Des
ressources forestières abondantes
La forêt et son bois constituent la deuxième
ressource économique du Congo après
le pétrole. Les forêts naturelles occupent
20 millions d'hectares, soit à peu près
60 % de la superficie nationale (342.000 Km2). Environ
14 millions d'hectares sont exploitables, dont les
¾ sont situés au nord du pays. Le
Congo renferme à lui seul près de
10 % des forêts denses d'Afrique Centrale,
avec un important potentiel de bois d'uvre,
en particulier du bois rouge de haute valeur. La
forêt est répartie en trois grands
massifs : le massif du Mayombe près de la
côte atlantique avec 10 à 15 % de la
production nationale, le massif du Chaillu-Niari
(50 % PN) et le massif du Nord-Congo (35% PN). Les
principales essences exploitables sont: l'okoumé,
le sapelli, le sipo, le tiama, le niové,
le limba, le bilinga, le moabi, l'iroko, l'acajou,
le khaya, l'ayous, le Wengué et les longhi.
Actuellement, le pays exporte environ 140.000
tonnes de bois en grumes (en 2001), 3.598 tonnes
de placages (en 2001) et 243.000 tonnes de rondins
d'eucalyptus (en 2001). Ces chiffres ne prennent
pas en compte les importantes exportations qui
s'opèrent par le Cameroun. Les exploitants
forestiers installés dans le Nord sont
en effet contraints d'utiliser ce circuit de substitution,
en attendant la réhabilitation du chemin
de fer vers le port de Pointe-Noire. Les multiples
arrêts du trafic ferroviaire ont fortement
contribué à la baisse d'activités
des industries locales. Heureusement dans certaines
régions, des exploitants se sont donné
les moyens matériels pour acheminer le
bois par la route, jusqu'à Pointe-Noire.
Il s'agit notamment de TAMAN INDUSTRIES, de MAN-FAI-TAI
et STCPA - BOIS.
Des
possibilités de prélèvements
largement supérieures |
La production forestière, la transformation
et l'usinage du bois sont principalement du ressort
des entreprises privées, en contrat d'exploitation
ou de transformation avec le gouvernement congolais.
L'essentiel de la production des chantiers d'exploitation
et des usines de transformation est exporté.
Selon les statistiques les plus récentes,
la production annuelle de l'industrie du bois au
Congo est la suivante :
Table
"
Dans les deux années qui suivent,
nous devrions pouvoir doubler la production nationale
qui passera de 700.000 à un million et
demi de mètres cubes. Pour la première
fois, on aura dépassé le seuil de
800.000 mètres cubes qui a été
historiquement le plafond de la production de
bois. Donc, nous allons doubler la production
à l'horizon 2003, avec l'entrée
en production des concessions forestières
de la Likouala, de la Sangha, de la Cuvette-Ouest
et aussi avec la réactivation de la production
dans la zone Sud du pays, notamment dans le Niari
et le Lékoumou. A l'horizon 2004, 2005
nous devrions atteindre 2 millions, sinon dépasser
2 millions de mètres cube de bois. "
affirme Henri
Djombo , Ministre de l'Economie
Forestière, chargé de la Pêche
et des Ressources Halieutiques.
Le mode d'exploitation de la forêt congolaise
est jusqu'ici basé sur l'extraction d'espèces
très limitées dont l'exportation
se fait principalement sous forme brute. L'exploitation
avec écrémage n'extrait de la forêt
que des essences nobles. Il ne sort donc qu'un
volume réduit de bois à l'hectare.
En effet, malgré les énormes potentialités,
la production nationale de bois dépasse
rarement les 900.000 mètres cube par an.
" Les Institutions Internationales souhaitent
que dans chaque pays, à peu près
10 % de la superficie forestière soit destinée
à la réserve. Nous remplissons pleinement
ce désir. Prenez l'exemple de la Côte
d'Ivoire, ils ont 6 millions d'hectares et ils
arrivent à produire près de 2 millions
de mètres cube de bois par an. Avec ses
20 millions d'hectares, Le Congo exploite à
peine 900.000 mètres cube par an. On ne
coupe pas beaucoup d'essences, la préservation
naturelle est donc plus que largement respectée.
Dans la partie Nord du pays, il y a à peu
près 17 millions d'hectares dont 7 millions
sont inondés et inexploitables. C'est donc
une réserve naturelle en soi. " explique
Antoine Mountanda, directeur général
du Service National de Reboisement (SNR) (link
to interview). Aujourd'hui, on évalue les
possibilités de prélèvement
sur l'ensemble de la forêt congolaise à
environ deux millions de mètres cube par
an, sans compromettre la capacité de régénérescence
de la forêt.
Appel
à l'investissement |
Le secteur forestier congolais devrait par ailleurs
se développer davantage dans les prochaines
années, entre autre en raison du nouveau
Code Forestier très attractif. Il incite
à l'investissement, à travers plusieurs
facilités, notamment fiscales. Toutefois,
ce code forestier stipule qu'une proportion plus
élevée de grumes (60 % de la production)
soit transformée localement, afin de garantir
des exportations de produits semi-finis ou finis
à l'horizon 2010. Majoritairement constituée
de scieries, l'industrie du bois est très
peu diversifiée et insuffisamment intégrée.
|
A quelques rares exceptions,
le niveau technologique est assez bas. D'où
un taux de transformation locale de bois, généralement
en deçà des prescriptions légales.
La nouvelle politique forestière du Congo
favorise donc la transformation intégrale
des bois dans le pays. L'implantation d'industries
intégrées est encouragée par
l'Etat qui accorde des avantages fiscaux et douaniers
étendus
Un autre point favorable à l'investissement
est la perspective de réhabilitation et
de privatisation du chemin de fer, qui garantirait
des coûts plus compétitifs dans le
transport du bois. Par ailleurs, un vaste programme
de reboisement est envisagé, avec beaucoup
plus de facilités pour les opérateurs
économiques privés qui voudraient
investir dans ce secteur. "L'économie
est en plein redressement, et le secteur forestier
est en plein extension. Il dépasse le stade
de la reconstruction, il dépasse le stade
d'une restructuration post-conflit, et se jette
plutôt dans un développement réel,
à travers quelques axes essentiels, notamment
la transformation de la plus grande partie du
bois dans le pays, à travers la promotion
de l'investissement dans la zone Nord-Congo, qui
a permis justement de mettre en place plusieurs
nouveaux complexes d'exploitation forestière
et de transformation du bois. Nous avons pu aussi
restructurer les entreprises d'Etat, en les privatisant
toutes
" affirme Henri
Djombo , Ministre de l'Economie
Forestière, chargé de la Pêche
et des Ressources Halieutiques
Comment
concilier exploitation et préservation
|
La durabilité des entreprises forestières
est favorisée par l'attribution de grandes
superficies d'exploitation. L'Etat congolais désire
que cette exploitation intègre la vision
d'une gestion durable de la forêt, à
travers des mesures d'exploitation rationnelle.
" Nous octroyons de grandes concessions aux
sociétés forestières. Leurs
permis d'exploitation peuvent durer jusqu'à
50 ans. Dans ce même contexte, en tant que
société de reboisement, nous avons
signé des contrats avec ces sociétés
d'exploitation forestière pour pouvoir replanter
dans leurs concessions. On peut ainsi suivre leur
rythme d'exploitation, ce qui permet d'arriver à
un moment donné à un cycle fermé.
C'est à dire arriver à faire en sorte
qu'il n'y ait pas de rupture ni d'épuisement
des ressources grâce aux espèces que
nous aurons ajoutées de façon artificielle
", affirme Antoine
Mountanda.
Les objectifs congolais en matière de gestion
forestière tentent donc de concilier la préservation
et l'exploitation. Pour y parvenir, la volonté
est de :
- faire coïncider les volumes extraits de la
forêt avec ceux utilisés réellement.
- prélever un plus grand nombre d'essences
forestières (variétés) par
hectare exploité.
- Assurer une utilisation maximale des pieds abattus
et couvrir la totalité de la demande locale.
- faire l'inventaire périodique des potentialités
de la totalité des forêts.
- Aménager toutes les concessions aux critères
de certifications forestières définies
par l'Organisation Africaine du Bois (OAB) et l'organisation
internationale des bois tropicaux (OIBT).
- La lutte contre les abattages anarchiques, pour
une exploitation hygiénique des forêts.
- La mise en valeur des plantations d'essences de
forêts denses et d'espèces à
croissance rapide.
La
filière eucalyptus |
Les plantations d'eucalyptus constituent une particularité
du paysage forestier. C'est au milieu des années
70, qu'une équipe de chercheurs congolais
et français établis au Congo découvre
qu'il est possible de bouturer l'eucalyptus et par
conséquent de conserver aux hybrides toutes
leurs qualités. Cette découverte était
une première mondiale et la porte ouverte
vers une industrie multiforme de pointe. Au Brésil,
en Argentine, au Chili, en Equateur, et aussi en
Afrique du sud, ce sont actuellement des millions
d'hectares d'eucalyptus clonés qui sont plantés,
grâce à la technique congolaise de
bouturage. Un des avantages du clonage est de garantir
une qualité constante du bois obtenu et donc
une optimisation des techniques dans la transformation.
Actuellement, on compte environ 50.000 hectares
de forêts d'eucalyptus plantées au
Congo. Ces plantations ont été réalisées
sur des sols herbacés pauvres, principalement
autour de la ville de Pointe-Noire, une région
côtière peu propice aux cultures agricoles.
C'est une ancienne société d'Etat,
EUCALYPTUS DU CONGO (ECO-SA), actuellement en voie
de privatisation, qui gère la plupart des
plantations. Elle exporte près de 500.000
tonnes de rondins de bois d'eucalyptus par an.
Par ailleurs, plus de 50 % de l'énergie domestique
(bois de feu et charbon de bois) utilisée
par la population de la région de Pointe-Noire
(près de 600.000 habitants) provient des
plantations d'eucalyptus. Il s'agit de bois qui
ne sont pas commercialisables sur le marché
international et des rebus d'abattages. Une plus
grande valorisation locale des plantations d'eucalyptus
est souhaitée par les autorités congolaises.
Notamment la création d'unités privées
de transformation (panneaux de particules, fibres
d'isolation, etc). Des produits pharmaceutiques
peuvent également être tirés
des feuilles et des écorces de ce bois.
Le gouvernement congolais a pris conscience de l'importance
du rôle que doit jouer l'activité forestière
dans le développement de l'économie
du pays. Une économie qui ne peut se satisfaire
que des seuls revenus pétroliers. Le nouveau
Code Forestier a ainsi mis en place toute une batterie
de mesures destinées à accroître
l'investissement privé. C'est là un
véritable appel à venir participer
à l'essor de l'immense potentiel des forêts
congolaises. Le pays est en effet un des derniers
au monde à disposer de forêts encore
intactes. "
Nous disposons de 3 millions
600 mille hectares d'aires protégées
qui représentent 11% du territoire national,
ce qui est un record au plan international. Donc
11% du territoire congolais sont convertis en aires
protégées. Et dans les 3,6 millions
d'hectares, nous avons 3,5 millions d'hectares de
forêt, c'est-à-dire près de
95% de nos espaces protégés sont constitués
de forêts productives, ce qui est également
une première au plan international. Donc.
Si les forêts qui échappent, ou que
nous avons soustraites, à l'industrie du
bois, étaient exploitées, nous aurions
à peu près 5O millions de dollars
chaque année de revenus directs tirés
de cette exploitation. " souligne Henri
Djombo , Ministre de l'Economie
Forestière, chargé de la Pêche
et des Ressources Halieutiques.
|