ALGERIA
la Nouvelle Generation

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INDUSTRIE

Vers de nouveaux horizons

Depuis le début des années 90, l'industrie algérienne, à l'image de tous les secteurs de l'économie nationale, s'est engagée dans un processus de réformes principalement articulées autour d'opérations de restructuration des entreprises publiques qui représentent 80 % du potentiel industriel du pays ; les 20 % restants constituent un tissu de PMI-PME privées. Ces entreprises peuvent jouir de facteurs prépondérants pour développer leur compétitivité, tels des coûts de production avantageux et un marché en pleine croissance.

Hors hydrocarbures, qui représente 97% des exportations, le secteur industriel manufacturier couvre un large panel d'activités, avec notamment l'industrie de base (métallurgie, sidérurgie, mécanique), la filière textiles et cuirs, l'industrie électrique et électronique, l'agroalimentaire, les matériaux de construction, la chimie, etc. L'essor de tous ces secteurs dépendra, pour partie, de la bonne gestion des pouvoirs publics dans la mise en œuvre du plan de relance, notamment à travers une politique de restructuration fondée sur la privatisation.

Grands axes de la nouvelle politique industrielle

Les objectifs assignés au secteur industriel doivent, avant tout, prendre en considération les perspectives de son développement et de sa compétitivité dans le nouveau contexte d'ouverture du marché. La prochaine adhésion de l'Algérie à l'Organisation Mondiale du Commerce et l'accord d'association avec l'Union Européenne constituant évidemment un incitant majeur pour la mise à niveau de l'outil de production. Si des efforts notoires ont déjà été accompli, beaucoup de chemin reste à parcourir en terme de performances et de compétitivité. Le développement du secteur industriel continue , trop souvent, d'être tributaire de nombreuses contraintes: équilibre financier fragile, investissement trop réduit, environnement institutionnel et financier peu performant, vétusté des équipements et absence d'ouverture sur les techniques modernes de gestion.

Le complexe ASMIDAL à Annaba, leader dans la production d'engrais, en voie de privatisation

Il apparaissait donc urgent d'impulser une nouvelle dynamique de restructuration qui définisse les conditions et les besoins de la mise à niveau du secteur industriel, tant dans son fonctionnement interne que par rapport à son environnement. Cette exigence passe par un désengagement de l'Etat de la gestion des entreprises, pour désormais se limiter à des mesures d'encouragements, à travers une politique industrielle dynamique. " Il est entendu que l'objectif principal de tout ce processus reste le renforcement de l'autonomie des entreprises dans la gestion. L'accompagnement des entreprises par l'Etat, dans l'étape actuelle, vise la préparation de celles-ci à la privatisation, pour garantir à l'Algérie un secteur privé, qui pourrait jouer un rôle primordial dans la création d'emploi et dans l'établissement d'une croissance durable.Ceci permettra à l'Etat de se retirer, progressivement,de la sphère de production. ", remarque Mr. Abdelmadjid Menasra, ancien ministre de l'industrie et de la restructuration.
 
Quittant son ancien rôle de régulateur d'une économie planifiée, l'Etat à donc maintenant la tâche de sensibiliser les entreprises aux lois de la concurrence. Un programme d'appui au développement de la compétitivité industrielle a été élaboré en ce sens. Les priorités retenues concernent, notamment, le soutient des entreprises dans leurs démarches de modernisation et d'investissement, par une politique de restructuration privilégiant des ajustements qualitatifs, le partenariat et les privatisations. Des services d'appui à l'industrie (ingénierie, formation spécialisée, recherche et développement, contrôle de qualité, etc.) ont, par ailleurs, été mis en place.

L'apport du partenariat

L'action de partenariat est une action déterminante pour élargir la base industrielle et amener les entreprises à conforter leurs positions vis à vis du marché national, mais aussi et surtout des marchés extérieurs. Parlant des entreprises publiques, Mr. Menasra confirme d'ailleurs: " (…) la seule solution est la recherche de partenaires qui obtiendront un marché important, en contre partie de leurs apports en fond, en technologies et en expertises. C'est là, la seule issue pour ces entreprises qui feront l'objet d'un traitement particulier de la part de l'Etat à travers un assainissement financier, une réorganisation et une refonte de leurs structures ".

La sidérurgie, l'une des branches les plus importantes de l'industrie nationale, est résolument engagée dans ce processus de partenariat. L'exemple du complexe Sider d'El Hadjar (Est Algérien) est éloquent à ce sujet.

