Les autorités guinéennes ont longtemps
sous-estimé et marginalisé le secteur
du tourisme et de l'hôtellerie pour finalement
prendre conscience, à partir du milieu
des années 90, de son importance dans le
développement du pays. Et aujourd'hui,
selon la Ministre du Tourisme,
de l'Hôtellerie et de l'Artisanat, Madame
Sylla Koumba Diakité : " la Guinée
est prête pour le décollage touristique
".
Avec l'ouverture relative mais progressive de
la Guinée au monde extérieur et
la multiplication d'infrastructures hôtelières
acceptables, on assiste depuis quelques années
à une augmentation du nombre de touristes
en Guinée, pour la plupart européens.
Les flux touristiques ont atteint les 34.000 arrivées
en 2001. Ce chiffre, d'après les spécialistes
du secteur atteindra 40.000 à l'horizon
2004.
L'augmentation des flux touristiques ces dernières
années a amené les autorités
guinéennes à porter un il
vigilant sur le secteur et en faire une préoccupation
de tous les jours. C'est ainsi que des batteries
de mesures sont prises dans le sens de l'amélioration
des sites existants. Parallèlement, on
a pu assisté à une large libéralisation
du secteur.
On peut constater que les hôtels conformes
aux normes internationales sont très peu
nombreux, et la plupart sont situés au
centre ville de Conakry. On peut notamment citer
l'Hôtel
Novotel ou Grand Hôtel de l'Indépendance,
qui est, selon M.
Jean-Yves Danet, son Directeur Général,
" un élément incontournable
du paysage touristique de la Guinée ",
le Riviera Royal Hôtel, l'Hôtel
Camayenne ou encore les Hôtels Mariador.
M. Jihad Bassil, DG du Riviera Royal Hôtel,
fait également partie de ceux qui croient
au potentiel touristique de la Guinée,
et il est convaincu que " lorsque les investisseurs
arriveront en Guinée, les premiers à
en profiter seront les hôtels ".
En plus des hôtels précités,
les petits hôtels et auberges foisonnent
à travers tout le pays, mais le service
et la propreté demeurent très aléatoires.
Prise
de conscience progressive du Gouvernement |
Dès 1984, les nouvelles autorités
avaient décidé de relancer ce secteur
et de le faire entrer, comme les autres secteurs,
dans l'économie de marché.
C'est dans cette optique que furent successivement
créés ou élaborés:
- l'Office National du Tourisme et de l'Hôtellerie
(ONATHOL)
- Un Secrétaire d'Etat au Tourisme et à
l'Hôtellerie
- Un Ministère du Tourisme, de l'Hôtellerie
et de l'Artisanat qui s'est doté d'un schéma
directeur de développement du Tourisme
et de l'Hôtellerie avec l'appui de l'OMT
(Organisation Mondiale du Tourisme) et du PNUD
(Programme des Nations Unies pour le Développement).
Le gouvernement du Président Lansana Conté
a en effet pris conscience, dans une certaine
mesure, des réalités guinéennes
et des nécessités de développer
ce secteur. Ainsi, au titre des réalisations
concrètes qui ont été réalisées
ces dernières années, on peut évoquer
la création d'agences de voyages, de restaurants
et d'hôtels, ou encore l'aménagement
de certains sites touristiques aux îles
de Loos, à Tassana, à Kindia...
De plus, En ce qui concerne les réformes
du gouvernement, on se doit de citer :
- La création d'un Haut Commissariat au
Tourisme et à l'Hôtellerie.
- L'aménagement touristique pour la période
1994-1999.
- La révision du schéma Directeur
de Développement du Tourisme en collaboration
avec le PNUD et l'OMT.
- Le fonds de Promotion et de Développement
du Tourisme (FPDT).
- La création de Taxes de Promotion du
Tourisme pour alimenter le FPDT.
- La coordination PAT (Projet d'Assistance Technique)/PNUD/OMT
pour la mise en oeuvre du Plan Stratégique
de Développement Durable du Tourisme (PSDT).
- La création d'une Fédération
patronale du Tourisme et de l'Hôtellerie
(FTPH) et une Fédération Nationale
des Artisans de Guinée (FNAG). La FPTH,
nous explique M.
Karim Coumbassa, Président de la FPTH,
" travaille en partenariat avec le ministère,
et participe finalement, non seulement à
l'élaboration de tout le programme du plan,
c'est-à-dire du développement économique,
mais dans son application aussi sur le terrain
pour aider le ministère à faire
tourner la machine ".
La Guinée
accueille l'ATA |
L'un des signes montrant la réelle volonté
du Gouvernement guinéen de faire du tourisme
une priorité nationale a été
l'accueil, du 28 avril au 3 Mai 2002, du 27ème
congrès de l'ATA (African Travel Association)
à Conakry. Ce congrès a réuni
près de 250 visiteurs d'Amérique,
d'Europe, d'Asie et d'Afrique. Il faut rappeler
que l'ATA est une organisation internationale
créée en 1975 pour la promotion
du tourisme sur le continent africain. Ses activités
consistent à promouvoir les attractions
touristiques par la formation, la communication,
l'organisation des salons de conférences,
mais également par l'amélioration
des qualités de prestations, des intervenants
dans l'industrie touristique
Le siège
de l'ATA se trouve à New York et regroupe
plus de 400 vendeurs de voyages, notamment des
tours opérateurs, agences de voyages, chaînes
hôtelières établies en Amérique
du Nord, en Asie et au Moyen Orient. Plusieurs
états africains sont membres de l'ATA,
et les ministres en charge du tourisme assument
à tour de rôle, et pour une période
de 2 ans, la présidence de l'organisation
avec un conseil exécutif.
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La Guinée est devenue membre de l'ATA
en 1977. Depuis, le pays a successivement participé
aux 22ème, 23ème, 24ème et
25ème congrès qui se sont tenus
respectivement à Cotonou (Bénin)
en 1997, à Arusha (Tanzanie) en 1998, à
Accra (Ghana) en 1999 et à Addis-Abeba
(Ethiopie) en 2000. Chaque membre contribue à
hauteur de 1500 USD/an à la vie de l'organisation.
C'est pendant le 23ème congrès d'Arusha
en 1998 que la Guinée a été
choisie pour abriter le 27ème congrès
de l'ATA en Mai 2002.
Il convient de rappeler qu'au cours du congrès,
une journée entière est accordée
au pays hôte pour présenter aux participants
ses atouts, par l'intermédiaire de ses
sites touristiques et de son potentiel artistique
et culturel. Pour ce qui est de la Guinée,
le renforcement de la coopération avec
l'ATA peut être une filière déterminante
pour l'ouverture de son marché touristique
vers des pays émetteurs à grand
potentiel..
Pendant 6 jours, des promoteurs et des hommes
d'affaires de tous horizons ont réfléchi
sur les possibilités de relance et de développement
du tourisme africain. Le Ministère
du Tourisme, de l'Hôtellerie et de l'Artisanat
et l'Office National du Tourisme (ONT), conscients
des enjeux d'un tel congrès, ont été
pendant plusieurs mois à pied d'uvre
pour vendre l'image de la Guinée qui, paradoxalement,
est très en retard dans ce domaine. Le
symbole de ce congrès, la Guinée
: " Nature, Culture, Hospitalité ",
a laissé entrevoir les attentes des autorités
guinéennes en matière de tourisme
; un tourisme pourvoyeur d'emplois faisant intervenir
toutes les facettes du développement.
Des efforts
restent à faire |
Malgré ces initiatives, des contraintes
demeurent, telles que l'insuffisance des infrastructures,
la vétusté des structures hôtelières,
le manque d'aménagement des sites d'accueil,
le manque de professionnels du tourisme, la faiblesse
des investissements dans ce secteur, et la faiblesse
des activités promotionnelles. Autant de
contraintes qui expliquent en partie que ce secteur
vital n'ait pas su bénéficier, comme
les autres secteurs de l'économie guinéenne,
des résultats de la mise en oeuvre des
réformes et programmes d'assainissement,
et de reconstruction élaborée par
le gouvernement.
Retenu comme l'un des secteurs clés dans
la lutte contre la pauvreté, le secteur
du tourisme est paradoxalement le plus pauvre
des ministères. En effet, avec un budget
de 1,3 milliards GNF en 2001 (environ 7 millions
USD), dont 300 millions destinés aux infrastructures
publiques, Mme Sylla Kadja
Koumba Diakité, la Ministre du Tourisme,
de l'Hôtellerie et de l'Artisanat, doit
jouer de tout son art de la diplomatie pour attirer
les touristes, intrigués depuis quelques
années par les merveilles guinéennes,
notamment ses montagnes, sa faune et sa flore
exceptionnelles, ses rythmes et ses musiques,
ses plages, ses routes des esclaves et tant d'autres...
