ALGERIA
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FINANCES

Les banques en mouvement

Afin de soutenir l'ensemble des reformes mises en route par le gouvernement, une refonte du secteur financier était indispensable. Aujourd'hui, le système algérien compte quelques 20 banques commerciales en marge de la Banque centrale, trois bureaux de représentation de grandes banques internationales, une bourse des valeurs, une société de refinancement hypothécaire, des caisses d'assurance-crédit, etc.


Mr El-Hachemi, PGD de la CPA

Le secteur bancaire publique domine toujours le marché, malgré une montée en puissance remarquée du privé. L'intervention des banques dans le financement des activités économiques a, par ailleurs, évolué de manière significative. Mr. El-Hachemi Meghaoui, P.D.G. du Crédit Populaire d'Algérie (CPA) affirme: " Le secteur bancaire est engagé dans une mutation qui devrait se traduire par une bancarisation plus importante et par des opérations plus rapides. La modernisation devrait également s'accélérer par la mise en oeuvre de partenariats avec les institutions bancaires et financières internationales. Le plan de relance de l'économie et de privatisation offre en outre d'autres opportunités, notamment dans l'ingénierie financière, le montage financier des grands projets et le développement de financement type leasing ou capital-risque ".

Ouverture de capital jusqu'à 100%

Arriver à une qualité des services est aujourd'hui devenu possible, au terme d'un long processus d'assainissement de la trésorerie des banques publiques, qui en est à sa dernière phase. Celles-ci renouent maintenant progressivement avec une situation d'équilibre pour mieux affronter la rude concurrence que mènent déjà les banques privées. Le contexte est également tout à fait différent, puisque, depuis la promulgation des nouveaux textes sur la privatisation et la gestion du secteur public, les banques d'Etat peuvent ouvrir leur capital jusqu'à 100% et ainsi accéder à une privatisation totale. C'est le cas du Crédit Populaire d'Algérie (CPA) qui, selon son P.D.G. Mr. El-Hachemi Meghaoui, a déjà pris la décision d'ouvrir son capital: " Depuis fin 1999, nous avons avancé dans notre réflexion et nous avons décidé, avec les orientations et l'accord de nos actionnaires, d'ouvrir le capital de la banque. Nous avons considéré que cela était nécessaire pour réaliser nos ambitions afin de devenir une banque ouverte aux marchés internationaux, et offrant à sa clientèle une diversité de produits disponibles au niveau international ". Une avancée dans ce sens est déjà perceptible à travers les nouveaux services dispensés par le CPA, à l'image du crédit immobilier, du crédit à la consommation et de celui pour les professions libérales. Quant au réseau informatique des différentes agences CPA, celui-ci a largement été perfectionné et fait actuellement l'objet d'un projet pour la mise en place d'une messagerie interbancaire. Par ailleurs, le CPA participe activement au programme d'amélioration du système de payement, par l'introduction de la carte de crédit.
Les mêmes ambitions sont affichées par la Banque de l'Agriculture et du Développement Rural (BADR). Cette banque qui était à la base destinée à répondre aux besoins spécifiques du secteur agricole et rural, mais avec les changements d'orientation de la politique économique enregistré ces dix dernières années, a élargi ses activités pour venir en aide à d'autres secteurs. La banque s'adapte ainsi actuellement à la demande du nouveau marché. Tout dernièrement, elle a mis en place le concept unique de " banque assise " avec services personnalisés, permettant de mieux prendre en charge les hommes d'affaires et les porteurs de projets. Les premiers résultats de cette initiative sont déjà perceptible: d'importante sociétés ont rallié la BADR, dont Naftal, Sonelgaz, Sonatrach ou encore Orascom. Concernant l'entrée d'un partenaire dans le capital de la banque, Mr. Farouk Bouyacoub, P.D.G. de la BADR, indique que " La priorité est pour le moment la mise à niveau de la BADR, car il est avant tout préférable de négocier l'entrée en capital d'un partenaire étranger en position de force ".

