ALGERIA
la Nouvelle Generation

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LE SECTEUR PRIVE

Moteur de l'économie algérienne

Mr. Rakif Abdelmoumen Khalifa, président du groupe Khalifa, emblème de la réussite du secteur privé algérien

L'importance du secteur privé en Algérie est souvent méconnue. Cette perception inexacte trouve, sans doute, son origine dans les relations commerciales qui ont prévalu, des décennies durant, entre des agents économiques étrangers et les entreprises publiques algériennes. Depuis 1998, le secteur privé a dépassé le secteur public et participe activement au changement des mentalités, dans le cadre d'une professionnalisation de l'économie. Il représente actuellement 60 % de la valeur ajoutée, hors hydrocarbures et emploie davantage de travailleurs que le secteur public. Le privé constitue, par ailleurs, le moteur essentiel de tout développement économique et social. Il s'impose donc au profit du public et démontre ainsi que toute relance de l'économie algérienne, passera nécessairement par sa réhabilitation. Au regard de ce marché relativement vierge, les opportunités d'investissements ne manquent pas, les opérateurs économiques ne s'y trompent pas et les projets foisonnent.

La voix du patronat

Interlocuteur maintenant incontournable pour le gouvernement, le secteur privé s'organise autour d'associations patronales, à travers lesquelles il compte exprimer sa vision des réformes pour le développement économique. On compte aujourd'hui de nombreuses organisations patronales, dont le FCE, la CIPA, la CGEOA, l'association SEVE, qui est l'organisation des femmes chefs d'entreprises, et la toute récente association des jeunes dirigeants. Le patronat siège aussi au Conseil de la monnaie et du crédit de la Banque Centrale algérienne et à l'ANDI depuis le début de cette année.

L'une des organisations les plus en vue est le Forum des Chefs d'Entreprises, totalisant 83 adhérents, en grande partie des industriels, pour un chiffre d'affaires global de 220 milliards de dinars. Son président, Mr.Omar Ramdane, en explique l'utilité: " L'objectif de ce forum est la création d'une organisation légère et facile, où les entreprises peuvent avoir un espace pour réfléchir aux questions économiques, analyser des thèmes qui concernent les conjonctures et formuler des solutions d'abord à l'attention des pouvoirs publics, pour aider à la prise de décision. Par la suite, nous voulons développer un certain nombre de services au bénéfice de l'entreprise ". Le rôle principal du forum est donc d'attirer l'attention des pouvoirs publics par des contributions et des propositions concrètes, afin que les choses aillent plus vite. Il s'agit d'obtenir une oreille plus attentive de la part du gouvernement et être consulté dans les grandes décisions, notamment dans celles concernant les enjeux de l'accord d'association avec l'Union européenne et la préparation de l'adhésion à l'OMC. L'un de ces enjeux majeurs est bien entendu relatif à la suppression des barrières douanières, ressentie comme une menace par le patronat qui demande un délai de préparation et de mise à niveau. En effet, en période de pénurie d'offre et sans réelles exigences de la part des consommateurs, certaines entreprises ont, dans le passé, obtenu des licences d'importation exceptionnelles. Evoluant autrefois dans un système fermé et jouissant, de ce fait, d'un protectionnisme primaire des taux de douanes, les sociétés algériennes ont donc parfois des difficultés à s'adapter aux nouvelles règles de la libre concurrence.

L'explosion du privé

L'avènement du secteur privé algérien est relativement récent. Dans les années 60 - 70, une base industrielle puissante avait été créée, financée par les recettes pétrolières, l'endettement externe et la création monétaire ; c'était l'époque de l'Etat providence.



C'est seulement en 1982 que le gouvernement accorde au secteur privé un rôle complémentaire à celui du secteur public, dans des activités connexes à la transformation et à la distribution. Le secteur privé n'est cependant pas autorisé à investir plus de 35 millions de francs. En 1993, toutes les activités sont ouvertes au secteur privé, sans plafond d'investissement. Mais cette liberté toute nouvelle coïncide avec une crise de liquidités sans précédent. Enfin, dès 1995, l'entrepreneur privé dispose enfin de tous les instruments de gestion de sa société, et le secteur peut dès lors prendre son essor.

L'emblème de la réussite du secteur privé algérien est, très certainement, le groupe Khalifa qui connaît, depuis quelques années, une expansion fulgurante. Son secrétaire général, Mr. Rachid Amrouche, résume le positionnement et les ambitions du groupe: " En termes de stratégie, nous suivons une politique de croissance interne. Ainsi, avec le mouvement de libéralisation de l'économie algérienne qui encourage l'initiative privée, nous avons commencé par constituer et étendre notre réseau commercial afin de toucher l'ensemble des franges de la société.

