire qu'aujourd'hui, les résultats sont là. C'est visible à Conakry dans l'urbanisation de notre capitale, dans la limitation de l'importation de denrées alimentaires, dans l'inflation maîtrisée, dans la couverture de notre matelas de devises étrangères ; également dans l'ensemble des opérations de coopérations que nous avons aujourd'hui avec d'importantes institutions : l'Union Européenne, les Etats-Unis, mais aussi et surtout l'Afrique, avec la zone monétaire et la CEDEAO qui est un marché important que nous devons mettre en place ; parce que ce marché va nous permettre naturellement de créer un autre moyen d'échange, des moyens d'une production industrielle importante. C'est valable pour nous mais c'est aussi valable pour tous ceux qui veulent venir prendre le risque avec nous et investir.

Question 2: Vous avez évoqué les prochaines élections en 2003, Son Excellence le Général Lansana Conté a décidé de briguer un nouveau mandat ; Quelles sont vos prévisions pour ces élections ?

Réponse 2: En Guinée, nous sommes démocrates ; donc depuis 1993, nous soumettons, conformément à notre constitution, nos responsables à la voix du peuple. C'est le peuple de Guinée qui sait et qui est à la fois bénéficiaire et arbitre de cette politique. Le peuple de Guinée a régulièrement renouvelé sa confiance au Général Lansana Conté. Nous estimons que c'est ce même peuple qui a demandé au Général de continuer à gérer les artères de notre pays. Je crois qu'il n'y a pas de raisons pour que ce peuple modifie sa confiance dans la mesure où les acquis sont là. Vous avez vu des femmes dans les champs, vous avez vu peut-être des associations de jeunes qui ont adhéré à la politique d'autosuffisance alimentaire du Chef de l'Etat, vous avez vu également des enfants aller à l'école ; le taux de scolarisation, la santé, l'assainissement, le recul de la pauvreté qui sont là. Je pense que les populations qui sont bénéficiaires de tout cela se rendent comptent que la Guinée a bougé, que la Guinée continue à bouger ; et donc nous sommes totalement sereins ; et grâce à Dieu, le pays est calme. Je pense que les populations en Guinée connaissent leur intérêt, et savent que la stabilité est le premier élément du progrès. Sans stabilité, il n'y a ni droit de l'homme, ni démocratie, ni développement économique ; il n'y a que la misère et le recul généralisé. Je crois que les Guinéens iront aux urnes comme on l'a fait depuis le changement politique, avec le multipartisme, dans la sérénité, dans le choix démocratique, dans la paix et dans la continuité.

Question 3: L'activité minière est le poumon de l'économie guinéenne. Toutefois, d'autres secteurs présentent également des atouts et d'énormes potentialités. Quelles dispositions sont adoptées afin de favoriser la diversification de l'économie guinéenne ?

Réponse 3: Je vous disais tout à l'heure que l'agriculture a déjà connu un développement considérable. C'est le secteur aujourd'hui où le taux de croissance est le plus important et le plus rapide. Bien sûr, les mines constituent dans nos finances publiques, dans la richesse de ce pays, un apport considérable ; mais le gouvernement, après les premières mesures de stabilisation économique dans les années 80, et avec l'appui de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International, après les différents programmes d'ajustement structurel, est aujourd'hui prêt à relancer la croissance économique, puisque les paramètres économiques et les grands équilibres ont été réalisés. Nous pensons qu'aujourd'hui, des instruments ont été mis en place, comme le PACD et le PACI pour le renforcement des capacités institutionnelles, pour le développement à la base. Nous avons mis en place un ensemble de mesures pour apporter aux populations les moyens de se développer, les moyens d'entrer dans le circuit économique et de créer ainsi la richesse et faire reculer la pauvreté. Je crois que ces mesures économiques et financières d'une part, et les mines, l'agriculture, le commerce général, les banques, les transports, les services, et le tourisme d'autre part, commencent déjà à se développer.

Tout cela participe à ce mouvement global visant à assurer à nos populations les moyens d'avoir des revenus, des activités et de prendre en charge l'impulsion libérale. Dans les mines par exemple, nous avons de très grands projets ; puisque vous savez que nous avons des réserves importantes dans le domaine des métaux et des produits miniers.

Nous cherchons aujourd'hui à développer ces grands projets, que ce soit dans le domaine du fer, que ce soit pour des usines d'alumine ou d'aluminium, que ce soit pour des projets énergétiques importants comme par exemple des barrages pour l'irrigation des terres. Donc, il y a là un ensemble de mesures qui, encore une fois, vont reposer essentiellement sur la population pour qu'elle se prenne en charge, pour qu'elle rentre dans le combat politique et le combat économique afin de réaliser un revenu important.