Comme pour tous les secteurs de l'économie algérienne, celui des banques connaît un regain de l'activité privée. A ce jour, et depuis la libéralisation du secteur bancaire en 1991, on compte six banques privées algérienne, dont la plus connue, Khalifa Bank, a étoffé son réseau d'agences à travers le pays. C'est la seule banque à être universelle et à développer des services personnalisés comme la carte fidélité et le payement électronique. " El Khalifa Bank, dès sa création, a affiché sa stratégie qui vise à mieux servir sa clientèle en terme d'accueil, de qualité, de délais et d'offre de produits nouveaux. Ainsi nous disposons de guichets dont le modernisme des services tranche sur celui de la concurrence. Nous avons pu mettre à la disposition de l'ensemble des agents économiques un éventail de services bancaires destinés à un consommateur moderne. Pour cela, nous avons investi aussi bien dans les nouvelles technologies que dans le capital humain, afin de pouvoir servir notre clientèle avec célérité ", explique Mr. Rachid Amrouche, secrétaire général du groupe Khalifa. Quant aux banques étrangères, elles ont ouvert une vingtaine de succursales ces dernières années, telles la City Bank, Société Générale, BNP Paribas ou encore Exim bank ; elles participeront très certainement à doper le marché, tout en apportant ce nouveau souffle dont le secteur financier algérien a tant besoin.

Le tumulte bancaire

Au rythme de l'ouverture de son pays, la population algérienne va devenir de plus en plus exigeante envers son système bancaire, sans parler des investisseurs nationaux ou étrangers, qui ont impérativement besoin d'un soutien financier performant, dans le cadre de leurs opérations d'acquisitions et de partenariats ou encore dans celui de la privatisation. En effet, l'une des grandes appréhensions des économistes est de voir les entreprises privatisées, tout comme les nouveaux investissements, livrés à un secteur financier asséché et incapable de les accompagner. L'efficacité et la crédibilité des services bancaires est donc, maintenant, l'un des critères indispensable à prendre en considération dans le processus de réforme du système bancaire algérien. Le fait est, justement, que les banques d'Etat constituent l'un des rares secteurs où les réformes sont les moins perceptibles. L'accumulation de dettes dans la dernière décennie a entraîné un retard dans le processus de mise à niveau, tandis que la qualité des prestations, la rigidité sur les crédits (35 à 45 jours pour une lettre de crédit) et la lenteur des procédures continuent de freiner toute l'économie du pays. Il est, en effet, extrêmement préjudiciable que des transferts entre deux agences puissent monopoliser un à deux mois, que les transactions de fonds, entrants ou sortants, et devant impérativement passer par la Banque Centrale, durent entre un et deux mois et que, simple exemple, le chèque puisse encore être refusé lors d'un achat ou d'une transaction. Au regard de ces performances, un faible taux de bancarisation est enregistré dans les échanges, alors que la bureaucratie des banques d'Etat continuent de repousser une clientèle importante, mais encore méfiante à leur égard.
Assurances: inculquer la notion de risque

Le secteur des assurances connaît lui aussi, depuis la relance économique, un regain d'activité. Depuis 1995, une dizaine de compagnies privées d'assurances ont vu le jour, sans compter les agences qu'elles ont agréées. Plusieurs banques privées, constatant la rentabilité de cette branche, ont créé à leur tour leur propre filiale d'assurances, avec la perspective de quadrupler son chiffre d'affaires à l'horizon 2005. Selon une récente étude du Conseil National des Assurances (CNA), le marché est actuellement estimé à 250 millions de dollars/an ; ce qui, au regard des professionnels du secteur, est trop peu par rapport à ses réelles potentialités.

L'envergure du nouveau ministère des finances témoigne de la volonté de réformes du secteur

Toujours d'après les experts, il est nécessaire d'assouplir les textes au profit d'une plus grande libéralisation et lancer le chantier de la privatisation des compagnies publiques, telles que la SAA, la CAAR ou encore la CAAT. Mr. Mourad Medelci, ancien ministre des Finances, pense à, ce sujet, que la prochaine étape dans la réforme du système financier sera celle des assurances. Il estime par ailleurs que " le problème des assurances est lié aux mentalités locales qui ne sont pas familière avec la notion de risque, pourtant centrale dans une économie de marché. Le concept du risque doit gagner en clarté aux yeux des opérateurs économiques et des citoyens. Il est nécessaire d'introduire progressivement une culture et des croyances nouvelles pour que les opérateurs économiques, comme les citoyens, perçoivent la nécessité de s'assurer contre les différentes formes de risques, qu'elles soient sociales ou économiques ". Le secteur de l'assurance en Algérie offre un immense potentiel d'investissement.