Ceci aussi pour asseoir notre position et détenir des parts de marché conséquentes. Ce processus est en voie d'approfondissement et se trouve agrémenté depuis peu par une politique de croissance externe, qui nous a permis de nous rendre acquéreur d'un certain nombre d'entreprises ; telles la compagnie aérienne Antinéa Airlines en Algérie, un établissement bancaire en Allemagne, la Erste Rosenheimer Privatbank, et dernièrement, toujours en Allemagne, Philipp Holzmann International. " C'est, entre autre, grâce à cette stratégie d'expansion que le groupe Khalifa est arrivé à s'imposer. En regard des accords commerciaux auxquels l'Algérie compte ou a adhéré, le groupe aspire, par ailleurs, à jouer un rôle de premier ordre dans le cadre de la réalisation de partenariats.

En marge de l'exceptionnelle réussite du groupe Khalifa, de nombreux entrepreneurs marquent, par leur dynamisme, leur volonté de, non seulement, faire évoluer leurs compagnies, mais aussi de participer à l'évolution de l'Algérie.

Le quai de réception du Groupe El Bousten

Tel est le cas, dans le secteur agroalimentaire, de la Nouvelle Conserverie Algérienne (NCA), qui assure principalement le conditionnement et la vente de fruits et légumes. Mr. Slim Othmani, directeur général de cette entreprise familiale, est très élogieux envers les nouvelles réformes entreprises par son pays: " L'impact des réformes libérales est extrêmement positif, parce qu'elles nous ont permis de diversifier nos sources d'approvisionnements de stimuler la compétition (…) qui dit compétition, dit croissance".Toujours optimiste et confiant dans l'immense potentiel de la jeunesse algérienne, le directeur général de NCA remarque une évolution dans les mentalités entrepreneuriales: " Il y a un changement d'attitude culturel dans la perception de l'outil de production ; et ce changement d'attitude n'est pas concentré uniquement au niveau managerial, mais il est communiqué jusqu'à la base de l'entreprise. " Mr. Othmani note, d'autre part, la volonté gouvernementale à encourager l'agriculture et s'attend à voir, à très court terme, des excédents agricoles en Algérie.
" Il faut forcément qu'il y ait un travail de rapprochement entre le secteur de l'agriculture et celui de l'agroalimentaire et ce, afin que les cultivateurs comprennent quels types de produits nous pouvons transformer ou utiliser dans l'industrie agroalimentaire ".
Un autre exemple significatif de l'évolution observée dans le secteur de l'agroalimentaire est celui du groupe El Bousten, la plus grande conserverie de tomates d'Algérie, avec 35% des parts de marché. Au-delà du succès économique, la particularité de cette entreprise privée est son implication directe dans le développement du secteur agricole en y introduisant de nouvelles techniques, tels les engrais. C'est là une manière d'inculquer une certaine notion économique aux agriculteurs, qui limitent encore trop souvent leurs activités à une agriculture de base. Afin d'illustrer le succès de son groupe, Mr. Boudiaf, président d'El Bousten et dynamique représentant du nouvel esprit d'entreprise algérien, explique qu'" avant la création de l'usine en 1992, l'Algérie importait 25 à 30.000 tonnes de tomates par an, alors qu'actuellement la société produit un excédent de 20.000 tonnes destinées à l'export. "

Partenariats et perspectives d'exportations

La novelle technologie est de plus en plus présente sur le marché

Toujours dans l'agroalimentaire, le groupe Mehri, qui détient la franchise pour la distribution du Pepsi-Cola sur le territoire algérien, est lui aussi illustratif du dynamisme du secteur privé. Djamel Mehri, P.D.G. de Pepsi-Algérie, partage son expérience du marché et affirme enthousiaste que " L'Algérie est l'Egypte des années 80 ", faisant allusion au boom économique que connaît actuellement le pays. Outre le partenariat avec Pepsi, la société est également liée avec Stella Artois pour la production des bières Tango, et avec Savola dans les huiles. Des négociations sont, par ailleurs, en cours pour étendre les activités du groupe au secteur hôtelier. Un autre créneau d'activité, celui de l'électronique, lui aussi été investi par le privé, connaît une croissance remarquée. Mr. Aït Yala, directeur général de BYA Electronic, explique ce succès notamment par la présence, en Algérie, d'une main d'œuvre qualifiée et bon marché, ainsi que par un coût énergétique raisonnable.

