Considéré
comme porteur de croissance, le secteur de la pêche
est l'une des principales sources d'approvisionnement
des populations et de mobilisation des devises générées
par les exportations. Ainsi, le taux de croissance
du secteur qui a été de 9,1% en 2002
devrait atteindre 9,7% en 2003. D'ailleurs,
Selon M. Mansa Moussa Sidibé, ancien Ministre
de la Pêche et de l'Aquaculture, "
le secteur de la pêche en Guinée présente
tous les atouts pour un investissement rentable,
car la ressource est là et les conditions
d'investissement sont diverses et alléchantes
".
En effet, la Guinée dispose d'une façade
maritime longue de 300 km avec un plateau continental
d'une superficie de 56.000 km². L'alternance
saisonnière du climat (saison sèche
de décembre à mai, saison des pluies
de juin à novembre) entraîne une
forte variation de la salinité et de la
température, ce qui influence les migrations
des différentes espèces de la faune
maritime présente dans les eaux guinéennes
et offre du même coup de nombreuses potentialités
de développement dans le secteur de la
pêche et d'activités connexes.
Une grande
diversité halieutique |
La base du stock commercial de poisson de la
zone économique guinéenne est composée
à 60% d'espèces démersales.
Elles occupent la zone supérieure (0-50
m) du plateau continental. Les poissons pélagiques
ne dépassent pas 1/3 du stock commercial.
On peut distinguer trois zones productives quasi-stationnaires
de poissons dans la région économique
guinéenne. Elles diffèrent par leurs
origines, les conditions de la formation, et la
dynamique saisonnière :
- La plus importante zone côtière
stable et productive se situe le long du littoral
guinéen, dans des profondeurs de 10 à
25 m. Elle est due à l'existence d'un front
de marées ascendantes et descendantes entre
les masses d'eau océaniques et côtières.
Près de deux tiers du stock commercial
des poissons démersaux sont concentrés
dans la zone côtière productive.
- On peut observer une deuxième zone
productive dans la partie nord-ouest du plateau
continental extérieur et des régions
adjacentes de la pente continentale. Cette dernière,
d'origine océanique, est formée
par l'interaction du courant des Canaries et du
contre-courant alizé qui est suivi d'une
élévation d'eau. Un tiers du stock
commercial des poissons démersaux est concentré
sur cette zone.
- La troisième zone productive se forme
dans la partie sud-est du plateau continental,
dans des profondeurs de 40 à 50 m (région
des canons Nunez et Konkouré). Elle occupe
un terrain se caractérisant par un relief
de fond très complexe. L'origine et les
conditions de la formation de la zone sud-est
ne sont pas encore connues.
Un examen approfondi de ces zones productives
et de leur dynamique spatio-temporelle doivent
composer une des directions principales du développement
ultérieur des recherches halieutiques de
la zone économique de Guinée.
On peut noter qu'au cours des dernières
décennies a eu lieu une forte reconstruction
de l'écosystème du plateau continental
ouest-africain, à partir de la Guinée-Bissau
et jusqu'au golfe de Guinée. Elle a permis
une brusque augmentation d'une espèce peu
consommable dont la biomasse continue à
augmenter jusqu'à présent, la B.
carolinensis. Dans cette situation, un des problèmes
principaux du développement ultérieur
du secteur de la pêche en Guinée
est la nécessité d'une prompte élaboration
d'un ensemble de mesures sur la réduction
de la quantité de cette espèce à
l'aide des moyens de réglage des pêches
d'une part, et la mise en application des procédés
de l'utilisation de cette espèce d'autre
part. La quantité de la pêche annuelle
de B. carolinensis peut atteindre 300.000 à
400.000 tonnes. C'est pourquoi il est nécessaire
d'assurer le marché d'exportation pour
ce genre d'espèce parmi les natifs du pays.
Outre les poissons, deux espèces de seiches
représentent une bio-ressource importante
sur le plateau continental guinéen. Leurs
stocks sont intensivement exploités. A
l'avenir, il sera également nécessaire
de considérer les requins et les raies
comme source complémentaire de protéines
alimentaires et techniques en Guinée.
