THE REPUBLIC OF GUINEA
L`Exception Africaine

Introduction - Finances : une transition réussie, des perspectives prometteuses -
La Guinée: un véritable scandale géologique - Une lente transition vers l'agriculture de marché -
Pêche: un secteur porteur de croissance - Transport et Travaux publics: un secteur en mutation -
Télécommunications : le meilleur reste à venir -
L'hydroélectricité de Guinée: un rôle à jouer dans la sous-région -
Une Industrie naissante pour un commerce florissant -
Tourisme: de grands efforts pour un grand potentiel -
Politique étrangère: des efforts pour se faire entendre


Le 3 avril 1984 marquera la rupture avec le système d'une économie centralisée pour l'adoption d'une économie de type libérale. Bénéficiant ainsi du soutien du FMI et de la Banque Mondiale , le Gouvernement s'est lancé, le 22 décembre 1985, dans un vaste programme de réformes économiques et financières (PREF) dont l'objectif de base est l'amélioration du taux de croissance économique réel et du revenu par habitant. S.E. M. Cheick Ahmadou Camara, Ministre de l'Economie, des Finances, et du Plan considère d'ailleurs que " le Gouvernement a réussi, ces dernières années, à entretenir des relations constantes, continues, efficaces et responsables avec les institutions de Bretton Woods ". Le bilan macro-économique du Discours-programme du 22 décembre 1985 porte sur les objectifs, les mesures, les résultats du PREF. Il sera intéressant de se pencher sur les perspectives pour 2003.

M. Cheick Ahmadou Camara, Ministre de l'Economie et des Finances

Poser les bases d'une économie libérale pour assurer la transition…

Le PREF a connu plusieurs phases de réalisation : une première phase de 1986 à 1988 ayant pour but de jeter les bases d'une croissance économique soutenue et durable, renforcer le cadre de l'option économique libérale à travers le désengagement de l'Etat des secteurs productifs et commerciaux, renforcer l'environnement réglementaire et institutionnel et promouvoir le secteur privé ; une deuxième phase de 1989 à 1991 dont les objectifs principaux sont : réduire l'inflation, améliorer la croissance du pays, améliorer le niveau de santé primaire, renforcer l'éducation primaire et améliorer la qualité des services de l'éducation. Parallèlement, le Gouvernement poursuivra sa politique de privatisation ou de restructuration des entreprises publiques. A ces deux phases s'ajoute la période intérimaire (1991-1994), appuyée par une facilité d'ajustement structurel renforcée (FAS-R) du FMI (politique de taux de change flexible, programme de désengagement de l'Etat des entreprises publiques, assainissement des finances publiques, appui à l'initiative privée…).

Au plan économique, les réformes menées par le Gouvernement et les efforts consentis par les populations ont permis de restaurer et de stabiliser les grands équilibres économiques et financiers, en dépit de la conjoncture internationale difficile que la Guinée connaît depuis trois ans. Il s'agit maintenant de pérenniser ces acquis et surtout d'accélérer la croissance économique, notamment grâce à la modernisation du secteur rural, à l'intensification de l'exploitation minière, à une plus grande valorisation des produits miniers et du potentiel touristique et halieutique.

Au 31 décembre 2001, la plupart des réformes structurelles prévues pour l'amélioration de la politique monétaire, la promotion d'un système financier transparent et la mise en place d'un cadre cohérent de statistiques monétaires ont été en partie accomplies.

Des résultats satisfaisants sur la période 1986-2001

Les 16 années de réformes économiques et financières ont permis d'arrêter la dégradation continue des infrastructures de base. Des progrès considérables ont été réalisés dans les domaines des routes, des télécommunications, des infrastructures scolaires et de santé ; et le rôle de l'Etat comme producteur a été réduit. Les principales unités industrielles ont été privatisées dans le cadre des programmes d'ajustement structurel à court terme. Pour Cheick Ahmadou Camara, Ministre de l'Economie, des Finances et du Plan , " le Gouvernement a veillé à la stabilité politique, à une meilleure gestion de l'environnement macro-économique et, à cet effet, a mis en place des instruments très attractifs pour les investisseurs […] ceux qui sont venus ne comptent plus quitter la Guinée et travaillent aujourd'hui à l'extension de leurs activités ".

