Le 3 avril 1984 marquera
la rupture avec le système d'une économie
centralisée pour l'adoption d'une économie
de type libérale. Bénéficiant
ainsi du soutien du FMI
et de la
Banque Mondiale , le Gouvernement s'est lancé,
le 22 décembre 1985, dans un vaste programme
de réformes économiques et financières
(PREF) dont l'objectif de base est l'amélioration
du taux de croissance économique réel
et du revenu par habitant. S.E. M. Cheick Ahmadou
Camara, Ministre de l'Economie, des Finances,
et du Plan considère d'ailleurs que "
le Gouvernement a réussi, ces dernières
années, à entretenir des relations
constantes, continues, efficaces et responsables
avec les institutions de Bretton Woods ". Le
bilan macro-économique du Discours-programme
du 22 décembre 1985 porte sur les objectifs,
les mesures, les résultats du PREF. Il sera
intéressant de se pencher sur les perspectives
pour 2003.
Poser
les bases d'une économie libérale
pour assurer la transition
|
Le PREF a connu plusieurs phases de réalisation
: une première phase de 1986 à 1988
ayant pour but de jeter les bases d'une croissance
économique soutenue et durable, renforcer
le cadre de l'option économique libérale
à travers le désengagement de l'Etat
des secteurs productifs et commerciaux, renforcer
l'environnement réglementaire et institutionnel
et promouvoir le secteur privé ; une deuxième
phase de 1989 à 1991 dont les objectifs principaux
sont : réduire l'inflation, améliorer
la croissance du pays, améliorer le niveau
de santé primaire, renforcer l'éducation
primaire et améliorer la qualité des
services de l'éducation. Parallèlement,
le Gouvernement poursuivra sa politique de privatisation
ou de restructuration des entreprises publiques.
A ces deux phases s'ajoute la période intérimaire
(1991-1994), appuyée par une facilité
d'ajustement structurel renforcée (FAS-R)
du FMI (politique de taux de change flexible, programme
de désengagement de l'Etat des entreprises
publiques, assainissement des finances publiques,
appui à l'initiative privée
).
Au plan économique, les réformes menées
par le Gouvernement et les efforts consentis par
les populations ont permis de restaurer et de stabiliser
les grands équilibres économiques
et financiers, en dépit de la conjoncture
internationale difficile que la Guinée connaît
depuis trois ans. Il s'agit maintenant de pérenniser
ces acquis et surtout d'accélérer
la croissance économique, notamment grâce
à la modernisation du secteur rural, à
l'intensification de l'exploitation minière,
à une plus grande valorisation des produits
miniers et du potentiel touristique et halieutique.
Au 31 décembre 2001, la plupart des réformes
structurelles prévues pour l'amélioration
de la politique monétaire, la promotion d'un
système financier transparent et la mise
en place d'un cadre cohérent de statistiques
monétaires ont été en partie
accomplies.
Des résultats
satisfaisants sur la période 1986-2001 |
Les 16 années de réformes économiques
et financières ont permis d'arrêter
la dégradation continue des infrastructures
de base. Des progrès considérables
ont été réalisés dans
les domaines des routes, des télécommunications,
des infrastructures scolaires et de santé
; et le rôle de l'Etat comme producteur
a été réduit. Les principales
unités industrielles ont été
privatisées dans le cadre des programmes
d'ajustement structurel à court terme.
Pour Cheick Ahmadou
Camara, Ministre de l'Economie, des Finances
et du Plan , " le Gouvernement a veillé
à la stabilité politique, à
une meilleure gestion de l'environnement macro-économique
et, à cet effet, a mis en place des instruments
très attractifs pour les investisseurs
[
] ceux qui sont venus ne comptent plus
quitter la Guinée et travaillent aujourd'hui
à l'extension de leurs activités
".
L'Etat s'est complètement retiré
du commerce pris en charge par le secteur privé
et la pluralité politique s'est mise en
harmonie avec le libéralisme économique.