Question 4: Vous avez également parlé de la privatisation. Ce processus de privatisation est toujours à l'ordre du jour, mais dans quelle mesure le gouvernement soutient-il les initiatives privées ?

Réponse 4: La privatisation est l'un des éléments importants de notre politique économique. Bien sûr il y a les mesures incitatives ordinaires sur le plan fiscal, sur le plan budgétaire, sur le plan de la couverture de nos importations par des mesures monétaires et une gestion vraiment assainie de la monnaie dans notre pays ; mais il y a également un ensemble de mesures qui ont été mises en œuvre, notamment en apportant aux opérateurs économiques, nationaux et étrangers, les moyens de s'insérer dans le tissu économique Guinéen. Toutes les entreprises qui sont susceptibles d'être gérées par le secteur privé ont été privatisées ; l'une des dernières en date est l'entreprise nationale de transport aérien, Air Guinée, qui a été privatisée il y a un peu plus de trois mois. D'ailleurs, nous avons déjà des résultats tout à fait encourageants. Nous avons des secteurs tels que les hydrocarbures qui ont été privatisés. De fait, nous cherchons à privatiser tout le secteur de la production et du commerce.

 
C'est vous dire qu'au total, il y a eu un ensemble de mesures incitatives, dont le code des investissements, qui regroupe un ensemble de mesures qui visent à inciter les investisseurs à venir investir dans notre pays ; pays dans lequel le taux de rentabilité est extrêmement fort puisqu'il y a des incitations d'ordre fiscal et d'ordre institutionnel qui facilitent considérablement la tâche des investisseurs. Voilà pourquoi nous fondons un grand espoir pour l'amélioration des finances publiques, qui repose essentiellement sur la fiscalité intérieure non minière qui a été considérablement améliorée. Aujourd'hui, la part du secteur minier dans les recettes budgétaires a été considérablement diminuée, en tenant compte du fait que d'autres activités importantes, génératrices de recettes, ont été impulsées.

Voilà pourquoi nous allons continuer avec le développement de l'agriculture pour développer l'agro-industrie. Pour ce faire, nous nous appuyons aussi sur la production locale, qui est variée. Certaines populations produisent par exemple des pommes de terre et d'autres produits qui, il y a seulement cinq ans, faisaient l'objet d'appel à l'extérieur. Aujourd'hui, pour reprendre l'exemple de la pomme de terre, la consommation intérieure est couverte par la production.

Question 5: L'une des priorités de votre politique est la lutte contre la pauvreté. Quelles sont concrètement les mesures adoptées pour assurer une redistribution équitable des richesses et lutter activement contre cette pauvreté ?

Réponse 5 : Les richesses, il faut d'abord les créer avant de les redistribuer. Les richesses que nous avons aujourd'hui sont des richesses au niveau des recettes budgétaires, des moyens dont dispose l'Etat. Dans la mesure où l'Etat s'est retiré de la production et de l'échange, le secteur privé intervient souvent dans la création des richesses. Ce que je peux dire, c'est qu'aujourd'hui notre budget est l'instrument de lutte contre la pauvreté, en accord avec la Banque Mondiale, le Fond Monétaire, l'Union Européenne, la BAD et d'autres partenaires ; et il est orienté essentiellement vers ce qu'on appelle les secteurs prioritaires, c'est à dire la santé, l'éducation, la lutte contre le sida, l'assainissement, l'agriculture et les services de base au niveau des collectivités décentralisées. Je l'ai dit, toute la politique aujourd'hui vise justement à ce que le peu de moyens que nous avons, au niveau des finances et des ressources, soit redistribué à la base pour que les services qui vont permettre d'impulser le mouvement de développement au niveau des populations soient assurés : les pistes rurales, les administrations de type local, des ristournes pour ces populations locales, pour qu'elles participent également à la mise en œuvre des instruments dont ils ont besoin pour le financement local. Donc, des mesures incitatives sont prises aujourd'hui pour faire en sorte que ce développement se fasse.

Avec les instruments que j'ai nommé tout à l'heure, notamment le PBCV (Programme de Base de Collectivité Villageoise) et le PRCD (Programme de Renforcement des Collectivités Décentralisées), nous pouvons mettre en place un certain nombre de moyens matériels et financiers, indirectement à la disposition des populations et des représentants élus par ces populations. Cette déconcentration budgétaire a déjà été amorcée dans le domaine de l'éducation, de la santé, de l'agriculture, de l'assainissement. L'Etat, au niveau central, envoie dans les collectivités décentralisées un certain nombre de moyens qui permettent de créer des pistes rurales, des ponts, des abris pour la production agricole, qui permettent de donner de petits crédits à des producteurs, qui permettent aussi de les réunir dans des groupements qui sont soutenus. Dans ce cadre, la politique du Chef de l'Etat consiste aujourd'hui à doter des groupements de femmes, des groupements de jeunes, en tracteurs, en herbicides, en engrais pour les amener à cultiver les plaines que nous avons, dans un pays aussi arrosé que le nôtre. Avec toutes ces initiatives d'appui, nous avons l'espoir que cela va nous permettre de réaliser très rapidement à la fois l'autosuffisance alimentaire, et de donner aux populations, à la base, des revenus permettant de participer à la consommation.