L'Etat s'est complètement retiré du commerce pris en charge par le secteur privé et la pluralité politique s'est mise en harmonie avec le libéralisme économique.

Les résultats des réformes ci-dessus ont bénéficié de l'appui sans cesse des partenaires au développement (subventions budgétaires françaises, aides alimentaires des USA et de la France, aide à la balance des paiements des Etats-Unis, de l'Allemagne et du Japon, prêts d'ajustements structurels de la BAD, signes de crédit aux PME et crédits d'ajustements sectoriels pour la promotion du secteur privé et éducatif, renégociations de la dette extérieure dans le cadre du Club de Paris, restructuration bancaire, rééchelonnement des arriérés commerciaux…).

Par ailleurs, en décembre 2000, les Conseils d'Administration du FMI et la Banque Mondiale ont approuvé le dossier de la Guinée relatif au Programme de la Facilité de Réduction de la Pauvreté pour la croissance (FRPC), ouvrant la voie à la mise en place du CAS IV de 47 millions USD et surtout, enclenchant le processus de remise substantielle de la dette extérieure guinéenne. Ces efforts doivent encore être poursuivis sans relâche et sans faiblesse car tout fléchissement dans la performance enregistrée actuellement se traduira par une baisse des flux d'appuis financiers tant bilatéraux que multilatéraux.

Quelques chiffres illustrant un bilan satisfaisant…

Le bilan économique des seize années de réformes entreprises par la Deuxième République est relativement satisfaisant.
Le taux de croissance du PIB en termes réels a été supérieur à 3% en moyenne de 1986 à 2001, grâce au secteur des services.
Le ratio Investissement/PIB moyen a été de 14,7%, avec un pic de 18,3% en 1988 et un faible niveau de 9,1% en 1993, du fait d'un regain de confiance des investisseurs privés d'une part et d'un climat d'incertitude pendant les élections présidentielles d'autre part.
Le ratio déficit budgétaire (hors dons)/PIB, sur la base des engagements, a évolué en dents de scie entre 1986 et 2001. En moyenne il a été de 7,8% avec un pic de 12,3% en 1988 et un creux de 4% en 1998, des suites de la variation de l'effort d'investissement du secteur public.
En moyenne annuelle, le taux d'inflation a fléchi pour passer de 33,7% en 1986 à 5,4% en 2001. Après avoir terminé l'année 2002 avec un taux d'inflation de 5,8%, M. Ibrahima Chérif Bah, Gouverneur de la Banque Centrale de la République de Guinée mise sur un taux d'inflation de 4% pour 2003. Cette maîtrise de l'inflation pourrait se traduire théoriquement par l'amélioration de la compétitivité de l'économie guinéenne.

M. Chérif Bah, Gouverneur de la Banque Centrale

…mais la situation extérieure demeure préoccupante

La dépréciation du franc guinéen par rapport aux principales devises s'est poursuivie depuis la réforme monétaire de 1986 pour se stabiliser pratiquement à partir de 1992. Sur la période 1986-2001, le taux moyen de dépréciation du franc guinéen par rapport au dollar américain a été de 12,1%, passant de 17,5% en 1987 à 26,1% en 2000, du fait des déséquilibres qui avaient caractérisé l'année 2000 (effets des incursions rebelles en septembre).

Le solde courant de la balance des paiements s'est globalement dégradé entre 1988 et 2001, du fait en particulier de la baisse des cours des principaux produits exportés par la Guinée (bauxite et alumine). Sur la même période, le ratio déficit courant/PIB est resté supérieur à 5% en moyenne.

Le ratio service de la dette/exportations s'est également dégradé. La valeur moyenne du ratio est restée au-dessus des 21%. Quant au ratio encours de la dette/PIB, il a été de 89,9% en moyenne, avec 123,1% en 2001, du fait d'avoir différé les rééchelonnements et annulations de la dette dont a bénéficié la Guinée en décembre 2000. Le niveau élevé de ce ratio montre que la marge de manœuvre sur le plan social de la Guinée demeure insuffisante.
Quelles sont les perspectives pour 2002-2003 ?