Les résultats des réformes ci-dessus
ont bénéficié de l'appui
sans cesse des partenaires au développement
(subventions budgétaires françaises,
aides alimentaires des USA et de la France, aide
à la balance des paiements des Etats-Unis,
de l'Allemagne et du Japon, prêts d'ajustements
structurels de la BAD, signes de crédit
aux PME et crédits d'ajustements sectoriels
pour la promotion du secteur privé et éducatif,
renégociations de la dette extérieure
dans le cadre du Club de Paris, restructuration
bancaire, rééchelonnement des arriérés
commerciaux
).
Par ailleurs, en décembre 2000, les Conseils
d'Administration du FMI et la Banque Mondiale
ont approuvé le dossier de la Guinée
relatif au Programme de la Facilité de
Réduction de la Pauvreté pour la
croissance (FRPC), ouvrant la voie à la
mise en place du CAS IV de 47 millions USD et
surtout, enclenchant le processus de remise substantielle
de la dette extérieure guinéenne.
Ces efforts doivent encore être poursuivis
sans relâche et sans faiblesse car tout
fléchissement dans la performance enregistrée
actuellement se traduira par une baisse des flux
d'appuis financiers tant bilatéraux que
multilatéraux.
Quelques
chiffres illustrant un bilan satisfaisant
|
Le bilan économique des seize années
de réformes entreprises par la Deuxième
République est relativement satisfaisant.
Le taux de croissance du PIB en termes réels
a été supérieur à
3% en moyenne de 1986 à 2001, grâce
au secteur des services.
Le ratio Investissement/PIB moyen a été
de 14,7%, avec un pic de 18,3% en 1988 et un faible
niveau de 9,1% en 1993, du fait d'un regain de
confiance des investisseurs privés d'une
part et d'un climat d'incertitude pendant les
élections présidentielles d'autre
part.
Le ratio déficit budgétaire (hors
dons)/PIB, sur la base des engagements, a évolué
en dents de scie entre 1986 et 2001. En moyenne
il a été de 7,8% avec un pic de
12,3% en 1988 et un creux de 4% en 1998, des suites
de la variation de l'effort d'investissement du
secteur public.
En moyenne annuelle, le taux d'inflation a fléchi
pour passer de 33,7% en 1986 à 5,4% en
2001. Après avoir terminé l'année
2002 avec un taux d'inflation de 5,8%, M.
Ibrahima Chérif Bah, Gouverneur de la Banque
Centrale de la République de Guinée
mise sur un taux d'inflation de 4% pour 2003.
Cette maîtrise de l'inflation pourrait se
traduire théoriquement par l'amélioration
de la compétitivité de l'économie
guinéenne.
mais
la situation extérieure demeure préoccupante |
La dépréciation du franc guinéen
par rapport aux principales devises s'est poursuivie
depuis la réforme monétaire de 1986
pour se stabiliser pratiquement à partir
de 1992. Sur la période 1986-2001, le taux
moyen de dépréciation du franc guinéen
par rapport au dollar américain a été
de 12,1%, passant de 17,5% en 1987 à 26,1%
en 2000, du fait des déséquilibres
qui avaient caractérisé l'année
2000 (effets des incursions rebelles en septembre).
Le solde courant de la balance des paiements s'est
globalement dégradé entre 1988 et
2001, du fait en particulier de la baisse des cours
des principaux produits exportés par la Guinée
(bauxite et alumine). Sur la même période,
le ratio déficit courant/PIB est resté
supérieur à 5% en moyenne.
Le ratio service de la dette/exportations s'est
également dégradé. La valeur
moyenne du ratio est restée au-dessus des
21%. Quant au ratio encours de la dette/PIB, il
a été de 89,9% en moyenne, avec 123,1%
en 2001, du fait d'avoir différé les
rééchelonnements et annulations de
la dette dont a bénéficié la
Guinée en décembre 2000. Le niveau
élevé de ce ratio montre que la marge
de manuvre sur le plan social de la Guinée
demeure insuffisante.
|
Quelles
sont les perspectives pour 2002-2003 ? |
Conçu pour servir de cadre d'orientation
de toute l'action publique, le Document de Stratégie
de Réduction de la Pauvreté (DSRP)
demeure au cur de la politique du Gouvernement.
L'objectif fondamental pour la période
2002-2003 est d'établir trois conditions
nécessaires : l'accélération
de la croissance économique avec de larges
opportunités d'emplois et de revenus pour
les pauvres ; le développement et l'accès
équitable aux services de base, l'amélioration
de la gouvernance, et le renforcement des capacités
institutionnelles et humaines.