Qui sont
les producteurs ? |
En Guinée, les producteurs de poisson, ainsi
que les équipements, sont majoritairement
d'origine coréenne et chinoise. Les sociétés
de pêche telles que SIP BOUROUMA, JOSEMAR
et COGIP reçoivent du poisson des Chinois
pour les vendre aux mareyeuses qui, à leur
tour, distribuent les poissons aux revendeuses finales
contre des marges bénéficiaires. On
peut également citer des sociétés
importantes telles que THIANGUI SA. Le DG de THIANGUI
SA, M.
Mamadou Thiangui Diallo, tient d'ailleurs à
préciser que " THIANGUI SA affrète
et consigne des bateaux, mais possède son
propre armement fort de 5 chalutiers industriels
[
]. L'idéal serait qu'il y ait un armement
national. A la place de cela, les statistiques sont
éloquentes : Sur les 180 bateaux sur zone,
seulement 5 % appartiennent en propre à des
Guinéens ! ".
Le poisson occupe une place de choix dans les
habitudes alimentaires des Guinéens; et
à Conakry comme à l'intérieur
du pays, le poisson est très sollicité
sur les marchés. Cependant, son approvisionnement
au marché se heurte de nos jours à
des difficultés de plusieurs ordres. Le
manque de concertation entre décideurs
et agents de la pêche constituerait la raison
de la persistance de ces difficultés.
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Vers une
autosuffisance en ressources halieutiques |
" La diversité des producteurs, surtout
au niveau de la pêche artisanale, et la variété
des espèces rencontrées rendent parfois
difficile la disponibilité des donnés
statistiques sur les ressources halieutiques en
Guinée " déclare un responsable
guinéen du département de la pêche.
Effectivement en Guinée, on rencontre plusieurs
espèces de poissons et ceci en quantités
relativement importantes. Selon les dernières
statistiques (2000), 52.000 tonnes de poissons sont
pêchées par la pêche artisanale,
contre 23.000 tonnes pour la pêche industrielle.
On estime que le potentiel exploitable - poissons
démersaux et pélagiques confondus
- se situe entre 85.000 et 140.000 tonnes par an.
Quant à la pêche continentale, elle
fournit chaque année 5.000 tonnes alors
que 18.000 tonnes font l'objet d'importations.
Pourtant, on estime le potentiel exploitable en
pêche continentale à 12.000 tonnes
par an grâce au réseau hydrographique
de 6.250 km dont dispose le pays.
Tout ceci permet une production annuelle de 98.000
tonnes. Ainsi, considérant la quantité
de poissons importés relativement à
celle produite, on peut penser que la Guinée
est probablement en route vers l'autosuffisance.
Enfin, il faut noter que la Guinée dispose
également d'un potentiel exploitable en
crevettes (1.000 à 2.000 tonnes par an)
et en céphalopodes (5.000 à 10.000
tonnes par an).
Différentes
sources de difficultés |
Malgré les efforts consentis par les différents
responsables du secteur, de nombreuses difficultés
entravent l'approvisionnement du poisson dans
le marché guinéen :
Les contraintes liées
à l'importation
L'instauration de la taxe à l'importation
(22%) etde la TVA (18%) sur le poisson commercialiséen
Guinée posent des problèmes ; d'une
part entre les quantités de la ZEE guinéenne
et les quantités importées, et d'autre
part, pour la détermination des quantités
exportées directement. Pour se soustraire
de la taxe à l'importation, les opérateurs
ne déclarent pas les importations. Ce manque
de prévision pose de graves problèmes
de gestion (prévisions des captures, débarquements,
importations et exportations).
Les contraintes liées
au débarquement
Les débarquements au Port
Autonome de Conakry posent de sérieux problèmes
aux producteurs. A chaque opération de
débarquement, le navire est soumis au contrôle
des services de la pêche, du service de
la police, de la douane, de la gendarmerie. Ces
interventions intempestives, mêmes légales,
occasionnent des prélèvements considérables
de poissons sur la production et des soustractions
par vol d'article de tout genre. Cela contribue
à élever les frais portuaires. En
outre, les débarquements anarchiques qui
persistent découragent les navires étrangers.