L'atout est donc de pourvoir développer des produits électroniques à moindre coût. Fort de leur collaboration réussie avec le groupe Thompson, les dirigeants de BYA Electronic insistent sur les avantages réciproques qu'offre le partenariat: " Nous avons un savoir-faire et une expérience qui sont démontrés tous les jours sur le terrain. Nous avons des managers de stature internationale et par conséquent, nous sommes ouvert à toutes négociations qui nous permettrons de progresser et d'aller de l'avant. "

Samy Boukaïla, vice-président de BKL, une société spécialisée dans la fabrication de châssis PVC, évoque les perspectives de son groupe. Comme pour beaucoup d'entreprises privées, la diversification de l'investissement est un thème récurrent. Déjà présente dans le domaine de la construction à travers une joint-venture avec une société canadienne, BKL veut aller plus loin. Samir Boukaïla voit son entreprise comme " un holding avec un nombre de filiales actives dans divers secteurs de l'économie, notamment celui du bâtiment, des télécoms et de la distribution. " Une issue parfaitement envisageable sur ce marché relativement vierge. Pour BKL, cette diversification de l'activité trouve aussi une explication dans la nécessité d'affermir sa position nationale et dans la volonté de conquérir davantage de marchés extérieurs. Déjà présent en Russie, au Moyen-Orient, en Irak ou encore en Libye, la préoccupation majeure de BKL est maintenant d'exporter vers les pays occidentaux, afin de démontrer son savoir-faire.

Le dynamisme des PME et PMI

Ce nouvel esprit d'entreprise n'existe pas seulement dans les grandes entreprises, il est également perceptible au sein des PMI et PME, qui prolifèrent partout dans le pays. Le CEIMI, l'organisation des entrepreneurs de la région de la Mitidja (centre du pays), forte de ses 362 adhérents, travaille en collaboration avec les ministères de l'Industrie, du Commerce et celui des Finances et avec plusieurs associations, étrangères également, pour établir des rapprochements profitables entre les hommes d'affaires. Cette organisation est le porte-voix de l'une des plus importantes régions économiques du pays, notamment au regard de son important tissu de petites et moyennes entreprises. Elle veille à établir des contacts et à assurer la promotion de ces sociétés. " (…) le CEIMI développe une politique de collaboration et de concertation multidirectionnelle et multidimensionnelle, qui vise à impliquer directement et concrètement les entreprises et les industriels que nous représentons dans tout ce qui touche au développement de la vie économique de la région", souligne Mr. Safar Zitoune, secrétaire général du CEIMI.

Cette démarche pro-active, nous la retrouvons dans de nombreuses PMI ou PME algérienne, à l'image de la Simap. Le chiffre d'affaires de cette entreprise productrice d'articles scolaires connaît une évolution remarquable depuis une petite dizaine d'années. Ces bonnes performances lui ont valu l'opportunité de pouvoir jouir d'un programme de mise à niveau initié par le ministère de l'industrie, en collaboration avec le PNUD. Avec plus de 50% des parts de marché, Mme Belbachir, P.D.G. de la Simap, est fière des performances de son entreprise. Conquérir des parts de marché à l'extérieur n'est pas encore à l'ordre du jour, mais Mme Belbachir n'exclu pas l'option d'un partenariat: " Je souhaiterais trouver un partenaire pour son savoir-faire et une maîtrise totale de la gestion et de l'outil de production. (…) Là, la conquête de marchés extérieurs aura un sens et une durée, celle du marché national une assisse très forte. "

Beaucoup considère que la résurgence du secteur privé algérien est la seule issue, pour une réelle modernisation et un développement durable de l'économie du pays. Il reste, toutefois, à affirmer davantage ce secteur qui souffre encore de nombreuses incohérences, notamment celles dues à une bureaucratie trop pesante. Les résultats enregistrés jusqu'ici par le privé restent fragiles ; les entreprises doivent à tout prix maintenir leurs efforts de modernisation, ainsi que leur politique d'ouverture et d'investissement. Elles doivent être soutenues dans cette tâche par une législation adaptée et rapidement effective.

Malgré certains déboires, l'économie algérienne s'est sensiblement améliorée en quinze années de libéralisation. Il s'agit maintenant de poursuivre scrupuleusement le programme de réformes, en attribuant une importance prépondérante au développement du secteur privé. Le défi majeur à relever est l'accession à un taux de croissance élevé qui permettrai une progressive résorption du chômage. Pour répondre à ce défi, il faut, entre autres, établir une stabilité macro-économique, réunir des ressources financières suffisantes, mais surtout confirmer des réformes micro-économiques, destinées aux entreprises. Ces mesures doivent développer la performance et la compétitivité des entreprises, combattre le recours systématique à l'importation, en stimulant l'offre nationale, et promouvoir l'exportation de produits manufacturer.

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© World INvestment NEws, 2002.
This is the electronic edition of the special country report on algeria published in Far Eastern Economic REVIEW.
November 28th, 2002 Issue. Developed by AgenciaE.Tv