L'obtention d'un croissance soutenue, durable
et portée en grande partie par ces secteurs
de croissance, permettra de toucher la majorité
des pauvres et de générer les ressources
nécessaires pour le financement des actions
de lutte contre la pauvreté. A cet égard,
l'amélioration du cadre de développement
et d'épanouissement du secteur privé
doit être le champ de bataille du Gouvernement.
Pour S.E M. Lamine Sidimé, 1er Ministre
de la République de Guinée, (link
to interview) " le DSRP est basé sur
la mobilisation de toutes les ressources minières,
de toutes les ressources financières, et
de l'apport de nos partenaires bilatéraux
et multilatéraux, de manière à
ce que la pauvreté puisse reculer dans
notre pays ".
L'enjeu de la politique du Gouvernement, tel que
l'ont indiqué les populations à
la base, est de leur assurer des revenus réguliers
et suffisants pour couvrir leurs besoins essentiels,
offrir des services de base suffisants, de qualité
et accessibles. Par conséquent, les objectifs
macro-économiques pour 2002-2003 sont les
suivants :
* réaliser un taux moyen de croissance
du PIB en termes réels de 4,1%, soutenu
par l'augmentation de la valeur ajoutée
de tous les secteurs porteurs de croissance :
secteur développement rural (5,4%), secteur
secondaire (4,5%), secteur tertiaire (2,6%) et
DRI (10%) ;
* contenir l'inflation à un taux annuel
moyen de 3,8% avec une masse monétaire
de 723 milliards GNF, un taux de change moyen
de 2043,20 GNF pour un dollar américain,
des réserves de change de 365,97 milliards
GNF, soit 4,5 mois d'importations de biens et
services, et un solde des transactions courantes
non compris les transferts publics de 173,81 millions
USD, soit 2,7% du PIB ;
* réaliser un solde budgétaire,
base engagement hors dons de 482,40 milliards
GNF, soit 7,6% du PIB avec un cumul de 704,84
milliards GNF en recettes fiscales (11,1% du PIB),
238,99 milliards en traitements et salaires (33,9%
du total des recettes fiscales) et 124,50 milliards
en investissements sur BND (17,7% du total des
recettes fiscales) en moyenne entre 2002 et 2003.
Graphique
Pour atteindre ces objectifs, le Gouvernement devra
mettre en uvre des politiques budgétaires
et monétaires, soutenues par des réformes
structurelles. Il lui faudra également s'appuyer
sur un secteur bancaire sécurisé,
sain et compétitif - caractéristiques
que l'on peut progressivement attribuer au système
guinéen. Pour ce faire, la BCRG
(Banque Centrale de la République de Guinée)
a intensifié la surveillance des banques
commerciales présentes en Guinée,
en collaboration avec la SGS
(Société Générale de
Surveillance). Le secteur bancaire est composé
des banques commerciales suivantes : la BICIGUI
(Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie
de Guinée) et la SGBG
(Société Générale des
Banques de Guinée) - qui sont les
2 principales banques du pays -, puis Ecobank
, l'UIBG (Union Internationale des Banques de
Guinée), ICB (International Commercial Bank),
et la BIG (Banque Islamique de Guinée). Ces
banques sont sous la tutelle de la BCRG (Banque
Centrale de la République de Guinée),
qui, nous explique M.
Ibrahima Chérif Bah, Gouverneur de la BCRG,
" est aujourd'hui comme toutes les autres Banques
Centrales du monde. Elle contrôle un système
bancaire neuf, rendu compétitif, assaini,
restructuré et bien surveillé ".
En ce qui concerne le secteur des assurances, les
principaux acteurs du marché sont l'UGAR
(Union Guinéenne d'Assurances et de Réassurances),
dont " le tour de table, nous explique M.
Raphaël Youmba Touré, DG d'UGAR,
est constitué de trois groupes qui se répartissent
le capital comme suit : 35% pour AXA S.A., 35% pour
l'Etat guinéen et 25% pour les privés
guinéens " ; et la SOGAM (Société
Guinéenne d'Assurances et de Réassurances)
qui, selon M.