Les contraintes liées
à la conservation du poisson
A part COGIP et SONIT, sociétés
spécialisées dans la commercialisation
du poisson congelé, les sociétés
de pêche ne disposent pas de chambres froides
pour stocker leur production. Elles utilisent
les installations de la SIGUIPECHE, qui dispose
de 3 chambres froides, et le frigo de Kenien.
Les contraintes liées
à la commercialisation des produits de
pêche industrielle
A défaut d'une organisation
efficace des circuits de distribution du poisson
congelé, cette activité s'effectue
suivant l'esprit de la libre entreprise, ce qui
ne favorise pas forcément le consommateur
guinéen à faible pouvoir d'achat.
Les agents intermédiaires, organisés
en plusieurs groupes selon leur capacité
financière, s'adjugent le monopole de la
distribution du poisson congelé. Ils sont
ainsi capables de contrôler et de réguler
la distribution sur tous les marchés du
poisson en livrant des quantités permettant
de maintenir les prix à des niveaux rémunérateurs
et ce, malgré le stock disponible.
Les contraintes administratives
Les contraintes administratives
s'imposent tout naturellement comme une nécessité.
Toutefois, la lourdeur et la lenteur de ces dernières,
provenant de l'Administration des Pêches,
du Ministère des Finances et des autorités
portuaires ne font que rallonger la liste des
difficultés que rencontrent les opérateurs
du secteur.
Dispositifs
administratifs en cours et perspectives |
Conscient des difficultés précitées,
le département de tutelle prend actuellement
un certain nombre de mesures ayant pour but de
mobiliser plus d'opérateurs dans le secteur,
et faire de la pêche un secteur moteur de
l'économie guinéenne.
Dans une optique de lutte contre la pauvreté,
il est prévu la création d'un minimum
de 6 villages chaque année. Il existe à
cet effet un bureau d'étude qui est en
train de faire des études pour identifier
les sites potentiellement exploitables. Dans le
même ordre d'idées, le Gouvernement
guinéen envisage de faire la production
de la pêche artisanale avec l'assistance
de la BAD (Banque Africaine de Développement)
et l'AFD
(Agence Française de Développement).
Des ports artisanaux seront ainsi réalisés.
Des infrastructures portuaires seront également
construites, notamment dans la région de
Kamsar, pour la transformation et la conservation
du poisson.
Le Ministère
de la Pêche et de l'Aquaculture est
en charge de la mise en uvre d'une politique
favorable à l'approvisionnement continu
et suffisant du marché guinéen en
poisson. Sa responsabilité consiste en
une organisation efficace des circuits, pour qu'à
la fois, les producteurs, les intermédiaires,
les consommateurs et l'Etat y trouvent leurs comptes.
Pour ce faire, le Gouvernement a identifié
un certain nombre de programmes et de projets
:
* Programme d'aménagement et de gestion
rationnelle des ressources
*Programme de développement de la pêche
artisanale maritime -filière domestique
et filière export -
*Projet de gestion multidimensionnelle des pêcheries
guinéennes
*Programme de promotion sélective de la
pisciculture rurale en Guinée Forestière
*Programme d'actions d'accompagnement de la crevetticulture
*Programme de développement de la pêche
industrielle
*Programme de construction de chambres froides
à l'aéroport de Conakry
L'objectif annoncé est d'aménager
et d'exploiter rationnellement les ressources
en préservant les écosystèmes
marais par le biais du renforcement, du suivi
et de la surveillance de la pêche. Le Gouvernement
veut ainsi tenter de contribuer à la sécurité
alimentaire par l'augmentation de la consommation
de poissons qui était de 13kg par an/hab
en 1997 pour passer à 17kg par an/hab en
2007.
Tous ces efforts permettront peut-être d'intégrer
de façon accrue la valeur ajoutée
sectorielle de la pêche à l'économie
nationale.
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