Question 6: D'un point de vue international, quel est le rôle de la République de Guinée dans le cadre du développement de la sous région, notamment en ce qui concerne sa participation dans la CEDEAO (Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest) et la ZMAO (Zone Monétaire d'Afrique de l'Ouest) ?

Réponse 6: Dans cette sous région, nous avons, grâce à Dieu, un rôle important à jouer. D'abord, on peut naturellement parler de notre rôle du point de vue de la sécurité, pour stabiliser la sous-région. Vous savez que nous sommes environnés de foyers de tension, et que l'une des raisons qui explique que la Guinée est un pays d'avenir, un pays avec lequel il faut compter, c'est une stabilité intérieure que nous avons, et que malgré l'agression tentée sur nous en 2000, nous avons réussi à maintenir. Dans ce cadre, la diplomatie guinéenne est très active pour que cette paix revienne dans la sous région. Tout en travaillant sur le terrain sécuritaire pour que nos voisins retrouvent la paix, la Guinée travaille également avec ses voisins de la sous-région dans le fleuve Mano. La CEDEAO également est de la zone 2 pour créer un espace économique élargi et communautaire. Vous étiez là lors la dernière réunion au sommet de la ZMAO. Nous avions l'ambition, il y a 3 ans, de créer en 2003 la monnaie unique ; nous venons de nous rendre compte, à la suite de ce sommet, que c'était une décision un peu hâtive, et que nous avons encore besoin de mettre nos politiques en convergence. La monnaie ne peut exister que si toute l'économie est convergente sur le plan monétaire, budgétaire, sur le plan du déficit et des taux d'inflation ; c'est ce que nous venons de voir, et les Chefs d'Etat ont pris la décision de reporter la création de la monnaie unique dans la zone 2 pour nous permettre de mettre nos politiques en convergence. Je pense que nous sommes dans un monde de regroupement. Les capacités de production sont devenues très importantes ; il faut donc de l'espace, un marché important. Les Guinéens en sont conscients, et ils produisent beaucoup dans le secteur agricole, puisque notre pays est très arrosé et connu comme le château d'eau de l'Afrique. Nous devons aller à pas forcés pour créer ce marché de manière à ce que cela puisse nous donner des opportunités. Nous avons beaucoup d'espoir. D'abord, nous avons tout le monde autour de nous : la Sierra Léone, le Libéria ; et bien qu'il y ait la guerre au Libéria, nous continuerons à travailler pour que l'espace du fleuve Mano, qui regroupe les 3 pays, continue à se développer. Nous avons aujourd'hui des accords importants. Le président du Mali était en Guinée la semaine dernière pour que l'axe Conakry-Kankan-Bamako soit vraiment mis en œuvre, de manière à ce que leurs débouchés sur la mer puissent être assurés à partir de Conakry. C'est un programme extrêmement important, avec des retombées importantes à la fois pour le Mali et pour nous-même. Il y a là le développement du projet portuaire et des opportunités d'investissement considérables. Donc, nous appelons les investisseurs à venir se joindre à nous pour cela.

Question 7: Pourriez-vous nous parler en quelques mots de votre parcours professionnel, ainsi que de votre plus grande satisfaction professionnelle depuis votre nomination comme Premier Ministre de la République de Guinée ?

Réponse 7: Mon parcours personnel est le parcours d'un homme qui fait sa mission, qui croit en sa mission, qui croit que chacun de nous, ici-bas, doit se rendre utile et faire quelque chose. Bien sur, j'ai fait des études supérieures ; je suis agrégé de droit privé ; je suis d'abord un juriste de formation. Comme profession, j'ai été avocat, professeur d'université, et juge à la Cour Suprême que j'ai dirigé pendant quelques années. J'ai été membre de l'organe législatif transitoire de mon pays, où je me suis occupé, avec d'autres citoyens de ce pays, de la mise en place de bancs de lois. Voilà un peu ma formation et les professions que j'ai eu à accomplir. Aujourd'hui, grâce à la confiance du Chef de l'Etat, je suis Premier Ministre de mon pays, je crois que tout cela se situe dans le cadre, comme je l'ai dit, de la mission que chacun de nous doit accomplir, quelque soit le niveau auquel nous sommes.

Ma plus grande satisfaction, c'est que d'abord j'ai voulu faire de grandes études et j'ai pu les faire ; j'ai souhaité me rendre utile d'une façon ou d'une autre, j'ai pu le faire comme avocat, et surtout comme professeur. J'ai la satisfaction, aujourd'hui, dans toutes les réunions internationales, de rencontrer d'anciens étudiants qui sont ministres, parfois même Premier Ministre, Conseiller de chefs d'état, et même des journalistes importants. Donc c'est une satisfaction d'avoir ouvert de jeunes esprits à la science du droit. J'ai surtout une satisfaction aujourd'hui, c'est celle d'avoir eu la chance d'apporter à mon pays ma contribution, le fait que les choses avancent un peu mieux aux côtés d'un grand homme, le général Lansana Conté, qui a sorti son pays de ses difficultés depuis plus d'une décennie maintenant. A quelque niveau qu'on se trouve, je crois qu'on a chacun une mission d'ordre à accomplir, c'est-à-dire faire quelque chose pour pouvoir aider ici-bas. Voilà mes sentiments ; et j'espère que cet élan de chacun vers les autres est le message pour nous en Guinée. Nous sommes pauvres, sans doutes, nos moyens économiques sont limités ; mais nous sommes fières d'être homme et de participer avec d'autres hommes à la construction de ce monde ; d'abord à la construction de notre pays, pour ne pas être une charge pour les autres, mais aussi à la construction du reste du monde, parce qu'on parle de globalisation aujourd'hui, mais le monde a toujours été global. La part de l'Afrique et de la Guinée dans la richesse européenne est claire. La part de l'Afrique dans la richesse américaine est claire également si vous remontez aux champs de canne à sucre du 17ème ou 18ème siècle. Donc nous pensons que l'Europe, les Etats-Unis, et d'autres, doivent aussi contribuer à nous aider à avancer. Ce faisant, c'est sans doute un service rendu à l'Afrique, mais aussi un service rendu à l'Europe ; parce que faire en sorte que les Guinéens travaillent chez eux et restent chez eux, créent des richesses chez eux ; c'est aussi protéger l'Europe contre l'immigration et tout ce qui se passe aujourd'hui, à savoir les problèmes de terrorisme et les problèmes internationaux.

Donc le message que je souhaite que vos lecteurs et d'autres puissent retenir, c'est ce message d'interdépendance ; dire que beaucoup de messages faux sont passés sur l'Afrique : l'Afrique des conflits, l'Afrique de la mort, l'Afrique de la famine ; mais malgré tout, des millions d'africains, des millions de guinéens continuent tous les jours à se battre pour se nourrir, pour se vêtir, pour se loger, pour se soigner, pour lutter contre le sida et avec, heureusement, le concours du reste du monde, avec cette inter-dépendance a toujours existé. Je pense partager cet optimisme avec l'Europe, avec les Etats-Unis, et je veux montrer que chez nous, nous nous battons pour créer un espace stable ; pour créer ce qui est bon pour les acheteurs, pour le commerce, pour l'économie. Nous invitons ceux qui veulent gagner de l'argent à venir travailler avec nous, pour la prospérité. L'Europe est aujourd'hui développée ; nous, nous sommes en voie de développement. Je crois que ce qui a permis à l'Europe de se développer, nous pouvons ensemble le mettre en œuvre à notre tour pour que l'Afrique puisse se développer.

Question 8: Quelle est la stratégie du gouvernement pour promouvoir les atouts de la Guinée auprès de la communauté internationale, et plus précisément auprès des investisseurs ?

Réponse 8 : D'abord, nous avons une coopération importante avec tout le monde aujourd'hui. Nous veillons, comme je l'ai dit, à ce que notre pays soit stable et que la politique de la paix soit la grande politique de notre pays. Créer, maintenir et diffuser la paix, c'est faire en sorte que les hommes puissent travailler ensemble. Nous participons également à toutes les grandes rencontres internationales. Nous avons des accords avec la plupart des grands ensembles économiques, que ce soit l'Union Européenne, que ce soit les Etats-Unis. Nous veillons à ce que la Guinée soit présente sur le plan diplomatique. Dès lors que nous assurons la stabilité, dès lors que nous faisons comprendre au monde que nous sommes un pays démocratique, que nous disons au monde que nous sommes un pays où les droits de l'homme sont respectés, où la stabilité politique et juridique est assurée, c'est un appel au reste du monde pour qu'ils viennent travailler avec nous, pour créer cette prospérité dont je parle et qui pourrait être bénéfique naturellement aux guinéens, mais aussi à tous ceux qui prennent l'initiative de venir partager quelque chose avec nous. Voilà l'optimisme que j'ai, et voilà le message que je souhaitais passer ; dire qu'il y a des choses à faire, et que la Guinée est stable et démocratique.

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