Le P.D.G. de la Caisse Algérienne d'Assurance et de Réassurance (CAAR) affirme à ce sujet: " pour les investisseurs intéressés par le secteur des assurances,le marché est encore quasiment vierge. Je peux, par exemple, vous donner un chiffre: on peut évaluer le marché de l'assurance à un milliard de dollars en termes de potentialités or, nous en sommes actuellement à 250 millions de dollars. Voyez la différence à l'état actuel des choses. S'il y a des investisseurs qui rentrent, le marché sera beaucoup plus porteur ". La Compagnie française d'assurance du commerce extérieur (Coface) intervient, elle, en Algérie sous forme d'assurance-crédit court terme pour les biens de consommation, d'assurance-crédit moyen terme, d'assurance investissement et d'assurance construction. Cette institution estime maintenant que le " risque Algérie est acceptable ", c'est à dire que le pays est désormais plus fiable pour les investissements.

Bourse d'Alger: les balbutiements d'un rampant

Quelques compagnies d'assurances seront prochainement inscrites sur la liste des compagnies publiques à introduire à la Bourse d'Alger. Cette dernière, ouverte en 1998, ne fonctionne encore qu'avec quatre titres (les obligations de la Sonatrach et les actions de Saidal, Eriad-Sétif et El-Aurassi) et une seule séance de cotation hebdomadaire. Tout comme les actionnaires qui ont été nombreux à investir, le monde de la finance attend impatiemment que le marché soit re-dynamisé: vingt entreprises publiques lanceront dès cette année leurs offres publiques de vente et deux importantes compagnies privées devraient annoncer leur entrée en bourse.

D'autres changements, sont attendus par un autre segment du secteur financier, à savoir le crédit immobilier. Ce dispositif, lancé en 1998, vise à offrir la possibilité à certaines catégories sociales d'accéder au crédit bancaire pour l'obtention d'un logement, et aux promoteurs de financer leurs projets immobiliers. Cette initiative n'a cependant pas rencontré le succès escompté. En cause, le faible pouvoir d'achat, mais surtout les forts taux d'intérêts (11%) qui étaient pratiqués lors du lancement de ce produit. Pour certains analystes, c'est aussi le lancement par l'Etat du dispositif de location-vente, permettant aux acquéreurs le payement facilité de leur logement sur vingt ans, avec zéro intérêt qui a eu des retombées négatives sur ce produit. " En terme de location-vente, les premières projections du gouvernement tournent autour de 100.000 logements, or le déficit en logements tourne autour de 700.000 à 800.000 logements. Aussi, la location-vente cible une certaine population qui n'est pas la notre. Le logement promotionnel est destiné à des personnes qui ont plus ou moins de revenus. Notre gamme a l'avantage de tendre vers un produit de qualité supérieure", affirme le P.D.G. de la Société de Garantie du Crédit Immobilier (SGCI), Mr. Mourad Goumiri. " Notre stratégie est donc de pouvoir assurer le développement de ce marché, de créer un partenariat avec toutes les entreprises qui souhaitent le faire et ensuite de mettre en place la privatisation de cette entreprise le plus vite possible. Pour cela, il nous faut un partenaire international qui soit du métier, afin que nous puissions profiter des technologies nouvelles, de son expérience". En attendant, la SGCI développe un cycle de formation avec le PNUD. " Nous allons prochainement signer un contrat avec la Banque Mondiale de plusieurs millions de dollars pour développer ce marché, en terme de formation, de procédures, d'études et de moyens logistiques ". C'est un peu pour cela que la SGCI qui " cherche à mettre en place les mécanismes qui puissent débloquer tous les verrous qui gênent l'épanouissement du secteur de l'habitat, notamment les problèmes juridiques, techniques, économiques et les études d'évaluation ", aux dires de Mr. Goumiri qui prévient aussi: " Non seulement il faut venir investir mais il faut faire vite, car en terme de garanties, nous avons des réserves de change relativement importante, nos comptes nationaux sont relativement bons ; nous sommes un risque acceptable ".

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on algeria published in Far Eastern Economic REVIEW.
November 28th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv