Une
stratégie de développement
Au sortir de la Conférence Nationale Souveraine
de 1991, le Congo s'est engagé à construire
une économie libérale basée
sur l'initiative privée. Ce n'est néanmoins
qu'après les guerres civiles de 97/98 qu'une
vague de privatisation débute réellement,
soutenue par un climat social de paix et de réconciliation
nationale indispensable. Le gouvernement congolais
s'est d'abord attelé à des efforts
de redressement économique et social, qui
ont eu un double effet : D'une part le rétablissement
d'un environnement favorable à la mise en
uvre de la privatisation, et d'autre part
la mise en confiance des partenaires internationaux
: des bailleurs de fonds tel le FMI, mais aussi
des repreneurs potentiels.
Les entreprises du programme de privatisation sont
réparties en deux " périmètres
". Le premier regroupe les cinq principales
entreprises de services et d'utilité publique
: HYDRO-CONGO, la Société Nationale
d'Electricité (SNE), la Société
Nationale de Distribution d'Eau (SNDE), l'Office
Nationale des Postes et Télécommunications
(ONPT) et l'Agence Transcongolaise de Communication
(ATC) qui regroupait le Chemin de fer Congo-Océan
(CFCO), le Port de Pointe-Noire et les Ports et
Transports fluviaux. Le deuxième périmètre
regroupe toutes les autres entreprises concernées
par le processus de libéralisation.
Le
relais de la distribution assuré |
Le 15 mai dernier, le programme de privatisation
franchit une étape décisive. C'est
en effet à cette date que le gouvernement
et les sociétés pétrolières,
SHELL et TOTALFINAELF, ont signé l'avenant
d'un accord portant sur la cession des actifs
de distribution, de stockage et de transport détenus
par HYDRO-CONGO. Par souci stratégique,
les autorités congolaises ont par ailleurs
permis au secteur privé national d'accéder
à la propriété industrielle.
Les activités de formulation, de commercialisation
de lubrifiants, de stockage, de remplissage, de
transport et de commercialisation du gaz en bouteille,
ont ainsi été réservées
aux nationaux. C'est la société
FAAKI-Congo qui a repris les activités
GPL (gaz liquéfié) d'HYDRO-CONGO,
en partenariat avec la Société Nationale
des Pétroles du Congo (SNPC), qui détient
45% du capital. Cette participation de la SNPC
n'est cependant que provisoire, une rétrocession
ultérieure de ses parts aux privés
nationaux étant planifiée.
De cette grande structure étatique que
fut HYDRO-CONGO, il ne reste actuellement plus
qu'à privatiser l'activité logistique,
qui gère les dépôts et le
soutage. Les candidats sont déjà
connus. Il s'agit de TOTALFINAELF, de CHEVRON-TEXACO
et de la SNPC qui, toujours dans ce même
souci de ne pas tout laisser entre des mains étrangères,
a pris une participation de 32 %, dont 17 % devront
à terme être cédés
aux privés congolais. " La distribution
des produits pétroliers a un caractère
stratégique, on ne peut pas tout céder
à des étrangers. Voilà pourquoi
nous avons introduit la SNPC dans ce groupe d'acquéreurs
" affirme Jean-Baptiste
Tati Loutard, le Ministre des Hydrocarbures.
Quant à la privatisation de la Congolaise
de Raffinage de Pétrole (CORAF), actuellement
détenue à 100% par la SNPC, elle
est encore en suspend. " La CORAF fait toujours
partie des entreprises à privatiser, mais
le processus n'a pas encore démarré.
Nous avons programmé, pour le mois d'octobre,
un grand arrêt pour nous permettre de réaliser
certains aménagements. On ne parlera pas
de privatisation avant 2004. ", confieNestor
Mawandza, directeur général
delaCORAF.
Le schéma de privatisation qui a été
défini, prévoit la création
d'une société de patrimoine qui
détiendra les installations de la raffinerie
dans ses actifs. Il faudra ensuite procéder
à l'ouverture du capital de cette société,
dont la minorité de blocage sera détenue
par la SNPC, pour le compte de l'Etat. Plusieurs
candidats se sont déjà manifestés
pour les appels d'offres.
Un
appel d'offres énergétique |
Pour la privatisation de la Société
Nationale de Distribution de l'Eau (SNDE) et celle
de la Société Nationale d'Electricité
(SNE), le gouvernement congolais a retenu l'option
de la mise en concession. Cette formule permet à
l'Etat de demeurer propriétaire des ouvrages
de ses services publics. Ce n'est donc que l'exploitation
qui sera confiée à des opérateurs
privés, pour une période de 25 ans.
Ceux-ci seront responsables des investissements
de modernisation et de réhabilitation des
services. En contre partie, les opportunités
de développement sont grandes. Le Congo dispose
d'un potentiel hydroélectrique considérable.
A titre d'exemple, un seul barrage sur le fleuve
Kouilou, au sud-est du pays (barrage de Sounda),
pourrait permettre au Congo d'exporter 13 fois sa
consommation actuelle d'électricité.
Actuellement, la desserte du pays est nettement
insuffisante et le recours à l'importation
d'électricité n'est pas une solution
d'avenir. Face aux besoins accrus des populations
en électricité, l'Etat à un
impératif : valoriser ce potentiel. La zone
nord du pays, par exemple, est actuellement dépourvue
en infrastructures malgré sa richesse en
fleuve ou rivières, d'un débit suffisamment
fort pour permettre l'érection de barrages.