Amadou Dieng, DG de la SOGAM, se distingue par
le fait qu'elle soit une société anonyme
avec des capitaux guinéens uniquement, contrairement
à son principal concurrent. Selon M.
Amadou Dieng, " l'important, c'est qu'on
puisse rassurer les investisseurs potentiels que
les milliards de dollars qu'ils nous ont confiés
sont confiés - via la réassurance
- à des personnes qui sont autrement très
puissantes, et ce sont des personnes qui peuvent,
en cas de sinistres, réagir ". Ces 2
sociétés sont respectivement première
et deuxième du marché guinéen
de l'assurance et de la réassurance.
Il convient enfin de citer la LONAGUI (Loterie
Nationale de Guinée) qui a pour mission
de gérer tous les jeux en Guinée
et de protéger les intérêts
de l'Etat. L'une des plus importantes institutions
sous tutelle de la LONAGUI est la société
PMU+ Guinée, filiale du groupe FELICIAGGI,
qui est devenue aujourd'hui, selon
M. Philippe Tulière, PDG de PMU+ Guinée
, " l'un des plus grands bailleurs de
fonds privés de Guinée ".
NEPAD,
quels enjeux pour la Guinée ? |
Le NEPAD (New Partnership for African Development)
est une promesse faite par des dirigeants africains,
fondée sur une vision commune ainsi qu'une
conviction, ferme et partagée, qu'il leur
incombe d'éradiquer d'urgence la pauvreté,
de placer leurs pays, individuellement ou collectivement,
sur la voie d'une croissance et d'un développement
durable.
Les discussions sur le NEPAD ont révélé
que dans plusieurs pays comme la Guinée,
les sociétés civiles n'avaient pas
été associées à la formulation
du NEPAD. Or, un programme, quelque soit son contenu,
doit obtenir l'adhésion de la société
civile pour qu'il ait une chance de succès.
Pour que celle-ci adhère, elle a besoin d'être
suffisamment informée sur les contours et
les attentes. Avant le NEPAD, bien d'autres initiatives
ont existé et auxquelles la Guinée
a adhéré : le plan d'action de Lagos,
les mécanismes et programmes initiés
par le
FMI ,
la Banque Mondiale, le PNUD
Avec le NEPAD, une nouvelle chance s'offre à
la Guinée. La démarche devrait consister
à établir une liaison entre le DSRP
(Document de Stratégie pour la Réduction
de la Pauvreté) et le NEPAD. De cette manière,
on peut considérer le DSRP comme le document
de base, en raison de son caractère national,
à partir duquel on doit se prononcer pour
le NEPAD.
L'adhésion de la Guinée au NEPAD
devrait passer par la réalisation des objectifs
suivants :
* Privilégier l'espace de coopération
CEDEAO
(Communauté Economique Des Etats d'Afrique
de l'Ouest), via la création d'une monnaie
unique dans la zone des 14 pays de la CEDEAO. L'une
des étapes importantes vers cet objectif
est la réalisation prévue pour le
1er juillet 2005 de la ZMAO (2ème Zone Monétaire
de l'Afrique de l'Ouest). Dans le discours d'ouverture
du 4ème sommet de l'Autorité des Chefs
d'Etat et de Gouvernement de la ZMAO qui s'est tenu
en novembre 2002 à Conakry,
le Général Président Lansana
Conté a rappelé que " l'harmonisation
entre les économies concernées est
indispensable pour atteindre les résultats
escomptés. La tâche n'est aisée,
mais la communauté de destin qui unie nos
peuples respectifs demeure notre atout majeur ".
* Attirer les investisseurs privés étrangers
en Guinée en restructurant les systèmes
judiciaires et administratifs. Cheick Ahmadou
Camara, Ministre des Finances , tient d'ores
et déjà à leur " garantir
non seulement la sécurité de leurs
investissements, mais aussi et surtout le rapatriement
de leurs capitaux quand ils le désirent,
et où ils le désirent ".
* Annuler la dette qui constitue un frein au développement
de la Guinée (la dette au niveau du continent
représente aujourd'hui 300% des exportations).
L'adhésion de la Guinée au programme
PPTE (Pays Pauvre Très Endetté)
va lui permettre d'évoluer vers un allègement
du stock de la dette d'environ 800 millions USD
au point d'achèvement.
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