Le nombre de touristes a augmenté depuis
quelques années, malgré l'insécurité
qui avait séjourné aux frontières
et le manque d'infrastructures hôtelières
adéquates. Mais le problème majeur
reste probablement celui des mentalités.
En effet, le Guinéen, contrairement à
ses homologues Sénégalais, Maliens,
Ivoiriens ou Burkinabés, n'a pas encore
saisi l'importance du tourisme dans le développement
socio-économique de son pays.
Avec une population artisane profondément
attachée à sa culture, la Guinée
a en main un secteur duquel elle peut puiser d'énormes
devises pour son développement. Il faut
à cet effet une politique d'incitation
visant à amener les touristes et à
rendre leur séjour agréable. Cette
politique devra faciliter la libre circulation
des touristes à l'intérieur du pays,
la liberté de filmer, de photographier
et surtout la sensibilisation des forces de l'ordre
face aux attitudes nouvelles à adopter.
On peut noter un premier pas marquant la volonté
du Gouvernement d'aller dans ce sens avec la levée,
depuis le 4 mars 2003, des barrages nocturnes
à l'intérieur de la capitale.
Perspectives |
La politique du Gouvernement et des différentes
institutions responsables du développement
touristique est notamment de " cibler des zones
pour dégager une méthode d'approche
qui considérerait certaines zones comme des
pôles de croissance du tourisme ", selon
M. Ibrahima Diallo, D.G. de l'Office National du
Tourisme (ONT) .
Ainsi, les actions concernent à la fois
les investissements de désenclavement et
l'aménagement d'une part, et les investissements
de valorisation et d'exploitation d'autre part.
Pour ce faire, certains projets de développement
précis sont à l'étude :
- Organisation périodique de manifestations
culturelles ou sportives d'envergure nationale
et internationale.
- Rénovation et création de véritables
musées ou de centres de création
artistique.
- Etude et aménagement d'un " lodge
" au bord du fleuve Niger dans le parc du
Haut-Niger.
- Etude et aménagement d'un village touristique
dans la zone de Labé, Pita, Dalaba.
- Etude et aménagement de la maison du
Gouverneur sur le Mont Ziama, à Sérédou.
- Aménagement de la mangrove à Dubréka.
- Aménagement d'un terrain de golf à
Dalaba.
- Implantation d'un port de plaisance à
Conakry.
- Aménagement des sites négriers
à Boffa, Dubréka et Forécariah.
- Création d'un centre de thermalisme à
Gaoul.
La prise en compte de telles mesures permettra
de donner une importante place à ce secteur
capital dans la détermination de l'IDH
(Indice du Développement Humain), et donc
de faire un grand pas dans la lutte pour la réduction
de la pauvreté. Conscientes de l'importance
du secteur touristique, les autorités guinéennes
font des investissements de plus en plus accrus
pour améliorer la qualité des réceptifs
de l'intérieur du pays et construire de
nouvelles infrastructures hôtelières
et touristiques, en s'appuyant pour cela sur les
investisseurs privés. Ces derniers contribuent
très largement à la promotion touristique
et hôtelière. A titre d'exemple,
on peut notamment citer la construction d'un complexe
hôtelier à Bel Air, situé
à Boffa (à 150 km de Conakry) par
la société SERICOM, du Groupement
Santullo.
Toutefois, d'autres efforts sont encore nécessaires
afin de :
- Promouvoir la destination Guinée sur Internet.
- Veiller à la propreté de l'environnement.
- Rechercher l'adéquation des conditions
de transport au besoin du tourisme.
- Inciter le secteur privé dans le construction
et la réhabilitation de réceptifs
hôteliers et l'aménagement de nouvelles
zones touristiques.
- Réhabiliter les infrastructures existantes,
notamment le réseau routier.
La concrétisation de ces projets, dans
l'hypothèse où ils bénéficient
de l'appui des investisseurs étrangers,
permettra peut-être à la Guinée
de gagner la place qu'elle mérite au rang
des destinations touristiques africaines.
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