A l'issue de l'examen des offres, la société
britannique BY-WATER a été retenue
comme candidate privilégiée pour la
SNDE. Pour le secteur de l'électricité,
le Comité National de Privatisation détient
plusieurs offres dont il attend encore des informations
complémentaires. Mais, dans ce cas précis
de la SNE et compte tenu de l'immense potentiel
énergétique,Jean-Marie
Tassoua, Ministre de l'Energie et de l'Hydraulique
, se dit déçu par le peu d'intérêt
des grosses entreprises internationales (EDF, Général
électrique, ESCOM).
|
L'eau et l'électricité étant
des domaines stratégiques pour une économie,
le gouvernement prendra quelques précautions
lors de la privatisation de ces deux secteurs.
Une structure sera mise en place pour jouer le
rôle d'interface entre l'Etat et les opérateurs
privés. Par ailleurs, un code de l'eau
et de l'électricité a été
élaboré.
La
privatisation des entités de l'ancienne
ATC est sur les rails |
Depuis le lancement de l'avis d'appel à manifestation
concernant la privatisation du
Chemin de fer Congo-Océan
(CFCO)
, pas moins de dix-huit candidats potentiels ont
été enregistrés. Cet engouement
atteste que personne ne s'est trompé sur
le rôle stratégique que pourrait jouer
le CFCO dans le développement économique
de l'Afrique Centrale.
Le schéma privilégié par le
gouvernement congolais pour cette privatisation
est la mise en concession. En attendant l'aboutissement
du processus prévu en 2003, le CFCO s'attèle
à la remise en état de ses infrastructures.
" On peut retenir cette année, un investissement
de 3 milliards de F.cfa, sur fonds propres, pour
la reconstruction de la Gare PV et la Gare centrale
de Brazzaville, ainsi que pour la réhabilitation
de la voie. D'autre part, si le crédit sollicité
auprès des banques étrangères
aboutit, on pourrait allouer plus de 15 milliards
de F cfa en 2002 pour tous les projets " confirme
l'Amiral Pierre Ngombe,
directeur général du CFCO.
La Banque Mondiale devrait en effet consentir à
un crédit de près de 14 millions de
dollars US, pour le financement de programmes prioritaires,
tel celui de la réhabilitation du CFCO.
Le Port de Pointe-Noire a déjà pris
une avance par rapport au programme de privatisation.
Depuis février 2000, il jouit en effet d'une
très grande autonomie, avec un conseil d'administration
et un directeur général qui a de réels
pouvoirs décisionnels et financiers. "
Le port est largement privatisé dans sa gestion.
L'acconage est fait par des privés à
plus de 90 %. Nous n'avons gardé que les
activités régaliennes. ", affirme
Jean-Marie Aniele,
directeur général du Port .
Il est par ailleurs prévu, qu'un programme
prioritaire d'investissement débloque des
fonds pour favoriser davantage l'essor de ce port,
ainsi que celui de Brazzaville. Quant aux Chantiers
Navals et Transports Fluviaux (CNTF), l'heure de
leur privatisation a sonné, elle sera cependant
précédée de travaux de réhabilitation
des infrastructures.
Dislocation
de l'ONPT
|
C'est par une décision du Conseil des Ministres
du 28 juin 2001, que la dissolution de l'Office
Nationale des Postes et Télécommunications
(ONPT) a été prononcée en faveur
d'une scission en deux entités distinctes
: la Société des Télécommunication
du Congo (SOTELCO) et la Société des
Postes et de l'Epargne du Congo (SOPECO). Ces deux
nouvelles entreprises seront à leur tour
engagées dans un processus de privatisation
qui devrait s'engager dès juillet 2002.
L'arrivée d'opérateurs privés
dans le domaine de la téléphonie ou
de l'Internet(AFRIPA
TELECOM,CELTEL, LIBERTIS, etc.) a, par ailleurs,
dopé le jeu de la concurrence. Dans ce cadre,
la privatisation de SOTELCO permettra une plus grande
compétitivité et l'émergence
de nouveaux créneaux d'activités.
La politique gouvernementale en matière de
télécommunications vise à promouvoir
et soutenir ce secteur qui, à terme, devrait
contribuer de façon significative dans la
création de la richesse nationale.
Le deuxième périmètre de privatisation
est constitué des entreprises relevant des
secteurs agro-industriel, forestier, des transports,
du tourisme
dans lesquelles l'Etat détient
tout ou une partie du capital. On peut citer la
compagnie nationale aérienne (LINA CONGO),
les entreprises de la filière Minoterie Aliments
de Bétail (MAB, SOFAB), les entreprises de
la filière corps gras (fabrication d'huile
de palm), les hôtels PALM
BEACH , NOVOTEL, MERIDIEN
. Pour toutes ces entreprises, le gouvernement
congolais a choisi la cession des actifs par voie
d'appel d'offres comme mode de privatisation.
Le processus est enclenché, il reste maintenant
aux Congolais à tout mettre en uvre
pour faciliter son application et à garantir
un climat propice à l'investissement. "
Pour privatiser, il faut réunir plusieurs
conditions. Tout d'abord il faut que l'environnement
d'accueil corresponde à ce qu'attend un investisseur.
Ensuite, il faut que les conditions juridiques soient
réunies, et enfin qu'il y ait une réelle
volonté de privatiser. Le gouvernement a
donc décidé de rendre l'environnement
propice, de créer un comité de privatisation
pour gérer le processus, et de demander l'assistance
des institutions internationales comme la Banque
Mondiale pour faciliter le déroulement sans
heurts du processus. ", affirme
Mathias Dzon, Ministre de
l'Economie, des Finances et du Budget . |