Conçu pour servir de cadre d'orientation de toute l'action publique, le Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) demeure au cœur de la politique du Gouvernement. L'objectif fondamental pour la période 2002-2003 est d'établir trois conditions nécessaires : l'accélération de la croissance économique avec de larges opportunités d'emplois et de revenus pour les pauvres ; le développement et l'accès équitable aux services de base, l'amélioration de la gouvernance, et le renforcement des capacités institutionnelles et humaines.
L'obtention d'un croissance soutenue, durable et portée en grande partie par ces secteurs de croissance, permettra de toucher la majorité des pauvres et de générer les ressources nécessaires pour le financement des actions de lutte contre la pauvreté. A cet égard, l'amélioration du cadre de développement et d'épanouissement du secteur privé doit être le champ de bataille du Gouvernement. Pour S.E M. Lamine Sidimé, 1er Ministre de la République de Guinée, (link to interview) " le DSRP est basé sur la mobilisation de toutes les ressources minières, de toutes les ressources financières, et de l'apport de nos partenaires bilatéraux et multilatéraux, de manière à ce que la pauvreté puisse reculer dans notre pays ".

L'enjeu de la politique du Gouvernement, tel que l'ont indiqué les populations à la base, est de leur assurer des revenus réguliers et suffisants pour couvrir leurs besoins essentiels, offrir des services de base suffisants, de qualité et accessibles. Par conséquent, les objectifs macro-économiques pour 2002-2003 sont les suivants :

* réaliser un taux moyen de croissance du PIB en termes réels de 4,1%, soutenu par l'augmentation de la valeur ajoutée de tous les secteurs porteurs de croissance : secteur développement rural (5,4%), secteur secondaire (4,5%), secteur tertiaire (2,6%) et DRI (10%) ;

* contenir l'inflation à un taux annuel moyen de 3,8% avec une masse monétaire de 723 milliards GNF, un taux de change moyen de 2043,20 GNF pour un dollar américain, des réserves de change de 365,97 milliards GNF, soit 4,5 mois d'importations de biens et services, et un solde des transactions courantes non compris les transferts publics de 173,81 millions USD, soit 2,7% du PIB ;

* réaliser un solde budgétaire, base engagement hors dons de 482,40 milliards GNF, soit 7,6% du PIB avec un cumul de 704,84 milliards GNF en recettes fiscales (11,1% du PIB), 238,99 milliards en traitements et salaires (33,9% du total des recettes fiscales) et 124,50 milliards en investissements sur BND (17,7% du total des recettes fiscales) en moyenne entre 2002 et 2003.

Graphique

Pour atteindre ces objectifs, le Gouvernement devra mettre en œuvre des politiques budgétaires et monétaires, soutenues par des réformes structurelles. Il lui faudra également s'appuyer sur un secteur bancaire sécurisé, sain et compétitif - caractéristiques que l'on peut progressivement attribuer au système guinéen. Pour ce faire, la BCRG (Banque Centrale de la République de Guinée) a intensifié la surveillance des banques commerciales présentes en Guinée, en collaboration avec la SGS (Société Générale de Surveillance). Le secteur bancaire est composé des banques commerciales suivantes : la BICIGUI (Banque Internationale pour le Commerce et l'Industrie de Guinée) et la SGBG (Société Générale des Banques de Guinée) - qui sont les 2 principales banques du pays -, puis Ecobank , l'UIBG (Union Internationale des Banques de Guinée), ICB (International Commercial Bank), et la BIG (Banque Islamique de Guinée). Ces banques sont sous la tutelle de la BCRG (Banque Centrale de la République de Guinée), qui, nous explique M. Ibrahima Chérif Bah, Gouverneur de la BCRG, " est aujourd'hui comme toutes les autres Banques Centrales du monde. Elle contrôle un système bancaire neuf, rendu compétitif, assaini, restructuré et bien surveillé ".

M. Abdelilah Ghessous, DG de la BIG

En ce qui concerne le secteur des assurances, les principaux acteurs du marché sont l'UGAR (Union Guinéenne d'Assurances et de Réassurances), dont " le tour de table, nous explique M. Raphaël Youmba Touré, DG d'UGAR, est constitué de trois groupes qui se répartissent le capital comme suit : 35% pour AXA S.A., 35% pour l'Etat guinéen et 25% pour les privés guinéens " ; et la SOGAM (Société Guinéenne d'Assurances et de Réassurances) qui, selon M. Amadou Dieng, DG de la SOGAM, se distingue par le fait qu'elle soit une société anonyme avec des capitaux guinéens uniquement, contrairement à son principal concurrent. Selon M. Amadou Dieng, " l'important, c'est qu'on puisse rassurer les investisseurs potentiels que les milliards de dollars qu'ils nous ont confiés sont confiés - via la réassurance - à des personnes qui sont autrement très puissantes, et ce sont des personnes qui peuvent, en cas de sinistres, réagir ". Ces 2 sociétés sont respectivement première et deuxième du marché guinéen de l'assurance et de la réassurance.

M. Rapahel Yomba Touré, DG de UGAR

M. Amadou Dieng, DG de la Sogam

Il convient enfin de citer la LONAGUI (Loterie Nationale de Guinée) qui a pour mission de gérer tous les jeux en Guinée et de protéger les intérêts de l'Etat. L'une des plus importantes institutions sous tutelle de la LONAGUI est la société PMU+ Guinée, filiale du groupe FELICIAGGI, qui est devenue aujourd'hui, selon M. Philippe Tulière, PDG de PMU+ Guinée , " l'un des plus grands bailleurs de fonds privés de Guinée ".

M. Philippe Tulière, DG de PMU+ Guinée

NEPAD, quels enjeux pour la Guinée ?

Le NEPAD (New Partnership for African Development) est une promesse faite par des dirigeants africains, fondée sur une vision commune ainsi qu'une conviction, ferme et partagée, qu'il leur incombe d'éradiquer d'urgence la pauvreté, de placer leurs pays, individuellement ou collectivement, sur la voie d'une croissance et d'un développement durable.

Les discussions sur le NEPAD ont révélé que dans plusieurs pays comme la Guinée, les sociétés civiles n'avaient pas été associées à la formulation du NEPAD. Or, un programme, quelque soit son contenu, doit obtenir l'adhésion de la société civile pour qu'il ait une chance de succès. Pour que celle-ci adhère, elle a besoin d'être suffisamment informée sur les contours et les attentes. Avant le NEPAD, bien d'autres initiatives ont existé et auxquelles la Guinée a adhéré : le plan d'action de Lagos, les mécanismes et programmes initiés par le FMI , la Banque Mondiale, le PNUD…

Avec le NEPAD, une nouvelle chance s'offre à la Guinée. La démarche devrait consister à établir une liaison entre le DSRP (Document de Stratégie pour la Réduction de la Pauvreté) et le NEPAD. De cette manière, on peut considérer le DSRP comme le document de base, en raison de son caractère national, à partir duquel on doit se prononcer pour le NEPAD.

L'adhésion de la Guinée au NEPAD devrait passer par la réalisation des objectifs suivants :

* Privilégier l'espace de coopération CEDEAO (Communauté Economique Des Etats d'Afrique de l'Ouest), via la création d'une monnaie unique dans la zone des 14 pays de la CEDEAO. L'une des étapes importantes vers cet objectif est la réalisation prévue pour le 1er juillet 2005 de la ZMAO (2ème Zone Monétaire de l'Afrique de l'Ouest). Dans le discours d'ouverture du 4ème sommet de l'Autorité des Chefs d'Etat et de Gouvernement de la ZMAO qui s'est tenu en novembre 2002 à Conakry, le Général Président Lansana Conté a rappelé que " l'harmonisation entre les économies concernées est indispensable pour atteindre les résultats escomptés. La tâche n'est aisée, mais la communauté de destin qui unie nos peuples respectifs demeure notre atout majeur ".

* Attirer les investisseurs privés étrangers en Guinée en restructurant les systèmes judiciaires et administratifs. Cheick Ahmadou Camara, Ministre des Finances , tient d'ores et déjà à leur " garantir non seulement la sécurité de leurs investissements, mais aussi et surtout le rapatriement de leurs capitaux quand ils le désirent, et où ils le désirent ".

* Annuler la dette qui constitue un frein au développement de la Guinée (la dette au niveau du continent représente aujourd'hui 300% des exportations). L'adhésion de la Guinée au programme PPTE (Pays Pauvre Très Endetté) va lui permettre d'évoluer vers un allègement du stock de la dette d'environ 800 millions USD au point d'achèvement.
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