" Nous avons réussi à trouver un partenaire stratégique au terme de négociations ardues, qui ont donné lieu à un accord avec Ispat International. Il s'agit d'un partenariat réussi, qui a drainé des investissements pour le renouvellement de l'outil de production. C'est également un partenaire qui va augmenter le volume et les capacités de production et permettre une recherche de marchés pour exporter l'excédent. " Explique Mr. Shrider Marar, P.D.G. de ISPAT Annaba qui estime aussi que la venue de son groupe en Algérie a été motivée par les nombreuses opportunités offertes par le pays, d'abord à cause de l'existence d'un marché intérieur, ensuite en raison du grand avantage que représente la proximité du Maroc et de la Tunisie. Le partenariat Ispat - Sider devrait assurer un chiffre d'affaires minimal de 300 millions de dollars et assurer le maintient de 12.000 emplois ; une hausse de production de 30% est, par ailleurs, déjà atteinte. Au-delà des avantages offerts par le site lui-même, dont l'existence d'un port et la proximité de la rive sud de l'Europe, Mr. Marar remarque que son groupe a reçu tout le soutien nécessaire de la part du gouvernement.

Dans un segment connexe, l'ENCC, est un des rares équipementiers national opérant dans la chaudronnerie et la mécanique. Ses produits son généralement fabriqués sur mesure et sont destinés à l'équipement des infrastructures, ainsi qu'à celui de l'industrie. L'entreprise collabore avec différents secteurs, tels celui des matériaux de construction, de l'hydraulique ou encore de l'énergie. Selon son directeur général, Mr. Karadja Medjoubi, l'ENCC cherche à accéder aux nouvelles technologies, mais aussi à améliorer ses ressources financières par la filialisation, c'est à dire partager les risques et augmenter ses parts de marché. L'ENCC a déjà fait l'expérience de partenariats, notamment via des opérations avec des sociétés asiatiques, telles JVC, Mitsubishi et CIETO.

Bati-or, une société évoluant dans le domaine de la construction, se tourne, elle aussi, vers le partenariat. " Nous avons discuté avec plusieurs partenaires afin de convenir d'une collaboration en vue de rentabiliser les systèmes de construction que nous possédons. Pour cela, nous recherchons un partenaire sérieux, afin de faire fructifier les capacités matérielles existantes au sein de notre entreprise. ", déclare Mr. Gana P.D.G. de Bati-or.
Une autre spécificité de cette société est l'utilisation de la sous-traitance. " La maîtrise du rendement et du délai est plus facile à mettre en œuvre par la sous-traitance, que par la gestion d'un effectif interne à l'entreprise. Cette manière de faire est, par ailleurs, liée avec la diminution des charges sociales et la satisfaction des partenaires et clients. " affirme Mr. Gana qui remarque, par la même occasion, que la sous-traitance permet davantage d'emplois indirects.

Mr. Zani, P.D.G. de l'entreprise de construction Ceralg regrette que ce type de gestion du personnel n'ait pas été appliqué plus tôt: " Nous aurions pu avoir la possibilité, avec les pays européens, de délocaliser certaines activités, très coûteuse du fait du prix de l'énergie et de la main-d'œuvre, et de les réaliser en Algérie. Ensuite, on réexporte une partie de la production et nous gardons l'autre pour notre propre développement. " Mr. Zani attend, par ailleurs, la privatisation totale de Ceralg avec impatience. " Il est impératif que nous puissions aller de l'avant et réussir cette privatisation. ", explique t'il. Ceci permettra sans doute à la société d'aller plus loin encore dans son partenariat avec Lafarge.

Un grand avenir pour la mécanique

Un autre pan de l'industrie qui connaît un essor remarquable, est celui des produits pharmaceutiques. Après quatre ans de libéralisation de ce secteur, l'Algérie a réussi à réduire sa facture d'importation de médicaments de près 500 millions de dollars/an. Ces performances encourageantes sont, notamment, dues à une restructuration du secteur pharmaceutique public, dont les missions ont été redéfinies ; entre autres, celle de la production. Cette nouvelle orientation a permis l'émergence d'importants groupes publics. Ces groupes développent par ailleurs, une série de joint-ventures avec des conglomérats internationaux tels que Pfizer, Novo Nordisk, Dar Dawa, Lilly, Rhône Poulenc ou encore Pierre Fabre. La stratégie des producteurs locaux cible les médicaments génériques et la substitution progressive des produits largement utilisés, comme ceux pour les maladies chroniques. On compte aujourd'hui une vingtaine de producteurs privés algériens, réunis majoritairement au sein du SAIP (syndicat algérien des industries pharmaceutiques) et une dizaine de groupes étrangers activant en Algérie.
Dans le secteur de la mécanique, la Société Nationale des Véhicules Industriels (SNVI) s'engage dans une voie de développement ambitieuse, après la réussite de son plan de restructuration et son retour à la croissance. Mr. Chahboub, P.D.G. de la SNVI, se positionne lui aussi en faveur du partenariat: " La SNVI, à travers des partenariats, cherche à s'entourer et à drainer des investissements en Algérie. " C'est le cas maintenant avec certaines activités définies, telle, par exemple, celle des boîtes de vitesses, pour lesquelles un partenariat est en cours avec l'Allemand ZF. La SNVI a, par ailleurs, entreprit des discussions avec de grands constructeurs automobiles, à l'image de Renault véhicules industriels, MAN ou encore Mercedes. Il se tourne également vers les marchés extérieurs et notamment ceux des pays arabes et l'Afrique francophone. Il reste que le secteur de la mécanique en Algérie est prometteur, avec une demande qui va sensiblement croître dans les prochaines années, plus encore si la relance économique annoncée se met en place.

Objectif exportation

Concrétisation des ambitions avec la signature d'un contrat de 20 millions d'Euros avec l'Irak

GIPEC, leader national de l'industrie papetière. Cette société, jouissant d'une bonne santé financière, affiche clairement ses ambitions par la voix de son P.D.G., Mr. Mustapha Merzouk: " Nous avons comme axe de travail stratégique l'ouverture de notre groupe à un partenariat multiforme, national ou étranger, susceptible de déboucher sur la privatisation totale ou partielle de nos filiales ". D'autre part, Mr. Merzouk signale que c'est le partenariat qui permettra à son groupe de se moderniser et d'améliorer son niveau de production pour la pénétration de nouveaux marchés. L'exportation est, en effet, elle aussi, un axe prioritaire du développement de GIPEC. " Nous ciblons actuellement le marché maghrébin et nous somme en train de réaliser une petite percée sur le Moyen-Orient. D'ici peu, je pense que nos produits seront prêts pour l'exportation sur les marchés européens et asiatiques ", affirme Mustapha Merzouk.

Cette volonté de s'aligner sur un esprit de compétitivité et d'ouverture est également perceptible dans les propos de Mr. Belhadj Mokhtar, P.D.G. de Belcol, une compagnie privée jouissant d'une longue tradition dans le domaine de la confection de colles industrielles et qui est aujourd'hui, le leader algérien de ce marché, avec 60% des parts. " Il est vrai que nous somme leader sur le marché local, mais nous recherchons encore à acquérir de l'expérience et du savoir-faire. Notre technique est certes bien au point, mais reste cependant perfectible. Il nous reste encore quelques lacunes ; nous comptons à la fois sur nous-mêmes et sur notre partenaire pour arriver à les combler. Notre partenaire aura le savoir-faire et les techniques, nous avons de notre côté une main d'œuvre compétente, composée de techniciens formés grâce à des stages à l'étranger, ainsi qu'une implantation de premier choix sur le marché algérien ". L'objectif de Mr.Belhadj Mokhtar est de pénétrer le plus de marchés possible, afin d'exporter au moins 25% de la production. Aujourd'hui, l'exportation de Belcol ne représente que 5% du chiffre d'affaire.

Un autre pan de l'économie appelé à un essor prochain est certainement celui des matériaux de construction. On note, en effet, une augmentation constante de la demande des algériens en ciment. Actuellement, la consommation annuelle tourne autour de 8.5 millions de tonnes. Dans cinq années, cette consommation avoisinera vraisemblablement les 12 à 13 millions de tonnes/an. Les cimenteries, toutes détenues par l'Etat, seront-elles aussi amenées, dans les deux années à venir, à connaître un programme de réhabilitation et de privatisation (trois d'entre elles font déjà l'objet d'un appel d'offre). Cette opération sera accompagnée par un encouragement à de nouveaux investissements privés. La question du respect de l'environnement sera, quant à elle, bien évidemment prise en considération.

L'industrie algérienne retrouve progressivement un nouveau souffle. Stimulée par une nouvelle génération de patrons ambitieux, elle s'engage sur la voie d'un libéralisme adapté, résolument tourné vers le monde extérieur. Forte de ses atouts, tels la proximité du vaste marché européen et des coûts de production avantageux, l'Algérie offre aux opérateurs économiques un vaste terrain d'investissements. Ces derniers sont soutenus dans leurs efforts par un gouvernement entièrement acquis à leur cause. Mr. Abdelmadjid Menasra rappelle ainsi que " La loi algérienne ne fait pas de distinction entre les investisseurs nationaux et étrangers. Le gouvernement favorisera toujours et davantage les formalités ayant trait à la réalisation de l'investissement. " L'ancien ministre confirme également que le marché algérien est porteur, avec une base industrielle solide, une main d'œuvre qualifiée, de l'énergie à bon marché et d'excellentes opportunités d'affaires.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on algeria published in Far Eastern Economic REVIEW.
November 28th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv